Aucun changement. Je soupirai.

   — Évidemment, il a forcément changé son mot de passe depuis le début de l'année., marmonnai-je. Qu'est ce que je pourrais essayer...

   Je cherchai un mot de passe convenable pendant une bonne trentaine de minutes, jusqu'à ce que Fumseck, le phénix de Dumbledore se matérialise sous mes yeux.

   — Fumseck ? Qu'est ce que tu fais là ?

   L'oiseau rouge et or poussa un petit cri. Il voleta près de la gargouille.

   — Tu veux que je vienne ?

   Nouveau cri. Je me postai alors près de lui, et la gargouille se mit à bouger.

   — Oh merci Fumseck ! Merci beaucoup.

   J'eus juste le temps de voir le phénix disparaître dans une gerbe de flammes avant de monter vers le bureau de Dumbledore. Arrivée devant la porte, je toquai doucement. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, ce ne fut pas McGonagall qui me pria d'entrer, mais bien Dumbledore. Sur le moment, je restai interdite. Dumbledore était revenu et on ne nous avait pas prévenus ? Je me décidai à entrer, pour voir mon cher Directeur, la main posée sur l'épaule de Mrs Weasley qui pleurait à chaudes larmes à côté de son mari. Mon premier réflexe fut de me jeter dans les bras de Molly, sous le regard surpris de McGonagall, qui était également présente.

   — Que faites-vous là, Miss Potter ?, me demanda-t-elle. Retournez dormir !

   — Minerva, ne soyez pas trop dure... Notre chère Elizabeth est venue nous faire part de quelque chose d'urgent, n'est-ce pas Miss Potter ?

   J'acquiesçai en reniflant.

   — Professeur... Harry et Ron ne sont pas rentrés, ils... Je crains que... qu'ils soient... allés chercher Ginny...

   Mrs Weasley sanglota de plus belle.

   — Je pensais venir en parler au Professeur McGonagall, et envoyer quelqu'un pour les chercher...

   — C'était une bonne initiative, Miss Potter. Mais je crains que personne ne puisse les retrouver sans savoir où est la Chambre des Secrets.

   — Ils ont besoin d'aide... Il faut qu'ils reviennent en vie...

   — Vous avez une idée en tête, Miss. Je me trompe ?

   — Non., répondis-je, un peu surprise. À vrai dire, je... je pensais que Fumseck pourrait les aider, j'ai vu qu'il pouvait se transporter où bon lui semblait... Et les larmes de phénix guérissent toutes les blessures... Harry est blessé, Professeur, je l'ai vu, je... Je l'ai rêvé.

   Dumbledore me regarda, intrigué, et m'encouragea à continuer.

   — Il y presque une heure, je me suis réveillée en sursaut, trempée de sueur... Je venais de faire un rêve, ou plutôt un cauchemar... Harry et Ron avait trouvé la Chambre des Secrets mais... Harry était tout seul. Enfin, presque. Il y avait un jeune homme, d'une vingtaine d'années. On aurait dit un fantôme mais il n'était pas pareil, il était plus... matériel. Et j'ai entendu une voix. La voix de Harry. Il me disait : "C'est Tom Jedusor, c'est lui, préviens McGonagall, IL est revenu...".

   Dumbledore et McGonagall se concertèrent du regard.

   — J'avoue que je n'ai pas très bien compris... Après tout ce n'est qu'un mauvais rêve. Mais j'ai vu qu'il était blessé, Harry est blessé, et Ginny était étendue sur le sol, inconsciente et pâle comme la mort. Et il y avait le serpent... C'est un Basilic, le monstre qui habite la Chambre des Secrets... On dit qu'il tue d'un simple regard.

   Dumbledore m'écouta attentivement parler de nos découvertes sur la Chambre et après mon monologue, il resta silencieux.

   — Vous ne me croyez pas..., soupirai-je, au bord des larmes.

   — Je te crois, Elizabeth. Je prends tout cela très au sérieux. Fumseck ira aider Harry.

   — Oh, merci infiniment, Professeur...

   Il s'approcha de son phénix, le caressa doucement et lui chuchota quelque chose. Fumseck s'envola, attrapa le Choixpeau magique et disparut.

   — P-pourquoi a-t-il prit le Choixpeau ? Cela peut les aider ?

