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50. Le pingouin


Marcion aperçut son reflet dans la vitrine d'un magasin d'armes qui vantait les mérites du fusil d'assaut comme instrument d'autodéfense.

Je ressemble à un pingouin, songea-t-il.

Ce costume de soirée l'étouffait. Il sentait que son corps grand et maigre s'y trouvait à l'étroit, sa cage thoracique comprimée au point qu'il perdait son souffle tous les dix pas. Le moindre mouvement lui demandait de savants calculs, par peur de déchirer la veste à l'épaule ; un atroce chapeau à bord plat nichait sur son crâne.

Cette tenue représentait le pire de ce que la mode terrienne pouvait offrir à ses yeux, le plus hideux, le plus inconfortable.

C'est une punition, se dit-il. Dieu, le directeur Denrey, ou tous les deux de concert, châtient mon orgueil et mes espoirs exagérés.

« Dans deux semaines, lui avait annoncé Siren, nous lançons une opération. Il est donc temps de te briefer. Tu vas jouer un vampire.

— Il se trouve que j'en suis un.

— Exact, avait remarqué l'agente, et tu es même le seul membre du Bureau capable de prendre ce rôle. »

Il s'était senti reconnu à sa juste valeur. Puis elle avait désigné un sac de pressing suspendu au portemanteau, et le cauchemar avait commencé.

« Est-ce que tout va bien ? »

Il avait oublié la présence de son oreillette et manqua de sursauter.

« J'ai trop chaud, grogna-t-il. Je déteste l'été. Vingt degrés la nuit, on n'aurait jamais vu ça à Twinska.

Tu es entré dans mon champ de vision.

— Et la climatisation dans ce taxi ! Comment les humains peuvent-ils supporter un tel choc thermique ? Vous êtes des monstres !

Ne parle tout seul que si ça fait partie de ton personnage.

— Il n'y a pas de personnage ! Je suis Marcion, et j'ai trop chaud.

La ferme, agent Marcion. Tu entres en territoire ennemi. Tu es en danger de mort et je ne pourrai pas intervenir pour venir te sauver. Alors tu te concentres et tu rejoins cette foutue fête.

— Ouais, ouais » grommela-t-il.

Une limousine s'arrêta à quelques mètres de lui, et plusieurs gardes du corps anonymes en sortirent, si épais et menaçants qu'il n'aperçut même pas celui ou celle qu'ils entouraient de leurs carrures de tractopelles. Marcion sentit un flot de sueur se déverser de sa nuque dans son dos. Il serra son nœud papillon à s'en étouffer et essaya d'adopter une démarche assurée.

Le monde compte sur moi, se dit-il. Le Bureau International de Surveillance, ce n'est pas pour n'importe qui. Nous sommes les héros anonymes sans lesquels cette planète ne tiendra pas un autre siècle, à mesure que les menaces se font plus nombreuses, plus insidieuses et plus féroces. Nous sommes les Achille, les Hercule, les Léonidas des temps modernes...

Marcion essaya ensuite de se souvenir d'un héros qui n'était ni mort au combat à mille contre un, ni brûlé vif sur son propre bûcher, ni assassiné sur le pas de sa porte par sa propre femme, et il décida que l'histoire antique était pleine de mauvais exemples.

« Monsieur ? »

La porte d'entrée était si transparente qu'il ne se rendit pas compte qu'il venait de la passer. Le rez-de-chaussée de cet immeuble anonyme était aménagé comme un hôtel de standing, ou comme les bureaux d'une grande entreprise. De petits groupes d'humains vêtus de tenues presque aussi élégantes que la sienne discutaient à voix basse, sous la lumière tamisée de lustres en faux cristal. Des individus notaient des noms sur des registres et tendaient des badges, le tout sous le regard aigu d'hommes en noir, les bras croisés, à la fois indifférents et attentifs à tout. Car tout est important.

« Excusez-moi, monsieur ? lui lança une femme d'âge moyen, qui portait un chignon. Si vous ne l'avez pas déjà fait, je vous invite à venir vous inscrire. Nous fermerons les portes dans dix minutes. »

Il la regarda de travers, ce qu'elle interpréta sans doute comme une marque de mépris.

« Reprends-toi, gronda Siren dans son oreille. Pour le moment, tout baigne. S'ils t'avaient repéré, ils t'auraient déjà mis à l'écart. »

Passé au-delà de la panique, Marcion se découvrit une forme de calme stoïque, tout à fait nouveau pour lui, et il ne reconnut pas sa voix, posée et harmonieuse, lorsqu'il aborda le bureau d'enregistrement.

« Vous êtes un invité ?

— Je suis Marcion.

— Je ne vous ai pas dans la liste des invités. »

Il sentit un regard se poser sur lui. Quoi qu'en dise Siren, on l'avait repéré.

« Ce n'est pas grave. Je n'avais pas besoin d'invitation.

— Je vois, dit l'homme avec un grand sourire. Je vais vous inviter à rejoindre mon collègue, là-bas, de l'autre côté du paravent. »

Un autre homme en blouse blanche patientait, assis sur une table, entre deux boîtes de carton pleines de flacons en plastique et de cotons-tige. Il ne parut pas surpris en voyant s'approcher Marcion. Le costume a ses avantages, songea-t-il. Je suis un pingouin, mais partout où je vais, le torse bombé, je donne l'impression d'être à ma place.

Ce qui était essentiel pour la réussite de cette mission.

« Vous acceptez de vous soumettre à un test ADN ? demanda le médecin.

— Je suis venu pour cela.

— Ouvrez la bouche. Ça ne prendra que deux secondes. »

Il ouvrit un flacon, y plongea le coton-tige humecté de salive, secoua un peu. Le liquide se colora en bleu. Une expression de surprise fugace traversa le visage de l'homme, et Marcion sentit que le regard accroché à son dos s'adoucissait : il venait de passer le test.

« Tout est bon pour moi. Si vous le souhaitez, on peut vous donner un badge à votre nom.

— Ce ne sera pas nécessaire. J'ai une carte de visite. »

Comme dans toute conférence, tout séminaire, il est des hommes qui cherchent à se faire connaître, et d'autres qui cherchent à se faire discrets ; les seconds sont bien plus importants que les premiers. Aussi le médecin fit-il un hochement de tête convenu.

« C'est par ici, monsieur... je vous souhaite une très bonne soirée.

— Pareillement. Au plaisir. »

Plusieurs groupes avaient éclaté et convergeaient maintenant vers des ascenseurs. Ils montaient directement au vingtième étage, où se déroulait la réception. Marcion s'y joignit sans engager la conversation. La plupart des personnes ici présentes ne se connaissaient pas, ou simplement de nom, mais il sentait le poids d'ambitions démesurées qui l'entouraient comme des menaces.

« Attendez-moi ! Attendez-moi ! Permettez, merci bien. »

Au moment où les portes se fermaient, un homme s'infiltra dans le groupe.

Il portait une moustache proéminente, des favoris soigneusement peignés, une paire de lunettes en écaille, un nœud papillon, une montre à gousset, et tout un costume à fraises sorti du 19e siècle. Le sang de Marcion ne fit qu'un tour, puis son cœur s'arrêta, comme au sommet des montagnes russes, puis il se mit à battre un tempo frénétique.

Adrian von Zögarn, l'impossible alchimiste, était à deux mètres de lui.

Son haleine sentait le yaourt et la fraise.

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