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33. Le Méditant


La légende dit qu'il attend depuis trois mille ans.

Mais que reste-t-il à attendre après autant d'années ? Si rien n'est venu, rien ne viendra jamais.

Caelus, Notes


« Hum... tu es sûre que ça fonctionne ? Un, deux, un deux, trois, quatre. »

Barfol secoua le micro, prit une grande inspiration.

« Monsieur le Comte Oleg ! Je suis le capitaine Barfol, et vous ne me connaissez certainement pas, mais je suis, hum... votre fils caché ! Haha ! Il est important que nous nous rencontrions.

Hum, pardonnez-moi, je me suis emporté. En fait, je suis banquier, et je souhaitez vous proposer des placements tout à fait avantageux, avec plus de deux pour cent d'intérêts sur dix ans ! Euh... mais si vous n'avez pas d'argent à faire fructifier, peut-être avez-vous encore des cheveux ? Sachez que je suis l'inventeur d'une formule exceptionnelle pour lutter contre les poux, la gale et assainir un cuir chevelu fort malmené par les voyages interstellaires. La méthode Barfol, enregistrée auprès du bureau des brevets de Neredia, est la seule du marché qui parvient à nourrir les cheveux de la racine jusqu'aux pointes. Mais peut-être n'avez-vous plus de cheveux ? Dans ce cas, sachez que la méthode Barfol fonctionne encore mieux sur la moustache.

— Que fait-il ? demanda Crysée en étouffant un bâillement.

— Le Comte va trop vite pour nous, soupira Segonde. On n'a aucune chance de le rattraper. J'ai pu réparer la radio, mais ils ne doivent pas nous entendre. Je ne crois pas que les vaisseaux lazaréens peuvent capter des signaux à une telle distance.

— Vous avez pu descendre sur la planète ?

— Ce n'était pas nécessaire. Juste une poignée de colons qui minaient des cristaux pour le comte d'Oleg. Son stock doit être fait, et il est allé chercher quelque chose d'autre. Du côté de notre anomalie gravitationnelle.

— Je persiste à croire qu'il va quitter le système, dit Barfol. Il a peut-être rendu les armes face à mon charisme. »

Segonde hocha la tête.

« Ça fait cinq ans qu'il est ici, et peut-être deux fois plus qu'il s'est mis en tête d'ouvrir la porte de Ciner. Ce n'est pas maintenant qu'il va abandonner.

— Et cette anomalie, vous en savez plus sur elle ?

— On ne voit rien de spécial, donc ce n'est pas un objet très brillant. Plus on s'en rapproche, plus on pourra faire la différence avec le bruit de fond de l'espace.

— Réveillez-moi quand nous serons arrivés. Je retourne auprès de la porte.

— Tu fais des progrès ?

— Je ne le saurai que si je parviens à l'ouvrir. »

Crysée se laissa retomber sur les matelas et ferma les yeux. En quelques secondes, son esprit traversa la moitié du système et elle reprit pied sur le bord extérieur de l'anneau taillé dans l'espace. La porte était intimement liée à son bâtisseur. La comprendre, c'était le comprendre. La franchir, c'était le franchir. Ce fait indéniable faisait obstacle à toutes ses tentatives. Elle ne pouvait pas simplement découdre ses Arcs ; elle ne ferait que les détruire, car ils étaient comme de l'osier sec.

« Monsieur le Comte ! Je viens vers vous à cause de l'héritage de votre grand-oncle Albert, que vous n'avez jamais connu, mais qui vient de vous léguer toute sa fortune ! »

Barfol se fit distant, puis sa voix se déforma en un lointain grondement orageux, tandis que Crysée ouvrait les portes de la Noosphère et plongeait dans le monde inversé des rêves. Des forêts éphémères prirent naissance autour d'elle, des floraisons cristallines semblables à celles qui devaient croître autrefois sur Draconis, qui s'agençaient spontanément telles des figures interférométriques. Des pensées calmes s'y mélangeaient. Crysée poursuivit sa descente jusqu'à ce que la réalité ne fût plus qu'un distant souvenir, maintenu par sa conscience de voyageuse astrale, comme une lumière qu'elle serait venue apporter en des contrées obscures, peu habituées à des passages tels que le sien.

Le Méditant avait laissé une trace, même infime, qui menait à lui. Elle traversa en accéléré des millénaires d'errance, des chemins tortueux comme un buisson de ronces, qui semblaient vouloir la perdre dans nombre de rêves amers et sinistres, de mondes sans étoiles, de civilisations éteintes, de cimetières et de regrets. Crysée flotta dans ces exubérances informes, le bras tendu devant elle pour éclairer son avancée, le poing refermé sur un grain de lumière qui faisait partie de son âme.

