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25. La grande oeuvre


Crysée remarqua alors les restes de Dogun. Le jeune Dragon avait été coulé dans le sol, fusionné avec le cristal de la Tour ; seules les différences de teinte et de transparence permettaient de se faire une idée de sa taille. Elle remarqua une corne de son crâne qui perçait le sol à dix mètres de là et, à vingt mètres dans une autre direction, le bout d'une aile.

« C'est bien lui, confirma Caelus. Il est bien mort.

— C'est atman qui unit vos deux principes, avez-vous dit ?

— Le principe de notre esprit est notre âme immortelle, cette partie de nous capable de rêver et de manipuler les rêves. Le principe de notre corps est cette partie de nous capable de manipuler la matière dans la réalité. Nous n'étions auparavant que des consciences habitant des cristaux. Le Stathme de Jupiter nous a donné la magie d'Atman, et Atman nous a donné l'énergie nécessaire pour constituer et organiser ces deux principes.

— Sans Atman, il n'y aurait pas eu de Dragons, comprit Crysée. Mais toute votre magie d'Arcs provient-elle d'Atman ?

— La magie d'Arcs était déjà en germe en nous, comme parmi les almains. Mais la puissance d'Atman était plus grande, plus facile. Seuls certains d'entre nous ont contesté cette facilité, qui considéraient Atman comme une magie impure, et qui se sont tournés vers la magie d'Arcs pure. Ils se nommaient les Sermanéens, ils firent sécession de l'Imperium. Vous les connaissez déjà : ce sont eux qui vous ont appris la magie d'Arcs. Mais faisons silence. Il va parler. »

Jupiter était plus petit que Crysée se l'imaginait. Ses quatre ailes repliées sur lui comme un cocon protecteur, tournant le dos au dryen venu le quérir, il ressemblait à un galet aplati de deux mètres de haut. Son corps était fait d'un cristal sombre, uniforme. Crysée allait demander à Caelus où se trouvait désormais le Stathme ; elle comprit que sa question aurait été saugrenue, car le Stathme était là, devant eux, intégré au corps de Jupiter, dont il épousait la forme et les limites.

Peut-être même que Jupiter était le Stathme, qu'il lui obéissait, qu'il en était l'esclave, ou la construction ; nul n'aurait su le dire.

« Seigneur, balbutia le dryen, nos défenses planétaires ont été sabotées. Les canons sol-espace des pôles n'ont pu immobiliser qu'un seul de leurs Omnisaures. Les conjurés se sont rapprochés de la surface.

— Que voyons-nous, là-bas ?

— C'est leur coup de semonce, seigneur. Ils exigent la reddition du conseil et des forces armées de la planète.

— Mon fils, Caelus, viendra me défendre.

— Caelus vous a trahi, seigneur. Nul ne sait où il se trouve. Aux dernières nouvelles, il affrontait les Réformistes autour du pont d'Arcs Ciner. »

Jupiter passa outre cette mauvaise nouvelle et ajouta aussitôt :

« Mon fidèle lieutenant, Zögarn, viendra.

— Zögarn est mort, seigneur. Il a été happé par le pont d'Arcs Srego lors de son effondrement.

— Dans ce cas, qu'Arès, mon chef de guerre, me vienne en aide !

— Mais Arès... vous l'avez condamné, seigneur, à l'exil et à la garde éternelle du portail de Stella Ostium... »

Une myriade d'étincelles courut sur la sphère grisâtre qui cheminait vers eux ; elle fut lacérée par une grande flamme orangée et un morceau s'en détacha. Mais tout ceci se déroulant dans l'espace, hors de l'atmosphère de Draconis, nul son ne leur en parvint.

« Arès ! s'exclama Jupiter. Le voilà qui vient à notre secours.

— Ce n'est pas cela, seigneur... ce sont les Réformistes... l'autre faction... ils ne veulent pas seulement la fin de votre règne, mais aussi la fin de Draconis et la réforme de l'Empire.

— L'Empire ne peut être transformé, et ne peut prendre fin. Je le sais, car je suis l'Empire. »

Les articulations de ses épaules roulèrent, Jupiter s'éleva de plusieurs mètres. Sa tête, longue d'un mètre, était montée sur un cou reptilien, transparent et liquide. Ses yeux étaient aussi vides que son âme ; dévoré par l'Atman, Jupiter n'était maintenu en vie que par le sentiment d'être une nécessité de la nature, une force irremplaçable sans qui l'Empire, donc l'univers, courrait à sa ruine.

