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26. Aos Sidh


Me suis pris le chou avec Ignatius. Ai été poursuivi par un admirateur cinglé.

Journal de bord du capitaine Barfol


Les gardes d'Ignatius attendaient que l'ordre tombe ; ils pointèrent leurs armes à plasma, détonateurs soniques et autres lasers haute fréquence en direction de Barfol, qui se sentit l'objet d'une attention toute nouvelle. Des regards éteints s'élevèrent même parmi les courtisans peinturlurés du potentat local.

« Un instant ! clama le flibustier en levant la main. Avant que tout le monde me tombe dessus, j'estime avoir droit à une dernière question. »

Il consulta sa montre.

« Si tu veux, gronda Ignatius.

— Hum, voilà. Que penses-tu de ma moustache ?

— Je n'en pense rien, dit Ignatius, atterré.

— Réfléchis bien. On ne peut pas « rien » penser, surtout pas d'une telle moustache. Un sage a dit un jour : ce n'est pas la moustache qui fait l'homme, c'est l'homme qui fait la moustache. Un autre disait : ce n'est pas la moustache qui porte bonheur, c'est le bonheur qui porte la moustache. Et que penser de ce dicton populaire : lorsque la moustache frise, la pluie est en chemin...

— Où veux-tu en venir ?

— Nulle part. Je dois meubler pendant trente tics environ. Je propose un concours de grimaces. Tu seras très bien classé.

— Arrêtez-le » répéta Ignatius, et Barfol sentit un canon se poser entre ses épaules.

Il est à noter que Barfol et Segonde formaient un couple complémentaire, pour improbable qu'il fût. Ainsi Barfol n'avait jamais su tenir un horaire, au point que tous les instruments de mesure du temps jetaient l'éponge face à lui. Les chronomètres à quartz grillaient, les sabliers se coinçaient, les horloges atomiques se trompaient de fréquence vibratoire, on dit même que les clepsydres s'étouffaient en sa présence. Bien plus tard, l'alchimiste Adrian von Zögarn émettrait l'hypothèse que la moustache de Barfol, à la manière d'une antenne, émettait des rayonnements électromagnétiques perturbant le bon fonctionnement de ces dispositifs.

En revanche, Segonde était précise, fiable, et l'heure réglementaire s'étant écoulée, elle passait au plan B. C'est du moins ce que pensa Barfol en regardant sa montre, ignorant que celle-ci s'était déréglée lors de son passage dans l'espace.

Le Paradis Perdu fut secoué, comme si le vaisseau cherchait à se débarrasser d'une puce. Les passagers s'envolèrent, signe que les générateurs du champ de gravité venaient d'être touchés. Barfol interpréta cette opportunité comme un choix opportun de sa seconde. Il coinça son pied dans la mâchoire d'un des gardes et, par le principe d'action-réaction, celui-ci fut repoussé en direction d'Ignatius, tandis que le capitaine moustachu s'élançait dans le couloir.

Des détonations retentirent, suivies de rebonds sur les cloisons métalliques ; le cornichon formolé vit un projectile passer tout près de son bocal et glapit à sa troupe de cesser le tir. Les hommes s'élancèrent derrière Barfol avec plus ou moins de succès. Contrairement à l'océan, on ne nage pas en apesanteur ; le seul moyen d'avancer est de trouver quelque chose à pousser.

Dans les salles des fêtes pas encore nettoyées, les flaques de bière s'élevaient du sol en gouttelettes dorées, les statues de marbre s'entrechoquaient et les fêtards encore saouls semblaient tenir debout tous seuls, comme les algues au fond d'une lagune.

Nous l'avons vu, malgré sa moustache, Barfol n'était pas exempt d'imperfections, et il en était une qui lui jouait régulièrement des tours dans son corps de métier : l'orientation. Ainsi, arrivé à la moitié du chemin, il ne sut choisir entre deux corridors encombrés de fausses plantes d'intérieur, et sous l'œil endormi de pensionnaires incrédules, nichés entre les branches tels des lémuriens apathiques, il fonça en direction de la zone d'impact.

