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20. Le Réseau Aleph


(3000 mots)

Aujourd'hui, la quantité d'information contenue dans le Réseau Aleph est supérieure de plusieurs ordres de grandeur à celle qui transite par le Starnet du système Sol. Le poids des consciences numériques dépasse largement celui des consciences biologiques, bien qu'on ignore à quel point, car il est difficile de quantifier l'un et l'autre. Le Réseau est un univers invisible auquel peu d'entre nous accéderons jamais. Du reste, il ne fait pas l'objet d'un grand intérêt dans la vie courante des biomains. On le mentionne rarement dans les articles d'information.

Mémorandum personnel de Mikhail


Lanthane était assise sur une chaise de plastique transparent, posée au milieu d'une salle cubique aux murs d'un blanc uniforme. Un humanoïde androgyne, fait du même blanc, se tenait debout devant elle. Il ressemblait à une statue sans finitions.

« 9981 ? c'est vous ?

— C'est moi. Nous sommes dans l'Antichambre de la simulation. Nous sommes sur le point d'entrer dans le Réseau Aleph, en utilisant le point d'entrée du Réseau qui se trouve dans ma sphère personnelle. »

Ol se tourna vers la paroi d'un geste souple et se mit à gratter de l'ongle du pouce, révélant les contours d'une porte sommaire.

« Le Réseau Aleph est une immense simulation dont nous sommes à la fois les acteurs et le support de calcul. Il est subdivisé en un empilement de sphères privées et publiques. Chaque sphère est placée sous l'autorité d'un aleph. Nous allons entrer dans ma propre sphère. C'est aussi ce que cherchent à faire les alephs de la Division 1. S'ols y parviennent, je serai pris au piège dans ma propre maison. »

L'almanité, dont faisaient partie les okranes et les alephs, avait pris la tête de la chaîne alimentaire des centaines de milliers d'années auparavant. Ils n'étaient pas habitués à cette sensation terrifiante, celle d'une proie traquée jusque dans son terrier, qui se recroqueville au fond de son trou, sans aucune possibilité de fuite.

« Votre nanoscope s'est rallumé. Il va traduire pour vous les informations de la simulation et vous permettra d'agir sur elle en retour. Toutes les choses qui transitent dans le Réseau Aleph ne peuvent pas être transcrites en termes matériels, et je suppose qu'il fera de son mieux. Touchez votre visage, Lanthane-sen. Votre enveloppe actuelle est une simplification de votre apparence originelle, formulée par le nanoscope. Il s'agit de votre attache au Réseau. Tout dommage sur votre corps peut engendrer des conséquences catastrophiques sur votre cerveau endormi. »

Ol fit glisser sa main sur le mur avant de trouver la poignée, sur laquelle ol dut tirer pour qu'elle se déplie totalement.

« Votre nanoscope disposera aussi d'une enveloppe dans le Réseau. Il sera votre gardien. À cet effet, vous devez lui donner un nom, sinon vous risquez d'être confondue avec lui lors des transferts de mémoire, car vos adresses physiques sont identiques.

— Andromède.

— Votre totem astral ? Excellent choix. Allons-y. »

Le Temps du Réseau Aleph était celui des machines et la Lanthane qui se trouvait dans la navette n'avait fermé les yeux que depuis un dixième de seconde.

La porte ouverte, l'Antichambre de la simulation s'envola, les laissant seuls sur une plaine herbeuse balayée par les vents. Des trains de nuages progressaient en directions de montagnes lointaines, autour desquelles flottaient des assemblages mécaniques transparents. Des souvenirs du temps où l'aleph concevait des machines dans son bureau d'études virtuel.

En cherchant 9981 du regard, Lanthane rencontra son nanoscope.

Andromède était le double creux de ses cauchemars, une structure fragile reproduisant fidèlement l'architecture des nanomachines intégrées dans son corps. On pouvait suivre le tracé de ses muscles, de ses tendons, la forme de ses organes internes sur ces filaments grisâtres.

« Alors, nous sommes alliées ? » lança-t-elle.

>Nous sommes toujours alliées< répondit Andromède avec sa voix habituelle, ce ton posé que les nanomachines faisaient naître dans son cortex.

