
Chapitre 22
Au bout d'un certain moment, je me retrouvai assise, Harry à mes côtés. Nous étions assis sur un banc, en haut des gradins. Je jetai des regards paniqués à droite, à gauche. Je posai une main crispée sur le bras de mon frère.
— Où sommes-nous ?, lui demandai-je à voix basse.
— Dans la salle qu'on observait, je pense.
— Et tu m'expliques comment est-ce qu'on est arrivé là ?
— Comment veux-tu que je le sache ?
— Dumbledore est vraiment un type bizarre...
— Tais-toi, il est juste à côté de toi !, me reprit Harry à voix basse.
Je tournai lentement la tête sur ma gauche. En effet, notre directeur était assis à côté de moi. J'eus une grimace, qu'il ne vit pas. Je me penchai vers lui.
— Professeur, où sommes-nous ?, lui demandai-je discrètement.
Il ne me répondit pas, fixant un point droit devant lui.
— Professeur ?, insistai-je. Professeur ?
Toujours aucune réponse. J'interrogeai Harry du regard. Il haussa les épaules, véritablement déconcerté. J'essayai de suivre son regard. Il était dirigé vers une porte à l'opposé de la salle.
— Lizzie ! Je crois que j'ai compris !, s'écria Harry.
— Tais-toi, on n'est pas censés être ici !, le réprimandai-je.
— Non, tu ne comprends pas ! Il y a deux ans, quand j'ai "visité" le journal de Tom Jedusor, j'ai visité sa mémoire ! Et tout le monde réagissait exactement pareil... Enfin, ne réagissait pas. Liz', je crois qu'on visite la mémoire de Dumbledore... À cause de cette bassine dans son placard.
— Il n'y a vraiment que Dumbledore pour cacher une bassine comme ça dans son placard.
Je me tournai à nouveau vers notre directeur.
— Essaie de passer une main devant ses yeux., me chuchota mon frère.
Je m'éxécutai immédiatement. Toujours pas de réaction. Je fus soulagée.
— Ça ne nous dit toujours pas comment on va repartir.
— On verra bien. Regarde, quelqu'un entre.
La porte que fixait Dumbledore depuis le début s'ouvrit, laissant passer un homme qui se faisait traîner par deux Détraqueurs. Je frissonnai, me rappellant la fin d'année dernière.
Lorsque l'homme fut assis sur le fauteuil, je pus le reconnaître. Il s'agissait de Karkaroff, le directeur de Durmstrang. Je me rappelai alors de son passé de Mangemort.
Les chaînes du fauteuil s'enroulèrent automatiquement autour de ses poignets.
— Igor Karkaroff., appela une voix que je connaissais.
Je cherchai des yeux à qui pouvait-elle bien appartenir. Je tombai sur Croupton. Je n'avais plus vraiment l'habitude de le voir. Il était évident que c'était lui qui animait le procès.
— Igor Karkaroff, répéta-t-il, vous avez été transféré d'Azkaban jusqu'ici pour témoigner au bénéfice du Ministère de la Magie. Vous avez laissé entendre que vous déteniez des informations d'une grande importance pour nous.
— En effet, monsieur., répondit Karkaroff d'une voix rauque, se redressant du mieux qu'il put. Je souhaite être utile au Ministère...
— Canaille..., grogna quelqu'un à côté de Dumbledore.
Harry et moi nous penchâmes en même temps pour découvrir Maugrey, en temps qu'Auror. Il n'était pas très différent d'aujourd'hui, mis à part quelques cicatrices et son œil magique qu'il n'avait pas encore.
— Croupton le laissera sortir., confia-t-il à Dumbledore. Ils ont conclu un marché. J'ai passé six mois à le retrouver, mais Croupton le relâchera s'il donne suffisamment de noms.
— Vous dites que vous avez des noms à donner., reprit Croupton, confirmant les paroles de Maugrey.
— En... En effet. Et il s'agit de noms importants, je vous le garantis. Des gens que j'ai vu de mes propres yeux exécuter ses ordres. Je donne ces informations pour montrer que j'ai définitivement renoncé à le servir, Monsieur...
— Quels sont ces noms ?, coupa sèchement Croupton.
— Il y avait Antonin Dolohov. Je l'ai vu s'acharner sur beaucoup de Moldus entre d'opposants au Seigneur des Ténèbres.
— ... Et tu l'as aidé., chuchota Maugrey.
— Nous avons déjà arrêté Dolohov, peu de temps après vous., dit Croupton.
— Vraiment ? Je... Je suis enchanté de l'apprendre !, s'exclama-t-il, d'un ton on ne peut plus faux.