« Je crois que nous n'avons pas besoin d'en voir plus, dit Caelus, qui tendait déjà la main pour refermer le livre, dont la page se trouvait toujours à portée, car ils étaient à l'intérieur.

— Attendez. »

Jupiter fit mine de s'envoler, mais à peine eut-il levé la tête que deux Omnisaures lui faisaient face. Plus petits que le précédent, ils étaient aussi mieux armés ; leur corps cylindrique se terminait en un cercle de membres rétractables, à la manière de gigantesques calmars.

« Nous ne devons pas rester là, dit le dryen. Ils vont cibler la Tour.

— La Tour de Babel ne peut s'effondrer, énonça Jupiter.

— Seigneur, il faut abandonner la surface de la planète. Si le pont d'Arcs Ciner est encore ouvert, peut-être que nous pouvons...

— Vous m'avez tous trahi ! Vous, mes enfants ! Vous avez formé une conjuration pour me détruire. Mais pouvez-vous détruire l'Empire ? Pouvez-vous détruire le Stathme ? Tous deux reviendront toujours. Et moi aussi, moi qui fais maintenant partie de cette idée, de ce concept, je reviendrai encore. »

Un trait de lumière descendit du ciel, parallèle à la Tour, dont il vaporisa quelques extrémités. La chaleur rayonnée fut si intense que le dryen s'envola aussitôt en copeaux de charbon. Les arches de cristal éclatèrent ; toute la tour se tordait, comme prise de douleurs, et la lumière y ondoyait désormais de manière inquiétante.

La moitié de Jupiter, prise dans la cascade de plasma, parut s'y dissoudre ; mais sa tête fumante en surgit une dernière fois, ses yeux porteurs une malédiction cruelle.

« Vous détruirez nos temples, siffla-t-il, vous détruirez nos palais, vous détruirez nos bannières, vous cracherez sur nos noms, mais l'Empire... l'Empire ne s'éteindra jamais... l'Empire est en vous... l'Empire est dans ton cœur... Caelus... »

Sur ce dernier mot, le bibliothécaire mit fin au rêve. Ils regagnèrent la monotonie rassurante de la bibliothèque, ses rayonnages mouvants et ses livres facétieux, comme un océan paisible, ignorant de la tempête qui vient d'avoir lieu.

« Il vous a parlé, dit Crysée.

— C'est un souvenir trop lourd, empli de trop de détails, et auquel je suis moi-même trop lié... pour qu'il ne finisse pas par me reconnaître.

— Mais le vrai Jupiter est mort, n'est-ce pas ?

— Il est mort. Comme tous les autres. Il est mort trois fois. Nous l'avons poignardé au cœur ; c'est ce que vous venez de voir. Réduit à l'état d'esprit, il a tenté de posséder un autre Dragon ; nous l'avons tué de nouveau. Puis son âme n'était plus qu'une feuille de papier, que nous avons déchirée.

— Et le Stathme ?

— Il n'est pas réapparu. »

Crysée fronça un sourcil.

« Et la bataille a pris fin ?

— Elle ne faisait que commencer. Les Réformistes ont employé des armes à résonance sonique, ce qui a balayé tout ce qui se trouvait sur la surface de la planète. Puis les Omnisaures de la conjuration ont aspiré l'énergie du noyau de Draconis pour déployer un soleil artificiel – une arme redoutable. Puis la planète a été détruite. Elle s'est brisée sur la frontière d'un champ de gravité devenu hors de contrôle.

— Comment vous êtes-vous échappé du système ?

— Grâce au pont d'Arcs Ciner. Nous l'avons fermé après notre passage, moi et le Méditant. Mais j'étais moi-même en piteux état.

— J'aurais aimé voir tout cela, dit Crysée d'un air songeur.

— Vous n'en aviez pas besoin. Vous êtes ici pour comprendre l'Imperium. Ce que je vous ai montré suffira. Le Stathme est venu, le Stathme a donné le pouvoir, et ce pouvoir a bâti un Empire, et la Tour de Babel reliait le ciel et la terre ; mais les fondations de la Tour, comme de l'empire, se sont effritées ; et la Tour, comme l'Empire, s'est effondrée sous le poids de son empereur. »

Crysée s'adossa contre un rayonnage.

« Avez-vous appris tout ce que vous souhaitiez ? Lança Caelus sur un ton de défiance.