Cette structure de poussière suspendue n'était pas son ennemie. Elle n'était pas là pour la remplacer. Elles formaient une symbiose entre l'okrane et la machine, comme les deux faces d'une pièce, chacune indispensable à l'autre.

« C'est par ici » indiqua 9981.

Le ciel était plein à craquer de ces épais nuages ; plus loin, il flottait en soupe noire pleine de grumeaux violacés, où circulaient des éclairs horizontaux.

« Voici le rift qui sépare ma sphère privée du reste du Réseau Aleph. Je suis en train d'en couper les accès. »

Un canyon traversait la plaine, large comme une portée de flèche. Au fond circulaient les mêmes nuages que dans le ciel, car il n'avait pas vraiment de fond. Les deux falaises étaient percées de centaines d'ouvertures, entre lesquelles s'élançaient des arches de pierre. Des colonnes de fourmis noires et rouges se battaient pour le contrôle de ces ponts ; les échos de leur lutte remontaient dans le vent.

9981-Nombres s'accroupit au sol, arracha quelques herbes et creusa la terre de ses mains pour révéler la poignée d'une trappe de bois, qui s'ouvrit sur un tunnel aux murs de calcaire phosphorescents. La clameur des insectes, des sous-routines de défense automatiques chargées de l'élimination des intrus, se répercutait sur les murs.

« N'oubliez pas, commanda l'aleph. Ne prenez pas de risque inutile. Votre nanoscope est votre garde du corps. »

Ol descendit le boyau à grandes enjambées ; arrivés à un croisement, ol fit un signe de la main.

« Prenez à gauche. Détruisez les ponts. »

>Il reste encore soixante-six ports ouverts< diagnostiqua Andromède. >Plus de dix millions de processus de défense ont été tués. L'infection s'étend. Le centre de gestion épidémique a mis plusieurs zones en quarantaine et une tempête est à prévoir.<

« C'est-à-dire ? »

>Une grosse poussée de fièvre aleph.<

Leur couloir bifurqua sur une salle plus large, dans laquelle attendait tout un groupe de ces fourmis géantes. Leurs carapaces portaient des traces de coups, certaines de leurs mandibules et de leurs griffes manquaient. Leurs têtes aux yeux larges, pourvus de facettes, se tournèrent mollement vers Lanthane.

>Le processus-maître a été neutralisé< indiqua Andromède. >Ces processus attendent que quelqu'un leur envoie des ordres.<

« Parle-leur. Il faut détruire les ponts. »

Comme l'avait prédit 9981, toute l'information du Réseau Aleph ne pouvait pas être traduite pour le cerveau de Lanthane, et de la conversation entre Andromède et les fourmis, elle n'entendit que quelques cliquetis, et un grincement semblable à celui d'une lame de parquet. Les fourmis hochèrent la tête et les abandonnèrent sur place ; leur masse chitineuse se déversa dans d'autres couloirs, révélant une ouverture dans la roche calcaire.

>Il reste encore cinquante-deux ports ouverts< annonça Andromède. >Plus de quinze millions de processus de défense ont été tués. Une tempête est en chemin.<

Au moment où Lanthane s'approchait du mur, une explosion retentit au milieu du canyon, et elle dut se baisser pour éviter des projections de cailloux. Une patte d'insecte traversa le corps désincarné d'Andromède.

Une partie des ports avait été mise en quarantaine par le centre de gestion épidémique, une autorité du pré-conscient de 9981-Nombres chargée de prévenir la propagation de processus déviants et nocifs. Un épais rideau transparent descendait au milieu du canyon, derrière lequel les fourmis noires et rouges s'étaient désormais figées, incapables de mettre à jour leur état ou d'accéder à leur mémoire interne. La tempête approchant, les nuages au fond du canyon remontaient comme des bancs d'écume.

Sur les derniers ponts, les colonnes d'insectes s'écrasaient comme deux vagues, sur des monticules de corps démembrés. Les fourmis se battaient une contre une au sommet de ces empilements grotesques ; elles glissaient sans cesse sur ces têtes gluantes, sur ces thorax écrasés, et les montagnes de cadavres s'effondraient dans le vide.