— Qui d'autre ?, s'acharna Croupton.
— Il y avait Rosier, Evan Rosier.
— Evan Rosier est mort.
— En emportant un souvenir de moi., fit Maugrey en montrant son nez mutilé.
— Il... Il ne méritait pas mieux !
Je sentai la panique dans sa voix. Ils jetait des coups d'œils aux Détraqueurs de temps en temps. Il avait peur que ses noms ne valent rien.
— D'autres noms ?
— Oui ! Il y avait Travers, qui a aidé à assassiner les McKinnon ! Mulciber, qui était spécialisé dans le sortilège de l'Imperium et qui a obligé beaucoup de gens à commettre des crimes abominables ! Rookwood, qui était un espion et qui a communiqué au Seigneur des Ténèbres des informations de la plus haute importance recueillies au sein même du Ministère !
La foule s'agita discrètement. Ce dernier nom semblait provoquer des réactions.
— Rookwood ? Augustus Rookwood, du département des Mystères ?
— Lui-même., affirma Karkaroff.
Croupton mit un temps à répondre.
— Travers et Mulciber, nous les avions déjà., dit-il au bout d'un moment. Très bien, Karkaroff, si c'est tout, le conseil va délibérer. En attendant, vous allez être ramenés à Azkaban.
— Attendez ! J'en ai d'autres ! Rogue ! Severus Rogue !
— Rogue a été innocenté par le conseil., répliqua Croupton. Albus Dumbledore s'en est porté garant.
— Non !, défendit Karkaroff. Je peux vous assurer que Rogue est un Mangemort !
À côté de moi, Dumbledore se leva et prit la parole :
— J'ai déjà apporté des preuves concernant cette affaire. Severus Rogue était en effet un Mangemort, mais il a cependant rejoint notre camp avant la chute de Lord Voldemort et il s'est mit à notre service comme espion, en courant de grands risques personnels. Aujourd'hui, il n'est pas plus Mangemort que vous et moi.
Karkaroff se redressa, clamant haut et fort que Rogue avait continué d'être un Mangemort. Croupton réclama le silence.
— Très bien, Karkaroff. Vous nous avez été d'une certaine aide. Je vais examiner votre cas.
La voix de Croupton devint plus sourde et la salle disparut dans un nuage de fumée. Elle réapparut dans le silence le plus complet. L'atmosphère était lourde, pesante. Croupton ressemblait plus à celui que nous connaissions maintenant, avec son teint pâle et son regard vide. Harry et moi étions toujours à côté de Dumbledore, mais cette fois plus près de Croupton. De l'autre côté, une petite femme sanglotait.
— Qu'on les fasse entrer., dit Croupton d'une voix éteinte.
Cette fois, six Détraqueurs passèrent la porte, accompagnés de quatre prisonniers qui prirent place sur quatre fauteuils accompagnés de chaînes qui s'enroulèrent autour de leur poignet. Il y avait un homme avec de larges épaules qui regardait devant lui, l'air hagard ; un autre mince qui scrutant la foule de ses petits yeux noirs ; la seule femme du quatuor avait de longs cheveux bruns, bouclés et brillants, les paupières lourdes et se tenait droite dans son siège, comme si elle était une reine ; le dernier accusé était un jeune homme d'à peine vingt ans aux cheveux blonds et aux tâches de rousseur constellant son visage. Il avait l'air effrayé. Son visage me paraissait étrangement familier. Je me demandai sérieusement ce qu'il faisait là.
— Vous comparaissez devant le Conseil de la justice magique afin que nous puissions vous juger pour l'horrible crime que vous avez commis.
— Père..., pria le jeune garçon blond. Père, je t'en supplie...
Ainsi, ce jeune homme était le fils de Croupton.
— Un crime si atroce que nous avons rarement eu l'occasion d'en juger de semblable devant cette cour., reprit Croupton en parlant plus fort. Nous avons entendu les témoignages retenus contre vous. Vous êtes accusés tous les quatre d'avoir capturé l'Auror Frank Londubat et de l'avoir soumis au sortilège Doloris en pensant qui connaissait l'endroit où se tait réfugié votre maître, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
J'étouffai un sanglot, sentant mes yeux me piquer.
— Père, je n'ai rien fait !, s'écria Croupton Jr. Je n'ai rien fait, je le jure ! Père, ne me renvoie pas chez les Détraqueurs !
