Chapitre 29 - 2
II
Cela faisait plusieurs heures maintenant qu’il fixait le plafond, allongé sur son lit, à se torturer l’esprit. Beaucoup de choses le tracassaient. Il savait que Lélia n’avait pas été exemplaire sur tous les points, mais que penser d’Evrard ? Il ne connaissait rien de lui. Mais connaissait-il vraiment Lélia ? Il avait appris sa nature véridique la veille de son départ. À partir de là, elle aurait très bien pu lui cacher d’autres choses. À qui pouvait-il réellement faire confiance ? Il était tenté de dire au deux. Mais d’un autre côté, à aucun. Tout était flou dans son esprit, rien ne semblait se coordonner, tout devenait plus compliqué depuis cette discussion. Depuis qu’il était avec Evrard, même s’il ne semblait pas avoir augmenté sa puissance, il avait appris beaucoup. Puis, comme il le disait, Lélia lui avait caché sa vraie nature, et avait été trop protectrice en vers lui. Peut-être que s’il avait appris qui il était vraiment bien avant son départ, il n’en serait pas là… De toute façon, il ne pouvait revenir en arrière.
Il repensa soudainement à la phrase énigmatique que lui avait chuchoté l’étranger. Après quelques minutes une idée lui traversa brutalement l’esprit.
- Les jumeaux… Bien sûr ! Il n’y a qu’eux de possible, s’exclama-t-il en se redressant brutalement.
Comment avait-il pu ne pas y songer auparavant ? Ils avaient pourtant un lien direct avec Kal. Devait-il en parler avec Lélia ? Elle pourrait peut-être lui en dire plus… De toute façon, il devait avoir une discussion avec elle. Il n’avait pas e choix. Que ça soit pour évoquer le Culte du Dragon Noir, ou les jumeaux, le jeune homme devait aller à sa rencontre. Il n’avait rien à perdre, et ce depuis trois ans.
Alors il descendit les marches en bois, et trouva son ancien maître assise à table en train de déchiffrer un parchemin.
- Je peux te parler ?
- Bien évidement, répondit-elle doucement en tournant la tête vers lui. Mais avant, heureusement que je me suis préoccupée de ton cheval…
Kal regarda Lélia comme s'il avait eu une illumination :
- Écho, c'est vrai ! Tu l'as mis où ?
- Avec ma jument.
Il parut soulagé.
- Je t'écoute, reprit-elle.
- Eh bien voilà, commença-t-il en prenant place face à elle, cela fait plusieurs temps maintenant que je me questionne, et je suis intimement convaincu que tu as des réponses à m’apporter.
- Je suis toute ouïe.
- Que signifie vraiment le griffon ? Quelle est l’histoire de notre culte ?
- On ne te l’a jamais enseigné au Temple ?
- Non. Nous ne faisons qu’apprendre à devenir Chasseur.
- Même pas les cours de la veille du jour Kobat ?
Kal détourna le regard, et ne put s’empêcher d’esquisser un sourire, avant de répondre :
- On avait des cours la veille de Kobat ?
- Kal ?
- Ce genre d’histoire raconter par un vieux tout aigrit, qui sortait une fois l’an de chez lui, avait tendance à ne pas faire le poids face à Elaïa.
Lélia soupira, avant de rigoler.
- Une escapade à deux, au lieu d’écouter des choses utiles… Je ne félicite pas.
- Au moins j’ai pu profiter d’elle…
Elle le regarda, tandis que lui regardait le coin du mur de la cage d’escalier.
- Kal. Es-tu retourné au Temple ?
- Non.
Lélia fronça les sourcils.
- Pourquoi ? Tu es pourtant partie dans cette optique-là.
- Là n’est pas la question, rac-
- Si, cela est très important pour toi.
- Qu'est-ce que tu en sait ? rétorqua Kal.
- Tu dois faire ton deuil ! Tu souffres, et tu n'as toujours pas digéré la mort de ta famille, Elaïa, ni de tes amis. Cela te mine. Tu le sais aussi bien que moi !