Il comprit son erreur après dix minutes, au moment précis où un tir de plasma hyper-cinétique fit exploser la tête de marbre d'un fier Apollon en copeaux charbonneux, à quelques mètres de lui. L'air s'emplit d'une odeur de suie brûlée et d'ammoniac ; il se mit à zigzaguer entre des bulles de fumée qui venaient s'éclater en impacts noirâtres sur les murs d'aluminium.

La situation est désespérée, songea-t-il, mais j'ai connu pire. Cette phrase résume à elle seule toute la philosophie de Barfol.

Il s'arrêta à l'angle du couloir, d'où surgissait une file de techniciens en costume orange, semblables aux chaînes de fourmis qui approvisionnent leur cité. La suie collait à sa veste, à son front et à sa moustache. Le capitaine se retourna vers ses poursuivants.

« Ne bougez plus ! lança-t-il. Mes troupes sont en train d'aborder le Paradis Perdu en ce moment même.

— Vous êtes tout seul, Barfol, dit la femme qui dirigeait les opérations.

— C'est ce que vous croyez ! Mais cette frappe formidable, qui vient d'immobiliser le vaisseau, n'était qu'un coup de semonce. Si je ne suis pas libéré avant, disons, une minute, mes troupes aborderont le Paradis Perdu, vous perdrez toutes vos sources de revenus, et votre assurance-vie ne vous servira à rien ! »

À ce moment, une explosion secoua le fond du couloir, repoussant plusieurs techniciens contre les murs. Protégés par leurs combinaisons épaisses, ils choisirent de s'enfuir en ordre dispersé. Un homme venait derrière eux, qui écarta la fumée d'un grand geste du bras. Il potait une armure étanche pourvue de bottes magnétiques, décorée d'une magnifique cape blanche sur laquelle la poussière ne prenait pas. Un heaume recouvrait son visage.

« Mon ami ! » s'exclama Barfol par pur réflexe, avant de remarquer qu'ils ne s'étaient encore jamais rencontrés.

L'homme fit quelques pas lents dans sa direction. Une épée de couleur blanche était accrochée à sa ceinture par un électro-aimant ; elle rebondissait sur ses jambières striées. Un respirateur intégré dans son dos émettait des sifflements périodiques.

« Vous êtes le pirate Barfol, déclara l'individu d'une voix lourde, dans un latin fort répandu dans l'Omnimonde.

— Capitaine, je suis capitaine.

— Vous étiez à la bataille de Sol.

— Je n'en ai jamais entendu parler. »

Moins enclins que lui à discuter, les gardes d'Ignatius firent feu ; le plasma troua la cape du chevalier errant, mais rebondit sur les plaques de son armure, ou s'y colla en amas gluants aussitôt refroidis en scories noires. Il fallait, pour parvenir à un tel degré de résistance, modifier les interactions entre atomes. On aurait pu jeter cet homme dans l'atmosphère de Vénus, il serait arrivé intact à la surface.

« Recommençons les présentations, dit Barfol en se donnant une impulsion contre le sol, pour reculer de quelques mètres. Je suis le célèbre moi-même.

— Je suis Aos Sidh, l'Hyperboréen.

— Ah, l'Hyperborée, ça a toujours été comme la Borée, mais en mieux. Je me souviens d'ailleurs...

— Vous ne connaissez pas l'Hyperborée, capitaine Barfol. Pas encore. »

Le chevalier écarta d'un geste négligent une statue qui flottait dans sa direction ; catapulté, Hermès transmit au mur d'aluminium ses plus sincères salutations. L'épée disparut de sa ceinture ; elle s'étira en un filament de brume, qui traversa un des gardes d'Ignatius.

Surpris de ne rien ressentir, ce dernier crut à tort qu'il venait d'échapper à la mort. L'épée se matérialisa alors, telle un jugement définitif. L'armure légère craqua comme une carapace d'insecte. Aos Sidh tendit la main ; dissoute puis reformée de nouveau, l'épée regagna sa place, comme un chien à son maître.

Fort à propos, les hommes d'Ignatius oublièrent Barfol, il oublia les hommes d'Ignatius, et la panique lui fournit tout juste la stimulation intellectuelle nécessaire à regagner le sas du vaisseau.

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