— En outre, continua Croupton d'une voix plus forte sans prêter attention aux supplications de son fils, vous êtes accusés d'avoir fait subir le sortilège Doloris à l'épouse de Frank Londubat, l'Auror Alice Londubat, lorsque vous avez compris qu'il ne vous révélerait pas l'information que vous recherchiez. Vous aviez l'intention de ramener Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom au pouvoir et de reprendre une existence consacrée à la violence, semblable à celle que vous avez sans doute menée lorsqu'il était au sommet de sa puissance.
Cette fois, les larmes se mirent réellement à couler. Je pensais à Neville, que j'aimais énormément, et entendre ça me faisait beaucoup de peine... Finalement, cela nous rapprochait. Sa famille, comme la mienne, avait été touchée par Voldemort.
Harry posa une main dans mon dos. Mes larmes de tristesse s'étaient transformées en larme de rage.
— Comment peut-on faire ça ? C'est inhumain !
— Je sais...
— Mère !, se mit à crier le jeune garçon blond.
La petite sorcière à côté de Croupton éclata en sanglots. Sa mère, sans doute.
— Mère, empêche-le ! Je n'ai rien fait ! Ce n'était pas moi !
La sorcière sur le fauteuil aux chaînes semblait s'ennuyer à mourir.
— Je demande aux jurés, reprit Croupton en hurlant presque, de lever la main s'ils estiment comme moi que ces crimes méritent la détention à vie dans la prison d'Azkaban.
Toute les mains de l'assemblée se levèrent.
—NON ! MÈRE, NON ! JE N'AI RIEN FAIT ! JE N'AI RIEN FAIT ! JE NE SAVAIS PAS ! NE M'ENVOIE PAS EN PRISON ! EMPÊCHE-LE !
Sans prêter attention aux hurlements, la sorcière accusée prit la parole d'une voix forte :
— Le Seigneur des Ténèbres reviendra, Croupton ! Envoie-nous à Azkaban, nous attendrons ! Il se dressera à nouveau, il viendra nous chercher et nous récompensera plus que tous ses autres partisans ! Nous seuls lui avons été fidèles ! Nous seuls avons tenté de le retrouver !
Les Détraqueurs vinrent les chercher et commencèrent à les emmener. Le garçon se débattait mais faiblissait à vue d'œil.
— PÈRE ! JE SUIS TON FILS ! JE SUIS TON FILS !
— TU N'ES PAS MON FILS., hurla Croupton. JE N'AI PAS DE FILS.
Ces phrases me coupèrent la respiration. Mrs Croupton s'évanouit et tomba sur le banc en un bruit sourd. Il s'en soucia même pas.
— Emmenez-les !, continua Croupton, le regard plus dur que jamais. Emmenez-les, et qu'ils pourrissent dans leur geôle !
Je regardai d'un air absent la scène qui se déroulait sous mes yeux, profondément choquée. Le jeune garçon continuait de se débattre, hurlant qu'il n'y était pour rien. Qu'il soit coupable ou pas, il me faisait extrêmement de peine. Si Croupton avait pu, j'étais persuadée qu'il l'aurait fait exécuté pour la honte qu'il lui avait donné.
Soudain, nous fûmes projetés violemment hors de la bassine. J'atteris à côté d'Harry, sur le sol du bureau de Dumbledore. En parlant de Dumbledore, il se tenait à côté de la bassine, nous regardant calmement.
— La curiosité n'est pas condamnable mais il faut l'exercer avec prudence., nous dit-il alors que nous nous relevions. C'est une Pensine. C'est très utile si, comme moi, on a trop de pensées et de souvenirs dans la tête.
— Vous voulez dire que... ce qu'il y a là-dedans, ce sont vos pensées ?, demanda mon frère en regardant l'intérieur de la bassine.
— Oui. Ça me permet de revoir certaines choses que j'ai déjà vu.
Nous restâmes silencieux un moment.
— Alors., reprit Dumbledore. Avant de vous perdre dans mes pensées, vous vouliez me parler de quelque chose ?
— Oui., répondis-je en même temps qu'Harry.
Il me fit signe de continuer.
— Voilà, depuis cet été, Harry fait un rêve étrange mettant en scène Voldemort, Queudver et un autre homme que nous ne connaissons pas... un Moldu, que Voldemort n'a pas hésité à tuer. Et récemment, je l'ai fait à mon tour. Voldemort a capturé Bertha Jorkins pour lui soutirer des informations sur le Ministère. Ensuite, il l'a tué. Il a aussi dit qu'il avait un espion à Poudlard... et qu'il prévoyait de revenir à sa pleine puissance. C'est son serpent, Nagini, qui l'a prévenu de ma présence et de celle du Moldu. Apparemment, dans ce rêve, j'étais sous la forme d'un corbeau aux yeux verts. Sous l'ordre de Voldemort, Queudver nous a tué tous les deux. Je me suis réveillée à ce moment là.
