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31. L'envers des astres


« Réveille-toi, mon enfant. »

Lilith s'éveilla.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, le croissant de Terre gisait comme une coupe renversée, car elle était elle-même couchée sur le côté.

Lilith porta une main à son front, puis fit le tour de son visage, comme pour en fixer les traits. Elle ne se souvenait d'aucun rêve. Peut-être le monde bleu, dont elle partageait l'existence depuis deux mille ans, se libérait-il enfin de ses cauchemars.

« Mère ? »

Elle chercha du regard la silhouette lumineuse de Néa, l'ange qui avait si longtemps veillé sur elle.

« Je suis là, mon enfant. »

Elle ne vit d'abord que ses pieds chaussés de sandales légères ; leur peau rouge brillait d'une teinte dorée, comme si la couleur de son cuir n'était qu'une peinture camouflant une lumière naturelle, qui envahirait tout. Néa s'agenouilla devant Lilith et lui caressa la tête d'une main. De l'autre, elle l'aida à se relever.

« Combien de temps ai-je dormi ?

— Très peu.

— Pourquoi m'as-tu réveillée ?

— Celui que j'attendais arrive. Nous allons bientôt pouvoir partir. »

Sa mère lui sourit. Même dans ses gestes d'amour, son regard était empreint d'une certaine langueur. Car Néa n'avait jamais accompagné sa fille dans le domaine des rêves. Elle demeurait ici, dans cette antichambre des damnés, pour tenir à distance les démons de ses cauchemars. Chaque nuit, tandis que Lilith traversait toutes les souffrances de la Terre, Néa affrontait les monstres de son purgatoire. Elle empêchait ces démons échappés du corps de sa fille d'en reprendre possession à nouveau.

« Tes cheveux sont blancs, remarqua-t-elle.

— Toi aussi, mère, ils n'ont jamais été aussi clairs.

— Viens, Lilith. Ce n'est pas moi qu'il est venu voir, mais toi.

— Ne connaît-il pas ton nom ?

— Il connaît mon nom, mais il ne me connaît pas. Viens. »

Les dalles du sol fondirent dans la brume et elles empruntèrent un nouveau chemin dans les ombres, guidées seulement par le croissant de Terre. Tout au long du marécage, des brosses d'herbes filandreuses oscillaient sous l'effet d'une légère brise, comme si les cauchemars tentaient de retenir leur souffle, et n'y parvenaient qu'à grand-peine. Chacune de ces tiges portait un pétale unique, en forme de triangle, taillé pour pénétrer la poitrine jusqu'au cœur, et y instaurer le doute. Beaucoup avaient dépéri. Les survivantes se balançant pesamment, de droite à gauche, tel le public d'un concours d'escrime ; elles se cherchaient une victime. Mais l'enfer de Lilith se vidait de ses démons. Il régnait en ces lieux un silence d'éternel repos.

« Nous sommes arrivés » annonça Néa.

Le sol sous leurs pas redevint tangible ; une succession de dalles sans fin, que l'on pouvait poursuivre à l'infini dans le monde clos de Lilith.

La barrière transparente qui les séparait du réel avait été percée d'une ouverture, dont coulaient quelques gouttes gélatineuses. Le regard éteint de Lilith descendit de cette faille, suivit les vestiges d'une torsion d'espace, d'une traînée d'Arcs par laquelle deux formes astrales avaient cheminé jusqu'à ce rêve.

Pour la première fois depuis deux mille ans, elle rencontra d'autres êtres.

Un homme et une femme portant de semblables tenues d'explorateurs, de cuir sec, usé jusqu'à la corde, de vieilles capelines jetées sur leurs épaules. Ils auraient pu venir ici en grande pompe, vêtus d'or et de diamant, mais ces mages d'Arcs qui transcendaient les apparences s'en servaient pour envoyer un message. Ils étaient tels qu'ils souhaitaient être. Rien qu'un homme et rien qu'une femme. Un bref instant, Lilth envia ce couple pour son alchimie subtile, pour le mystère qu'ils représentaient tous les deux. Il était évident qu'ils s'aimaient, tant et si bien que cette évidence leur échappait sans cesse à eux-même.

Après avoir aperçu leurs formes, Lilith sentit la présence de leurs esprits. Celui de l'homme était une frontière montagneuse, impressionnante, aux fondations fragiles, et qui cachait à peine le vide de son âme, car il avait consommé tous ses précédents souvenirs, et n'était pas plus épais qu'une feuille flottant à la surface de l'eau. Celui de la femme paraissait plus accueillant, plus paisible, mais en y plongeant la main, on entrait dans une tempête perpétuelle, où les milliers de fragments de son histoire cherchaient à se réassembler sans y parvenir tout à fait. Et cette tornade rouge, qui échouait à la reconstruire, pouvait détruire tout ce qui s'approchait d'elle.

Enfin, Lilith lut leurs noms. L'homme se nommait Christophe. La femme se nommait Aléane. Tous deux se nommaient Nolim.

Tout comme elle les avait lus, ils la lurent en retour. Elle les sentit intrigués par son apparence, par celle de sa mère. Christophe baissa les bras, surpris. Il avait espéré sonder leurs pensées, mais ni Néa, ni Lilith ne souhaitaient le lui permettre. Lui qui se croyait le plus fin mage d'Arcs de l'Omnimonde faisait face à des toiles tissées de main de maître, recouvrant des secrets interdits.

« Qui êtes-vous ? » lança-t-il.

La question rebondit jusqu'aux nappes de brouillard. Néa lâcha l'épaule de sa fille, la laissant tenir debout seule, et elles se rapprochèrent toutes les deux.

« Vous savez lire les noms, dit-elle. Je suis Néa. Voici Lilith. C'est elle que vous êtes venu chercher, car elle a été la reine de Naglfar, le vaisseau des morts, lors de la grande bataille de Sol.

— Nous sommes dans son épave, constata Aléane.

— Exactement, ma sœur. Naglfar a été détruit, mais sa coquille nous entoure encore, car il lui fallait des siècles pour se dissoudre ; pour que les âmes enfermées ici retrouvent le repos. »

Un nom fit l'aller-retour entre leurs yeux attentifs. Kaldor ! Les hasards qui les avaient menés jusqu'ici s'assemblèrent soudain en des prémices de plan.

« Je m'attendais à vous voir bien plus tôt, indiqua Néa. Kaldor pensait que, durant votre séjour océanique, vous finiriez tôt ou tard par entendre parler de Lilith, et peut-être, de moi-même, et de l'envers de lune où nous résidions toutes deux.

— J'ai fait quelques détours, dit Christophe.

— Vous êtes un infatigable voyageur. Vous deviez paraître ici tôt ou tard. »

Aléane marcha jusqu'à elle à pas vifs. Elle avait les mêmes yeux clairs que Néa, mais la haute stature de cette dernière, ses cornes blanchies, sa peau rouge cramoisi et ses mains à six doigts divergeaient du standard humain de manière intimidante. Néanmoins, elle se tint à un mètre d'elle, tendit la main pour inviter au contact. Néa referma ses deux pouces autour de sa paume, avec un sourire.

« Néa, c'est un diminutif, n'est-ce pas ? »

Elle hocha la tête et lâcha sa main. Ce contact se voulait bref, celui de deux sœurs par-delà le temps, comme deux membres d'une même famille qui se retrouvent après des années de séparation. Aléane rêvait que Néa partage avec elle ses connaissances, qu'elle lui donne un nouveau fragment. Mais elle comprenait que ce fût impossible.

« C'était un nom très rare sur le monde où je suis née, le monde que nous avons quitté avant de rencontrer Kaldor.

— Vous êtes du Peuple Solitaire » comprit Christophe.

Malgré ses grands airs, il n'avait pas la déduction aussi facile qu'Aléane. C'est pourquoi le plan de Kaldor, si plan il y eût jamais, devait tourner autour de lui, dont les erreurs potentielles devaient être détaillées, listées et prises en compte. Quand bien même il n'y jouait qu'un rôle parmi d'autres ; de même que le piano est indispensable au concerto, dont il est pourtant un unique instrument.

« C'est exact. Nous sommes les deux dernières à n'avoir pas atteint le repos. J'attendais ici que les rêves de mon enfant s'apaisent.

— Pouvez-vous nous aider à vaincre Hélios ?

— C'est aussi ce pour quoi nous attendions ici. Pour vous donner trois clés. »

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