« Sais-tu où est 9981-Nombres ? »

>Il défend le port 27. Seul.<

« Pouvons-nous aller l'aider ? »

>C'est une mauvaise idée. Il vaut mieux défendre un autre port.<

Des effluves verdâtres remontaient d'un tunnel emprunté par les fourmis. Lanthane ne sentait aucune odeur, mais quand elle passa la main dans cette fumée, des symboles incomplets apparurent sur sa peau. Des paquets de données corrompus, que la simulation était bien en peine d'éliminer. Elle vit que certains de ces symboles se collaient aux murs calcaires et commençaient à les ronger.

>Oui, par là< indiqua Andromède.

Elles suivirent le flux d'information jusqu'à un pont de basse altitude. Des voiles nuageux remontaient autour de lui, entre lesquels des mandibules acérées décapitaient les dernières fourmis noires. Le nanoscope avança jusque sur le pont, couvert de sang vert d'insecte, dont émanait la fumée toxique qui remontait dans les tunnels.

Les assaillantes, des fourmis rouges deux fois plus épaisses, aux pattes larges pourvues de griffes bien plus solides, avançaient en ligne en poussant sur le côté les derniers cadavres.

« Tu dois détruire le pont » ordonna Lanthane.

>C'est entendu.<

Les processus d'assaut envoyés par la Division 1 étudièrent le nanoscope avec perplexité, car leur intelligence sommaire ne leur permettait pas d'évaluer sa dangerosité. En avançant dans la brume, Andromède disparut à leurs regards, comme si elle n'était faite que de brume. Elle fit un petit bond, ouvrit les bras ; des filaments de nanomachines se déplièrent autour d'elle, qui tranchèrent dans les corps énormes des fourmis selon des angles improbables. Andromède disposait de meilleures armes logicielles. Sa main transparente traversa la carapace d'une fourmi paniquée et étouffa son processus-cœur, tandis qu'elle écrasait un pied dans les yeux d'une autre fourmi rouge, brouillant ses capacités d'analyse et la poussant dans le vide.

Après quelques instants, le pont se vida des assaillantes. Du bout du pied, Andromède traça une grande croix en son centre. Elle recula jusqu'à Lanthane et leva le bras, comme si elle tirait sur un filet invisible. Les pierres du pont se séparèrent et il disparut dans les nuages.

>Il reste encore quarante et un ports ouverts.<

Elle leva la tête. Derrière un banc de brouillard, une horde de processus d'attaque venait de passer un des ponts. Les fourmis rouges avaient mis un pied dans la sphère intérieure de 9981-Nombres.

>Il y a une brèche.<

« Il faut qu'on remonte » lança Lanthane.

>Prends ma main.<

Je voudrais bien, se dit-elle, mais tu n'as que l'ombre d'une main. Elle essaya néanmoins d'attraper cette forme de poussière et, à sa grande surprise, elle ressentit le toucher et la chaleur d'une main almaine. Son bras fut tiré vers le ciel ; Andromède remontait le long d'un câble invisible. De toutes parts, la ligne de front s'enfonçait dans les tunnels ; les attaquants se rendaient maîtres des derniers ports ouverts. Les processus de défense se laissaient tomber dans le vide de la falaise par milliers, dans l'espoir de briser les ponts en les heurtant, mais leurs carapaces chitineuses s'écrasaient contre la pierre avec des craquements ignobles, tandis que les files de fourmis rouges noyaient les dernières survivantes.

Lanthane roula dans l'herbe et Andromède l'aida à se relever. Elles étaient remontées sur la falaise. Le sol avait déjà éclaté en plusieurs endroits et les fourmis rouges, innombrables, en surgissaient comme des ruisseaux de lave furieuse.

>Que dois-je faire ?< Demanda le nanoscope.

« Je ne sais pas si nous pouvons encore faire quoi que ce soit. »

>La tempête arrive.<

Une tornade d'éclairs traversa la plaine en un instant, balayant des milliers de fourmis des deux camps en une même pâte organique. Le tourbillon arrachait les nuages et l'herbe de la plaine ; il mélangeait la terre et le ciel ; les luttes des derniers processus se poursuivaient en apesanteur.

Malgré le vent, des fourmis rouges se rassemblèrent autour d'une sorte de monolithe noir qu'elles avaient traîné jusqu'ici à la force de mille pattes acharnées. La tempête aveugle s'enroula avec rage autour de cette pierre qu'elle ne pouvait soulever.

