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51. La fin est le commencement


La sonnerie du palier réveilla Christophe en sursaut.

Un accord dissonant, comme une protestation véhémente, traversa son piano quand il prit appui sur les touches pour se relever. Il manqua de trébucher sur les partitions réparties dans son appartement en empilements compacts, chercha la clé sans même vérifier qui venait le visiter.

Un bocal était posé sur le meuble à chaussures de l'entrée ; dans ce bocal, un poisson rouge, Socrate, qui le fixa d'un air philosophe, avant de faire un tour sur lui-même.

Christophe avait mal à la tête et mal à la main droite, sans doute un début d'inflammation. Il avait trop joué la veille, trop longtemps cherché dans sa mémoire les ultimes notes de sa partition ; des notes qu'il écrivait sans cesse et qui ne cessaient de disparaître.

« Oh, bonjour, Lilith.

— Bonjour. Je suis venue vous apporter quelque chose. Est-ce que je peux entrer ?

— Je n'attendais personne... ne faites pas attention au désordre. »

Il tira deux chaises parmi les flots de papier, lui en tendit une. Christophe n'était pas surpris de l'apparence de Lilith, ni de ses cheveux blancs, ni de ses cornes, ni de sa peau cramoisie, encore moins de ses mains à six doigts – sans parler de ses yeux aux pupilles trop larges. Elle ne pouvait pas lui paraître étrangère, puisqu'il l'avait déjà rencontrée.

« Voulez-vous quelque chose ? proposa-t-il. Un thé ? »

Il découvrit alors l'absence de cuisine, car ce lieu se réduisait à une pièce blanche sans fenêtre, un piano et des montagnes de papier. Lilith eut un sourire compatissant. Ils s'assirent tous les deux.

« Pensez-vous qu'il existe un nom pour cela ? demanda-t-elle en regardant la partition en évidence sur le piano, dont les portées manuscrites s'arrêtaient, abruptes, sur une page blanche intimidante.

— Pour ?

— Le fait de rechercher quelque chose qu'on ne peut pas trouver, qui n'existe pas. Volontairement, je veux dire.

— Le fait de choisir la mauvaise direction ?

— Ou plutôt, le mauvais objectif. Le fait de pointer l'horizon du doigt et de dire chaque jour : demain, j'atteindrai l'horizon.

— J'appellerais cela l'amour, dit-il avec ironie.

— Mais l'amour existe, vous en êtes un fabuleux exemple. »

Lilith ferma à demi les yeux. Elle tenait entre les mains une enveloppe sans nom et sans timbre, qu'elle manipulait au gré de ses hésitations.

« J'ai fait un rêve étonnant, dit Christophe. J'ai rêvé que je mangeais une étoile.

— Oh ? Que s'est-il passé ensuite ?

— Je crois qu'il ne s'est rien passé. Le rêve s'est arrêté. Je suis revenu ici, je dois terminer la partition. Chaque fois que je crois être arrivé au bout, il me manque quelque chose. Je dois revenir tout le temps en arrière. Je ne cesse de faire des erreurs. »

Elle écouta tout cela avec patience, hochant la tête à chaque phrase.

« Comment s'appelle le morceau ? demanda-t-elle doucement.

— Bonne question. Le Plan, je crois.

— De qui est ce Plan ?

— D'un dieu, peut-être.

— De quel dieu ?

— Celui que vous voulez. »

Un peu surprise par ses paroles, Lilith lui montra l'enveloppe.

« Je dois vous donner ceci.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Le dernier message d'Aléane.

— Qui est-ce ?

— Votre absence.

— J'ai du mal à comprendre ce que vous dites. »

Christophe lui arracha l'enveloppe des mains et la déchira avec des gestes précipités, s'imaginant qu'elle contenait les dernières notes du Plan. Quand on a une idée fixe, on s'attend à la voir ressurgir de toutes parts ; on croit que l'univers tourne autour de son projet.

Il secoua l'enveloppe sans rien en tirer. Déçu, il la montra à Lilith, comme pour la rendre responsable.

