Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

76. L'enfer de glace


Le pardon ? La rédemption ? La justice ? Rien de tout cela. C'est un lieu d'oubli.

Kaldor, Principes


Crysée n'avait pas menti. L'atmosphère d'Adonis AE formait une couche de quelques dizaines de kilomètres, pour une pression de quelques millibars à peine, constituée principalement de dihydrogène, de gaz nobles et de quelques sous-produits de la géo-ingénierie des Dragons.

Si l'astre croisait dans un système solaire, alors il se trouvait trop loin de son étoile, et elle disparaissait parmi la carte stellaire lointaine, comme un oncle éloigné, connu seulement de nom, que l'on ne reconnaîtrait pas dans une foule anonyme. Aussi sa température de surface ne dépassait-elle pas les trente degrés Kelvin, soit moins deux cent quarante degrés Celsius. Un stade auquel le méthane et le dioxyde de carbone formaient une glace épaisse et rude, parcourue de veines d'eau gelée dure comme du verre.

Cette étendue était marquée de reliefs francs, hautes crêtes montagneuses, crevasses aux fonds incertaines, canyons et vallées où couraient quelques reflets lumineux, en hommage aux fleuves qui auraient pu couler ici pour cent degrés de plus. La plaine sur laquelle Astyane et Adrian avaient été transportés ressemblait à un ancien cratère, une étendue très régulière, parsemée de petites pierres levées de deux à quatre mètres de hauteur au maximum. Dans la transparence de son sol de glace dansait une aurore boréale impossible dans ces régions reculées de l'espace, une longue traînée de lumière scintillante, dont l'éclat sublimait la glace en panache de brouillards menaçants.

Adonis AE n'était qu'un vieil omnisaure abandonné aux confins de l'Omnimonde. Il était aussi mort qu'un omnisaure peut l'être ; ses multiples cœurs à fusion lourde se consumaient lentement au creux de son architecture métallique, silencieuse depuis quatre mille ans. Adrian, fasciné par l'histoire de l'Imperium Draconis, avait dressé une liste des omnisaures que les Dragons avaient utilisé pour bâtir l'Omnimonde. Adonis AE était l'un des nombreux membres de la classe Adonis portés disparus après la bataille de Draconis, et voués à n'être jamais retrouvés, tels les épaves de navires engloutis au plus profond des océans. L'espace immense et vide qui séparait les systèmes stellaires était l'endroit idéal pour cacher un objet n'émettant plus aucune lumière.

Il n'y avait ici aucune arme secrète des Dragons, aucun Stathme, aucune réserve de magie d'Atman, aucune cuve de stase qui aurait préservé les derniers chevaliers de l'Hyperborée. Rien qu'une sensation de vertige face à la grandeur des anciens dieux, du plus puissant empire jamais bâti, qui avait transformé et ensemencé des milliers de mondes. Adonis AE était une machine autrefois consciente aussi vaste que les lunes de Jupiter. Il portait avec lui des milliards de tonnes d'éléments chimiques voués à corriger les atmosphères, les sols et les océans ; des machines à usage unique de la taille d'une montagne, capables de creuser jusqu'au centre d'une planète pour contrôler son noyau, comme une chirurgie cardiaque à l'échelle d'un monde. Il portait des millions de sous-processus de calcul, de contrôle, d'organisation, de régulation, dont il n'était que le cerveau central, toute une société éphémère qui n'existerait que pour cent ou mille ans. Il portait, enfin, une responsabilité écrasante, celle des milliards de vies à venir, qui s'établiraient sur cette planète et mangeraient aux fruits donnés par les dieux.

Adonis AE était une ruine, un vestige. Mais la traînée de feu dans son ciel, maillage de lignes bleues assemblées comme une broderie incandescente, attira aussitôt leurs regards. Les voyageurs échoués dans cet enfer de glace étaient venus pour cette lumière, pour cette anomalie astronomique.

« Par Kaldar... »

Adrian approcha la main de l'un des monolithes du cratère et en dégagea quelques cristaux de glace carbonique. Seul Zögarn et la magie d'atman permettaient à son esprit, pure forme astrale, d'interagir ainsi avec une lointaine matière.

« Un homme, dit-il. Et là... une femme... je ne connais aucune de ces personnes.

— Moi non plus, nota Astyane. Mais celle-la, nous la connaissons. »

Tyrfing se trouvait prise dans une telle gangue de glace, à hauteur d'homme, comme si un geyser avait jailli du sol pour l'arrêter ici. Sous le choc thermique, sa lame de métal avait éclaté en milliers de morceaux.