>Il est trop tard, annonça Andromède. Ols ont déposé une balise de transfert. Les ports ne peuvent plus être refermés. Les alephs peuvent maintenant entrer dans la sphère. Voire...<

« À quoi penses-tu ? »

>Ols peuvent exfiltrer 9981-Nombres.<

« Ols peuvent arracher un aleph à ses propres pensées ? »

>Oui.<

La tempête prit fin à ce moment. Tandis qu'il pleuvait autour d'elles des morceaux de fourmis et des mottes de terre, un sifflement assourdissant retentit de l'autre côté du ravin. Une masse flottante gigantesque surgit de l'horizon indistinct et s'avança jusque sur la plaine. On aurait dit une montagne à l'envers pourvue d'une tentative de visage almain.

9981-A456DCF973FFE de la famille des Nombres !

« Qu'est-ce que c'est ? » s'exclama Lanthane.

Elle avait l'impression que sa voix portait jusque sous chaque brin d'herbe ; des yeux de pierre immenses roulaient partout sur sa surface, et s'ol n'avait pas remarqué Lanthane, c'est peut-être pare qu'ol se moquait de sa présence.

>C'est un molt, indiqua Andromède. Une super-intelligence. L'un des stratèges de la Division 1.<

9981-A456-DCF9-73FFE de la famille des Nombres ! Votre esprit est passé sous le contrôle de la Division 1. Veuillez vous rendre sans faire de résistance.

>Ol va lui parler, ajouta le nanoscope. Mais nous ne devrions pas rester ici. Il faut sortir de la simulation et déconnecter son corps androïde, avant qu'ols en prennent le contrôle.<

Quelques cent mètres plus loin, la silhouette minuscule de l'aleph s'éleva dans l'ombre de la montagne flottante. Malgré l'alternance de grondements et de sifflements qui secouait l'air comme un tambour, sa voix sonnait clair tandis qu'ol pointait son agresseur du doigt.

« En tant que représentant de forces de l'ordre, vous êtes tenu de décliner votre identité ! »

Mon nom est 5574-BECD-FFAA-7841 de la famille des Nombres. Je suis le Grand Stratège des Réseaux.

Donc, le molt le plus puissant du Réseau Aleph. Son esprit était si vaste qu'il ne pouvait circuler librement dans la Conférence des Planètes, pour cause de canaux de liaison trop étroits ; mais la frégate qui les poursuivait devait disposer d'un support physique conséquent.

« Par ailleurs, j'ai le droit de savoir de quoi je suis accusé ! »

Vous possédez des informations confidentielles rattachées à la sécurité de la Conférence des Planètes. Afin que ces informations ne soient pas diffusées, votre arrestation a été ordonnée par la Division 1 et autorisée par un tribunal spécial de la Conférence, qui se réunira bientôt pour statuer sur votre cas. D'ici là, vous serez mis en détention sous la responsabilité de la Division 1.

« Cette arrestation est illégale. Je n'ai enfreint aucun traité intermondial. Cela constitue une entrave à la liberté d'action des agents de la CVU dans le système Sol, telle que définie par le traité Terre-Mars de 2256, article 19, paragraphe deux. »

Sous ordre de la Conférence des planètes, approuvé par les représentants des systèmes à l'unanimité, des pouvoirs spéciaux ont été conférés à la Division 1 dans le cadre de sa mission. Selon ce principe de cette mission, la liberté d'action de la CVU demeurera subordonnée à la préservation de l'ordre et de la sécurité intermondiales. Avons dit. Cette discussion est close.

>S'ol continue de résister, la situation va empirer< constata Andromède. >Il faut nous extraire de cette sphère.<

9981-Nombres ployait comme une brindille, écrasé par le souffle du molt, mais ol se tenait encore debout contre vents et marées.

« J'ai droit un avocat ! » tempêta-t-il en désespoir de cause

Vous en aurez un lorsque vous serez placé en détention.

Ses bras s'élevèrent dans les airs, puis son corps fut arraché au sol par une force invisible. Les derniers processus de défense rendirent les armes et s'écrasèrent face à l'invasion, tandis que 9981 s'élevait en direction du molt.

>C'est terminé< annonça Andromède. >Libération.<

Le nanoscope fit un geste de son doigt de poussière, qui traça l'encadrement d'une porte transparente. Elle la poussa grande ouverte d'un coup de pied. Plusieurs yeux de pierre du Grand Stratège se tournaient désormais vers elle, et la montagne roulait dans leur direction.

