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28. L'Hyperboréen


Aos Sidh traversa seul le Paradis Perdu. Seul être visible, entendons-nous, car il tirait derrière lui la même brume qui avait englouti le vaisseau d'Ignatius. Ceux qui tentèrent de s'interposer comprirent bien vite que cette brume était comme le puits des cauchemars, qui contient à la fois tout et rien, et dont les potentialités sont à la hauteur de toutes vos craintes.

Quelques mètres avant le trône d'Ignatius, alors qu'Aos franchissait le couloir d'un pas cérémoniel, un garde zélé s'élança contre lui en brandissant une lame de tungstène enrichi, chauffée à deux mille Kelvins. Le chevalier errant le désigna du doigt, comme pour le moquer ; la brume avança jusqu'à ses chevilles. Telle le souffle du sculpteur révélant un visage impeccable, elle dévoila un homme en armure semblable à Aos, armé de la même lame blanche ; cette lame traversait le garde d'Ignatius juste sous le sternum. Lui et le chevalier casqué échangèrent un regard d'incompréhension ; puis le soldat hyperboréen redevint fumée onirique et le garde s'effondra sur le sol avec un claquement métallique.

Aos Sidh observa les courtisans d'Ignatius, comme s'il cherchait un nouvel adversaire, jusqu'à ce que ce dernier laisse éclater sa colère.

« Assez ! Qui vous autorise à venir tuer mes gardes, sur mon vaisseau ? Que voulez-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ?

— On m'a dit que vous connaissiez l'emplacement de Draconis.

— Il fallait me le demander plus tôt !

— Si nous avions demandé plus tôt, auriez-vous répondu ? »

Ce fut un moment fort mal trouvé pour la tête inutile d'Ignatius, qui sortit de son équilibre précaire, tomba sur le côté et déroula une langue gonflée et pâteuse.

« Non, certainement pas, concéda l'amateur d'art. Jouons cartes sur table. Je vous dis ce que je sais, et vous me dites qui vous êtes et pourquoi cet engouement soudain pour le sanctuaire des Dragons. »

Aos Sidh ne dit pas un mot, à croire qu'il venait de s'endormir.

« Le système que vous recherchez est Stella Ciner. C'était inhabité il y a cinq ans, mais le comte Oleg a dû s'y installer depuis.

— Nous y retrouverons le capitaine Barfol.

— Oui, sans doute. Il a toujours le chic d'être au mauvais endroit, au mauvais moment.

— Excellent.

— Qu'est-ce que vous lui voulez ? »

Acheteur et vendeur d'informations, Ignatius ne cesserait jamais de poser des questions indiscrètes, même menacé de mort.

« Je suis le chevalier Aos Sidh l'Hyperboréen. »

À cette réponse en retard, il lui vint à l'esprit que cet homme ne se trouvait peut-être pas dans la même fenêtre temporelle que lui. Après tout, son vaisseau et son armée étaient faits de brume. On aurait dit un fantôme des enfers surgi du récit d'un voyageur stellaire, entre Kraken et Léviathan qui, paraît-il, rôde autour de la cinquième étoile de la constellation du Tigre.

« Ce n'est pas tant le capitaine Barfol qui nous intéresse, que celle qui voyage avec lui. Nous avons besoin d'elle pour ouvrir la porte de Stella Ciner.

— Qu'y a-t-il de si intéressant à Draconis ?

— Ce qu'ils convoitent tous. Le pouvoir. Le pouvoir donné aux mortels, afin de bâtir la Tour de Babel, la tour qui reliera le ciel et la terre. Ce pouvoir a porté de nombreux noms. Aujourd'hui, il se nomme le Stathme de Jupiter.

— Et c'est pour cela que vous êtes ici ? »

Aos Sidh laissa s'écouler un instant bref, comme pour reprendre le fil.

« Je suis ici parce que partout ailleurs, je suis déjà mort. De tous les univers possibles, nous avons arraché l'infime probabilité de nous maintenir en vie, et de reprendre notre lutte. Il est temps pour nous d'ouvrir la porte et pour l'Hyperborée de devenir le nouvel Empire.

— Vous avez de l'ambition, concéda Ignatius. Pouvez-vous m'en dire plus sur le Stathme ? Quel genre de pouvoir est-ce ?

— À celui qui le retrouvera, et qui l'arrachera à son sommeil, le Stathme de Jupiter donnera un pouvoir semblable à celui qu'avaient jadis les Dragons. Et cette personne bâtira un empire, car telle est la volonté du Stathme, et le destin de la race humaine. »

Nombreux étaient ces rois et ces guerriers trop fiers pour mourir, et qui avaient essayé de tromper la mort. Ignatius marchait en queue de ce cortège. Aos Sidh, devina-t-il, se trouvait parmi les premiers. Il avait pu traverser les âges, car le temps ne s'écoulait pas pour lui de la même manière. Vous comptez le temps en minutes, en jours et en années. Mais cet univers n'écoute pas vos horloges ; il ne prend note que des changements. À chaque goutte d'eau qui tombe, à chaque rotation de l'aiguille, le temps avance.

« Depuis la chute de l'Imperium Draconis, notre Arche est plongée dans un champ quantique qui la maintient à mi-chemin entre l'être et le non-être. C'est à ce prix que nous avons sauvé l'Hyperborée. Nous sommes dissous dans ce champ. Chaque interaction avec le réel nous détruit davantage. »

Voici donc un des vint-sept Enfers dont me parlait ce prédicateur itinérant, songea Ignatius. Se voir disparaître du réel. Ces hyperboréens ont le don d'ubiquité. Ils peuvent voyager plus vite que la lumière. Ils peuvent sans doute lire dans nos pensées, et nos rêves sont pour eux des choses matérielles. Mais chaque fois qu'ils acquièrent un de ces pouvoirs, ils s'éloignent du réel, et ils deviennent, en réalité, plus faibles.

Aos Sidh fit glisser la visière de son casque. Ignatius, qui n'était pas né de la dernière pluie, reconnut aussitôt un dryen. Sa peau était d'un gris bleuâtre, comme décolorée, et ses yeux comme deux gouttes d'encre tombées sur une feuille vierge.

« Votre histoire m'intrigue, lança le bicéphale. Je vous propose de vous accompagner à Stella Ciner. Si vous voulez Barfol, je peux vous le donner. Je le connais mieux que quiconque. »

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