— Je sais maintenant où se trouve Sol Draconis. C'est ce que j'étais venue chercher en priorité. Mais une question en amène une autre, et c'est cette question à laquelle vous essayez de vous soustraire. D'où vient le Stathme ? »

Caelus la foudroya du regard.

« Pendant presque cent mille ans, reprit Crysée, les Dragons ont usé du pouvoir d'Atman. Vous essayez de me faire croire qu'ils ont toujours détournée les yeux de son origine ? Vous vous moquez de moi.

— Jupiter à été le premier à toucher le Stathme. Lui seul avait le droit de savoir ; poser une question, c'était remettre en doute son autorité sur l'Imperium. Nous aurions appris, au mieux, que notre puissance était le fruit du hasard, au pire, des plans de quelqu'un d'autre. Dans tous les cas cela aurait enlevé sa légitimité à l'Empire et à son tyran.

— Jupiter est mort, l'Imperium n'est plus, la question demeure. »

Caelus reposa le livre qu'il tenait en main ; celui-ci fut comme aspiré par les autres, disparaissant dans la structure de la bibliothèque, où tout se trouvait toujours à sa place, et en même temps, à portée de main ; où il suffisait de mentionner quelque chose, un auteur, un événement, pour qu'une étagère se déploie et que tous les ouvrages associés s'y mettent au garde-à-vous.

« Que cherchez-vous ? lança-t-il à la solaine. Pourquoi avez-vous quitté la retraite paisible de votre peuple ? Je devine que vous êtes la seule à avoir pris cette décision ; je n'ai pas entendu parler de vos semblables, je n'en ai pas vu d'autres que vous, à tel point que vous demeurerez une énigme de l'histoire. »

Les petites taches orangées qui parsemaient son visage s'étaient déplacées de quelques millimètres, comme si elles coulaient sur sa peau. La surface de Crysée, de sa forme astrale, était comme une tenue de camouflage qu'elle remettait parfois en place.

« Vous le savez comme moi, Caelus. L'Imperium Draconis, tout comme la folie d'Aton, ont quelque chose en commun. La croyance en une grande œuvre. On racontait sur mon monde que les dieux intemporels avaient érigé une stèle gigantesque, située aux confins du Temps, sur laquelle était inscrit le nom de chaque solain passé, présent et futur ; et, pour chacun de ces noms, ce qu'il devait accomplir. Comme si ce but ultime formait notre essence profonde, qu'il nous était donné, ou que nous pouvions le trouver. On racontait que chaque solain, au moment de naître, passait devant la stèle, qu'il lisait l'inscription avec l'espoir de s'en souvenir une fois né, et bien souvent, qu'il échouait. Et chaque solain, au moment de mourir, passait devant la stèle dans l'autre sens, regardait l'inscription et, bien souvent, découvrait qu'il s'était trompé de but. Je vois une gravure représentant cette stèle immense, et deux files de solains circulant le long des deux bras du Temps éternel. Ce n'est qu'une image. Mais c'est une image qui a hanté l'histoire de l'univers. Personne n'a jamais pu se contenter de vivre ; il a toujours fallu réaliser quelque chose, se dépasser soi-même, et que sais-je encore. Cette foi aveugle a bâti des mondes et elle en a détruit davantage. »

Crysée fit un geste de la main ; des livres glissèrent sur l'étagère, comme s'ils suivaient son doigt du regard.

« Cette bibliothèque est votre grande œuvre. Vous ne ferez rien d'autre de votre existence, et si jamais vous vous êtes trompé, tout ceci n'aura servi à rien.

— Ce n'est qu'une image » dit Caelus.

Ils se trouvaient tout près du mur du phare ; une petite fenêtre se forma entre les pierres et s'agrandit en ouverture, pour laisser passer le bibliothécaire.

« Voici ce que je sais, dit-il en faisant traîner ses pas dans le sable azuré. L'origine du Stathme remonte au cataclysme que nous nommons le Déluge, il y a cent cinquante mille ans, qui est le point de départ de notre histoire moderne, de l'avènement des conscients, du peuplement de l'univers par les Dragons, les almains et quelques autres. Après le Déluge, cette énergie nommée Atman a été déversée sur l'univers ; le Stathme est une concentration de cette énergie, comme une balise placée dans le réel.

— Pensez-vous qu'il se trouve encore à Draconis ?

— La planète Draconis a été détruite. Les étoiles du système se sont éteintes. Si vous parvenez à vous rendre là-bas, ce dont je doute, vous ne trouverez rien, seulement des cadavres d'Omnisaures, de Dragons, et de vieux rêves de grandeur. »

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