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Chapitre 19 - 1

I

- Bon. Je trouve qu'en l'espace de quelques jours, tu progresses vite et bien. C'est une bonne chose. Aujourd'hui, nous sommes dimanche. C'est ton jour de repos. Tu peux aller manger autant que tu veux, et faire ce qu'il te chante. Évite cependant de te mettre dans je ne sais quel pétrin, où tu aurais besoin de moi. Je ne serais pas en ville aujourdhui, expliqua Evrard à Kal d'une voix solennelle.

- Où vas-tu ? Faire tes recherches ?

- On peut dire ça. Après avoir soudoyé plusieurs personnes, j'ai enfin une piste. Je t'en dirai plus ce soir.

Kal ne montra rien de sa surprise, mais la fit tout de même savoir :

- Oh ! Tu vas réellement me dire quelque chose de tes expéditions ?

- Oui. Car tu es concerné. Je serais même presque pour dire que tu es plongé au cur de cette information.

- Alors, si je suis le centre, puis-je venir avec toi ? T'accompagner me serait peut-être bénéfique, ne le crois-tu pas ?

Le Possèdeur mima l'action de réfléchir durant quelques secondes, avant de le remballer de sa mielleuse voix habituelle :

- Non. Tu restes ici, c'est mieux pour toi.

- Soit comme tu voudras.

- J'ai tout de même une recommandation pour toi.

- J'écoute.

- Ton corps a été mis à rude épreuve ces derniers jours, alors évite d'en rajouter une couche aujourd'hui. Ménage-toi un peu.

- Merci, mais je sais déjà ce que je vais faire.

- Et que vas-tu faire ?

- Tu en sauras plus ce soir.

- Je vois tu n'es vraiment pas un gars comme les autres toi. Tu as un sacré répondant.

Kal se contenta de le regarder froidement, et de le laisser quitter leur chambre. Puis, après avoir patienté durant quelques minutes, il partit à son tour, dans sa nouvelle tenue habituelle, avec une idée bien précise en tête : trouver la signification du Griffon qui était le symbole des Chasseurs d'Ombres. Pour cela, il devait commencer par fouiner dans la bibliothèque.

Après avoir arpenté de nombreux rayons sans n'avoir rien trouvé, Kal ne se décourageait toujours pas. Le jeune homme était persuadé qu'il y avait quelque chose, ne serait-ce qu'une seule information. Comment pouvait-il y avoir autant de livres, sans contenir un indice qui lui permettrait de retrouver le griffon d'origine ? Enfin, s'il y en avait un. Mais dans la logique de Kal, si le Dragon Noir était le dragon d'origine, alors, il y avait forcément un griffon originel.

Le Chasseur lisait et relisait les couvertures de livre, mais aucun titre, ni sous-titre ne semblait évoquer les Dieux. En y pensant, il n'avait jamais trouvé un ouvrage qui abordait le sujet. Cette réflexion lui arracha un froncement de sourcil.

Étrange...

À grands pas, le jeune Chasseur se dirigea vers celle qui l'hébergeait.

- Bonjour ! Bien dormi ? le salua-t-elle d'un ton enjoué auquel il répondit froidement.

- Bonjour, oui. Pourquoi on ne trouve aucun livre sur les Dieux ?

Les yeux gros comme des oranges, elle regardait Kal interloquée, ne sachant s'il était sérieux ou non. Elle en avait vu passer des clients, mais jamais un spécimen aussi froid et direct.

- Alors ?

- Oui, excusez-moi. On va dire que c'est un peu une règle d'or dans le monde de la littérature.

- Précisez.

La femme était loin de se sentir rassurée. Le ton glacial, et le regard sombre du Chasseur l'impressionnaient lourdement.

- Cela remonte à bien des années, et des centaines d'années. Dans cette ville, à l'époque de la division Pacifiste et Marcheurs blancs, il y avait un écrivain de renom, mais assez controversé du fait de ses ouvrages. En effet, de sa plume, il écrivait de nombreuses uvres sur les quatre Divinités et le Dragon Noir. Beaucoup n'y croyaient pas, mais de nombreuses personnalités de la Cour de l'époque y trouvaient une certaine logique et probabilité. Mais le peuple n'avait que faire de ces histoires, trop obnubilé par la guerre qu'il se menait. C'est alors qu'un jour, un Marcheur, persuadé que cet homme tant apprécié de la Cour, rabaissait le règne du Dragon, brûla la maison où l'écrivain logeait. Tout est mort avec lui. Depuis, par respect, l'écriture de ce genre de livre est mal vue.