« Elle ne nous dira pas comment elle est arrivée ici, constata Adrian. Qui a cru que les Stathmes avaient besoin d'almains ? Tyrfing avait largement assez de volonté en elle, une volonté féroce et cruelle de dominer enfin ces mondes sur lesquels elle a connu quelques moments de règne. »

L'alchimiste observait le visage d'un inconnu pris dans la glace, lorsqu'un homme surgit de derrière la statue pour le surprendre. Il portait une robe blanche semblable à celle d'Astyane, hormis quelques traces rougeâtres douteuses sur la poitrine. Son visage était pâle, constellé de cicatrices violacées, comme d'anciennes blessures qui remontaient à la surface. Il affichait un sourire moqueur ; il ne lui en restait pas d'autre.

C'était l'ange déchu qui avait décidé de la chute d'Eden. Le prophète d'Atman sur Daln. Samaël.

Il attrapa Adrian par le poignet et le jeta en arrière, à vingt mètres de distance. Lui aussi était une forme astrale suspendue par-dessus le réel, un rêve qui aurait refusé de partir au petit matin.

« Je pensais que tu viendrais seule » lança-t-il à Astyane.

Des cornes, une queue fourchue et un ignoble bouc l'auraient rendu plus reconnaissable, mais Samaël était presque identique à l'ange gardien qu'il avait été autrefois, le collègue et formateur d'Astyane, excepté les marques sur son visage et son regard pâle comme un jour de deuil.

« Il m'a fallu de nombreux détours pour te retrouver. Où sommes-nous ? »

Samaël caressa de la paume une statue qui était peut-être une de ses connaissances, puis il y écrasa son poing, brisant ce qui devait être sa tête, ou un bras tordu.

« C'est l'enfer de glace de la légende, expliqua-t-il. La seule chose qu'elle ne dit pas, c'est que tous les démons prisonniers de cet enfer y sont venus volontairement, comme toi, moi ou ton ami. Depuis quelques temps, j'avais la vision de cet enfer. Mais vision et réalité sont deux choses distinctes. Il m'a fallu quelques détours, à moi aussi, quelques croisements avant de trouver la trace d'Adonis AE.

— Qu'es-tu venu chercher ici ? Et eux ? Pourquoi sont-ils...

— Un seul parmi tous ces démons aura le privilège de monter à la Cité de cristal. Ils se sont entre-tués. Ce fut une intéressante bataille, je suis arrivé peu après. »

Samaël leva la main vers l'espace, vers le spectre bleu qui passait entre les étoiles. Ce n'est pas une queue de comète, calcula Adrian, mais un objet de forme sphérique, porté à une vitesse proche de la lumière. En raison de la dilatation relativiste des longueurs, dans notre référentiel, il se déforme en une flèche de millions de kilomètres de long.

Les rayonnements résiduels avaient de quoi stériliser mille fois la surface d'Adonis AE qui, fort heureusement, ne portait aucune vie.

« La voici, annonça l'ange déchu. Nela, la Cité de cristal du roi Ozymandias.

— Quel rapport avec toi ? Avec moi ? Avec l'Atman ?

— L'Atman est le démon d'Ozymandias. C'est pour lui qu'il a bâti les empires... même s'ils ont tous échoué. Le roi est resté là-bas durant cent mille ans. À chaque nouvel échec, Atman est revenu lui faire un rapport, et chaque fois, il est reparti en quête d'un nouveau monde où planter la graine de l'empire éternel. Mais le chemin qu'il empruntait s'est fermé, comme si le roi lui avait tourné le dos. La Cité de cristal s'est coupée du monde. Le dernier moyen de la rejoindre se trouve ici ! C'est son dernier passage à proximité d'un astre connu, avant le grand saut dans le vide infini. Et toutes les créatures d'Atman de l'univers ont pressenti le passage de Nela dans le ciel d'Adonis AE, et toutes ont ressenti le besoin de se réunir dans cet enfer de glace. Il est temps pour nous de rencontrer notre créateur. Veux-tu me suivre, Astyane ? J'ai tué quelques-uns de nos frères de magie sur ce chemin, mais pour toi, je ferai une exception.

— Tu es fou à lier. Tu divagues. Ton roi Ozymandias est mort depuis des lustres.

— Il n'a peut-être pas tort, temporisa Adrian. Le temps ne s'écoule pas de la même façon dans le référentiel de Nela. Même si cet Ozymandias est un roi-mage du passé, il pourrait très bien y être encore en vie...

— C'est notre seule occasion, abonda Samaël en tendant la main.

— Pourquoi veux-tu voir cet homme ?

— Je suis Atman. Tu es Atman. Lui aussi. Nous sommes un démon enchaîné depuis cent mille ans à la volonté de son créateur, et ce créateur s'est détourné de nous. Nous devons lui rappeler que nous existons. Ce n'est pas Atman qui a échoué à former l'Empire éternel, c'est Ozymandias, un piètre roi. Nous allons nous libérer de lui !

— Tu as donc fait tout ce chemin pour tuer quelqu'un ?

— N'est-ce pas ce que tu as fait, toi aussi ? Puisque cela doit se finir ainsi... »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro