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14. La tentation du sommeil

Ne t'endors pas. Pas encore. Ils t'attendent.

Kaldor, Principes


Les chambres d'hibernation de l'Indra se situaient tout près des propulseurs principaux du vaisseau, sous atmosphère, mais hors de la zone d'habitation. Garrison connaissait leur existence, mais ne les avait encore jamais visitées, et n'avait donc pas pris conscience de leur importance stratégique.

« Il va falloir trouver quarante-deux volontaires » dit l'amirale Ek'tan.

Elle marchait à pas lourds. Si le retour de la gravité artificielle avait allégé les inquiétudes de certains, il avait remis sur ses épaules le poids infini de sa tâche. L'amirale gardait la tête haute, mais elle ne pouvait empêcher ses épaules de s'affaisser, parfois, quand elle réfléchissait à leur avenir.

Le Grand Ivan marchait derrière elle, précédant Sahir et Garrison. Mutique, à croire qu'il avait perdu la parole, le vampire semblait incapable de laisser derrière lui la bataille de Realis. Une partie de ses cheveux manquait ; les points de suture sur son crâne formaient des frontières de broderies noires entre deux banquises immaculées. Un élastique maintenait un bandeau de tissu sur son œil perdu, rembourré de cotons stériles. On lui avait donné un uniforme de rechange de Rems. Au bout de son bras en écharpe, sa main disparaissait à moitié dans l'enrobage de plâtre de son poignet, de la couleur d'un bloc de sucre.

Ivan avait le regard vague de ceux que les catastrophes ont projeté dans l'inconnu, et qui n'ont pas de nouveau touché terre, qui n'ont pas encore retrouvé le monde.

L'amirale tendit la main vers un panneau numérique, qui s'alluma au contact de son doigt – les phalanges de ses gants conduisaient l'électricité. Elle fronça les sourcils, comme si tous les éléments n'étaient pas réunis pour leur permettre de traverser, et qu'elle s'impatientait.

« Ingénieure-major, quel est le code ? »

Ek'tan dormait trop peu. Elle était arrivée à ses limites, dans un état tel que son esprit ne lui appartenait plus ; comme dans un songe, sa mémoire se faisait intangible, car le monde était devenu son rêve. Elle oubliait les noms de son propre équipage, notait tout par crainte de donner des ordres contradictoires, se trompait dans ses calculs.

Sahir glissa sur le côté du groupe et tapa elle-même. Le couloir des salles d'hibernation se poursuivait sur une vingtaine de mètres à peine ; de chaque côté, des portes transparentes offraient une vue d'ensemble des modules, la plupart vides et ouverts. Garrison n'en aperçut que trois que l'on devinait occupés. Ek'tan guida aussitôt son groupe vers ces cercueils de verre, empilés comme des cartes-mères dans un centre de traitement de données. Ces êtres humains, plongés dans un coma profond, étaient réduits à un ensemble de fonctions physiologiques ralenties et régulées par le caisson. Même en cas de perte de l'énergie sur l'Indra, il resterait longtemps autonome, tel ce fonctionnaire de campagne qui ignore tout de la révolution en cours. Seule la femme au sommet de la pile leur était visible. Son visage portait de sévères ecchymoses, des gonflements violacés eux aussi pris dans la stase. Le corps ne pouvait pas se dégrader, mais il ne pouvait pas se guérir non plus.

« De qui s'agit-il ?

— Naranda, dit Ek'tan.

— Elle a essayé de tuer l'amirale » expliqua Sahir.

Le danger sur l'Indra pouvait provenir de l'équipage, se souvint Garrison. Toute société humaine ne pourra jamais abolir le danger permanent que lui font courir ses propres enfants ; car de même qu'un animal sauvage se retournera peut-être un jour contre son maître, certains hommes se retourneront contre d'autres hommes, et ce, jusqu'à la fin des temps – ou jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul homme.

