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30. Le cristal noir

À cette latitude, Ciner ne connaissait aucune saison, les journées duraient six heures à peine et les pluies étaient si rares que les colons avaient renoncé à faire pousser le moindre légume, à l'exception des herbes violettes dont ils faisaient une soupe amère. Les enfants descendaient les collines brassées par le vent, s'infiltraient entre les rochers noirs du bord de mer et ramassaient ces plantes amphibies dont la couleur déteignait sur leurs mains.

Aussi, quand l'ascenseur ramena le groupe 6 à la surface, Sol Ciner avait-il déjà disparu, vieil astre fatigué qui tenait sa lanterne misérable dans ce ciel rougeâtre. Trop éreintés pour parler, les hommes traînaient des pieds sur le chemin de graviers ; on avait l'impression qu'ils ne tenaient debout que par la cohésion du groupe, épaule contre épaule.

Léna se dégagea de cette masse humaine fumante de sueur ; elle monta sur l'accotement du chemin et chercha du regard le lieutenant du Comte Oleg qui devait surveiller le retour de leur groupe. C'était toujours le même, un vampire aigri du nom de Val, un grand insensible qui se tenait toujours bras croisés, à l'écart. Il ne prenait pas la peine de les compter ; il les regardait entrer et sortir du puits. À la fin de chaque semaine, au jour de chôme des mineurs, Val réceptionnait leur récolte, faisait les comptes et poussait une complainte sur leur manque d'implication, sur le faible rendement du groupe 6, sur les efforts qui seraient encore nécessaires pour trouver le diamant noir.

Il détestait son rôle. Il détestait se trouver là, tous les soirs, sur ce petit talus qui surplombait le chemin.

Lorsque Léna quitta le groupe et monta dans sa direction, il ne la remarqua même pas. Elle entendit Job lui murmurer quelque chose, comme un avertissement, mais les mineurs ne faiblirent pas leur allure et le lieutenant Val, trop distrait, ne la vit qu'au dernier moment.

Une seule ride creusait son front, un sillon vertical qui descendait jusqu'à son nez et séparait ses sourcils comme les eaux de la Mer Rouge, deux traits grisâtres sur le blanc de chaux uniforme de sa peau. Sur leurs mondes d'origine, cinq ans plus tôt, les colons de Ciner n'avaient pas été surpris de rencontrer des vampires. Ce n'étaient pas les almains les plus courants dans l'Omnimonde, mais on leur prêtait nombre de qualités, courtoisie, raffinement, honnêteté en affaires.

« Lieutenant Val ! » lança-t-elle.

Le vampire bomba le torse, serra la mâchoire et pencha la tête dans sa direction.

« Qu'est-ce que tu veux ? Aboya-t-il.

— Je dois voir le Comte Oleg.

— Et pourquoi ?

— J'ai trouvé le cristal noir. »

Val lui asséna un regard courroucé.

« Tu me fais perdre mon temps, gronda-t-il. Rejoins les autres.

— Je suis Léna, du groupe numéro 6. Je suis la meilleure chasseuse de cristaux de l'île. Et j'ai trouvé le cristal noir. »

Elle lui présenta sa main droite, son poing replié autour d'un objet de la taille d'un œuf de caille.

« Montre-moi, ordonna Val sans bouger de son promontoire.

— Je voudrais bien. Mais c'est que le cristal est fragile, et je crains qu'il se brise, voire même qu'il se décompose à la lumière. Seul le Comte saura quoi faire d'un tel objet.

— Tu te moques de moi.

— Oserais-je ?

— Retourne auprès de tes parents avant que je te donne un coup de bâton.

— C'est que, mon père n'est jamais remonté du puits numéro 7, et à force de recompter nos cristaux, ma mère a oublié que j'existe. Nous devenons tous fous sur cette île. Nous avons tous envie de nous enfuir d'ici. Vous aussi, lieutenant Val. Je vous dis que je détiens en main la clé pour nous échapper. Ce que le Comte recherche depuis cinq ans, je l'ai trouvé. Cette chance ne se présentera qu'une fois. Il n'y aura pas deux cristaux comme celui-ci. Ne voulez-vous pas saisir cette occasion ? »

Val lui attrapa le poignet, mais elle ne desserra pas le poing.

« Attention, au moindre choc, au moindre contact de la lumière, il sera détruit, et nous ne pourrons jamais partir d'ici.

— Petite peste. Je sais que tu m'entourloupes.

— Que je dise la vérité ou non, pour vous, ça ne change rien. Vous êtes obligé de m'emmener voir le Comte.

— Impossible, dit-il en la lâchant. Le Comte se trouve sur le Némée, en orbite autour de Ciner. Nous ne pourrons pas faire descendre une navette avant trois jours. Tu ne pourras pas garder ta main fermée jusque-là.

— Vous pourriez vous servir du concentrateur. »

Les sourcils du vampire se rencontrèrent comme deux vagues sur une mer incertaine.

« Et comment aurais-tu entendu parler du concentrateur ?

— Tout le monde sait que vous avez installé la machine dans le sous-sol de votre caserne. Nous sentons la présence des cristaux, lieutenant Val, c'est même pour ça que vous nous employez à la mine.

— Eh bien, puisque tu désires voir le Comte, tu verras le Comte. Et si après ça, le Comte décide de te jeter du Némée, tu l'auras bien mérité, petite idiote.

— Merci, lieutenant. »

Conscient d'être complice de son plan ambigu, Val garda le front plissé jusqu'à ce qu'ils atteignent les baraquements des ouvriers. Mains dans les poches de sa veste cirée, le vampire ordonna qu'on la laisse entrer dans la caserne d'un signe du menton. Léna ne vit rien d'autre que des vampires jouant avec des jetons de bois, entre deux lits pliants, et un soldat qui repassait des chemises. À leurs visages étonnés, Val répondit par un soupir excédé.

Le concentrateur qui permettait aux vampires de faire des aller-retours avec le vaisseau en orbite était moins impressionnant qu'elle se l'était imaginé. Il s'agissait d'un cube de métal rempli d'engrenages, encerclant un énorme cristal rouge, qui émettait une lumière pesante. Il était juste posé sur une table de fer-blanc, relié à des câbles en or. Le vampire chargé de monter la garde s'était assoupi sur sa chaise, au milieu d'armoires pleines d'archives et de vieux vêtements.

Léna s'était rarement trouvée au contact des soldats. Depuis cinq ans, ils ne faisaient que jouer aux cartes et chasser la baleine, tandis que le Comte jouait avec ses cristaux et s'enfonçait dans ses plans fumeux. Ils s'ennuyaient, et cet ennui leur donnait mauvais caractère.

« Pour le vaisseau » dit Val en faisant un geste de la main.

Le soldat inséra une clé en laiton dans le mécanisme du cube et remonta celui-ci de quelques tours. Léna entendit le cristal se réveiller comme un génie sorti de la lampe. Il émit une vibration sonore à la limite de l'audible. De grandes lignes luminescentes, verticales, traversèrent la pièce, comme des miroirs descendus du plafond. Des aplats de couleurs et des lumières concurrentes se mirent en place. Elle n'osa pas bouger les pieds, de peur que ses chaussures soient prises dans le sol devenu liquide. La table, Val, Léna, le cube et le soldat chargé de sa surveillance se retrouvèrent alors en orbite.

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