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61. Le chasseur


Il faut que quelqu'un mette fin aux folies engendrées par les Stathmes. Quelqu'un d'assez puissant soi-même pour les détruire, ou pour les absorber.

Je regardait autour de moi. J'étais seul. Les autres dieux m'avaient laissé cette tâche.

Mais c'est impossible, songeai-je. Comment localiser les centaines, les milliers de Stathmes qui se cachent partout dans l'univers ? Il faudrait une compilation de savoirs immense... il faudrait... une bibliothèque.

C'est ainsi que je devins un chasseur de Stathmes.

Caelus, Notes


Furgon fit le tour de la Relique Sacrée à petits pas nerveux. Ses bottines couinaient sur le dallage de marbre poli. Bras croisés, le regard bas, il élaborait des excuses au cas où un garde du culte surgirait et le découvrirait dans cette petite pièce circulaire, réservée aux seuls membres du clergé.

Il gardait sans cesse un œil rivé sur la Relique. Ce cube d'obsidienne noir vibrait d'un appel irrésistible et Furgon sentait ses mains trembler, lui qui ne pouvait s'empêcher, à chaque tour, de se rapprocher davantage.

Si la Relique elle-même me l'a demandé, est-ce vraiment un vol ?

Sur son trajet, Furgon n'avait rencontré aucun garde. Futur roi de Rems, mais pour le moment délégué interministériel à la pêche au requin, c'était un homme excessivement discret, dont l'apparence se situait à mi-chemin de celle d'une souris. Sa moustache tressée en tiges disgracieuses, mode dont il était sans doute l'inventeur, et les couinements de ses bottines avaient sans doute floué les servants du culte d'Aathma.

Pourquoi suis-je ici ? Se demanda-t-il. Au diable ce vieux caillou !

Mais, plutôt que de s'en éloigner, il se rapprocha d'un pas sur le côté, et sa main glissa pour caresser la pierre. Il attendait de l'obsidienne un toucher froid, minéral et austère, mais le cube lui parut chaud et lisse, comme les coquilles molles des œufs de tortue qu'enfant, il déterrait sur les plages de l'Archipel.

La Relique m'appelle, songea Furgon. Elle aurait pu appeler chacune des prêtresses d'Aathma, chacun des hommes qui montent la garde du premier au trente-cinquième étage du Phare Sacré, mais la Relique m'a choisi, moi. Et dans son esprit, Furgon cessa d'être l'homme chargé de réguler le cours de la viande de requin et de fixer des quotas de prises ; il devint le roi Furgon, premier du nom, premier de sa lignée ; il s'assit sur un trône de corail doré et fit l'honneur à l'Archipel Austral de baisser le regard vers lui, de recompter des îles et de bénir son peuple, non au nom d'Aathma, divinité fumeuse d'un temps révolu, mais au nom de Furgon, racine d'un panthéon renouvelé, ou tout simplement objet exclusif de la dévotion des hommes sur l'Archipel.

Mais cela ne lui parut pas suffisant. Une goutte de sueur coula sur son front ; ses pensées s'agitaient comme l'ouragan qui, une fois l'an, balaie les terres australes de Rems. Furgon était un piètre administrateur, et il ne régnait sur personne, sauf peut-être deux secrétaires et un vieux chat castré. L'ampleur du pouvoir de la Relique, des possessions matérielles du futur roi, de son aura spirituelle, dépassait l'étendue de son imagination ; il ne pensait pas que l'on pût étendre aussi loin les frontières d'un empire, dépasser l'Archipel, dépasser la planète. Furgon, éberlué, les yeux ouverts sur son destin futur, se vit avaler les systèmes stellaires dans un accès de folie gargantuesque ; il se vit marcher sur des planètes lointaines, guerroyer et coloniser les barbares, donner son nom à des étoiles inconnues.

Ce ne fut plus seulement une lignée qui prit racine en lui, mais un empire, une histoire, une légende.

Pour tout ceci, il suffisait de tendre la main.

