18. La vallée des morts-vivants, deuxième essai
Agathe s'enfuit à toutes jambes, elle bouscula Hypérion au passage mais elle n'avait pas le temps d'être humaine. Ce maudit titan lui faisait ressentir toute la gamme des sentiments de l'être-humain et cela avait pour conséquence fâcheuse de l'affaiblir. Elle ne pouvait pas se permettre d'être faible dans le temple. Ici faiblesse était synonyme de mort certaine. Elle se rua hors de la pièce et découvrit un long couloir éclairé par des torches. Se sachant dans le monde d'Hadès Agathe fut surprise par la clarté des lieux. Les murs et le plafond étaient peints en blanc avec quelques touches d'un violet éclatant. Un instant elle se crut dans le petit village grec proche de l'hôtel où elle séjournait avec sa classe avant sa disparition.
Elle se trouva stupide d'avoir autant de préjugés. Hadès était, dans la mythologie, le dieu du royaume souterrain, de tous les morts. Se retrouvaient chez lui les bons comme les moins bons. Pourquoi son royaume devrait-il ressembler à l'enfer ? Elle avança d'un bon pas mais prit une dague en main, la probabilité que l'un des joueurs d'Hadès ait déjà découvert cet endroit était faible, celle qu'Hypérion ait un bug dans son programme anti-attaque d'alliés encore plus mais elle ne voulait prendre aucun risque.
Agathe arriva devant un grand escalier, avec le choix de monter ou bien de descendre. Elle tendit l'oreille mais aucun bruit ne lui vint si bien qu'elle opta pour la seconde solution. L'escalier blanc la mena dans une grande salle à manger tout aussi lumineuse. A vrai dire elle se croyait dans un hôtel méditerranéen. Des nappes écrues recouvertes d'une autre nappe, plus petite, blanche au long buffet empli de nourriture aux couleurs alléchantes, tout lui rappelait les vacances. Cet endroit était une oasis en plein désert. Elle récupéra un fruit qu'elle dévora rapidement avant de se diriger vers une grande porte qui menait, elle en fut sûre, vers le monde à proprement parler.
Les portes de bois s'ouvrirent et Agathe constata qu'elle avait eu raison, le monde souterrain s'étendait à ses pieds. Elle remarqua tout de suite un cercle de pierres à quelques mètres de sa position. Les rocs courraient tout autour du bâtiment et délimitaient la zone de paix. Une fois cette barrière franchie tout essaierait de la tuer. Elle leva les yeux vers le haut, là où aurait dû se trouver le ciel, mais il n'y avait là qu'une immense grotte. La lumière n'était pas celle du soleil mais émanait des roches, les lueurs étaient d'un violet similaire aux décorations de l'hôtel, comme décida de l'appeler Agathe. Il faisait bon mais elle frissonna, cette couleur, cette ambiance, rien n'était bon ici.
Agathe inspira profondément puis franchit le cercle protecteur. Elle était maintenant en terrain inconnu et bondé de zombies. Elle n'avait pas oublié que ces monstres avaient manqué de la tuer un peu plus tôt. Elle croisa juste les doigts pour qu'Hypérion ait résolu le bug afin que plus jamais il n'y en ait autant au même endroit. Puis elle secoua la tête et se résolut à oublier le titan. Elle avait deux priorités : trouver Marco et John puis toutes les gemmes.
Elle jeta un coup d'œil à son bracelet, à ses bracelets plutôt : il y avait toujours l'ancien et ses quatre gemmes mais également un nouveau qui pouvait accueillir douze joyaux. Il y avait autant de mondes et de façons de mourir.
— Au secours !
Le cri parut venir de nulle part, Agathe se tourna et en chercha l'origine mais elle ne voyait personne à l'horizon.
— A l'aide !
Soudain elle le vit, monté sur une petite corniche, trois zombies essayaient de le rejoindre. C'était un homme à en juger par la carrure mais il était trop loin pour qu'Agathe puisse en savoir plus. Comment avait-elle pu l'entendre à cette distance ? Elle le voyait à peine. Lorsqu'il hurla à nouveau elle comprit : il était dans sa tête. C'était l'un des joueurs qu'elle était censée aider.
