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53. Alma


Cinq minutes passèrent et Marcion commença à se ronger les ongles.

L'amphithéâtre était à moitié vide, et il avait bien pris garde à s'installer dans les derniers rangs, mais au dernier moment, une brochette de Convertis en costume, menée par un Adrian toujours aussi volubile, vint boucher sa seule sortie possible.

« Monsieur Martien ! Cela faisait longtemps ! »

L'homme à moustache se décala de deux sièges pour venir respirer le même air que lui.

« Marcion. Environ dix minutes.

— Je viens de discuter avec monsieur Broker, c'était épuisant. Est-ce que je vous ai raconté la fois où j'ai sauvé une plantation de tomates d'un rétrovirus ? Savez-vous ce qu'est un rétrovirus ? C'est un virus qui utilise de l'ARN... »

Quelqu'un monta sur scène et commença à parler, mais Marcion n'arrivait pas à l'écouter.

« Je dois vous dire quelque chose, monsieur Martien : je sais tout.

— Tout ?

— Parfaitement, je sais tout. »

Une seconde épouvantable s'écoula alors.

« Ah ! Je vous ai bien eu. Vous voyez, ça marche toujours. Je disais ça l'autre jour à une amie, et elle ne m'a pas cru. Au fait, monsieur Martien, j'ai vu ce que vous mangiez à la réception, êtes-vous végétarien ?

— Végane. Je suis végane.

— Donc vous êtes végétarien ?

— Non, je refuse toute forme d'exploitation animale.

— Mais les hommes, ce sont des animaux, non ? Donc pourquoi ne refusez-vous pas les chemises en lin cousues à la main par des enfants ouvriers dans un pays du tiers-monde ?

— Je... où voulez-vous en venir ?

— Nulle part. Je ne vais nulle part. Je sais que je ne sais rien, comme disait Socrate. Pourquoi regardez-vous votre montre ?

Deux minutes s'étaient écoulées. Marcion passa aux ongles de l'autre main.

Une vague d'applaudissements fut lancée parmi les invités. Elle fut suivie unanimement, mais la plupart de ces femmes et de ces hommes costumés semblait retenir son enthousiasme ; l'esprit ailleurs, le regard vague, comme un client qui, arrivé dans un restaurant chic et ayant commandé le plat le plus cher, découvre une aile de poulet tartinée de moutarde périmée et un bol de frites carbonisées. Seuls ceux qui avaient suivi la thérapie génique étaient pleinement Convertis. Les autres étaient des attentistes, toujours aussi nombreux dans ces occasions.

« Il faut que je sorte, dit Marcion en se levant à demi. Excusez-moi.

— Ce n'est pas le moment, mon ami. Treskoff arrive. »

Toujours aussi charmeur et sûr de lui, Adrian se lissait la moustache au moyen d'un peigne à moustache, dont, selon ses dires, il était l'heureux inventeur.

« Tous les gens qui sont dans la salle sont venus l'entendre parler. C'est sa toute première apparition publique, monsieur Martien. Une occasion unique. C'est pour cela que nous sommes ici, alors, ne nous défilons pas !

— Dites-moi, monsieur von Zögarn, vous n'êtes pas Converti, n'est-ce pas ? Vous n'étiez pas invité non plus ? Comment êtes-vous entré ?

— Je pourrais vous demander la même chose.

— Je suis un vampire, protesta Marcion.

— Oh, oui, vous êtes indistinguable des Convertis avec un test ADN, mais nous savons tous deux que vous êtes une souche authentique, et non un hybride génétique trafiqué à coups de rétrovirus.

— Vous savez comment fonctionne la Conversion ?

— J'ai inventé la vaccination au XVe siècle, monsieur Martien, et j'ai sans doute été le premier à photographier un virus. Il n'y a pas un millier de méthodes pour changer d'ADN. Je sais que les Convertis sont porteurs d'un rétrovirus qui trafique leur matériel génétique pour les vampiriser. Cette technologie est en avance sur son temps, mais de quelques années, ou dizaines d'années tout au plus. Ce qui est intéressant, c'est que, comme pour les plants de tomate, le virus n'arrive pas à coloniser tout l'organisme, il reste toujours quelques cellules humaines. Ah, la voici. »

Une femme vêtue d'une robe de soirée rouge monta sur scène dans un silence parfait. Les quelques dizaines d'invités respiraient à l'unisson, et leurs souffles courts formaient comme le bruit de fond d'un océan lointain. La femme portait un masque de métal, semblable à celui que, sur Daln, on prêtait au dieu Kaldar.

« Merci d'être ici ce soir. Je vais être brève. »

Elle inclina légèrement la tête, comme pour consulter d'invisibles notes et rassembler ses pensées.

« Vous êtes tous des sommités dans vos domaines respectifs, de grands dirigeants de sociétés, de grands personnages politiques, de grands scientifiques, et vous avez tous vu, à votre échelle, que le monde se dirige lentement vers un nouvel état de chaos. La rupture de la Guerre Froide a laissé un grand vide sur cette Terre, qui se remplit depuis vingt ans d'influences, d'inimitiés, de trahisons. La raison en est que personne ne détient aujourd'hui le pouvoir, les régimes dictatoriaux et démocratiques sont tous autant coupables de s'être laissés emportés par l'oisiveté.

