
Chapitre 2: Une nouvelle tête.
Le week-end passa sans accroc pour Athénaïs, qui trouva même l'occasion, entre deux matières, d'aller au cinéma avec sa meilleure amie de terminale. Elle était ravie de revoir cette dernière, dont elle n'avait que peu de nouvelles depuis la fin de la terminale: elle était entrée elle aussi en prépa, mais en littéraire et dans un autre lycée, et elle était surchargée de travail, au point qu'elle se demandait si elle n'allait pas abandonner la prépa. Athénaïs fit de son mieux pour la motiver et lui remonter le moral, et le film qu'elles allèrent voir les aida grandement à se sentir mieux.
La semaine de cours qui suivit passa à une vitesse folle, pour Athénaïs. Les heures de cours s'enchaînaient à toute allure, si bien que la jeune femme ne vit pas arriver le vendredi soir, et les vacances avec lui. Elle était toutefois heureuse d'y être enfin, car elle pourrait profiter des quinze jours suivants pour se reposer et se mettre à jour dans ses révisions. Malheureusement, les vacances passèrent vite, trop vite au goût d'Athénaïs, qui aurait aimé avoir plus de temps pour terminer son travail et peaufiner ses révisions, mais elle devait faire avec et retourner en cours pour une nouvelle période, l'une des plus dures de l'année, celle entre la Toussaint et Noël.
La jeune femme regagna l'internat le dimanche soir, afin de pouvoir ranger sa chambre et préparer ses affaires pour le lundi matin. Elle retrouva ses trois amies, et elles parlèrent longuement de leurs vacances respectives en rangeant leurs affaires. Elles se racontèrent les dernières nouvelles les concernant, puis reprirent leur vieille habitude et glissèrent sur les affaires judiciaires en cours aux alentours. Elles allèrent ensuite se coucher, afin d'être en forme pour attaquer la prochaine journée, première de la semaine mais aussi de cette nouvelle période qui promettait d'être intense au niveau des cours.
Le lendemain matin, les filles se réveillèrent motivées pour aller en cours. Athénaïs était de loin celle qui avait le plus de motivation, car elle avait enfin compris le chapitre de physique sur le condensateur et avait hâte d'avoir colle sur ce sujet, afin de montrer à son professeur qu'elle avait compris. Elle avait même réussi à expliquer le sujet à Jeanne la veille au soir, et avait promis à Clarisse et Manon de leur expliquer dès qu'elles le souhaitaient. C'est donc pleines d'entrain que les filles arrivèrent en classe, ce matin-là, et saluèrent les autres élèves déjà présents. Louis était déjà là, et leur fit un grand sourire en leur désignant les places au premier rang, à côté de lui.
- Les filles, mettez vous là, je vous ai gardé les places! leur proposa-t-il en lançant un petit regard à Manon.
Cette dernière rougit légèrement, ce qui fit rire ses amies.
- Merci, Louis, répondit Athénaïs en s'installant à côté du garçon. Tu vas bien?
Le jeune homme sembla un instant déçu, et Athénaïs savait pertinemment pourquoi: il aurait aimé que ce soit Manon qui se mette là, mais Athénaïs avait remarqué que son amie était rouge comme une tomate et lui accordait un répit pour cette heure-ci... en sachant qu'ils avaient physique et que la jeune fille avait besoin de se concentrer. Le jeune homme se reprit rapidement, et répondit d'un ton enjoué à la jeune femme blonde:
- Oh, ça va super et toi? T'es au courant qu'on a une nouvelle qui va arriver?
Athénaïs leva brusquement les yeux de son sac alors que Clarisse, Manon et Jeanne arrêtaient de parler pour braquer leurs regards sur Louis. Ce dernier leur adressa un sourire éclatant.
- Sérieusement? demanda Clarisse. Une nouvelle, à cette époque-ci de l'année?
Le jeune homme hocha la tête.
- Apparemment, oui, répondit-il. C'est assez bizarre, mais elle nous en dira probablement plus elle-même...
Clarisse hocha la tête doucement. Ses yeux pétillaient.
- J'ai hâte de la rencontrer... fit-elle avec un sourire.