« Le roi Furgon, murmura-t-il sans même s'en rendre compte. Le grand roi Furgon. L'empereur Furgon. Furgon Ier. »

Cherchant ainsi le meilleur titre pour le premier roi de Rems depuis des siècles, il advint que Furgon donna un coup de coude involontaire dans le cube de pierre, qui se souleva de son coussin en soie, se suspendit au-dessus du vide, et après une interminable seconde d'hésitation, bascula.

L'origine de la Relique était mystérieuse. Le clergé refusait qu'on l'étudie, prétextant qu'on ne devait révéler sa nature sacrée à Rems, au risque d'engendrer le courroux d'Aathma. Plus prosaïquement, trop de mystères pesaient sur cet objet pour que l'analyse isotopique et le carbone 14 ne provoquent autre chose qu'une litanie de déceptions et de controverses. Elles auraient pu révéler que la Relique, au lieu d'avoir surgi de l'océan par une nuit de grande marée, flotté au-dessus de la mer jusqu'aux mains du premier prophète, avait été apportée ici deux siècles plus tôt par Adrian von Zögarn, alors en voyage sous le pseudonyme de Socratus von Zögarn, qui l'avait oubliée dans ses valises.

Avec un tintement cristallin, le cube se brisa en mille morceaux ; le coin qui avait frappé le sol en premier resta planté au milieu d'une étoile de marbre rouge.

Furgon s'accroupit et balaya les débris d'obsidienne de la main. Il ne s'agissait que d'une gangue protectrice. Le contenu du cube, une sphère de verre opaque, avait roulé jusqu'au bord de la pièce. Furgon referma sa main sur elle. Une faible lueur violette en irradiait, qui traversait sa paume et ressortait sur le dos de sa main.

« Ainsi donc, voici le Stathme de Rems. »

Un homme de haute stature, au visage osseux, au profil anguleux, venait d'entrer dans la pièce. Il était vêtu d'une robe brune, ceinte d'une corde austère, et marchait pieds nus. Dans cet intrus, Furgon ne vit qu'une seule chose, la seule qu'il verrait désormais parmi les autres hommes : un concurrent potentiel. Il était venu lui voler le Stathme, mais il arrivait trop tard. La relique des dieux était déjà en sa possession, et Furgon sentait sa puissance homérique s'insinuer dans son corps, remonter le long de ses veines, emplir son cœur comme une outre de vin et irradier sa poitrine.

« Je suis arrivé bien tard » remarqua l'homme, sans paraître nullement impressionné par le futur roi Furgon.

Le Stathme était maintenant à demi rentré dans sa paume ; sa main, son avant-bras émettaient une lueur crépusculaire à travers sa chair devenue transparente. L'intérieur de son corps était le théâtre de bouleversements inimaginables. Alourdi par cette puissance, Furgon tituba ; mais il se sentait maître d'une inertie prodigieuse ; son souffle était devenu brûlant comme les fournaises du Tartare et son poing aurait pu briser des montagnes.

« Prosterne-toi devant moi, car je suis le roi de ce monde, et bientôt, tous me reconnaîtront comme tel.

— Oh, excusez-moi, vous disiez ? »

Le moine au nez d'aigle lui avait tourné le dos un instant pour admirer la vue. Il ramena son regard bleu océan vers Furgon et hocha la tête en signe de contrition.

« Vous n'êtes pas un roi. Vous n'êtes plus un homme. Ce Stathme ne vous a pas élevé vers les séjours célestes, mais ils vous emmène tout droit dans les eaux glacées d'Océanos. Abandonnez-le maintenant. »

Furgon bouillait de colère ; trop habitué à contenir ses sentiments, il en oubliait sa toute nouvelle liberté. Il éclata de rire.

Du centre de la pièce, sa forme humaine trop chétive ne pouvait pas même atteindre les fenêtres dans lesquelles scintillaient les reflets de Sol Rems ; mais Atman compléta son corps selon son désir, et des tentacules monstrueux émergèrent de ses épaules, faits d'une matière noire épaisse et opaque comme du pétrole. L'un d'entre eux se contracta en poing de géant, qui traversa le mur mitoyen ; l'autre balaya les arcades, l'autel de la relique sacrée, et le plafond s'effondra sur eux en avalanche de calcaire.

