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6. Il suffit d'attendre


Il faut tout recommencer.

Il faut revenir en arrière.

Dans les deux cas, il faut sauter dans l'inconnu.

Mais n'ayez crainte : je vous précède. Je marche au hasard et vous marchez dans mes pas.

Anonyme


Quand Ozymandias se tourna vers Alcmène, la babylonienne sentit la peur engourdir ses membres, comme si elle était déjà prise dans un étau – alors que la magie du roi n'avait pas encore donné l'assaut.

« Toi, je te reconnais. Tu m'as entendu parler. Tu connais mon projet. Je n'ai donc rien à t'apprendre. »

Le Stathme vissé dans sa main, Ozymandias marcha en cercle, jetant des regards lourds aux quatre miroirs de sa chambre, comme s'il cherchait un soutien de ses reflets.

« J'ai décidé de mettre fin à la civilisation humaine. Nela, Babylone, Gomorrhe et toutes les autres cités de ce monde seront anéanties. Je déposséderai l'homme de ses États, de sa science, de sa médecine, je le déposséderai du feu. Il retournera à l'état sauvage et redeviendra le singe nu qu'il était il y a quelques millénaires à peine. Ce monde dans lequel tu as vécu sera oublié, car il n'était qu'un brouillon ; il faut tout recommencer de zéro. »

Tout en parlant, Ozymandias ne cessait de secouer le Stathme dans sa main.

« C'est une petite chose. Et il restera ainsi. Je sais qu'Atman ne sera jamais un esprit complet ; toutes les âmes que je pourrai lui donner ne feront que grandir sa puissance, sans jamais lui donner l'étincelle décisive de volonté. Atman est une machine, une machine féroce et durable. Mais même un homme robuste et solide comme Adad ne peut s'improviser pilote de cette machine. Moi-même, je ne souhaite pas prendre cette place. Le pourrais-je ? Je l'ignore. Mais je ne le souhaite pas. »

Des fragments de pensée humaine surnageaient dans la pièce, derniers vestiges des âmes englouties dans la sphère. Le regard d'Alcmène tanguait entre l'extérieur et les murs de marbre nacré. Elle croyait voir apparaître des graffitis sur ces étendues blanches, dont les échos intérieurs se disputaient avec la clameur extérieure.

« Alcmène, te nommes-tu. Je t'attendais, mais je ne te crains pas. L'oracle des dieux, Outa-Napishtim, que je tiens en très haute estime, a déclaré que tu ne saurais me vaincre. Je me tiens à cette prophétie. C'est pourquoi je suis désormais invincible.

— Le Temps viendra cueillir votre âme, quelle que soit l'étendue de votre orgueil.

— Sais-tu ce que je dis au Temps, le destructeur de tous les mondes ? »

Fébrile, elle fit non de la tête.

« Je lui dis : « pas encore ». Car il me suffira d'attendre. Oui, le Temps sera mon allié. Il me suffira d'en suivre le cours ; d'attendre que les millénaires s'écoulent. Atman, que j'aurai lâché dans cet univers, aura la tâche de trouver les esprits forts, capables de donner forme à l'Empire. Et ce seront les tyrans, et ces tyrans seront mes vassaux, car je suis le seigneur-à-venir, le roi des rois, et dès demain, je régnerai au ciel et sur la terre. »

Ozymandias leva la sphère, l'examina d'un air pensif, puis il fit pression sur ce globe de verre et l'écrasa dans sa main. Aussitôt, Atman s'en échappa. Il se répandit comme un nuage d'encre, tomba sur le sol, roula sur les escaliers, sur les balcons. Il s'éleva en un épais brouillard, qui leur déroba la vue des faubourgs de Nela. Il éclata en une confluence de rayons sombres, comme des sillons creusés dans la réalité elle-même, où ne s'écoulait nulle lumière. Alcmène vit que l'un d'entre eux la traversait, mais elle ne ressentit rien.

« Je lui ferai engloutir des milliers d'âmes, mais Nela ne lui suffira pas. C'est pourquoi Atman se nourrira également des armées de Babylone, dont la présence ici, en ce jour, est providentielle. Quand il sera devenu trop lourd, il éclatera, et se répandra sur toute la Terre : ce sera le Déluge. C'est ainsi que la civilisation humaine, pour la première fois de notre histoire, recommencera. Nous avons une chance... j'ai une chance de remettre l'univers en ordre de marche. »

Ozymandias fit quelques pas en arrière ; il regagna son fauteuil.

« Il me suffira d'attendre, répéta-t-il. Demain, mon empire aura vu le jour. Je te le dis, Alcmène, ou qui que tu sois en vérité ; si demain, tu n'es pas parvenue à me vaincre, je régnerai pour l'éternité sur l'empire du ciel et de la terre. Ce sera ma grande œuvre.

— Une œuvre qui ne vous aura rien coûté.

— J'ai découvert une vérité dont les Mille-Noms eux-mêmes étaient dépourvus ; s'ils l'apprenaient, ils seraient ivres de rage, aussi la déroberai-je à leur sagacité. Il suffit d'attendre ! Dans la fuite du Temps, ils ont vu une contrainte ; j'y vois une opportunité. »

Épargnée par l'explosion d'Atman, Alcmène se rua vers le roi des rois, mais l'espace fut parcouru d'un soubresaut, la surface du réel secouée comme un napperon. Elle s'écrasa contre une colonne de marbre et fracassa son glaive sur la pierre.

« Surprenant » jugea Ozymandias.

Il se tenait désormais à une distance infranchissable, au cœur de la tempête, encerclé par les derniers éléments de son palais, qui formaient tout un décor mobile. Alcmène avait reculé jusque sur l'escalier, or ses dernières marches s'interrompaient face à un vide béant, une faille ouverte jusqu'au sang de la Terre, qui traversait Nela et la coupait en deux.

La silhouette du souverain-à-venir-de-tous-les-mondes fondit avec sa robe d'or, et il devint une sorte de petit soleil resplendissant derrière une tornade de fumée. Sa voix portait toujours jusqu'à elle.

« Il y a quelque chose dans ton âme que refuse Atman, comme si c'était trop pour lui. Eh bien, Alcmène, je sais que tu ne souhaitais pas me tuer, mais me sauver ; je ne le souhaite pas davantage. Tu es libre. Je t'offre le loisir de quitter cette ville et d'échapper à mon Déluge. Les fleuves répandus sur la Terre se détourneront de toi.

— Je refuse... je n'ai pas besoin de votre miséricorde !

— Il est trop tard. Je suis déjà entré dans le Temps. »

Il s'évanouit dans une bourrasque, dont l'onde jeta Alcmène contre les marches. Une colonne de fumée noire montait désormais du centre de Nela. Des bouillons grondants en descendaient, qui étouffaient toute la ville sous leurs miasmes ; à l'intérieur, les vestiges du palais d'Ozymandias, des tours et des arches de la ville, s'arrachaient à la Terre. Le roi des rois entamait son ascension. Il emmenait avec lui de quoi se reconstituer un chez-soi confortable.

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