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36. Mjöllnir


Les rêves qui flottent autour de nos mondes se font naturellement à leur image, et l'on a beau s'élever dans la Noosphère, on se croit parfois à peine sorti de chez soi. Mais il faut avoir vécu sur un vaisseau spatial, plongé dans le silence angoissant de l'espace, perdu entre les phares lointains des étoiles, il faut avoir dormi dans ces boîtes d'acier traversant le vide à cent fois la vitesse du son dans l'air, pour saisir la différence entre ces jardins familiers, et le déroulé infini qu'arpentait Léna.

L'espace avait une structure, une forme pâteuse, façonnée par différents passages, comme des traces de pas laissées par une faune nombreuse. Le long de leur orbite, les astres de Stella Ciner avaient creusé de profonds sillons, effleurés par des griffures de comètes et d'astéroïdes solitaires. Le Némée lui-même avait entaillé la matrice du vide, qui se refermait derrière lui ; sa course formait une ligne droite en direction du vaisseau qui dérivait à la frontière du système.

Léna traversa cet espace comme on franchit une porte. Des vieux rêves, d'autres plus jeunes, flottaient dans le vide tels des bulles de vie autarciques, d'un mutisme inquiétant. Des esprits malins se glissaient le long de leurs membranes, eux qui pouvaient à tout moment transmettre aux voyageurs imprudents le mal de l'espace.

Le vaisseau était presque invisible. La lumière des étoiles lointaines passait par-dessus son champ de protection, une nasse d'Arcs sur laquelle glissait la lumière. C'était une fine aiguille de deux kilomètres, un peu plus que le Némée. Comment était-il venu ici ? Peut-être avait-il entendu les murmures des lourds secrets enfermés à Ciner, peut-être étudiait-il simplement les vestiges du Draconis.

Rencontrer quelqu'un une fois, c'est le hasard. Deux fois, c'est une coïncidence. Trois fois, c'est le destin.

« Qui parle ? » lança-t-elle à haute voix dans son rêve.

Mais nul n'avait parlé, elle s'était simplement entendue penser.

Léna avança jusqu'au vaisseau. Vue de près, à l'échelle humaine, la coque était impressionnante, surdimensionnée. Pourtant ce mastodonte endormi avait été bâti par des humains. Elle en avait la certitude.

Sa main traversa la surface du vaisseau et disparut dans le champ de camouflage, sans qu'elle puisse décider qui, d'elle ou du vaisseau, était pour l'autre un fantôme. Portée par son instinct, elle remonta le long de l'aiguille jusqu'à apercevoir un trou de souris d'un gris plus clair ; une petite porte, très proche de la frontière du champ.

Elle s'arrêta devant cette porte. C'était la seule entrée à taille humaine ; un long couloir obscur descendait dans les entrailles du vaisseau, jusqu'à sa modeste salle de pilotage. Mais le vaisseau n'avait nul pilote et ses commandes s'étaient éteintes.

« Elle attend ta venue. »

Une femme, assise sur le vaisseau, levait la tête vers elle. Elle n'avait pas de visage. Ce n'était pas le rêve, l'éloignement des astres, le manque de lumière qui la faisaient paraître floue ; c'était une loi fondamentale de son apparition. Impossible de tracer son contour. Si Léna posait les yeux sur son nez, elle lui donnait une forme, mais sa bouche, ses joues, son menton lui échappaient aussitôt.

« Qui es-tu ? As-tu un nom ? »

S'il arrive qu'on se voie soi-même dans son rêve, d'un œil extérieur, il est beaucoup plus rare d'échanger avec un soi alternatif, comme si deux univers parallèles venaient à se croiser.

« Le même que toi.

— Qui m'attend ici, derrière cette porte ?

— Fréya. Le système de contrôle du vaisseau. »

La femme tapota du doigt sur la surface noire uniforme.

« Ce vaisseau est Mjöllnir, annonça-t-elle.

— Mjöllnir mène à Draconis. Draconis mène au Stathme. Le Stathme mène à la cité de cristal.

— En effet. Tu connais bien ta leçon. Et sais-tu ce que tu dois dire au roi qui attend dans la cité de cristal ?

— Je dois lui dire : l'empire n'a jamais commencé.

— C'est bien. »

L'apparition changea de posture, elle s'interposa entre elle et la porte, lui tourna le dos et posa la main sur un petit boîtier de contrôle, doté d'un panneau numérique, que l'on voyait poindre sous la surface du champ. Quand elle se remit à parler, Léna remarqua que la femme ne prononçait aucun son. C'était elle qui parlait pour deux.

« Fréya a scellé le vaisseau et elle ne laissera entrer personne. À moins que tu disposes du code d'accès. Il y a un milliard de milliards de milliards de combinaisons possibles, dans une langue que tu ne connais pas.

— Je ne pourrai donc pas entrer. Je n'ai jamais rencontré cette... Fréya.

— Toi, non. Moi, oui. Je l'ai rencontrée trois fois. À la troisième fois, elle a compris qu'elle devait me donner le code, pour que je puisse la rencontrer une première fois. Dans la langue qu'employait le peuple d'Asgard, c'est le mot pour « cercle ». Regarde. »

Léna regarda la main vaporeuse passer au-dessus des touches sans les enfoncer. Le souvenir remonta dans sa propre main, clair et précis comme une partition de musique apprise en une seule fois.

« Personne n'a parlé à Fréya depuis son arrivée dans l'Omnimonde. Elle va peut-être essayer de te tuer. Il te sera peut-être difficile de la convaincre.

— Comment sais-tu tout cela ?

— Je suis tout ce que tu peux être. Je suis donc la somme de tous tes destins. Et pour cette vie-ci, ton destin est de rejoindre la cité de cristal.

— C'est trop léger, comme excuse. Je veux savoir davantage.

— Je suis légère. Je suis inconsciente. Il ne peut pas en être autrement de quelqu'un qui se joue du Temps. Rejoins la cité de cristal, parle au roi des rois, et mets fin à son premier jour de règne. Seul Mjöllnir peut te permettre de rejoindre Draconis. Seule Draconis peut te permettre de trouver le Stathme. Seul le Stathme peut te guider jusqu'à la cité...

— Oui, j'ai compris.

— Alors, tu as tout compris, Aléane. »

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