Alanthanea Rogaya Zaralen Tel'Andromeda, du Bureau Panterrien de Sécurité !

Passé la porte, l'intérieur de l'esprit de 9981-Nombres ne disparut pas tout à fait, mais se fit transparent, comme si la plaine, le ciel et le molt lui-même étaient des dessins sur une tapisserie vieillissante, dont les fibres sèches se racornissaient comme des vieilles feuilles dans un herbier.

Alanthanea Rogaya Zaralen Tel'Andromeda, du Bureau Panterrien de Sécurité ! Vous êtes en état d'arrestation. Veuillez vous rendre sans faire de résistance.

Avant de passer le seuil, Andromède pointa le bras dans la direction du Grand Stratège et fit un claquement de doigts. Un de ses grands yeux de pierre fut éjecté de son orbite et s'effondra dans la plaine comme une météorite. Un cri de colère déchira l'atmosphère.

Nanoscope de dénomination inconnue ! Vous êtes en état d'arrestation. Veuillez...

Lorsqu'Andromède claqua la porte, le Réseau Aleph laissa place à l'Antichambre de la simulation, petite pièce blanche qui n'avait pour elle que ses limites physiques.

>9981-Nombres est désormais sous leur contrôle. Il faut désactiver manuellement son corps d'incarnation.<

Lanthane acquiesça.

>Tu n'auras que quelques secondes d'éveil. Ton cerveau ne pourra pas en supporter plus. Et j'ai besoin de temps pour reconfigurer mon réseau interne.<

« Qui pilotera la navette ? »

>Éléana s'en chargera.<

L'okrane et le nanoscope se faisaient face comme les deux côtés d'un miroir. Elle devinait déjà que cette incursion dans le Réseau Aleph, en personnifiant son nanoscope, lui avait fait le plus grand bien. Lanthane ne voyait plus son second cerveau comme un corps étranger et impersonnel, mais comme un totem, un bon génie chargé de la défendre et de l'aider dans sa mission.

« Nous formons une bonne équipe » constata-t-elle.

>C'est mon objectif.<

« Es-tu vraiment une intelligence pré-Turing, ou est-ce que tu as une conscience ? »

>Je ne peux pas répondre à cette question.<

Le son d'une alarme traversa son champ auditif comme un train lancé à pleine vitesse. Des lumières clignotantes secouèrent ses rétines. Des picotements au bout de ses doigts l'informèrent qu'elle avait regagné son corps. Lanthane décrocha sa ceinture et se glissa jusqu'à la place du pilote. Le corps androïde de 9981-Nombres était immobile, mais ce n'était qu'une illusion : ses processeurs internes étaient le théâtre d'une bataille acharnée pour le contrôle de ses servomoteurs.

Comment faire pour désactiver cet engin ?

Dans sa grande naïveté, elle s'était imaginée trouver un interrupteur sous le bras ou derrière la nuque.

>Désactivation manuelle. Prends l'extincteur de bord.<

Elle le décrocha de son support. C'était une bonbonne de métal de plusieurs kilogrammes, pleine de mousse carbonique, mais en apesanteur, il n'était pas plus difficile de la soulever que de pousser un caillou sur une pente savonneuse.

>Maintenant, écrase le calculateur central de sa tête.<

Mais je vais le tuer...

>Le contenu du calculateur a déjà été aspiré par le Réseau Aleph. Dans quelques secondes, la baie de stockage de son dos sera vidée elle aussi. 9981 est déjà en détention sur le Kzran, comme l'annonçait le Grand Stratège.<

Lanthane tira l'extincteur en arrière et le propulsa contre la boîte crânienne en plastique. Un gros craquement retentit. Au quatrième coup, la couche supérieure blanche et souple se déchira et la boîte noire rigide qui contenait les cellules mémorielles et les unités de calcul apparut, engluée dans une gélatine blanchâtre. Lanthane continua de frapper jusqu'à ce que des feuillets de nanocircuits froissés jaillissent hors de la boîte défoncée. Le panneau de contrôle devant elle devenait flou, les lueurs des alarmes se mêlaient aux étoiles lointaines. Elle remit sa ceinture en place et secoua Éléana pour la réveiller.

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