Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

70. Le plat typique


Anastasia Romanovna, l'agent Stanislas Cards et Christian s'assirent sur un banc à l'écart de la place pavée. À huit heures quinze du matin, en ce mois de juin, il faisait jour à New York, ville terrienne aussi bien connue pour son agitation effrénée que Yora pour sa bière artisanale. De longues files de voitures se pressaient dans ces rues à trois voies typiques des villes construites après l'invention de l'automobile. Des foules humaines se croisaient aux passages piétons ; touristes en short, salariés de start-ups technologiques en jean et chemise à un bouton ouvert – deux pour le patron, employés de cabinets de conseils qui avalaient leurs cachets d'amphétamines sur le trajet pour faire passer la nuit blanche, avocats d'affaires, étudiants fauchés, sans-abris sur le chemin de la soupe populaire. Comme les deux Bureaux dans le Bureau, ils formaient des villes différentes, superposées mais incapables de se voir, de se rencontrer.

Le touriste heurtait un avocat et baragouinait un mot d'excuses dans un mélange d'anglais et de français. Une pièce tombait dans l'escarcelle du mendiant. À l'arrêt devant un feu rouge, l'étudiant demandait une cigarette à l'employé de start-up. Mais ces humains demeureraient néanmoins des étrangers les uns pour les autres. La société réputée englober toutes les individualités, tous leurs mondes voisins, était un mythe. Comme tous les totems, elle n'avait de puissance, de corporéité que tant qu'ils y croyaient fermement, et que leur sentiment d'appartenance allait à ce pays qu'ils ne pouvaient ni voir, ni toucher, ni véritablement connaître, car il faudrait être fou pour étendre la mappemonde sur le mur de son garage et prétendre avoir tout vu des océans de la Terre.

Mais les sentiments humains sont fragiles, malléables, et il est terriblement facile de faire et de défaire des empires.

« Vous rentrez avec Christian. Vous interrogez Denrey. Vous filez. En fonction de ses réponses, nous déciderons de la suite.

— Le FBI ne sait pas que je suis ici, indiqua Cards. Je mise sur votre intuition. Si nous arrivons à avoir une preuve que Denrey est impliqué, quelle qu'elle soit, il ne doit pas quitter l'immeuble. Je ne voudrais pas impliquer la police dans cette affaire, mais si vous êtes repérée dans les bureaux, ils seront obligés d'intervenir. Êtes-vous prête à cette éventualité ?

— Me rendre ? Je peux faire ça. Je ne suis pas faite pour passer ma vie en cavale. »

Ce fut le moment qu'Adrian choisit pour s'introduire dans leur conversation. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'alchimiste savait parfaitement se rendre inaperçu. Sa moustache et son costume n'entrèrent dans leur champ de vision qu'à la dernière seconde, comme si, descendu d'un nuage, il venait d'atterrir à leurs pieds.

« Hum, madame, messieurs, je vous prie de m'excuser... »

Adrian vit la main de Cards remonter jusqu'à la poche intérieure de son blouson et leva sa main libre pour écarter toute méprise, l'autre étant appuyée sur sa canne, car quelles que soient les prétentions d'Adrian quant à son style et son apparence, il l'employait avant tout comme soutien pour son dos multiséculaire.

« Ah, monsieur Cards, nous ne nous sommes jamais rencontrés mais on m'a dit beaucoup de bien de vous. Madame Romanovna, nous nous étions parlé par téléphone quand j'ai essayé de vous vendre le manuscrit interdit des cent vingt-sept démons de Zou'l Stamoch. Je vous promets que j'ignorais moi-même que c'était une copie frauduleuse du dix-neuvième siècle... même si j'en étais, hum, l'auteur. J'espère que vous avez aimé mes blagues. Sachez que mon humour s'est amélioré depuis.

— Bon dieu, von Zögarn, que faites-vous ici ?

— Je suis partout où on a besoin de moi. Il y a quelques années à peine, je réparais un vaisseau-lune remsien en pleine bataille stellaire à l'aide d'un caramel mou. Me voilà sur Terre avec des cheveux blancs, à batailler contre des complots vampiriques ! Que le temps passe vite.

— Qui vous dit qu'on a besoin de vous ?

— Je suis passé avec quelques amis voir un certain Richard Broker. Il nous a dit que la taupe du BIS se trouvait dans le bureau de Jim Denrey lui-même. Il n'y a que deux personnes qui ont un accès inconditionnel à ce bureau : ce bon vieux Jim, et le jeune Christian que voici.

— J'avais pensé à Christian, dit Romanovna, mais ça ne colle pas.

— Ce n'est pas lui. »

Astyane tira à son tour le voile d'illusion qui la maintenait à la frontière de leur champ perceptif.

« Nous devons nous hâter, Adrian. De nombreux vampires se trouvent là-bas, dans les bureaux.

— Impossible, protesta Cards. Où se cacheraient-ils ?

— Ils ne se cachent pas. C'est pour cela que vous ne les avez pas vus.

— Et l'impératrice ?

— Je n'arrive pas à la voir. C'est à croire qu'elle n'existe pas. »

Adrian croisa les bras et se lissa la moustache, signe d'une réflexion dont l'intensité aurait fait rougir le célèbre philosophe Socrate, son modèle.

« Avant toute chose, agent Cards, vous qui êtes un américain de pure souche, est-ce que vous connaissez le plat typique de la région ? Quand nous aurons terminé de libérer la Terre des méchants vampires, je me suis promis de transmuter du plomb en or et de payer un bon restaurant à Astyane.

— De...

— C'est très important, agent Cards. Un pays sans plat typique n'est pas un pays. Un burger, peut-être ? Mais quel serait le burger le plus typique ? Astyane, est-ce que vous savez ce qu'est un burger ? C'est un morceau de vache morte frit coincé entre deux bouts de pain, avec des oignons, de la salade, etc. En général, on rend hommage à la vache en l'imprégnant d'une sauce issue pour moitié de la pétrochimie. Mais qui sommes-nous pour juger les coutumes locales ? S'ils avaient voulu nous faire mieux manger, les Convertis auraient pu s'installer ailleurs. Mais peut-être... peut-être que c'était là leur plan. Nous serons vaincus par le gras du burger. »

Tandis qu'Adrian se laissait aller à ces considérations culinaires, ils arrivèrent en face de l'immeuble, théâtre des allées et venues habituelles des gens du Bureau. Astyane désigna le hall d'un doigt imperturbable. Elle voyait jusque dans les flots des pensées qui circulaient derrière cette surface de verre et faisait comme s'ils avaient pu suivre eux aussi cette rivière d'informations précieuses.

« Jim Denrey est ici, dans le hall. Il est entouré de vampires. Adrian et moi allons passer par la porte d'entrée. Vous passerez par derrière. Marcion et Siren sont déjà entrés dans le bâtiment ; ils se rendent dans le bureau de Denrey pour chercher des preuves.

— Siren est ici ? s'exclama Cards.

— Pourquoi ?

— C'était ma meilleure candidate pour Alma Treskoff...

— Dans ce cas, j'espère que vous vous êtes trompé. »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro