Chapitre 61

Petite et replète, une jolie femme fusillait le professeur de métamorphose de ses yeux bleus étincelants, les poings sur les hanches. Parmine Pomfresh était particulièrement remontée contre Albus.

– Poupine n'est pas contente, s'amusa Dumbledore.

– Poupine ? s'étonna Norbert.

– C'est un petit surnom affectueux, mais ne le dites pas devant elle sinon vous risquez de le regretter amèrement.

L'infirmière était accompagnée du directeur, Phineas Black, du sous-directeur, Armando Dippet, d'Herbert Beery, d'Ingrid Rondepierre et de Ruper Graind'orge. Tous avaient leur baguette en main, prêts à en découdre.

– Que s'est-il passé ? tonna Black, furieux.

– Victoria Girouette a décidé de se venger de ma personne en me tendant un piège à la fin du match, expliqua Dumbledore. Madame Pomfresh, au lieu de vous occuper de mes soins, vous devriez plutôt monter dans l'estrade des professeurs, madame Ganelpis a également souffert de cette attaque.

– Mais que vient faire Irène dans cette histoire ! gronda le directeur.

– Elle était sous le sortilège de l'Imperium et m'a attaqué.

– Un sortilège impardonnable ?! s'exclama Ruper Graind'orge, horrifié.

– J'en ai bien peur.

Dumbledore cacha sciemment le fait que ce n'était pas le seul qu'elle ait utilisé. Intérieurement, Leta l'en remercia fortement. Elle ne voulait pas être associée au sortilège Endoloris... Il ne fallait pas que sa famille soit prévenue. Surtout pas. Elle savait déjà que Dumbledore avait compris que ce n'était pas la première fois qu'elle était confrontée à ce sort. Par respect pour elle, il n'avait rien demandé. Mais le lien avec la famille Lestrange était vite fait. Certains apprennent la vie à coup de martinet, d'autre à coup de sortilège impardonnable...

– Et que viennent faire ces élèves dans cette histoire ? grogna Black qui n'avait pas l'intention de se calmer.

– Ils étaient pris dans le sortilège de protection de Victoria, mentit à moitié Dumbledore. Ils ont trop trainé à la fin du match...

– Je confirme, ajouta Herbert Beery, le professeur de Botanique. Je les ai vus attendre Dumbledore pour leur parler d'un devoir qu'ils devaient faire.

– Vous voulez me faire croire, que Leta Lestrange et Norbert Dragonneau, déjà liés à des histoires pas nettes, se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment tout ça parce qu'ils sont des élèves studieux ? beugla Black.

Dumbledore acquiesça simplement, tout comme Leta, tandis que Norbert était sur le point de disparaitre sous terre.

– Dans ce cas, pourquoi diable sont-ils blessés !

– Nous sommes tombés en voulant nous enfuir, filouta la Serpentard.

– Jeune fille, je ne vous ai pas donné la parole !

Leta baissa les yeux en signe de soumission, même si elle rêvait de lui répondre. Si Black était tellement en colère, ce n'était pas à cause de ce qui s'était passé, mais plutôt des conséquences que cela pourrait avoir sur son départ en retraite, elle en était persuadée !

Pomfresh et Dippet les rejoignirent accompagnés d'une Irène qui reprenait doucement connaissance.

– Elle va se remettre, informa l'infirmière.

Black chassa cette information d'un revers de main, se contentant de dévisager Albus.

– Quelle est la suite des évènements ?

– Je dois emmener cette coupe contenant Victoria au ministère de la magie pour qu'elle soit jugée et punie pour ses crimes.

– Ce genre d'affaires devrait se régler en interne, Albus.

– Nous ne sommes plus au 19ème siècle, Phineas.

Un duel avait lieu entre les deux hommes. Les élèves en avaient conscience, et tous deux ne pipèrent mots.

– Soit, je reste persuadé que les membres de Poudlard ne devraient pas tremper dans les affaires du ministère de la magie, siffla-t-il sans quitter des yeux Dumbledore.

– La bonne nouvelle c'est qu'elle ne sera plus dans vos pattes.

– C'était un bon professeur, se contenta de dire Black.

– C'était un mage noir professeur. Je sais que ce n'est pas la première ni la dernière fois qu'un mage noir enseignera à Poudlard, mais si nous pouvions l'éviter cela serait préférable.

