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55. Ce bon vieux Jim


Dans vingt-six mille ans, on verra apparaître une étoile dans la constellation du Sagittaire. C'est Hélios qui est en train de tomber dans l'œil de Sagittarius. Mais la lumière de cet événement mettra un certain temps à parvenir à la Terre.

Adrian von Zögarn, Histoire de l'Omnimonde


« Ah, ce bon vieux Jim Denrey ! »

Radieux, Adrian ouvrit les bras ; constatant que son geste familier n'emportait pas un franc succès, il se contenta de serrer la main du directeur du Bureau Transnational de Sécurité, puis s'effondra dans le fauteuil réservé aux invités de marque.

« Monsieur von Zögarn... que faites-vous dans mon bureau ?

— C'est une excellente question, je vous remercie de l'avoir posée. Oh, regardez, un mouton !

— Monsieur... que fait ce mouton dans mon bureau ?

— Il s'appelle Socrate » répondit Adrian.

Le mal nommé venait d'entrouvrir la pochette du rapport annuel du Bureau. La page de garde de prit dans sa mâchoire comme dans un engrenage implacable, et disparut dans sa gueule en quelques secondes.

« Que... comment...

— Je suis venu vous donner des nouvelles ! On s'est rendu compte que la balise Proxima de la Terre ne marchait plus, alors vous avez dû manquer tous les derniers messages de Hayden, et on a dû louper tous les vôtres, aussi. »

Adrian poussa le mouton sur le côté. Ce dernier découvrit la présence d'une fougère en pot dans le bureau du directeur, et s'employa à réduire la surface de son feuillage, bien que la plante fût en plastique.

« Pour résumer, lança Adrian sans laisser à Jim le temps de s'émouvoir : le problème d'Hélios est résolu.

— Vous voulez dire que votre Armada l'a battu ?

— Euh, pour faire simple, il a été jeté dans un trou noir. Vous savez comment fonctionne un trou noir, mon bon vieux Jim ? Quand on s'en approche, votre temps propre accélère par rapport à un observateur extérieur. Du coup, au moment où je vous parle, Hélios est quelque part dans le disque d'accrétion de Sagittarius, et il n'a pas encore compris son problème.

— Mais... s'il en ressort ?

— Ha ! Sacré Jim, celle-là est bien bonne. Un trou noir n'est pas un objet dont on « ressort ». Une fois que vous êtes dans le disque, vous restez dans le disque. Pour en sortir, il faudrait aller plus vite que la lumière, donc passer par la Noosphère. Mais nous n'avons pas de nouvelles de l'esprit d'Hélios. J'en conclus que les dieux ont fini par le contraindre au silence.

— C'est une très bonne nouvelle » dit Jim en faisant rouler son fauteuil jusqu'à son bureau.

Il réfléchissait à la meilleure manière de mettre cette histoire abracadabrante sous la forme d'un rapport. Sans doute serait-il forcé d'y apporter quelques adaptations, sans quoi on le prendrait pour un fou.

« Et le projet Rhadamanthe ? s'exclama Adrian. Où en est-il ?

— Oh, Rhadamanthe. Des études ont été commandées, mais elles ont fait fondre le budget initial en quelques mois. Ensuite, personne n'a voulu mettre la main à la poche. Les représentants au Conseil se sont engueulés. Ils ont hésité à rendre le sujet public au niveau de l'ONU, à appeler à la solidarité du reste de la planète...

— Donc, vos ponts d'Arcs sont sauvés.

— De toute façon, nous n'avons même pas la capacité d'envoyer des hommes sur Mars. Alors, pour ce qui est de nous servir de nos ponts d'Arcs... le Conseil s'est accordé sur le principe du « pas vu, pas pris ». Aucune de nos propres observations astronomiques n'a pu rendre compte de leur existence...

— Et les miennes, alors ? Protesta Adrian.

— Aucune observation officielle... rien... donc vous devinez déjà où tout cela va atterrir...

— Dans la poubelle de l'Histoire.

— Oui. Et accessoirement, dans les armoires du BTS. Et dans l'estomac de votre mouton, si vous ne le sortez pas tout de suite de mon bureau.