Des esprits se mouvaient autour d'elle, dans l'ombre, tels ces prédateurs des fonds marins, dont la lenteur les fait paraître paisibles, mais qui n'attendent qu'une bonne proie tous les cent ans. Mais ils ne tentaient rien. Les êtres comme Crysée ne figuraient pas à leur menu habituel ; ils sentaient la muraille infranchissable qui protégeait son esprit, l'armure invisible qui recouvrait son corps astral. Ils savaient qu'elle mentait à l'univers, qu'elle lui dérobait sa nature véritable, et dans les mondes des rêves, rares sont ceux capables d'une telle prouesse.

Le champ des possibles se sépara en deux comme Yggdrasil, car le Dragon s'était ainsi scindé. Le principe de son corps, lourd et pesant, s'était enfoncé vers les racines de l'univers, tandis que le principe de son esprit, plus léger que l'air, avait cherché un point élevé pour mener sa méditation. Elle le suivit.

Son pied se posa sur de la pierre. L'océan rouge sombre des cauchemars se dispersa comme la brume, révélant un chemin escarpé, sinueux, un serpent de pierre décoré de touffes d'asphodèle. Crysée remit la lumière à sa place, dans son cœur, et poursuivit son chemin. Elle prenait garde à ce que ses pensées restent légères et discrètes, car les voyageurs des rêves sont souvent trahis par les tempêtes qui prennent forme dans leur crâne, qu'il s'agisse de terreur ou de colère.

Une porte de pierre s'interposa devant elle. Crysée reconnut l'écriture, la langue des symboles, le dialecte des Dragons.

Elle poussa délicatement cette colonne de pierre vermoulue, couverte de lichen.

Un être humanoïde, fait d'une matière gélatineuse bleuâtre et transparente, était assis en tailleur au centre d'un cercle de vingt mètres de diamètre, une marche unique taillée dans la pierre, comme le pédiluve asséché d'un jardin impérial.

Crysée s'assit de manière similaire.

« Comment oses-tu te présenter devant moi sous cette forme, dit le Méditant d'une voix lasse, fade, âpre comme un vin vieilli trop longtemps. Quoi que tu sois venue me demander, tu t'es entachée d'un mensonge, et je ne te répondrai que par le mensonge.

— Je suis venue...

— Je vais te poser trois questions. Ensuite, je te détruirai. Première question. Qui es-tu. »

Son ton était celui d'une constatation, comme s'il n'avait pas besoin de cette question, juste d'une confirmation de sa part. Le Méditant était comme un bourreau qui, deux minutes avant de faire son office, demande à sa victime de signer un formulaire de décharge, en grommelant une critique à l'égard de cette administration hors-sol qui l'oblige à de tels maniérismes.

« Crysée.

— Deuxième question. D'où viens-tu.

— Sol Finis, le Monde Solitaire.

— Troisième question. Où vas-tu.

— Draconis. »

Le Méditant se tut. Il n'avait pas d'yeux, mais elle se savait scrutée néanmoins.

« Que veux-tu, Crysée de Sol Finis ?

— Quelle réponse attendez-vous ?

— Si tu es ici, seule représentante du peuple solain, sur ce chemin, c'est qu'il y a quelque chose que tu veux, et qu'ils ne veulent pas. Que veux-tu ? »

Pourquoi était-elle la seule à avoir quitté T'schnitza ? La vie sur ce monde perdu ne lui suffisait pas. Certes, elle comprenait que le peuple solain embrasse cette existence paisible, faite de grands espaces, de pâturages, d'amour, de moutons et d'eau fraîche. Son départ n'était pas un délire élitiste.

« Tu es incomprise, nota le Méditant. Mais es-tu ici parce que tu es incomprise, ou es-tu incomprise parce que tu es ici ? As-tu désiré ce que tu es et ce qui t'arrive maintenant ?

— C'est vrai, je resterai solitaire, mais je ne suis pas misérable.

— Tu es une arpenteuse de mondes. Tu n'existes qu'en mouvement. Les êtres comme toi sont fort rares, et presque tous ont marqué l'histoire de cet univers. »

Il n'y a pas de sentiment plus solitaire que la mélancolie. Ce sentiment, dont elle avait expérimenté toutes les facettes, était comme un rappel de sa vraie nature. Crysée ne pourrait s'arrêter nulle part sans que le voyage ne la rappelle. Le voyage était son monde.

« Ce n'est pas ce pour quoi je suis venue ici.

— Tu veux ouvrir la porte de Ciner.

— En effet.

— J'ai écrit le mot « mort » sur cette porte. Tu sais lire cette langue. Mais peut-être n'as-tu pas lu. Ou peut-être ne m'as-tu pas cru. C'est cette mort que tu es venue trouver ici. »

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