Un autre garçon de la classe, un jeune homme un peu plus petit que Louis, aux cheveux brun sombre et aux yeux brillants de malice nommé Thibaut, ajouta avec un air malicieux:
- Moi aussi... Je me demande si elle est jolie...
Les filles éclatèrent de rire quand une jeune femme brune, Leah, lui donna une tape sur la tête, le faisant sursauter.
- Hé! s'exclama Thibaut, ça fait mal!
- T'as pas intérêt à la regarder, répliqua froidement la jeune femme.
Le jeune homme leva les yeux au ciel.
- Mais c'était juste une question comme ça! Tu sais bien qu'il n'y a que toi qui compte dans mon coeur...
Athénaïs leva les yeux au ciel. La plupart des autres élèves présents rirent à la phrase du jeune homme ou s'exclamèrent d'un air attendri lorsqu'il embrassa Leah pour la rassurer, mais elle ne semblait pas touchée par les sentiments qu'affichait le couple. Elle était persuadée que ce dernier n'allait pas durer très longtemps: ils étaient ensemble depuis peu de temps après la rentrée, et ne s'étaient jamais vus avant. Elle se doutait bien que leur couple allait lâcher un jour ou l'autre, quoi que puissent en dire les autres élèves autour d'elle.
La conversation continua un long moment à mesure que les autres élèves arrivaient. La nouvelle d'une potentielle nouvelle camarade se répandit comme une trainée de poudre dans la classe, et tout le monde ne parla bientôt plus que d'elle: certains tentaient de s'imaginer, d'autres se demandaient pourquoi elle n'arrivait que maintenant, d'autres encore se demandaient s'ils pourraient l'aider à s'intégrer par des moyens plus ou moins nobles. Enfin, la sonnerie retentit et la prof de physique arriva, seule. Elle fit l'appel, puis commença le cours sans rien dire. Des murmures parcoururent les rangs, chacun se demandant où pouvait bien être cette nouvelle élève qui, visiblement, n'était pas encore là. Athénaïs fronça légèrement les sourcils pendant que la prof notait des rappels au tableau.
Un quart d'heure après le début du cours, quelqu'un frappa à la porte et la poignée s'abaissa lentement. Tous les regards se braquèrent immédiatement vers celle-ci, et des murmures accueillirent l'ouverture de la porte. Derrière celle-ci se tenait une fille chaussée de bottes à semelles compensées noires, au bout et au talon cloutées, et pourvues de larges plaques de métal tout le long de la chaussure. Au-dessus des bottes se tenait une jeune femme vêtue d'un sweat et d'un jean en cuir largement déchiré sur un collant résille, et avait rabattu sa capuche sur sa tête. Elle s'avança dans la salle sous les murmures curieux des autres élèves, et s'arrêta à quelques pas de la prof. Cette dernière fronça les sourcils. La nouvelle venue expliqua alors, d'une voix assurée :
- Je m'appelle Cali d'Aube-Argent. Je suis désolée pour mon retard, je ne trouvais pas la salle.
Elle tendit un papier à la prof, qui le prit et le parcourut des yeux avant de relever la tête vers la jeune fille.
- Bon... fit-elle. Allez vous asseoir, Cali.
Il restait une place à côté d'Athénaïs. La nouvelle s'y assit, et sortit ses affaires de son sac sans faire attention à la jeune femme à côté d'elle. Athénaïs ne lui posa aucune question pour le moment, car la prof n'avait pas attendu que Cali se soit assise pour reprendre le cours. La nouvelle ne sembla pas s'en soucier et sortit calmement ses affaires pour prendre le cours. Athénaïs ne put s'empêcher de sentir un léger frisson lui parcourir le dos : Cali avait gardé sa capuche, et maintenant qu'elle était près d'elle, Athénaïs pouvait voir qu'elle avait des lunettes de soleil sur le nez. Elle entendit vaguement des murmures dans son dos : les autres élèves de la classe se posaient des questions sur Cali, et voulaient en savoir davantage sur elle. Elle entendit Louis demander quelque chose à voix basse à Jeanne, et vit sa nouvelle voisine froncer les sourcils. Elle lui demanda discrètement, dans un murmure léger :
- Tu comprends ?
