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35. Je suis le passage


Crysée suivit les Arcs du doigt, parcourut du regard ce cercle immense taillé dans l'espace, comme la monture d'une lentille invisible. Cet anneau, la porte de Ciner, lui paraissait toujours aussi simple, une présence minérale, une absence d'esprit ou de jugement. Comme le visage d'un empereur taillé dans une montagne.

Une légende raconte l'existence d'un livre divin, renfermant les textes sacrés des premiers dieux de l'univers, les Préceptes Primordiaux, écrits de la main du premier homme adoubé de magie d'Arcs. Mais l'encre du livre est si fragile que le texte ne pourra être lu qu'une seule et dernière fois. Sa langue est si subtile qu'il ne pourra pas être copié. Son texte est si puissant qu'il ne pourra pas être appris. Et le grimoire attend depuis toujours, dans la bibliothèque du monastère d'Outa-Mashou, qu'un maître d'Arcs le saisisse et s'imprègne de son savoir.

Je suis le passage, songea-t-elle.

Quelque part, ce texte devait s'insérer à la manière d'un sésame, dernier rouage d'un mécanisme secret qui aurait ramené la porte à la vie. Mais cette porte n'avait aucune vie. Elle n'était rien de plus qu'un étendard suspendu dans le vide, entre un océan de poussière et une tempête de feu. Une borne pour marquer le passage.

Derrière se trouve la mort, songea Crysée, et moi seul puis passer la porte.

Elle marcha jusqu'au bord du cercle. Ses pas laissaient des rides irisées sur cette interface noire, comme des couleurs d'aquarelle échappées de sa forme astrale. La solaine laissa son pied en équilibre au-dessus du vide. Elle pouvait plonger son regard dans les feux violacés de Sol Ciner, comme un puits, un espace refermé sur lui-même, un village isolé tournant le dos aux étrangers trop curieux.

Elle se pencha en avant et manqua de tomber. Bien que l'espace n'admît ni haut, ni bas, ce n'était pas le cas de Sol Ciner, dont la masse fabuleuse dirigeait les lignes de champ gravitationnel. Ces Arcs, qui remontaient du cœur de l'étoile jusqu'à l'extrême limite de son manteau nuageux, formaient de longues cordes rouges, camouflées par la poussière.

Je suis le passage, se répéta-t-elle. Le passage.

Lui, le Dragon, est le passage.

Elle imprima ce nom sur son front. Dragon.

Je suis un Dragon.

Elle se laissa glisser sur les lignes de champ avec douceur, s'accrochant d'une main à ces Arcs qui imposaient ses lois à l'espace-temps réel. Sa forme astrale se décolla du disque noir. Le bouillonnement de l'étoile lui rappelait de trop lourds souvenirs. Toute l'histoire solaine avait été marquée par les étoiles. Les étoiles avaient guidé leur fuite de Sol Finis ; puis le dieu-soleil, Aton, avait juré de s'en faire maître.

Crysée tourna la tête en arrière. Le système Ciner lui parut plus distant, comme dissipé par le brouillard de l'étoile. Elle avança de quelques kilomètres. Le disque s'élargit, puis sa surface noire engloba tout son champ de vision, tout l'univers. Le disque bâti par le Méditant s'était ainsi mué en son dual. Crysée se trouvait de l'autre côté de la porte, et de ce côté, la porte lui apparaissait bien comme telle, un œil cyclopéen découpé sur un fond noir, bouillant de lumière.

Elle se tourna de nouveau vers le cœur de l'étoile. Une lumière intense fit scintiller sa forme astrale et enflamma ses cheveux orangés. Sol Ciner, auparavant boule de feu située sous le disque noir, avait lui aussi inversé sa forme. Il était devenu un mur infranchissable. De l'autre côté de ce mur se trouvait le système Draconis.

Mais Crysée était toujours à l'intérieur de l'étoile, car le système tout entier était à l'intérieur de l'étoile, dans un repli de l'espace.

« Dragon » était le nom du Méditant, dans cette langue que les Sermanéens avaient transmise aux solains.

Crysée voulut faire un pas de plus, mais la corde à laquelle elle se suspendait craqua, entraînant d'autres fils. Elle craignit de faire davantage de dégâts à la porte de Ciner et au système stellaire replié dans l'étoile, et regagna son corps.

Sa joue était collée contre du métal ; une intense lumière malmena ses yeux. Ce furent les seules sensations qui traversèrent les barrières invisibles qui la protégeaient. Crysée se leva, s'appuya contre un mur, épousseta la suie sur sa tunique.

« Ah, ravi de te voir de retour parmi nous ! »

Le capitaine Barfol, accroupi contre un mur, triturait sa moustache. Segonde, les yeux fermés, semblait faire un somme. Une vitre épaisse les séparait d'un couloir lugubre ; des projecteurs intégrés au plafond jetaient sur eux une lumière inquisitrice ; un vampire armé marcha devant eux sans leur accorder un regard. Ils se trouvaient dans une cellule.

« Tu dormais si profondément qu'on n'a pas réussi à te réveiller, expliqua le capitaine.

— J'en conclus que tes tentatives de contact radio ont fini par fonctionner.

— Oh, très bien, même. Tellement bien que pour faire court, euh, le Comte Oleg a trouvé que la Crevette n'était pas un vaisseau digne du grand Barfol et nous a généreusement offert le gîte.

— On s'est fait descendre, traduisit Segonde.

— Tout cela ne serait pas arrivé si les fusées de direction n'avaient pas lâché au moment où le grand Barfol s'apprêtait à effectuer une manœuvre décisive. Si j'osais, je dirais même que nous aurions pu nous rendre maîtres de ce vaisseau, mais, eh bien, je remets cela à plus tard. »

Crysée fit quelques pas dans la cellule et donna un petit coup du dos de la main contre la cloison métallique.

« C'est un vaisseau lazaréen, comme ceux de l'Armada Magna. J'en conclus qu'Oleg a manqué à son devoir. Avez-vous réussi à parler avec lui ?

— Hum, j'essaie, mais il paraît qu'il a beaucoup de travail.

— Il se fiche de nous, ajouta Segonde.

— Ah ! Où sont mes vingt ans ! J'ai gagné en moustache ce que j'ai perdu en réputation. Comment le Comte ne se déplacerait-il pas pour rencontrer le grand Barfol en personne, l'homme qui a introduit la bière sur Daln, qui a capturé un Drom à mains nues, premier ex aequo de la grande course de la petite Ourse ? Moi qui ai même été invité par Auguste à Rome, après mon adaptation de l'Énéide avec des zombies !

— Est-ce que tu as appris comment ouvrir la porte, au moins ?

— Le passage est accessible pour quiconque se nomme « Dragon » – ou s'affuble de ce nom. J'ai pu traverser. Le Comte, s'il est assez malin, le pourra aussi.

— Crysée ! Nous deux ne sommes bons à rien. Heureusement que tu es avec nous ! Dis... ça m'ennuie de devoir te le demander, mais... tu ne pourrais pas nous sortir d'ici ? Nous sommes, comme dirait l'autre, bloqués.

— Non, je ne le ferai pas. Mais je vais voir ce que le Comte est venu chercher ici. À tout à l'heure. »

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