Nous devons réfléchir aux moyens qui nous sont offerts de bâtir une nouvelle gouvernance mondiale, un monde-État grâce auquel toutes les guerres deviendront caduques, et l'économie profitera d'une prospérité sans limites. Or, dans le temps qui nous est imparti, le moyen le plus simple et le plus juste est de faire émerger une nouvelle aristocratie planétaire, capable de prendre les rênes de cette Terre qui nous est si précieuse.

Ensemble, nous irons plus loin que la Terre. Ce n'est un secret pour personne ici : de nombreux mondes nous attendent, dont nous sommes les aînés. Ces mondes à portée de notre main s'étonneraient qu'après dix mille ans de civilisations, nous ayons à peine posé le pied sur la Lune, que notre puissance démographique et industrielle ne soit consacrée toute entière qu'à construire des voitures, des réfrigérateurs et des jouets pour enfants, et non à installer la Terre au centre d'un empire multiplanétaire et pérenne.

Nous avons beaucoup à faire, et pour cela, j'ai besoin de votre engagement, de votre soutien. »

Adrian émit un soupir.

« Mais avant toute chose, parlons de nous.

Les vampires existent sur Terre depuis des siècles. Nous sommes de très anciennes familles. Nous avons gardé notre existence secrète, cultivé notre indépendance d'esprit, nos traditions. Nous avons pressenti les grands dangers auquel s'exposait le monde. Nous avons cru naïvement que les humains grandiraient. Ce ne fut pas le cas. L'heure est venue de prendre les rênes de l'histoire, même temporairement, pour leur montrer jusqu'où nous pouvons aller. Nous ne voulons pas remplacer l'humanité. Cela n'aurait aucun sens. Nous voulons la guider. Avec douceur, comme un enfant à qui on apprend à faire du vélo. Avec discrétion. »

La femme se tourna de biais, comme si l'homme invisible était venu parler à son oreille.

« Vous vous demandez sans doute qui je suis. Rien ne nous détermine plus en ce monde que les liens du sang, et tous ceux qui tentent de renoncer à leur histoire familiale sont condamnés à échouer. Je suis l'héritière de la lignée de l'empereur Vilna, la dernière descendante de l'impératrice rouge, Alma Treskoff, dont je suis aussi l'homonyme. En vérité, nous partageons bien plus encore. Si je suis l'inspiratrice de ce mouvement, je serai tantôt l'Impératrice de ce monde. Il est important que vous le sachiez. Je ne suis pas avare de pouvoir, et chacun d'entre vous aura sa part de cette nouvelle ère de prospérité. Mais le sang est à la racine de tous les mondes, et ce sang m'a désignée ainsi.

— Par les pieds qui puent d'Unum, souffla Marcion. Ça fait au moins mille ans, et on en parle encore, de l'Alma rouge ! Et sur Terre, en plus ! Moi qui croyais échapper à ces délires...

— Tous ceux qui veulent le pouvoir se trouveront une raison, nota Adrian, et se réclamer d'une figure légendaire n'est pas la plus mauvaise raison que l'on puisse trouver.

— Qu'est-ce qu'elle avait de spécial, Treskoff, à part le fait d'avoir assassiné son cousin après qu'il l'a mise enceinte ?

— La magie d'Atman, naturellement. »

Marcion demeura bouche bée. Adrian von Zögarn a toujours une bonne raison d'être là où il est, de faire ce qu'il fait, songea-t-il. Le pouvoir de l'Atman... un pouvoir qui avait assuré aux anges une avancée confortable sur le reste de Daln, durant des millénaires... ce pouvoir aux mains de dictateurs d'opérette, ici, sur Terre !

Le silence revint dans la salle. La femme en rouge avait cessé de parler, mais elle demeurait là, les bras ballants. Derrière le masque, ses yeux à peine perceptibles s'étaient fixés sur quelque chose dans la salle. C'est moi qu'elle observe, se dit Marcion. Je suis fichu.

« Je vois que nous avons un invité inattendu, dit-elle d'une voix calme. Je vous invite à quitter la salle. En sortant, notre service médical fournira gratuitement l'injection à ceux qui le souhaitent. Elle ne vous sera pas proposée une deuxième fois. Il est temps de choisir votre camp. »

Les rangs commencèrent à se vider. Des plafonniers supplémentaires s'allumèrent. Alma Treskoff patientait, bras croisés. Marcion cligna des yeux, comme quelqu'un qui se croit mort et se réveille soudain sur un lit d'hôpital, et ce, plusieurs fois de suite.

« Que nous vaut ce plaisir, monsieur von Zögarn ? »

Lorsque Marcion reprit connaissance, les portes de la salle de réunion se fermaient derrière lui. Il ne se souvenait pas des vingt mètres sur lesquels ses jambes flageolantes l'avaient porté, à croire que son corps et sa conscience s'étaient déconnectés pour quelques instants.

« Marcion ? »

Une main ferme se referma sur son bras. À ce stade, Marcion s'attendait à tout, mais voir Siren fut un soulagement. De nouveaux hommes en blouse blanche étaient en train de faire des tests ADN, séparant les Convertis des autres invités, lesquels étaient cordialement invités à recevoir l'injection. Refuser maintenant, c'était devenir un ennemi de la cause.

« J'en sais un peu plus, mais je n'ai pas vu son visage.

— Il faut qu'on y aille. Le FBI est à nos trousses. »

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