Cali releva tranquillement la tête vers elle. Athénaïs eut un violent frisson lorsque le regard de Cali se posa sur elle, alors qu'une sensation de danger imminent l'envahissait. Cali répondit calmement à sa question.
- Je n'ai pas eu le début du cours, donc c'est... compliqué. Tu pourras me le passer à la fin de l'heure pour que je puisse rattraper ?
Athénaïs hocha la tête doucement.
- Si tu veux, lui répondit-elle avec un sourire léger.
Un très léger sourire étira les lèvres de Cali sous sa capuche.
- Merci, souffla-t-elle avant de reporter son attention sur le tableau que la prof continuait de remplir.
Athénaïs se reconcentra sur ce que disait la prof. Toutefois, elle se sentait toujours menacée par un danger quelconque, et cette impression ne semblait pas prête à s'en aller. Elle tenta de l'occulter, de s'en débarrasser afin de mieux se concentrer, mais elle perdait le fil du cours et la sensation ne fit que s'accentuer. Elle frissonna à nouveau, légèrement, lorsque Cali bougea. La jeune femme blonde ne put s'empêcher de frissonner à nouveau en voyant ses ongles : ils étaient longs, limés minutieusement pour former des griffes pointues, peintes en noir et ornées, pour certains, de taches sombres dont Athénaïs ne voulut pas connaître l'origine.
A la fin de l'heure, Athénaïs donna son cours à Cali, qui la remercia avec un sourire. Elle lui demanda ensuite :
- On a cours de quoi, maintenant ? Je n'ai pas encore eu l'emploi du temps...
Athénaïs n'eut pas le temps de répondre que Thibaut et l'un de ses meilleurs amis, Maxence, s'approchèrent d'elles et demandèrent :
- Tu t'appelles Cali, c'est ça ?
La jeune femme hocha la tête.
- C'est un surnom, expliqua-t-elle. Ça vient de Calixta.
Elle ajouta avec un sourire :
- C'est aussi le nom d'une déesse hindoue. Je l'ai appris il y a quelques années, ça m'a amusée, alors je l'ai gardé.
Une autre fille de la classe, Célestine, demanda d'un air curieux :
- T'es gothique ?
Cali tourna son regard vers elle.
- Ca te pose un problème ?
Célestine se mit à frissonner et rougit violemment d'un coup.
- Non, aucun, bégaya-t-elle. C'était juste pour savoir... T'es la première vraie gothique que je croise, donc...
Cali haussa les épaules.
- Pas grave, va. Je m'y attendais, de toute façons.
Elle se tourna à nouveau vers Athénaïs, qui sentit ses poils se hérisser le long de sa nuque.
- On est en quelle salle, s'il te plaît ? On a cours de quoi ?
Athénaïs réfléchit une seconde avant de répondre d'une voix mal assurée :
- On a français, maintenant... à l'autre bout du lycée.
Cali hocha la tête.
- Je peux rester avec toi le temps de savoir où on va et comment fonctionne le lycée ?
Un des garçons de la classe, Anthony, s'approcha de Cali en souriant.
- On peut rester avec toi aussi, si tu veux, proposa-t-il.
Cali sembla réfléchir un instant.
- Oui... mais j'ai déjà emprunté ses cours de physique, donc je préfère lui demander.
Le jeune homme parut déçu.
- Ah... fit-il en la regardant partir avec Athénaïs et ses amies.
Ces dernières étaient plutôt intimidées par la nouvelle élève. Cali n'ajouta pas un mot le temps du trajet jusqu'à la salle de cours, puis, lorsque le petit groupe arriva devant la porte, elles s'assirent au pied du mur. Ce fut Manon qui rompit le silence :
- Comment ça se fait que t'aies changé de prépa en milieu d'année ? demanda-t-elle.
Cali haussa vaguement les épaules.
- Le lycée où j'étais avant a pris feu, expliqua-t-elle. Toute notre promo a été dispersée à travers la France, du coup...
-Oh... fit Jeanne. Désolée...
Cali esquissa un demi-sourire étrange.
- Inutile de t'excuser pour quelque chose dont tu n'es pas responsable, répondit-elle. Et puis, ce n'est pas plus mal. Je n'aimais pas trop mon ancienne prépa...
- Pourquoi? demanda Jeanne.