Kal aurait pu répondre quelque chose à cela. Il aurait pu lui répondre qu'elle avait tort, qu'elle ne savait rien, que ce qu'elle disait était ridiculement faux. Mais il ne pouvait pas. Ça serait même, en premier lieu, se mentir à lui même...
- Avec qui étais-tu pendant tout ce temps ? reprit-elle plus calmement.
- Pourquoi veux-tu le savoir ?
Le ton remonta instantanément montait d’un cran.
- Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? lui demanda à nouveau Lélia tout en ce levant.
- Pourquoi cela t’intéresse-t-il à ce point ? cria le Chasseur en suivant le mouvement avec un regard affreusement ténébreux.
- Ne pose pas un regard comme ça sur moi.
- Tu n’as pas d’ordre à me donner.
- Tu veux jouer à ce petit jeu ?
- Réponds à mes questions.
- Toi à la mienne.
Les deux se fixaiten dans les yeux.
- Kal, je crois que tu n’as pas bien saisi la chose. Tu es le centre de l’attention de tout le monde en ce moment ! Mille et une rumeurs circulent sur toi, et ce depuis un moi environ. Je prie chaque jour pour qu’elles soient fausses, et que cela reste à l’état de rumeur, mais de ce que je vois, c’est bien vrai !
Kal était totalement perdu. La colère laissait place au calme dont il avait besoin pour réfléchir. Ils restèrent debout à se regarder plusieurs minutes, avant que Lélia se baisse doucement pour s’asseoir. Kal la regarda faire, et céda à son tour.
- Tu as un nouveau maître à présent, n’est-ce pas ?
- Pas officiellement.
- Que t’a-t-il enseigné ?
Kal restait calme, et fixait son bras droit qui virait au violet un peu plus chaque jour.
- Tu n’as donc toujours pas retiré cette face si énigmatique ?
Pas de réponse. Il cherchait quoi lui dire, et ce qu’il pouvait lui révéler ou non.
- Que t’a-t-il enseigné ? Je t’en pris, tu peux me le dire…
- À quoi cela va-t-il bien pouvoir te servir ?
- Tu ne me fais plus confiance…
- Si.
- Mais pourquoi te taire dans ce cas ?
- Réponds à mes questions, et je t’en parlerai après.
Elle soupira, avant de répliquer d’un air désabusé :
- Ai-je le choix ?
-Que signifie le Griffon ?
- La division.
- Précise.
- C’est une divinité qui a été créée pour représenter les Chasseurs comme nous, qui ne sont pas dotés de la même mutation que les Traqueurs habituels.
- Pourquoi un Griffon ?
- Le Dragon protège souvent un trésor, tout comme le griffon. Ils sont différents sur beaucoup de points, mais ont aussi de nombreux caractères communs.
- Je suppose que, tout comme je ne pouvais pas tuer un Dragon, je ne peux pas tuer un Griffon ?
- En effet.
- Est-ce que ce Griffon à réellement existé ?
- C’est le seul qui n’a pas existé, c’est un symbole pour nous représenter. Ni plus, ni moins. Ce pourquoi, on prit le Dragon Noir, et non le Griffon.
Kal secoua la tête pour montrer qu’il avait compris.
- Est-ce vraiment possible de passer son esprit dans l’autre monde ?
À ces mots Lélia devint pâle aussi pâle qu’un cadavre. Bien plus que leur teint habituel. Elle se mit à trembler de tous son corps, avant de pouvoir difficilement articuler :
- Tu… Tu es passé… dans… le deuxième monde ?
- Je pense. Mais pourquoi te mettre dans un tel état ?
Kal se sentait perdu, il n’avait jamais vu son ancien maître dans un tel état. Elle semblait être terrifiée.
- Lélia… je t’en pris parle-moi. Qu’est-ce qu’il y a ?
- Kal. Avec qui étais-tu pendant tous ce temps ?
Le jeune homme craignait que ce qu’il redoutait le plus soit arrivé. Son cœur se précipita dans sa cage thoracique.
- Tu sais qui c’est.
- On se connaît, n’est-ce pas ?
- Oui…
Le jeune homme cru que la femme qui se tenait devant lui aller s’évanouir, tant elle tremblait et virait au blanc.
