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2. Ozymandias

(Septembre 2020)


Ozymandias, souverain-à-venir-de-tous-les-mondes, était sans doute le roi le plus orgueilleux qu'eût jamais connu cette planète qui a porté de nombreux noms au cours de son histoire, et que l'on nommerait, cent cinquante mille ans plus tard, la Terre.

Il en était parfaitement conscient ; conscient de l'excessive vénération des gens du peuple à son égard, qui faisaient de lui une sorte de dieu, lui élevaient des autels et priaient qu'il réalisât pour eux toutes sortes de miracles ; conscient qu'il n'avait rien fait pour empêcher cette confusion entre le pouvoir temporel et spirituel, et qu'il l'avait même encouragée. Car en étant un roi humain, Ozymandias se serait toujours senti misérable. En étant un dieu, il se sentait à sa place aux côtés des Mille-Noms.

Ce jeune homme en habits d'or avait un visage fin, des doigts longs et fragiles, une peau délicate. Le cœur du palais de Nela, le siège de ses appartements, était le dernier lieu de la cité épargné par la chaleur, rafraîchi par l'évaporation de ses nombreux bassins.

Dès son plus jeune âge, après l'assassinat de son père, Ozymandias avait senti se tisser autour de lui l'étau du pouvoir, étouffant, maléfique et voluptueux comme un chant de sirène. Il avait accepté cet état de fait. Il avait fait siennes les prophéties des Préceptes Primordiaux, dont les édits, gravés mille ans plus tôt par le premier roi bâtisseur de Nela sur des tablettes d'argile, étaient le dernier lien entre l'Homme et les Mille-Noms, bâtisseurs du ciel et de la terre.

Assis sur une chaise de toile, le regard perdu entre les colonnades de ses vastes appartements, Ozymandias contemplait l'écoulement du temps. Il était pensif, mais ses pensées, comme celles de l'ermite, ne menaient à rien ; sa vie était un perpétuel retour, comme si les rivages de la connaissance refusaient qu'y accoste sa barque. Ozymandias était né un jour ; il avait été couronné chef de Nela et proclamé défenseur des volontés suprêmes des Mille-Noms ; depuis ce jour il n'avait ni appris, ni vécu.

Le temps s'écoulait autour de lui comme un songe. Son ennui infini formait une barrière bien plus solide que les murs de son palais ; mais cela ne lui était pas désagréable. Il y avait pris goût, même. La sagesse se refusant à lui, Ozymandias avait refusé la sagesse.

La plus grande pièce de son appartement, dont le balcon s'ouvrait sur ses jardins personnels, aurait pu engloutir une phalange d'hoplites néliens à elle toute seule ; mais Ozymandias ne l'avait faite peupler que de quatre miroirs. En venant prendre l'air chaque matin, il contemplait ses reflets, seuls à même de comprendre ce curieux détachement du monde où le mettait son pouvoir infini, comme un homme assis sur une montagne d'or, qui ne sait comment le dépenser.

Car en ces temps, Ozymandias était l'homme le plus puissant de l'univers ; peut-être n'y aurait-il pas plus puissant après lui. Ce pouvoir lui était apparu de trois manières, comme si trois fées s'étaient penchées sur son berceau. Le pouvoir était temporel, physique ; il régnait sur la cité la plus prospère de son temps, et le commandant Adad, le seigneur de guerre à son service, dirigeait une armée qui ne rougissait la comparaison avec aucune autre sur ce monde. Il était spirituel : Ozymandias était une légende vivante, appelé à rejoindre le panthéon de son peuple. Il était, enfin, magique ; car en ces temps, les rois de Nela, établis par les Mille-Noms eux-mêmes, étaient de fameux mages d'Arcs.

Cette magie lui était naturelle. Il n'avait pas eu besoin d'en apprendre l'art, de se plonger dans des livres, d'écouter un précepteur à la voix chevrotante. Non, nous l'avons dit, Ozymandias était né ainsi et n'avait pas changé.