Cali haussa les épaules.
- Les gens qui y étaient se sentaient largement supérieurs parce qu'ils étaient en prépa... Je n'aimais pas du tout leur mentalité.
Athénaïs pinça le nez.
- Je te comprends... fit-elle.
La prof de français arriva alors, coupant les filles dans leur discussion. Elles rentrèrent dans la salle de cours en parlant plus bas et s'assirent sur la même rangée, au premier rang. Cali expliqua à la prof qu'elle était nouvelle, et cette dernière hocha la tête avant de la rajouter sur sa liste d'appel. La jeune fille s'assit et sortit ses affaires, comme Athénaïs et ses amies, qui étaient prêtes à prendre le cours alors que le reste de la classe arrivait. Après avoir fait l'appel, la prof commença le cours, reprenant l'oeuvre que la classe étudiait depuis le début de l'année. Il s'agissait d'un livre philosophique traitant de l'aventure, et beaucoup trouvaient cette approche philosophique du sujet ennuyeuse et pénible, mais Athénaïs adorait la philosophie, car il s'agissait pour elle d'un moyen d'élargir sa vision du monde et d'apprendre à penser par elle-même. A sa gauche, Cali était parfaitement silencieuse, et suivait le cours sans rien dire.
L'heure passa rapidement aux yeux d'Athénaïs et de la jeune gothique, mais sembla s'éterniser pour les autres élèves de la classe. Lorsque la sonnerie retentit enfin, tout le monde se rua dehors, sauf le groupe des quatre filles et Cali. Cette dernière avait vu la note d'Athénaïs en français sur la dernière dissertation qu'elle venait d'avoir à rendre, un beau 16/20 affiché en haut de sa copie, et lui demanda à la fin de l'heure:
- Athénaïs, tu as souvent des notes comme celle-ci?
La jeune femme blonde répondit en rougissant légèrement.
- Oui, et pas uniquement en français.
- Elle majore la promo, ajouta Manon en refermant son sac.
- Sérieusement? fit Cali d'un air surpris.
Athénaïs hocha la tête.
-Oui, répondit-elle.
Cali leva un regard presque suppliant vers elle, bien qu'Athénaïs ne puisse le voir derrière ses lunettes de soleil.
- Tu pourrais m'aider à rattraper les cours que je n'ai pas, s'il te plaît? demanda la gothique.
Athénaïs se mit à sourire.
- Bien sûr, répondit-elle en hochant la tête. D'ailleurs, s'il y a des choses que tu ne comprends pas, n'hésite pas à demander!
Cali sourit à son tour en quittant la salle avec le reste du groupe.
- Merci, Athénaïs.
Elle soupira, et leva les yeux vers le plafond, les bras croisés derrière sa tête pour s'étirer. Elle lâcha d'une voix un peu rêveuse:
- Si tout le monde est aussi gentil que toi, je sens que je vais me plaire, ici...
Athénaïs sourit.
- Tout le monde n'est pas aussi serviable, mais je te promets que tu seras vite intégrée au reste de la classe, fit-elle.
Cali esquissa un léger sourire.
- Je n'ai pas envie de parler à tout le monde, expliqua-t-elle. Je suis assez solitaire de nature... donc vous ne me verrez jamais avec tout le reste de la classe autour de moi. Je déteste ça.
- Je te comprends, fit Clarisse. Je déteste les lieux où il y a trop de monde... Même si j'aime être entourée de quelques amis proches.
-Je préfère de loin être totalement seule, répliqua Cali. Les gens ont tendance à m'agacer assez facilement...
Le groupe avait atteint la sortie du bâtiment. Toutefois, alors que les quatre pensionnaires se dirigeaient vers la cantine, Cali lâcha:
- Je vous rejoins en cours à quatorze heures, je vais manger en ville avec un ami. A tout à l'heure!
Les quatre filles lui répondirent avec un sourire, que la jeune femme ignora presque en prenant la direction de l'entrée du lycée. Lorsqu'elles entrèrent dans la cantine, Jeanne remarqua:
- Elle est un peu étrange...
- Cali? demanda Athénaïs.
Jeanne hocha la tête. Athénaïs haussa les épaules.
- Juste une gothique, quoi...
- Ca veut dire quoi, ça? lança Clarisse d'un air indigné.
La jeune femme était en effet tombée amoureuse d'un gothique de PCSI, mais n'osait pas s'approcher pour lui parler. Elle avait toutefois fait des recherches sur le mouvement gothique, et commençait à s'habiller de noir, première étape qu'elle franchissait péniblement à cause de ses parents assez réfractaires au mouvement. Athénaïs se défendit vivement:
- Je ne pars pas sur les clichés, Clarisse, mais... franchement, une asociale comme elle, avec un surnom comme le sien... ça ne m'étonne pas qu'elle soit gothique.
Clarisse se sentit vexée.
- Tu ressors carrément les clichés, Athénaïs!
La jeune femme blonde leva les yeux au ciel.
-D'accord, désolée, Clarisse... fit-elle. Je ne voulais pas te vexer...
Clarisse esquissa une moue boudeuse en prenant son plateau.
- Elle a quand même l'air sympa, non? fit Manon. Elle ne nous a pas repoussées, et ça se voit qu'elle fait quand même des efforts... Après tout, elle t'a demandé tes cours, Athénaïs.
Cette dernière haussa les épaules.
- Et alors? Elle en a besoin pour réussir ses études, ce n'est pas une marque de sociabilité, ça...
- Mais si elle était si asociale que ça, elle ne serait pas venue te voir, répliqua Clarisse. Ou elle t'aurait parlé juste à toi et nous aurait repoussées.
Athénaïs ne se sentit pas convaincue, mais ne répondit rien, car elle ne souhaitait pas se disputer avec ses amies. Toutefois, elle ne pouvait s'empêcher de réfléchir... Elle avait clairement eu le sentiment d'une menace qui la guettait lorsque la nouvelle l'avait regardée dans les yeux. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait ressenti cela. Oui, Cali était gothique, et elle avait déjà eu l'occasion d'en croiser d'autres dans la rue, et même dans son ancien lycée, mais elle n'avait jamais eu peur d'eux, elle ne s'était jamais sentie menacée par eux... Alors que se passait-il avec Cali? Etaient-ce sa capuche et ses lunettes de soleil en cours qui faisaient cet effet?
Manon la tira de ses pensées.
- Tu peux me prendre une tarte aux pommes?
Athénaïs hocha la tête, et prit ce que son amie venait de lui demander. Elle se prit un yaourt à la framboise en réfléchissant. Personne, hormis elle, ne semblait avoir senti l'étrange menace qui pesait ... pourquoi?
Elle secoua doucement la tête en prenant une assiette. Elle devait être un peu parano depuis l'attente à la gare, le jour où elle s'était sentie observée. Cali ne pouvait être une menace, même si elle était gothique! Athénaïs se trouva ridicule: comment pouvait-elle avoir de telles pensées envers une personne qu'elle ne connaissait pas, une nouvelle élève qui plus était, et qui ne connaissait personne ni rien dans la région? Non, elle ne pouvait penser de telles choses. Elle se ressaisit en allant chercher une entrée au buffet de self, et rejoignit ses amies à table. Leurs rires et l'enthousiasme de Clarisse en parlant de la nouvelle achevèrent de faire disparaître son angoisse. Oui, elle devait être vraiment paranoïaque...
*****
Elles retrouvèrent la jeune femme après le repas. Elle arriva tout pile à l'heure pour le début du cours de maths, et s'assit près d'Athénaïs, qui lui avait gardé la place. La jeune femme frissonna lorsque Cali posa son regard sur elle. Pas de doute, cette fois encore, elle ressentit cet étrange menace qui semblait planer sur elle dès que Cali posait les yeux sur elle... La jeune gothique lui adressa un petit sourire étrange, qui ne rassura guère Athénaïs. Cali se glissa à sa place et demanda aux filles:
- Vous avez bien mangé?
Manon fit une grimace.
- Pour un repas à la cantine, ou peut dire que oui... répondit-elle.
Le prof arriva à ce moment-là, et fit une tête étrange en voyant Cali, qui se leva pour aller lui expliquer qui elle était. Il hocha la tête et la jeune femme retourna s'asseoir. Il fit l'appel, tout en regardant la jeune femme, et finit par lui demander en fronçant les sourcils:
- Cali, tu pourrais retirer ta capuche et tes lunettes?