– Et c'est vous qui parlez de mage noir, laissez-moi rire. Ne faites pas comme si vous étiez directeur Albus, vous ne l'êtes pas.

L'atmosphère était particulièrement tendue ! Norbert se demanda s'il n'aimerait pas revenir en arrière et rester devant un duel magique des plus dangereux. Dans ce cas-là, les règles étaient claires. Tandis que dans un duel verbal, tout était si implicite que le jeune sorcier s'y perdait. Il comprenait la dangerosité de leurs paroles sans vraiment en comprendre le sens premier.

Norbert n'était pas le seul à être mal à l'aise, les autres professeurs étaient dans le même cas. Armando Dippet se dandinait d'un pied à l'autre, particulièrement embarrassé. Seul Leta et Ruper semblaient boire littéralement leurs paroles, passionnés par leur joute verbale.

– J'en ai conscience professeur, ne vous inquiétez pas, je ne compte pas prendre votre place.

– Bien évidemment, je pars dans un mois. C'est Armando qui devra y prendre garde. Je serai bien heureux de quitter des énergumènes dans votre genre, souffla-t-il en englobant dans son regard Norbert et Leta.

Le sous-directeur était sur le point de rendre l'âme. Le petit sorcier à la barbichette blanchissante était loin d'avoir le charisme de Black ou de Dumbledore.

– D'ailleurs, nous ne pouvons laisser deux élèves au courant d'un tel manquement dans la protection de Poudlard, reprit Phinéas.

Norbert avala de travers. Cet homme d'une soixantaine d'années le terrifiait. Son visage sévère, encadré par ses longs cheveux et sa barbe blanche n'avait rien d'engageant. Le Poufsouffle se voyait déjà condamné à mort.

– Que voulez-vous dire ? s'inquiéta Parmine Pomfresh.

– Un sort d'oubliette serait le bienvenu, répondit simplement le directeur.

Sa réponse provoqua l'effroi des personnes présentes. Un éclair traversa le ciel à ce moment-là, suivi d'un coup de tonnerre, rendant l'ambiance encore plus terrifiante.

– Voyons, professeur, vous ne pouvez pas ! s'indigna l'infirmière en se mettant aussitôt devant Leta et Norbert.

– Nous pouvons fouetter les élèves, mais pas les soumettre au sortilège de l'oubli ? gronda Black qui commençait à se remettre en colère.

– Je pense que ces deux premières années ne méritent ni l'un ni l'autre. Si vous me le permettez, professeur, j'ai une alternative à vous soumettre, déclara la professeure de Potion.

Dumbledore sembla soulagé. Il aurait voulu réagir, mais il savait pertinemment que sa proposition aurait été balayée par le directeur.

– Je vous écoute Ingrid.

– Pourquoi ne pas récompenser ces jeunes gens en leur offrant des points pour leur maison ? Si je ne m'abuse, ils ont aidé Dumbledore en envoyant les étranges créatures fantomatiques prévenir Parmine.

Black ne sembla pas convaincu. Son regard se posa sur le tremblant Poufsouffle et la dominante Serpentard.

– Vous pouvez toujours proposer un Serment inviolable, ajouta Dumbledore. Histoire de les contrôler définitivement.

Leta aurait voulu protester ! Elle en avait assez des serments inviolables, à ce rythme elle risquait de mourir bêtement en oubliant ce qu'elle avait promis de révéler ou non.

Comme Albus l'avait prédit, Black ne prit pas en compte son idée.

– Non, non, nous n'allons pas aller jusque-là. La garantie de votre silence sera suffisante. Etes-vous capable de retenir votre langue que ce soit avec vos amis ou votre famille ? gronda-t-il de manière menaçante.

– Oui monsieur le directeur, annonça sans peine Leta.

Norbert en fit de même, mais avec plus de difficultés d'élocution.

– Très bien, pour service rendu à Poudlard, les maisons Poufsouffle et Serpentard se verront attribuer 100 points. Maintenant, rentrons, et je vous ordonne d'aller directement à l'infirmerie !

Dumbledore leur adressa un clin d'œil entendu. Rassuré, Norbert recommença à respirer. Il remercia discrètement les professeurs pour leur aide.

Grâce à eux, Leta et lui n'oublieraient jamais cette histoire incroyable !

Epilogue ce soir à 18h !