« C'est vide. »

Ses sourcils blancs se froncèrent.

« Ah, c'est curieux. Je suis désolée, ce doit être écrit sur le socle. Venez, ne perdons pas de temps.

— Je dois rester ici, pour compléter la partition, protesta-t-il.

— Vous ne la terminerez jamais. La personne qui a formulé ces questions a fait en sorte qu'elles n'aient pas de réponse. Venez, Christophe, sortons de ce rêve. »

Lilith lui prit la main, enroulant ses deux pouces autour de son poignet ; elle donna un coup de pied dans la porte et les partitions s'envolèrent. Les murs blancs furent balayés dans un brouillard rouge, une tempête de poussière impossible à traverser. Lilith écarta le vent de la main ; il passa sur leurs côtés, découvrant une statue de taille humaine, posée sur un socle de pierre.

« Qui est-ce ? » demanda Christophe.

La poussière le fit tousser. Elle avait un goût de fer, de zinc et de carbone.

« C'est Aléane.

— Je me souviens... »

Il tourna la tête à droite et à gauche, mais les bouillons de poussière formaient des murs fixes, infranchissables, qui n'épargnaient que l'espace de cette statue. Elle représentait une femme debout – Aléane, donc. Son visage net exprimait de la compassion. Sa main droite était armée, mais elle avait ouvert la main gauche, comme une invitation à cesser le combat.

« Il y en avait d'autres, dit-il.

— Il y en a eu beaucoup d'autres. Mais désormais, il n'y en a plus qu'une seule. Aléane a été reconstruite. Vous savez, Christophe, un sage a dit un jour à Zara : tu es la clé de la synthèse. Cette synthèse, c'est le processus par lequel des fragments d'Aléane réassemblent quelque chose qui se rapproche le plus possible d'Aléane, l'Aléane entière, ou l'Aléane originelle, si vous préférez.

— Il me semble pourtant qu'elle est partie...

— Venez, rapprochez-vous. Si vous collez votre oreille contre la sienne, vous pourrez l'entendre rêver. »

Il n'osa pas rejoindre Lilith. Cette statue figée le regardait, lui, et voulait lui dire quelque chose, or il avait peur de l'entendre.

« Les morts rêvent-ils encore ?

— Aléane n'est jamais morte que temporairement, corrigea Lilith. Elle n'a jamais cessé de rêver. Ah, c'est ici. »

Accroupie, elle souffla sur le socle pour en ôter la poussière.

« Venez, lisez, Christophe. Il n'y a que vous qui pouvez lire, car nous sommes dans votre esprit. »

Il l'écarta du bras et lut ; certains mots étaient effacés.

« Nous nous reverrons... au commencement des temps. Appelle-moi... mon écho. Ça n'a aucun sens. Et vous, qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? Que me voulez-vous ?

— Je vous veux du bien, dit Lilith en écartant les mains en signe de paix.

— Écartez-vous de la statue.

— Pourquoi ? C'est ma mère. Je l'aime, moi aussi, comme vous. Elle nous a tous les deux sauvés, en des temps différents, et d'une manière différente.

— Je ne comprends...

— Mais si, vous comprenez, Christophe ! Vous retrouverez Aléane. Vous retrouverez Aléane à la fin des temps.

— Mais le commencement ?

— Quand le temps sera aboli, fin et commencement n'auront aucune différence. Toutes les Aléane redeviendront une seule personne. Voilà ce que vous devez chercher.

— Mais elle était... Aléane... »

Tout ce qu'il avait d'elle, c'était cette statue, quelques phrases et une promesse ?

« Elle vous reviendra, Christophe. Vous la retrouverez. Et tant qu'elle vous manquera, vous ne serez pas tout à fait seul. Ils vous restera son écho. Il vous restera votre nom. »

Lilith lui fit un salut solennel, doigts écartés, à la mode d'un monde disparu depuis deux mille ans. Puis elle recula à petits pas et se laissa tomber dans le brouillard rouge, hors du rêve.

« Hela. Pensez à Hela. »

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