Elle tira son épée et courut jusqu'à lui. Les zombies furent assez simples à tuer, individuellement ils ne valaient pas grand-chose. La difficulté de ces créatures venait de leur nombre. La jeune femme trancha un bras par-ci, une jambe par-là et terrassa les créatures les unes après les autres. Puis elle avisa de l'homme qui descendit, elle lui cria dessus.
— T'as une arme ! Sers-t'en !
— Je l'ai perdu ! glapit l'homme au bord des larmes.
Agathe le regarda avec pitié, il était plus âgé qu'elle, une bonne quarantaine d'années, et avait la carrure d'un joueur de rugby de haut niveau. Pourtant il était à genoux devant elle, recroquevillé sur lui-même et prêt à appeler sa mère. La survie n'était pas tant une question de physique mais surtout de mental. Il n'avait pas d'instinct de survie et, s'il ne l'obtenait pas rapidement il était perdu. Seize regarda autour d'eux et trouva la lance un peu plus loin. Elle s'en fut la chercher et l'arracha à un bras de zombie qui émergeait hors de terre et la tenait fermement.
Ces trucs étaient comme des mines, ou des fantômes qui quittaient leurs tombes dès que l'on marchait près d'eux. Seize écrasa le bras avec plusieurs coups de boucliers, elle sectionna les os au niveau des jointures. Elle ne savait si c'était nécessaire mais dans les films les squelettes pouvaient remettre leurs os lorsqu'ils étaient séparés. Là c'était coupé, même s'il remettait l'articulation le reste de l'os ne tiendrait pas. Enfin, elle l'espérait.
Elle revint vers l'homme et lui tendit sa lance.
— Ne perds jamais ton arme, ne la lâche jamais, c'est ta meilleure amie. Avec elle tu survivras.
— Je vais mourir, murmura l'homme en récupérant l'objet, je ne suis pas un guerrier.
— Deviens-en un ! rétorqua Agathe, t'as une famille non ? Il acquiesça, alors bats-toi pour la revoir ! Ton arme est adaptée à ce monde. Tu es l'un des guerriers d'Hadès. Si tu as été choisi c'est que tu peux le faire, tu m'entends ? Tu peux le faire.
Elle n'en croyait pas un mot, il mourrait probablement à sa prochaine rencontre avec un zombie, mais au moins il partirait avec un peu d'espoir. Elle désigna la grande tour centrale du bras et lui annonça que c'était la zone de paix, qu'il y serait en sécurité un temps. Mais s'il voulait quitter le jeu il lui faudrait se battre.
— Tu as bien entendu les directives du jeu non ?
Il hocha la tête en signe d'approbation, oui, les règles étaient simples : 12 mondes, 12 gemmes à trouver, trois équipes.
— Mais je ne sais pas où sont les gemmes.
Seize en leva les yeux au ciel d'exaspération.
— Si nous le savions le jeu n'aurait plus d'intérêt non ? Souvent elles sont au cœur du monde, sur un autel. Fais attention il y a toujours un monstre pour les garder. Et si tu en trouves une, dis-le aux autres, qu'ils puissent tenter leur chance.
— Bien Seize.
Elle tiqua, elle ne lui avait pas donné son numéro, puis elle se souvint qu'Hypérion l'avait présentée en grande pompe, tout comme Marco et John.
— Tourne-toi, ordonna-t-elle.
— Quoi ?
— Tourne ! Que je puisse voir ton numéro.
— Oh, je m'appelle Lucien.
— Je ne m'en souviendrai pas.
Encore un mensonge, rares étaient ceux qu'elle connaissait mais ils étaient gravés dans sa mémoire, le visage de leur propriétaire avec.
— Tu es Hadès-33, déclara Seize. Maintenant dis-moi où sont partis les autres et tente de survivre après mon départ.
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