Furgon ne ressentit qu'un lointain picotement lorsque les moellons rebondirent contre son crâne. Il expira bruyamment ; son souffle écarta le nuage de poussière de l'effondrement, le laissant seul au sommet du phare Sacré, face à Sol Rems, face à une cité prospère dont les regards se tournaient vers lui avec étonnement.

« Mais peut-être aurais-je dû me présenter en premier lieu. »

Des traînées de poussière blanchâtre couraient sur sa robe de bure, mais l'homme était indemne. Il ressemblait à un philosophe perfectionniste pour qui toute la pensée humaine est le résultat d'une méthode, du raisonnement, de la logique, pour qui l'inspiration créatrice est un leurre, et la liberté, une lubie de jeunes gens. Furgon l'entendait déjà lui faire la morale, lui parler de devoir et réduire ses désirs d'empire à un simple caprice passager.

« Je suis Caelus, le dieu-savant. Et vous ?

— Furgon, le roi de Rems.

— Roi de Rems ! Allons, pour l'instant, vous ne régnez que sur ces dix mètres carrés. »

Caelus donna un coup de pied dans une poutre, qui glissa dans le vide.

« En vérité, vous vous moquez bien de ma présence. Je pourrais être la mort, le destin, votre amour de jeunesse, votre moi du futur, si je n'étais pas dans votre champ de vision, vous m'oublieriez aussitôt. Quand vous avez mis la main sur ce Stathme, celui-ci s'est emparé de votre nom. Vous êtes désormais un pantin à son service. Votre calvaire pourrait durer des années ou des siècles, mais je vais y mettre fin dès maintenant.

— Mais tu n'es ni la mort, ni le destin. Alors qui es-tu ? Es-tu le vent ? Es-tu le feu ? Es-tu la terre ? Rien qui puisse m'arrêter. »

Cela le fit sourire, comme si Furgon venait d'être, à son insu, victime d'un bon mot. Noyé dans la colère, le tout jeune roi rétracta ses appendices grotesques et souffla un torrent de feu sur le sommet du phare, une lumière que l'on verrait à des kilomètres à la ronde.

La silhouette de Caelus se découpa dans cette aube incandescente. Durant quelques secondes, Furgon crut l'avoir réduit à l'état de statue charbonneuse. Mais il vit, derrière les trombes de flammes, que Caelus bougeait encore. Il portait les mains à son visage, les en retirait, puis étendait les bras, comme un homme qui se lamente de ses douleurs.

Furgon ne craignait pas d'infliger la souffrance. Cela faisait partie du pacte maudit. Cela était nécessaire, et de même que la vie dévore la vie pour pouvoir prendre forme, l'empire devrait dévorer des millions d'hommes ; des sacrifices impensables devraient être commis en son nom.

« Eh bien ? s'exclama le roi de Rems. Tu ne parles plus, n'est-ce pas ? Tu ne parviens plus à parler. »

La toge de Caelus avait fondu, puis s'était évaporée. Il se tenait toujours debout, droit et digne, mais une suie noire le recouvrait entièrement. Des fissures remontaient le long de ses bras, comme les jeux de failles d'une lave refroidie, et des scories tombaient de ces mains.

Furgon le crut mort, un instant.

Il comprit bientôt que Caelus n'avait paru humain jusqu'à présent que par politesse, car le moine-savant était habitué à côtoyer les almains dans les mondes des rêves, et se présentait à eux sous une forme supportable.

Caelus sembla labourer sa poitrine de ses ongles racornis, jusqu'à trouver une faille, qu'il agrippa. Il décolla toute une plaque faite d'un mâchefer carboné, dont la forme épousait celle de son torse ; une autre se décrocha toute seule aussitôt, comme le plâtre dans l'ancien bureau de Furgon, car de telles transformations procèdent par vagues. Caelus rabattit la tête en arrière et déchira les plaques qui recouvraient son visage.

« Je ne suis pas le vent, mais je suis la tempête... »

Sa voix était une vibration qui semblait se propager autant par le sol que par l'air, se communiquer au Phare Sacré et faire pencher celui-ci au gré de ses intonations.

