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7. Une mission importante


Quand on est enfant, on rêve de rencontrer des héros. Quand on grandit un peu, on se contenterait bien de quelqu'un qui fait son travail.

Adrian von Zögarn, Maximes pour mon petit-fils Maxime, ou de la philosophie pour les enfants


« Trouve-moi un sac assez grand doublé en maillage d'alu, pour éviter que ses implants se reconnectent au Starnet. »

Son homme de main n'avait pas l'air ravi de l'assister pour un meurtre, mais c'était ça ou le chômage.

« Vous paniquez, Radam-sen. Arrêtez tout et je serai ravie de m'en aller sans plus vous importuner. Comme je vous l'ai dit, j'ai une réunion tout à l'heure...

— Tout ça était un piège, c'est ça ? s'exclama-t-il en secouant son arme, que Lanthane voyait se rapprocher dangereusement de son front.

— Si c'était le cas, c'est vous qui seriez menotté.

— Maintenant, vous avez des preuves contre moi ! Je vais être obligé... vous ne me laissez pas le choix.

— Bien sûr que si, protesta-t-elle, mais vous ne m'écoutez pas.

— J'ai trouvé un sac, dit le colosse de la sécurité. Tu crois que ça ira ? »

Encore enchaînée à sa chaise, mais plus pour longtemps, Lanthane arqua le cou pour mieux voir.

« Vous comptez me faire rentrer là-dedans ? Je ne suis pas très grande, mais vous êtes ambitieux. Il va falloir découper.

— Pourquoi est-ce que ça vous fait rire ? Vous bluffez, c'est ça ? Vous allez me faire croire que tous vos amis sont dehors et qu'ils vont bientôt rentrer en démolissant les portes ?

— Non, c'est moi qui vais démolir la porte. Et je risque aussi de vous casser le bras. Ne m'en tenez pas rigueur. J'ai encore du mal à maîtriser ma force. »

Trevor Radam la regarda avec mépris. Parfois, la meilleure façon de se moquer de quelqu'un est de lui dire la vérité. Il se tourna pour échanger quelques mots avec son gorille. Lanthane profita de l'instant pour se relever ; ses liens déjà fragilisés craquèrent comme des bandelettes de papier. Elle posa sa paume sur le front de Radam, coinça son épaule droite dans l'angle de son bras et se laissa tomber elle-même. Si Newton avait vu ce qui s'ensuivit, il aurait eu l'intuition des lois de la mécanique aussi sûrement que lors de sa sieste à l'ombre d'un pommier anglais. Par action, réaction, et conservation de l'énergie, Trevor Radam s'envola tandis que Lanthane se penchait en avant ; son bras droit se tordit de travers, forçant sa main à lâcher son pistolet à impulsion, que l'okrane récupéra en plein vol. Poursuivant sa glissade, elle heurta les chevilles du colosse au moment où Trevor s'effondrait contre les casiers de métal qui, secoués par cette marque d'irrespect, s'effondrèrent sur lui à leur tour. La cheville froissée, l'agent de sécurité tomba à la renverse ; Lanthane le rattrapa en souriant pour lui éviter le choc contre le mur et la commotion cérébrale.

« Quand je pense que vous vouliez me mettre dans un sac » l'admonesta-t-elle.

Elle attrapa Trevor Radam par le col et l'extirpa des casiers effondrés. L'homme ouvrit la bouche, mais ne parvint pas à dire quoi que ce soit d'approprié.

« Et voilà, j'ai gagné un rapport. »

Le tenant d'un bras, Lanthane le traîna jusqu'à une des chaises et l'y remit en place.

« Reprenons. Le tarot. Tous ces gens que vous connaissez, qui ont fait le tirage, qu'ont-ils vu ? Vous avez essayé à votre tour, n'est-ce pas ?

— Vous êtes du BPS...

— En effet, Radam-sen. Agent Lanthane. Cellule de renseignement, spécialisée dans la surveillance des activités et des influences extraterrestres, Section 9 du BPS, division internationale. Le tarot, c'est mon créneau. Parlez-moi du tirage qui les a rendu fous. »

Son regard s'illumina soudain de compréhension et d'effroi, comme un homme arrivé aux portes de l'enfer.

« Oh, mon dieu, vous êtes une augmaine.

— Concentrez-vous, Radam-sen. Le tirage.

— La carte que vous aviez en main...

— C'est une copie. Le seul exemplaire du tarot kaldarien que possède le BPS est entreposé dans un coffre-fort à Helsinki.

— Le voyageur...

— C'était la première carte ? Heureux hasard. Ensuite ?

— Anh... »

L'âme du monde, songea Lanthane. Le principe primordial, parent de tous les dieux. La dualité de l'univers, vie et mort, ordre et chaos. La source du Temps.

« Et ensuite ? le pressa-t-elle.

— Le Temps. »

Le Temps, qui tient dans sa main droite une graine, représentant le monde en devenir, et dans sa main gauche un sablier, représentant les cendres du monde déjà disparu.

« C'est tout ? Cela a suffi à rendre fous tous vos éminents collègues ?

— C'est un message, toussota Trevor Radam. C'est le dernier message de Kaldar, celui que redoutent tous les occultistes, le message implanté dans le tarot et qui attendu ce moment... enfin, c'est ce qu'ils disent.

— Et pour le profane ?

— C'est la fin des Temps. »

Lanthane leva la tête vers les néons du plafond. Le ciel ne s'étant pas encore effondré, elle en conclut que la fin des Temps avait du retard. C'est ce qu'ils disent depuis l'an mille, songea-t-elle. Tout cela ne valait pas une heure de conférence d'un ennui mortel, un accroc à sa chemise, un double rapport et une enquête interne pour prouver sa légitime défense. Quel casse-tête.

« Je vais appeler la police, expliqua-t-elle. Question de procédure. Ça m'arrangerait que vous leur disiez que tout ceci était un malentendu. »


***


Lanthane arriva à quatorze heures trente devant les locaux du Bureau Panterrien de Sécurité de Paz et monta aussitôt au bureau du directeur de la Section 9. C'était un okrane respectable d'une quarantaine d'années dénommé Mikhail, adepte des gilets de flanelle et des rapports bien écrits. Son bureau était un jardin botanique spécialisé dans les plantes carnivores ; à cet effet, une boîte de mouches mortes séchées occupait toujours la poche de son veston, qu'il déposait délicatement sur ses droseras au moyen d'une pince à épiler.

Quand Lanthane poussa la porte, il refermait tout juste son quadrant. Son regard se verrouilla sur elle, ses épaules s'affaissèrent en un soupir de désespoir.

« Ne dites rien, agent Lanthane, je sais tout. C'est du grand n'importe quoi. »

Pas suffisamment grand pour qu'il se lève de son fauteuil à écrans amovibles, mais assez pour que la ride supérieure de son front tressaute, et qu'il agite le doigt tel un prophète de cinéma.

« Je viens d'avoir un appel de la direction de la police. Ils relâcheront Trevor Radam ce soir.

— C'est un peu léger, pour une tentative d'assassinat.

— Par tous les dieux, Lanthane ! Vous, une okrane du BPS, vous avez tabassé deux néo-hégémonistes humains. Qu'est-ce que vous imaginez ? C'est Noël ! L'occasion rêvée de se présenter comme des victimes. Pour quelle raison sont-ils venus à Paz, à votre avis ? Pour le spectacle ! Je croyais avoir face à moi la meilleure agente de la Section 9.

— Je suis spécialiste des affaires extraterrestres, concéda Lanthane. Je passe mon temps à traquer des cristaux concentrateurs et des armes remsiennes de contrebande, je ne fais pas de politique terrienne.

— Eh bien moi, j'en fais, et je peux vous dire que c'est d'un autre niveau.

— Je pense que quelqu'un avait prévenu Trevor Radam. On lui a dit que le BPS enquêtait sur lui ; j'étais juste là pour lui poser quelques questions, mais il a paniqué.

— Ce n'est pas ce que dira son avocat.

— C'est ce que dira mon enregistrement. »

Mikhail fit non de la tête.

« Hors de question qu'on produise les données de votre nanoscope. Officiellement, vous n'en êtes pas dotée. Ce serait un cauchemar pour la Direction Générale d'avoir à reconnaître son existence. Nous devrions arriver à un arrangement à l'amiable, pour éviter tout procès.

— Encore une fois, je trouve ça un peu léger.

— Il vaut mieux laisser Radam en liberté plutôt que de lui donner cette opportunité. Je vous signale que la cheffe de la police était furieuse, elle m'a demandé votre mise à pied et je lui ai promis de vous mettre en retrait de toutes les activités du Bureau sur Terre. »

Lanthane hocha la tête d'un air navré.

« Je pensais que vous aviez une mission à me confier, Mikhail-sen. Mais si c'est juste pour me licencier... nous aurions pu avoir cet entretien par visio.

— Ne jouez pas les demeurées, Lanthane-sen. J'ai besoin de vous pour deux raisons. Vous êtes la meilleure de la Section 9, et vous connaissez un peu les affaires extra-soliennes. Vous avez déjà fait un aller-retour sur Raven, si je ne me trompe.

— Il y a dix ans.

— Vous êtes aussi l'une des seules augmaines du Bureau. Et je préfère envoyer quelqu'un doté d'un nanoscope. Trop de nos agents se font installer des implants neuraux de nos jours, ils sont si dépendants du Starnet que je ne peux même pas m'imaginer les expédier dans un système stellaire étranger. D'ailleurs, comment se passe la cohabitation avec votre deuxième cerveau ?

— Bien, je suppose. Je prends toujours des cachets contre les maux de tête, mais mon ordonnance s'arrête dans une semaine.

— Parfait. Je vous ai réservé une place sur un vol de fret à destination de Constellation 6. Vous partez de l'astroport de Paz dans deux jours. Ensuite, vous prendrez le premier transport pour Mars. Vous devez rencontrer 9981-nombres à Atome. C'est un aleph de la CVU. Est-ce que j'oublie quelque chose ? »

On aurait pu entendre une mouche voler, s'il y avait eu une mouche en vie dans le bureau de Mikhail. Une feuille de drosera particulièrement gloutonne se referma sur un insecte lyophilisé.

« Pourquoi dois-je me rendre sur Mars ?

— Ah, hum. Le pourquoi. Première bonne raison, pour échapper aux poursuites juridiques. Après... il y a quelques semaines, la Cellule de Veille de l'Union a contacté la Direction Générale au sujet d'une affaire préoccupante... avec de très grandes ramifications politiques... nous avons décidé d'agir de concert, mais en sous-marin. 9981-nombres vous donnera tous les détails sur place. »

C'était tout. Pas d'ordre de mission formel. Pas de dossier. Juste une rencontre avec Mikhail dans son bureau. Lanthane avait fait deux mille kilomètres le matin même pour cette miette d'entretien, et s'apprêtait à franchir trois minutes-lumière pour une raison tout aussi maigre.

« C'est une mission vraiment importante pour le Bureau, Mikhail-sen ?

—Vous savez ce que disait le directeur Marcion : tout est important. Eh bien, c'est faux. Certaines choses sont plus importantes que d'autres. Comment vous dire... nous avons besoin de savoir ce qu'il se trame. Ce n'est pas seulement la sécurité de la Terre, mais de toute la Conférence des planètes qui est potentiellement en jeu.

— J'en conclus que mon voyage ne s'arrêtera pas à Mars ? »

Mikhail se concentra sur le repas d'une de ses plantes.

« Je préfère ne pas en dire plus. Mais je vous conseille d'emmener une chemise de rechange. »

Aucun endroit sur Terre n'est à l'abri d'écoutes, voilà ce qu'il lui signifiait. De ce point de vue, Mars offrait une plus grande sécurité.

De fait, la mouche que sa plante s'était empressée d'avaler, en se dissolvant, découvrit l'enveloppe de quartz d'un ridicule microphone. Ce dernier captait les vibrations de la drosera – donc de l'air de la pièce – donc les sons. Mikhail ne le découvrirait que deux jours plus tard, lorsque la désintégration du micro-calculateur empoisonnerait sa plante sur pied.

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