Kal releva la tête, et fixa le bibliothécaire de toute sa hauteur.

- Mal vu, ne signifie pas interdit. Je me trompe ?

- Non.

- Où pourrais-je trouver un livre de ce genre ?

- Je ne sais pas.

- Vous mentez !

Le ton employé fit reculer la femme. Même si avec son ami, elle avait l'habitude des choses effrayantes, celui qu'elle avait en face d'elle était une autre paire de manches.

- Non, je vous assure-

- Si. Je le sais.

Elle baissa les yeux, et confirma ce que pensait Kal. Heureusement pour lui, elle était le genre de personne manipulable et à faible esprit, qui pouvait se faire manipuler d'un simple regard.

- Je je ne sais pas si je peux vous en parler.

- Oubliez Evrard.

- Je ne peux pas.

- Comment ça ? la questionna le jeune homme assez surpris de la réponse.

- Il m'a interdit de vous aider dans vos recherches. Je ne veux pas me le mettre à dos.

- Je suis tout aussi terrifiant quand je me mets en colère, bluffa Kal.

La femme déglutit difficilement, et le regarda presque apeuré. Kal fut très étonné par cette réaction puisqu'il n'avait pas envisagé que celle qui paraissait si proche et amie avec lui, en soit, en réalité, terrifié.

- Ce n'est pas possible.

- Racontez-moi ce qu'il vous a fait.

- En vérité, pas grand-chose. Je l'ai simplement déjà vu se mettre en colère, non pas contre moi, mais envers des personnes qui lui avait désobéi. Ce n'est pas beau à regarder.

- Pourquoi ? Que fait-il ?

- Il libère une partie de sa puissance, et la dirige contre vous. Vous êtes alors si apeuré par la force qui s'écrase sur vous, que vous vous pliez à ses règles.

- Pourquoi ne veut-il pas que vous m'aidiez ?

- Je ne sais pas, se mit-elle à chuchoter. Il m'a dit qu'il voulait du temps, et que je ne devais donc pas aller trop vite.

Elle était honnête, puisqu'il avait eu le droit au même discours.

- Je vous protégerais, si jamais il arrivait quoi que ce soit. Je me suis déjà mesuré à lui.

Il se garda bien de lui dire qu'il s'était fait écraser, mais elle semblait déjà au courant

- Si encore, vous auriez gagné mais ce nest pas le cas.

- Nous nous combattrons à nouveau dans peu de temps, et je gagnerais. Depuis, j'ai augmenté ma puissance, et j'ai les moyens de le réduire en bouillie.

- Je n'étais pas au courant, mais vous me semblez bien sûr de vous. Parce que jamais il n'engagerait un combat s'il avait le moindre doute sur sa victoire.

Pour ne pas perdre la face, le jeune lui lâcha :

- A-t-il déjà combattu contre une personne de mon rang?

- De votre rang ?

Kal se munit de son sourire carnassier, avant de lui rétorquer :

- Un Chasseur d'Ombres en plein Éveil.

Elle recula.

- C'est donc ce qu'il ne voulait pas me dire. Si je peux vous donner un conseil, ne jouez pas avec ses nerfs. Je ne sais ce qu'il attend de vous, mais c'est dangereux. Ça fait plusieurs temps maintenant qu'il me parle de trouver quelqu'un comme vous, pour une raison que j'ignore, mais je n'ai jamais voulu m'en mêler, à cause du ton malsain qu'il emploie à chaque fois. S'il est de votre côté, ce sera votre meilleur allié, si non, vous êtes déjà mort.

Kal pensa quelques instants.

- Je n'ai pas peur de lui. Il a besoin de moi. Mais revenons à mon sujet.

- Oui. Alors, comme vous m'avez l'air d'être un peu comme lui, je ne vais faire aucune histoire. La seule chose que je sais, que j'ai entendu, c'est que les quatre Divinités sont représentées dans le Temple. À mon avis, si vous cherchez quelque chose, regardez les statues, et ce qu'elles ont de marqué sur la plaque en argent de leur socle.

- Était-ce compliqué ?

La femme ne répondit rien, et se jeta sur le client qui franchissait la porte.

Bonsoir !

J'espère que vous allez bien :)

Voici un nouveau chapitre, à demain, ou à mercredi !

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