« Je ne suis pas le feu, mais je suis l'incendie... »

S'il avait été un peu plus érudit, ou rien qu'un peu moins idiot, Furgon aurait certainement reconnu un Dragon, mais il ne vit qu'une silhouette humanoïde élancée, de deux mètres de hauteur. Il semblait fait d'une pâte de verre liquide, d'un gris transparent, dans laquelle circulaient de nombreuses lumières intérieures, dont les halos remontaient à la surface en auras rougeâtres. Caelus était informe, sans mains, sans visage ; quatre épingles de lumière perçaient sa tête à mi-hauteur, qu'il dardait sur Furgon. Car ce corps était une œuvre inachevée ; un Dragon n'existe que dans la matière à laquelle il donne forme.

Caelus plongea son bras gluant dans l'embarras de débris poussiéreux du dernier étage, et la pierre remonta le long de ce bras, s'y aggloméra, gagna le reste de son corps qui enflait et se colorait de blanc. Des poings massifs se formèrent au bout de ses bras, marteaux dignes des titans qui gardent l'entrée de l'Olympe. Avec un cri de colère et de défi, Furgon ramena à lui toute la puissance de l'Atman qu'il sentait circuler aux alentours, comme un spectateur invisible ; le Stathme s'enfonça davantage dans sa main. Il dépensa toute cette énergie à copier le corps de Caelus, sans parvenir à faire aussi bien que lui dans un délai aussi court ; et alors que l'armature de son corps noir se complétait à peine, le poing de calcaire s'écrasa dans sa tête et l'envoya chuter dans le vide.

Furgon traversa le plafond d'une salle de méditation, puis d'une deuxième, en deux explosions successives de grès, de pigments rouges, de toiles peintes et de poutres en os de baleine. Il s'écrasa dans un bassin souterrain réservé à des ablutions rituelles. Son corps d'atman s'était dispersé lors du choc ; au contact de l'eau glacée, il se redécouvrit humain et entreprit de se hisser sur le rebord.

Un battements d'ailes écarta la poussière autour de lui et Caelus, revenu à sa non-forme cristalline originelle, se posa souplement à un mètre à peine.

« Si les éléments s'étaient soulevés contre toi, nul doute que tu les aurais dominés, roi de Rems. Mais sache que l'homme détourne les fleuves, emploie le feu, taille la pierre et manie le fer depuis des millénaires. Ce n'est donc pas un si grand pouvoir que cela. »

Furgon essaya de répondre quelque chose, mais il n'arracha qu'une toux rauque à sa gorge sèche, encombrée de poussière. Dire que quelques secondes plus tôt, il se sentait capable de miracles ! Il avait suffi qu'un seul coup de poing – le coup du sort lui-même, sans doute.

Sa main porteuse du Stathme lui parut lourde et engourdie ; son bras était posé au sol, et Furgon ne parvenait pas à le tirer vers lui. Caelus s'approcha en quelques pas, il étendit sa contrefaçon de bras en une fine lame de verre et donna un seul coup sec, qui sépara la main du poignet de Furgon.

« Tu te souviendras de ceci » annonça le Dragon en écrasant cette main du pied, qui se défaisait en copeaux violacés et bouffis, comme une chair gangrenée, et tomba bientôt en cendres.

Furgon ne saignait pas et ne ressentait pas la douleur, aussi préféra-t-il croire qu'il s'agissait d'une ruse ou d'une supercherie. Une sorte de cuir noir recouvrait son moignon. Il regarda Caelus prendre le Stathme, l'essuyer, l'observer sous toutes les coutures, avant de l'avaler – il n'avait pas de bouche, et se contenta d'enfoncer la sphère de verre en bas de sa tête.

Une petite lueur rejoignit les lucioles qui dansaient sous la poitrine de Caelus.

Furgon était peut-être idiot, mais pas assez pour ignorer que chacune de ces étoiles pâles, prises dans le verre, était un autre Stathme, et que le Dragon face à lui avait accumulé plus d'énergie d'Atman que personne d'autre depuis la chute de l'Imperium Draconis. Caelus était en chasse. Il avait suivi la trace de nombreux Stathmes et il n'en restait plus que quelques-uns pour compléter son tableau.

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