— C'était à peu près la même chose pour moi., dit Harry. À la seule différence que je n'étais pas un corbeau...
Dumbledore nous regarda tour à tour avec un air grave.
— Maintenant, tout est clair., dis-je. L'espion dont il parlait, cela ne peut être que Karkaroff, n'est-ce pas ?
— Je ne pense pas que ce soit aussi simple que ça, Elizabeth... Mais c'est une hypothèse à ne pas écarter. Récemment, le Professeur Rogue est venu me confier que leur marque devenait plus nette.
— Cela veut dire qu'il retrouve des forces... ?, questionna Harry.
— Une fois de plus, je ne peux exprimer que des soupçons...
Il marqua une pause puis reprit :
— L'époque qui a vu l'ascension de Voldemort au pouvoir a été marquée par des disparitions. Or, jusqu'à ce que tu ne me dises ce qu'il en avait fait, Bertha Jorkins n'avait que disparu. Mr Croupton a également disparu... dans l'enceinte même de Poudlard. Cette histoire d'espion dans l'école l'expliquerait. Mais il faut ajouter une troisième disparition à laquelle le Ministère, j'ai le regret de le dire, n'a accordé aucune importance car elle concerne un Moldu. Il s'appelait Frank Bryce, il habitait le village où le père de Voldemort a grandi et on ne l'a plus revu depuis août dernier. Voyez-vous, à la différence de la plupart de mes amis du Ministère, je lis régulièrement la presse moldue.
— Pensez-vous que ce Moldu, Frank Bryce, est celui de notre rêve ?
— Peut-être bien. Ces disparitions semblent liées...
Le silence retomba.
— Professeur..., reprit Harry. Pendant le procès du fils de Croupton... est-ce qu'ils parlaient des parents de Neville ?
— Neville ne vous a jamais raconté pourquoi a-t-il été élevé par sa grand-mère ?
Je secouai la tête, attristée.
— Oui, ils parlaient des parents de Neville. Frank et Alice Londubat étaient Aurors, comme le Professeur Maugrey. Comme vous l'avez entendu, les partisans de Voldemort les ont soumis au sortilège Doloris pour essayer de leur faire révéler où s'était réfugié Voldemort après sa chute. Ils voulaient le rejoindre.
— Est-ce qu'ils sont... mort ?, demandai-je d'une petite voix.
— Non. Ils sont devenus fous. Ils se trouvent tous les deux à l'hôpital Sainte Mangouste où mon soigne les maladies et les blessures magiques. Je crois que Neville va les voir pendant les vacances avec sa grand-mère. Mais ils ne le reconnaissent pas.
Je vins plaquer ma main contre ma bouche, étouffant un sanglot. Je ressentais une immense peine pour mon ami et j'avais envie en ce moment même d'aller le serrer dans mes bras et de lui dire qu'il n'est pas seul.
— Les Londubat étaient très aimés., continua Dumbledore. Ils ont été attaqué après la chute de Voldemort, alors que tout le monde pensait qu'ils ne risquaient plus rien. Une attaque qui a déclanché une vague de fureur telle que je n'en ai jamais connue jusqu'alors. Le Ministère était soumis à une pression constante pour que les criminels soient retrouvés et jugés. Malheureusement, après ce qu'ils avaient subi, les Londubat n'étaient pas en état de témoigner.
— Alors, il est possible que le fils de Mr Croupton n'ait pas été coupable ?
— Je n'en ai aucune idée.
— Et, euh... Le professeur Rogue... Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il a véritablement cessé de soutenir Voldemort ?
Je tournai furieusement la tête vers mon frère. Depuis quand se mêlait-il de ce qui ne le regardait pas ?
— Ça, Harry, c'est une affaire entre le professeur Rogue et moi-même.
Je croisai les bras, satisfaite qu'il n'ait pas eu de réponse. Je crus déceler un sourire en coin de la part de notre directeur lorsqu'il vit ma réaction.
Sachant alors que l'entrevue était terminée, nous nous dirigeâmes vers la porte.
— Et, s'il vous plaît..., fit Dumbledore alors que nous avions atteint la porte. Je vous demande de ne parler à personne des parents de Neville. Il a le droit de décider lui-même du moment où il voudra révéler la vérité.
— Bien sûr, professeur., assurai-je.
— Et, Harry... Bonne chance pour la troisième tâche.
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J'espère que ce chapitre vous a plu, malgré le retard 😅 à bientôt ! 💚
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