- Dis-moi… dis-moi son nom.
- Evrard.
- Par le sang des quatre Divinités… susurra-t-elle.
Il y eut un long et lourd silence. Kal se sentait extrêmement mal à l’aise. Il ne bougeait pas d’un millimètre et fixait, depuis une dizaine de minutes, son bras, toujours aussi gonflé.
- Cette, ou plutôt ce monstre, est la mort incarnée, reprit-elle en levant la tête vers Kal avec des yeux remplis d’une rage folle.
- Lélia, pourquoi tant de haine, envers lui ?
- Tu oses me demander ça ! lui cria-t-elle. Tu ne vois pas que c’est un vieux monstre né pour faire régner la terreur !
- Premièrement tu ne me parles pas sur ce ton ! Et non je ne le vois pas, puisqu’il ne m’a jamais fait de mal !
- Tu m’as menti pour le protéger lui, n’est-ce pas ?
Kal se leva, suivit de Lélia. Si leurs yeux avaient été des armes, ils gésiraient déjà tout deux sur le sol.
- Oui. Car je ne sais à qui faire confiance ! Tu m’as menti pendant trois ans sur ma nature !
- Parce que tu es un Nominé !
- Qu’est-ce que cela change !
Elle sembla perdre ses moyens.
- Mais cela change tout ! Tu vas devoir aller tuer l’Ombre Originelle au péril de ta vie ! Si tu avais su ça dès le départ, je ne suis pas sûre que tu aurais été vivant à leur actuelle ! Tu aurais voulu entamer ton voyage directement !
Elle avait raison. Il le savait.
- Je suis d’accord dur ce point. Mais cela signifie quand même que m’a menti, car tu ne savais pas comment me retenir si je décidais de partir !
- Je n’aurai pas pu ! Tu es tellement fou de rage contre celle qui t’as enlevé tout ce que tu avais !
- Tu m’as menti ! Ça reste un fait. Peu importe la raison. Lui au moins m’a toujours dit la vérité et m’a fait développer ma force !
- Par quel moyen ? Tu savais qu’il existait deux méthodes d’Éveil ? Je suis persuadée que non !
- Je lui ai demandé de me rendre puissant !
Elle frappa du poing la table. La femme était totalement excédée. Elle voyait Kal sombrer dans le côté dont elle avait voulu le protéger. Le regard noir, elle lui avoua :
- Kal. Je te considère comme le fils que je n’ai pas eu ! Tu peux comprendre, ou du moins essayer de comprendre, pourquoi je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose ?
Mais à peine eut-elle fini de parler, qu’elle regretta ses paroles. Elle lui avait fait du mal. Elle le savait. Ses paroles avaient été égoïstes.
- Kal, je suis désolée. Pardonne-moi. Je sais que tu as une mère, et je ne veux pas la remplacer. Tout ce que je veux te dire c’est que je tiens à toi. Je-
- Je comprends.
Il y eut un grand silence durant plusieurs minutes. Ni l’un, ni l’autre ne savait quoi dire. Kal ne bougeait pas. Il réfléchissait. Il avait besoin d’être seul. Il ne savait quoi penser. Au fond de lui-même, il se doutait que rester avec Lélia, c’était jouer la sécuriser. Mais, pouvait-elle lui apprendre à devenir aussi puissant qu’il le souhaitait ? Puisqu’en vérité, son but était d’acquérir de la puissance. Tellement qu’il n’avait jamais vraiment réfléchi aux conséquences de ses actes.
- Kal ?
Il tourna la tête, le visage neutre.
- Ton bras… qu’est-il arrivé ?
- Un combat contre un Yéti. Je l’ai tué.
Elle secoua la tête en souriant.
- Ça ne m’étonne pas de toi. Viens, on va aller soigner ça, lui dit-elle pour détendre l'atmosphère.
Kal la regarda et se lever, sans trop de motivation. Il savait qu'il devait se prodiguer des soins, et Lélia chercher à faire baisser la tention...
Bonsoir !
Comment allez-vous ?
Voici le nouveau chapitre :)
À lundi :)
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