La jeune femme secoua la tête.
- J'ai une hypersensibilité à la lumière, révéla-t-elle. Je peux vous montrer mon certificat médical, si vous voulez.
- Tu me l'apporteras à la fin de l'heure, fit-il en haussant les épaules.
Il distribua ensuite une interrogation, que Cali fut dispensée de faire car elle venait d'arriver. Il lui demanda en attendant si elle comptait récupérer les cours sur quelqu'un, et la jeune femme répondit par l'affirmative en désignant Athénaïs, qui avait énormément de mal à se concentrer sur le sujet. Elle sentait une boule d'angoisse lui comprimer l'estomac, à cause de cette sensation de danger imminent qui ne la quittait pas, et se demandait sincèrement si elle était réellement la seule à ressentir cela.
La jeune femme réussit toutefois à terminer l'interrogation avant le reste de la classe, et le prof la lui ramassa avant de lui demander si ça la dérangeait si Cali se joignait à son groupe de colle. Elle répondit par la négative, acceptant ainsi la jeune gothique qui lui causait tant de malaises depuis son arrivée.
L'interrogation se termina, et le prof ramassa les copies des autres élèves. Manon et Clarisse soupirèrent. Elles avaient plutôt bien réussi l'interro, à leur goût, mais se doutaient qu'elles étaient loin du niveau d'Athénaïs, qui finissait en avance et comprenait aisément les cours de maths. Ce dernier commença juste après la correction du sujet que venait de ramasser le professeur, et Athénaïs se plongea rapidement dans le cours. Heureusement pour elle, les maths l'aidaient à occulter l'étrange impression de menace qui planait sur elle. A côté d'elle, Manon décrocha rapidement du cours, et Clarisse ne tarda pas à faire de même. De l'autre côté, Cali suivait silencieusement, en notant consciencieusement tout ce qu'écrivait le prof, et également tout ce qu'il disait. Elle avait l'air de comprendre, ce qui rassura un peu Athénaïs, mais son expression blasée et ennuyée lui fit froncer légèrement les sourcils: Elle n'avait pas l'air de réagir comme quelqu'un qui s'ennuyait d'un cours inintéressant, mais plutôt comme si elle avait déjà vu ce que le prof expliquait, et qu'elle s'ennuyait en conséquence...
Le cours se termina bien trop vite aux yeux d'Athénaïs, mais elle était toutefois heureuse qu'il se termine, car elle avait colle de maths et qu'elle était confiante sur le sujet de la colle. Elle apostropha Cali avant de sortir de la salle de cours:
- On a colle de maths, maintenant... Comme tu es avec nous, tu viens avec ou tu attendras la prochaine colle?
Cali la regarda dans les yeux, ce qui fit frissonner Athénaïs.
- Je viens avec vous, fit la jeune gothique. Je vais voir avec le prof si je la fais ou pas.
Athénaïs hocha la tête et rejoignit Jeanne dans le couloir, suivie de Cali. Elles prirent la direction du bâtiment d'internat des garçons, mais restèrent au rez-de-chaussée, qui accueillait de petites salles de colles. Elles attendirent cinq minutes que le prof arrive en discutant, puis entrèrent dans la salle lorsqu'il l'ouvrit. Le prof sortit sa liste et fronça les sourcils.
- Je ne devais pas avoir que deux élèves? demanda-t-il, l'air étonné.
Cali répondit:
- Je suis nouvelle, monsieur. Le prof principal m'a placée dans leur groupe de colle, et j'ai voulu venir avec elles pour mon premier jour plutôt que de rater une colle, même si je ne suis pas sûre de la réussir puisque je ne connais pas le programme...
Le prof soupira.
- On ne m'avait même pas dit qu'on avait une nouvelle élève... mais bon, ce n'est pas grave. C'est courageux de ta part d'être venue quand même sans connaître le programme et en sachant que tu pourrais ne pas réussir. Tu vas essayer quand même, d'accord? Je te noterai ta colle, mais je ne compterai la note que si tu en as envie.
Cali hocha la tête.
- D'accord, monsieur.