« Lorsque nous avons équipé l'Indra, nous avons prévu les modules d'hibernation pour plusieurs cas de figure. Première hypothèse : un membre d'équipage contracte une maladie incurable avec les moyens du bord, que nous ne pouvons laisser évoluer. Dans ce cas, nous le retirons du service actif et nous attendons le retour sur Rems. Deuxième hypothèse : un membre d'équipage souffre de problèmes psychologiques graves et ne peut pas rester éveillé sur le vaisseau. Même résultat. Nous en avons endormi cinq pour le moment, nous les avons mis dans la salle du fond. Et il y a ce troisième cas : l'emprisonnement. Nous avons envisagé des scénarios de bataille stellaires au cours desquels l'Indra faisait des prisonniers. Le vaisseau ne dispose pas d'un espace, ni de ressources suffisantes pour accueillir plus d'une poignée d'individus extérieurs.

— Cela fait sens » dit Ivan.

Encore plongé dans l'apathie, il ne pouvait se permettre que ce genre de remarque triviale et sans incidence sur la conversation, comme un homme assoupi dans une barque, qui se laisse porter par le courant du fleuve.

« En fonctionnement normal, nous n'avons pas besoin d'hiberner. Les temps de trajet entre ponts d'Arcs ne sont que de quelques semaines. Mais si Mjöllnir nous guide sur la durée restante de voyage, le vaisseau pourra fonctionner avec un équipage réduit. L'hibernation pourrait nous permettre d'économiser du dioxygène.

— Les vaisseaux de notre flotte n'ont pas cette technologie, dit Ivan. Qu'ont-ils proposé pour réduire leur consommation ?

— Les officiers vampires parlent encore de tuer les moins indispensables de leurs servants humains. »

Ivan hocha la tête d'un air fataliste, à croire que ces sauvages ne lui obéissaient plus.

« Je peux comprendre leur raisonnement, mais ce serait impardonnable.

— En effet. Si un tel événement venait à se produire, je déciderais personnellement de mettre fin à l'Armada Secunda et de couper nos relations avec votre armée.

— Vu ce qu'il en reste...

— Pour l'heure, les vampires souhaitent ménager nos relations, aussi, ils boivent l'eau de mer en silence. »

Ivan approcha son bras valide d'un des caissons. Ils étaient froids ; la température des corps conservés ne dépassait pas les dix degrés Celsius.

« Cinquante volontaires, vous avez dit ?

— Quarante-deux, corrigea Ek'tan.

— Quarante-deux personnes qui survivront, si tout le reste de la flotte succombe à l'asphyxie. Pourquoi des volontaires ? C'est à vous d'en faire la liste.

— Je n'ai pas le droit de décider qui doit vivre et qui doit mourir.

— Vous avez le devoir de le faire. Certaines personnes dans cette flotte seront plus utiles à Stella Rems que d'autres. Je ne parle pas de vous ou de moi ; un capitaine se doit de couler avec son navire. Je parle de monsieur Garrison. La Terre aura un rôle à jouer dans cette guerre si elle vient à se poursuivre ; il est votre seul contact et il est acquis à votre cause. Je parle de votre conseillère technique, l'ingénieure-major Sahir, qui se doit de l'accompagner. Je parle de la pilote de Mjöllnir. Où est-elle, d'ailleurs ?

— Si vous permettez, intervint Garrison. La seule chose dont nous sommes certains, c'est qu'il faudra nous décider vite. Il pourrait nous manquer si peu pour faire le voyage jusqu'à Rems ; maintenant que les réparations ont bien progressé, il est temps de nous servir de ces machines. Monsieur Ivan, parlez avec moins d'emportement. Il faut économiser notre air.

— Dites-moi, monsieur Garrison, avez-vous déjà fait un choix difficile ? »

Il posait cette question comme quelqu'un qui avait déjà derrière lui les embranchements décisifs de son existence, et qui faisait face à son destin.

« Quitter la Terre fut un choix difficile.

— Mensonge. Cela n'engageait que vous ! Un choix qui concerne d'autres vies humaines, voilà un choix difficile. Et c'est bien de cela que nous parlons. En la matière, je ne fais confiance qu'à l'amirale ; ni à vous, ni à Kaldor. Seulement à l'amirale. »

Ek'tan semblait avoir perdu conscience de leur présence. Dans son tube de verre, les lèvres étirées en ce qui ressemblait à un fin sourire, Naranda se moquait d'eux.

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