— Oh, je vous demande pardon. Est-ce que vous savez où je pourrais acheter des yaourts ? J'en ai besoin pour une expérience. »

Jim Denrey haussa les épaules.

« Il doit y avoir une épicerie bio en bas de l'immeuble.

— Merci, ce sera parfait. »

Adrian s'arc-bouta contre une armoire métallique pour arracher Socrate à sa plante verte, qui semblait particulièrement à son goût.

« Monsieur von Zögarn !

— Oui ?

— Quand est-ce que monsieur Garrison compte revenir sur Terre ?

— Oh, j'oubliais ! Je vous ai ramené sa lettre de démission. Socrate l'a mangée sur le chemin, mais en gros, elle disait ceci : « je démissionne, bon courage, salut. »

— Garrison ? Vous plaisantez ?

— C'est un jeune homme fort sympathique. Est-ce que vous saviez qu'il s'était marié ? Il a pris un nouveau métier à Stella Rems, quelque chose avec un nom bizarre, mais qui l'oblige à faire le tour du monde.

— Compte-t-il revenir un jour ?

— Je ne pense pas. Mais vous savez ce qu'on dit : il ne faut jamais dire jamais. Sur ce, mon vieux Jim, je vous dis à très bientôt. Sans doute. Maintenant que tous les dieux ont disparu de l'Omnimonde, il va falloir se serrer les coudes. En bas de l'immeuble, vous avez dit ? »


***


« J'arrive, j'arrive ! »

La sonnerie de l'appartement retentit de nouveau.

« J'arrive ! » maugréa Reg une nouvelle fois en manquant de trébucher contre un jouet abandonné par ses chats.

Le vieux capitaine accusait l'âge ; il lui fallut plusieurs secondes pour trouver la bonne clé. Un homme un peu plus jeune que lui, vêtu d'un costume de voyage marron, attendait sur le paillasson. La chaîne d'une montre à gousset dépassait de la poche de sa veste, signe des hommes qui vivent avec leur temps. Un petit paquet de carton dans les mains, il regardait autour de lui d'un air gêné, et sursauta quand Reg ouvrit la porte en grand.

« Hum, qui est-ce ? Il faut que je retrouve mes lunettes.

— Elles sont autour de votre cou, capitaine.

— Hum, je le savais. Qui donc... Stratton ? Mais que faites-vous ici ?

— J'étais de passage à Amor, expliqua son ancien second, pour inaugurer la ligne à grande vitesse avec Laudana. Je vous ai apporté du jus de kochi...

— Vous n'étiez pas dans les bateaux ? » s'étonna Reg en le laissant entrer.

Stratton regardait autour de lui avec un air surpris.

« Comment ? Les clippers ? Non, l'entreprise a commencé à perdre de l'argent il y a dix ans, à cause de la concurrence des navires à vapeur. Moderniser la flotte nous aurait coûté trop cher, j'ai décidé de revendre et de me reconvertir dans le rail.

— Vous avez l'air en bonne forme, Stratton.

— Vous aussi, capitaine.

— Ha ! Mes rhumatismes me ruinent la santé, et je sens que ma mémoire n'est plus aussi bonne qu'avant. Asseyez-vous, ne faites pas attention au désordre, ma femme de ménage ne passe que demain. Depuis combien de temps est-ce que nous ne nous sommes pas vus ? Vingt ans ?

— Je dirais vingt-deux ans. Quand nous sommes repartis de Rems à bord de ce vaisseau blanc.

— Ah, je m'en souviens comme si c'était hier. »

Stratton ôta ses lunettes pour examiner les photos sur le meuble du salon, tandis que Reg allait chercher de la vaissalle. On y voyait Reg, l'amirale Ek'tan, des officiers de Rems en discussion autour d'une table, suite à la bataille de Sol Perago, qui avait clôturé la guerre.

« Vous savez ce qu'ils en ont fait, d'ailleurs, de tous leurs vaisseaux ? s'exclama le capitaine en posant des coupes en porcelaine sur la table basse. Personne n'a pensé à me tenir au courant, mon téléphone n'est pas raccordé au réseau Proxima !

— De l'exploration et du commerce, dit Stratton. Aujourd'hui, je crois que les remsiens sont les seuls à disposer d'une flotte spatiale. Ils sont tous désarmés, bien entendu.