Il distribua les sujets, et les trois filles se consultèrent du regard pour savoir laquelle d'entre elles irait dans la salle voisine pour la colle. Jeanne se dévoua pour cette fois, laissant Cali et Athénaïs seules avec le prof.
La jeune femme blonde prit rapidement connaissance du sujet et sourit. C'était facile, pour elle. Elle commença donc à rédiger sa question de cours rapidement, sans souci, contrairement à Cali qui fronça les sourcils et avoua au prof qu'elle n'avait encore jamais vu sa question de cours, comme le sujet de la colle, en fait. Le prof tenta de lui expliquer les bases du cours, afin qu'elle puisse faire un exercice tout de même, puis passa rapidement voir la question de cours d'Athénaïs avant de la laisser passer aux exercices. Elle commença donc le premier exercice, qui n'était pas vraiment compliqué pour elle, tandis que Cali peinait à faire sa question de cours. Elle jeta un oeil à la jeune femme blonde qui travaillait silencieusement de l'autre côté de la salle, ce qui fit frissonner cette dernière lorsqu'elle sentit peser sur elle le regard de la nouvelle. Elle perdit aussitôt le cours de sa pensée et se retrouva perturbée, avant que le prof ne rentre dans la salle et ne retourne voir Cali, qui reporta son attention sur lui lorsqu'il recommença à lui expliquer ce qu'elle devait faire pour résoudre l'exercice. Athénaïs sentit l'attention de Cali se relâcher et se força à retrouver ce qu'elle écrivait, et reprit le cours de son calcul. Le prof revint la voir quelques instants plus tard, et se contenta de valider ce qu'elle avait fait avant de la laisser passer au second exercice.
Celui-ci était plus compliqué. La jeune femme réfléchit un long moment en posant les données de l'énoncé dans un coin du tableau pendant que le prof était parti voir Jeanne. Cali tentait silencieusement de faire son exercice dans son coin, mais Athénaïs voyait bien qu'elle ne s'en sortait pas. Elle ne lui dit rien, toutefois, car elle avait son propre exercice à faire et, contrairement à la colle de Cali, la sienne était notée. Le prof revint et lui donna une piste, qui lui servit pour résoudre la suite de l'exercice seule, sans souci, pendant que le prof passait de Cali à Jeanne. Il ne fit encore une fois qu'acquiescer lorsqu'il passa voir la jeune femme, qui passa aussitôt à l'exercice trois, qui était, pour les premières questions, plus simple que l'exercice deux, mais la dernière question était plus compliquée et elle fut forcée d'attendre le prof pour qu'il lui explique comment résoudre cette question. Elle comprit rapidement les explications de ce dernier, ce qui lui permit de terminer l'exercice pile au moment où la cloche sonnait. Le prof la regarda avec un grand sourire en la voyant achever son calcul de tête et lâcha:
- Excellent, Athénaïs! Tu es la première de la promo à avoir réussi à finir tous les exercices de la colle... et à bien les faire, en plus! Vraiment très bien, jeune fille... Je te mets 17/20.
Athénaïs se mit à sourire.
- Merci, monsieur.
Elle croisa alors le regard de Cali. Les lunettes de la jeune femme masquaient ses yeux, cachant ainsi ses pensées à la jeune femme, qui frissonna. Cali esquissa un sourire qui fit froid dans le dos à la jeune femme et lui dit:
-Bravo, Athénaïs... t'as vraiment un don pour les maths, en fait.
La jeune femme blonde rangea sa feuille d'énoncé dans son sac en rougissant légèrement.
- Merci, fit-elle.
Le prof s'occupa alors de Cali, et termina de lui expliquer la fin de la question pendant qu'Athénaïs refermait son sac et mettait son manteau. Elle attendit que Jeanne ait fini dans le couloir, où la rejoignit Cali, qui lui demanda:
- Tu pourras m'expliquer les maths, s'il te plaît? Je n'ai rien compris du tout...
Elle hocha la tête.
- Si tu veux, fit-elle.
Cali esquissa un sourire.
-Merci.
Elle lui fit un petit signe de la main, la laissant seule à attendre Jeanne. Cette dernière ne tarda pas à sortir et les deux filles se dirigèrent en parlant vers l'internat...
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