Le souverain-à-venir se leva et se planta devant un de ses reflets. La surface argentée donnait une teinte surréelle à ses vêtements, comme s'il s'agissait d'un Ozymandias du futur, revenu vers lui pour apporter la preuve de ses réalisations à venir.

« Tout ceci ne mène à rien » dit-il à haute voix, ce que le reflet répéta.

Car ses réflexions, en effet, ne le menaient à rien ; par induction, Ozymandias en avait déduit que la pensée humaine, que les arts du théâtre, de la poésie et de l'épopée, que la science des nombres, de la construction et celle de la stratégie militaire, que tout cela était nul et sans objet.

Que devait-il faire ? Que devait-il poursuivre ? Ozymandias n'était pas aussi démuni qu'il se le laissait croire, car il avait un but à accomplir. Ce but était inscrit dans les Préceptes Primordiaux, et faisait l'objet d'un contrat entre les dieux et la lignée des rois de Nela. Bâtir l'empire qui joindrait le ciel et la terre.

Le jeune tyran frémit en se remémorant ces lignes.

La création de l'univers ne s'était pas déroulée comme prévu. Les Mille-Noms ne s'étaient pas accordés sur la manière de le peupler. Certes, la vie y était apparue, mais c'était une vie incontrôlée, aveugle et sans conscience. Dans l'humanité naissante, les dieux avaient vu un espoir de remettre de l'ordre dans cette machine.

La nuit tombait sur Nela. Les premières étoiles apparurent au-dessus des arbres décoratifs de ses jardins. Ces constellations lui avaient été données. L'empire souhaité par les dieux devait partir d'ici, de Nela, et s'étendre ensuite sur le monde, avant d'essaimer à toutes les étoiles. Ce projet était d'une ampleur prodigieuse pour une société maîtrisant à peine la roue et le bronze. Il aurait pu paraître accessible à Ozymandias, dont la magie lui permettait de voir fort loin, de sentir le souffle des étoiles lointaines et de flotter par-dessus les rêves de l'humanité toute entière. Mais Ozymandias n'avait aucune idée sur la manière d'aborder ce tournant civilisationnel. Tous les roitelets des cités indépendantes de la Terre, qu'il s'agît de Gomorrhe ou de Babylone, rêvaient un jour de dominer le monde, mais leur monde était une plaine étendue entre le Tigre et l'Euphrate.

Ozymandias n'avait aucune volonté. C'était un fait ; c'était incorrigible, car, on l'aura assez répété, il n'avait pas changé d'un iota depuis sa naissance, n'apprenant et n'oubliant rien, et ne changeant de caractère. Mais il ne manquait pas pour autant d'initiative, aussi avait-il réfléchi au moyen de se doter de cette volonté. Créer un esprit autonome, une sorte de servant, une arme dotée d'une âme, ne lui avait paru ni fou, ni dangereux, car Ozymandias n'avait ni sagesse, ni morale.

Le jeune homme plongea la main dans le miroir. Cette surface menait à une bulle d'espace incluse dans la réalité, d'où il tira un globe de verre de la taille du poing, qui tenait dans sa main. L'orbe était empli d'une fumée violette en perpétuelle circulation, animée de courants semblables à ceux d'une atmosphère, tantôt de tourbillons et de tempêtes.

« À quoi pourras-tu bien me servir ? » songea-t-il.

L'orbe ne lui répondit pas, car bien qu'Ozymandias y eût concentré un très grand pouvoir, il n'était pas conscient. Son intelligence approchait de celle des poissons exotiques morts en début de semaine dans ses bassins asséchés. Il s'éveillait, faisait un tour dans sa bulle, éclatait et se reformait. Il n'avait pas encore de nom.

Ozymandias comptait lui insuffler l'énergie nécessaire à l'accomplissement des Préceptes Primordiaux. Il retournerait alors s'asseoir dans son fauteuil ; tout continuerait comme avant, à ceci près que son séide incorporel retournerait le ciel et la terre pour bâtir l'empire promis.

Il était proche de réussir.

Mais à quoi bon ? Lui-même ne verrait jamais l'accomplissement de l'empire.

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