— Ils ne sont jamais venus par ici, n'est-ce pas ?

— Neredia ne leur permet pas de franchir ses ponts d'Arcs. C'est le cas de nombreux systèmes, je crois que ça limite beaucoup leurs capacités de navigation.

— Certainement, dit Reg en déballant la petite bouteille de sa boîte cartonnée. Imaginez-vous, avec vos clippers, si l'on vous interdisait la plupart des ports, sous prétexte que vos navires pourraient s'écraser sur la jetée ! C'est impensable. Nous sommes des rustres.

— La plupart des systèmes ne sont pas prêts pour prendre contact avec l'extérieur.

— Et quand seront-ils prêts ?

— Il faut apprendre à marcher avant de courir, capitaine.

— Hum.

— Dites-moi, il y a quelqu'un que je ne vois pas sur vos clichés.

— Qui cela ?

— Aléane, voyons.

— Oui, Aléane... mais nous n'avions pas le matériel pour prendre des photographies à Amor... vous savez à quel point c'était difficile à l'époque...

— Je comprends.

— Vous savez, Stratton, je m'étonne toujours de ne pas l'avoir revue au cours de cette bataille. Mais je pense que chacun d'entre nous ne la croise qu'une fois, pas davantage ; deux fois, c'est un privilège dont peut d'hommes peuvent s'enorgueillir. »

Le regard vague, il fit sauter le bouchon de liège.

« Ce n'est pas parce que vous ne l'avez pas vue qu'elle n'était pas là, nota Stratton.

— Bien sûr ! Je sais qu'elle était là. Même dans ces photos, vous ne la voyez pas ; mais moi, je la vois. Quand je sors sur mon balcon, le soir... vous savez, on n'aperçoit presque plus d'étoiles, avec toute la lumière de la ville, mais j'en vois encore quelques-unes... et dans le vide entre les étoiles, elle est là...

— Vous avez raison » dit Stratton.


***


« Avez-vous pris votre décision ? »

Il y a quelque chose entre nous, se dit Ek'tan en se tournant vers Ivan. Nous sommes deux ostracisés sans famille et sans peuple. Nous avons dirigé l'Armada, et maintenant qu'elle est dissoute, nous sommes tous les deux inutiles aux mondes qui nous ont rejeté. Nous sommes tous les deux des voyageurs, nous avons tous les deux fait des erreurs... nous nous sommes un peu plus approchés de la justice.

L'ex-amirale fit quelques pas sur la passerelle de l'Indra. Démobilisé, le vaisseau avait été revendu pour une bouchée de pain, puis revenu en leurs mains propres. Ils en étaient devenus propriétaires à parts égales. Leur équipage était salarié.

« Vous vouliez retourner une dernière fois sur Rems, ajouta Ivan. Revenir sur votre île natale...

— Je n'ai rien à faire là-bas.

— Oui, c'est ce que je vous avais dit.

— Je vais suivre votre enseignement, Ivan. Vous avez tourné le dos à Lazarus. Je tourne le dos à Rems. Mais il restera toujours des milliers de mondes à notre portée. Nous avons trouvé votre place, vous et moi. Nous sommes des voyageurs. Nous existons en mouvement. »

Et l'univers avait besoin de personnes comme eux ! L'Indra serait une étoile filante, une balise naviguant entre les astres, reliant les mondes lointains pour en partager l'histoire.

« C'était le cas de Mjöllnir, comprit Ivan. Fréya aussi était un être de mouvement.

— Pourtant le vaisseau dormait depuis deux mille ans quand vous l'avez trouvé.

— Oh, c'est parce que son temps n'est pas le même que le nôtre... et quand elle sortira du disque de Sagittarius, des siècles se seront écoulés, mais pour elle, cela n'aura aucune importance. Et son voyage dans les étoiles reprendra aussitôt. Un voyage sans destination.

— Le nôtre n'en a pas plus.

— Mais il y a une grande différence entre ces fous qui courent après l'horizon ou le bout du monde, et nous, qui savons que notre univers n'a pas de fin. En fait, amirale, nous avons déjà atteint notre but. Nous avons trouvé notre lumière. Et nous l'emmenons avec nous. »

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