   — Oui, je pense que cela peut les aider. Ma chère Elizabeth... Est-ce le premier rêve comme ça que tu fais ?

   Dumbledore me scrutait attentivement derrière ses lunettes en demi-lunes, attendant une réponse.

   — Oui, je crois bien... Ça ne m'était jamais arrivé avant. Est-ce que c'est anormal ?

   — Il y a très longtemps, on racontait que les jumeaux dotés de pouvoirs magiques, comme toi et Harry, avaient un lien qu'ils développaient dès la naissance. Ils étaient connectés. Il y a une légende en particulier, celle de deux sorciers jumeaux. Il s'entendait bien dans leur enfance et leur adolescence. C'est leur entrée dans l'âge adulte qui a tout fait basculer. Leur lien devenait de plus en plus fort avec l'âge, et cela les faisait devenir malfaisants et perfides. Ils se servaient de leur pouvoir supplémentaire pour mieux contrôler les gens. Malheureusement, un grand pouvoir ne vient pas sans grands défauts. Cela les faisaient devenir fous à lier. L'un des deux souhaitait souvent le pouvoir pour lui seul, alors il se servait des visions qu'il pouvait envoyer à l'autre pour lui faire perdre la raison. Sauf qu'une fois l'un des deux morts, le pouvoir disparaissait avec lui. Le frère resté vivant s'est suicidé quelques mois plus tard. Il avait été envahi d'une forme maléfique plus forte que lui. Son pouvoir s'était retourné contre lui.

   Je restai silencieuse quelques minutes, essayant d'analyser ce que Dumbledore venait de me dire. Harry et moi possédions un pouvoir en plus ? Nous pouvions nous envoyer des visions ?

   — J'ai juste une question... Non, deux plutôt.

   — Je t'écoute.

   — Est-ce qu'Harry et moi avons un risque de devenir aussi méchants que les deux frères de la légende ?

   — Je me doutais que tu poserais cette question... À priori, vous ne voulez pas régner sur le monde au moyen de vos pouvoirs ?

   — Non, vraiment pas.

   — Alors tout va bien. Mais il y a tout de même un risque. Je te demande de faire très attention à la relation que tu entretiens avec ton frère, à l'avenir.

   — D'accord, très bien... Et ces visions, que l'on peut s'envoyer, elles sont uniquement sous forme de rêve ? Ou on peut s'en envoyer à tout moment de la journée ?

   — Lorsqu'Harry te l'as envoyée, tu dormais : tu l'as donc vue sous forme de rêve. Si tu avais été éveillée, tu aurais reçu la vision normalement. Enfin, c'est ce que je crois... Je ne suis pas expert en la matière, je peux me tromper. Tu auras les réponses à tes questions en grandissant et en développant ce pouvoir.

   — D'accord...

   Je n'arrivais pas à me rendre compte de ce qui m'arrivait. On venait de découvrir l'existence d'un nouveau pouvoir qui nous habitait, Harry et moi et je ne savais même pas comment m'en servir. Harry avait réussi... Était-ce inconsciemment ? Savait-il qu'il pouvait m'envoyer des visions ? Je n'aurais qu'à lui demander... Lorsqu'il reviendrait.

///

   Je ne sais pas combien de temps j'étais restée dans le bureau de Dumbledore, assise sur un tabouret près de la cheminée, à penser à Harry et à mes deux amis Weasley, coincés dans la Chambre des Secrets, en espérant qu'ils nous reviennent rapidement et surtout entiers.

   On toqua à la porte. Toutes les têtes se tournèrent dans la même direction. La porte du bureau s'ouvrit dans un grincement et Harry, Ron, Ginny et Lockhart apparurent, accompagnés de Fumseck qui vint se poser sur son perchoir. Dumbledore le félicita. Mr et Mrs Weasley se précipitèrent vers leur fille. Quant à moi, je me jetai dans les bras de mon frère et l'enlaçai avec émotion.

   — Je suis désolée, tellement désolée... Oh, Harry, pendant un instant j'ai bien cru que...

   — Ça va, ne t'en fais pas. Je vais bien.

   — Je suis désolée..., soufflai-je.

   — Pourquoi ?

   — Pour m'être énervée quand tu as voulu aller voir Lockhart... J'ai eu tort, excuse-moi...

   — C'est rien, ça, c'est pas important.

   — J'ai eu tellement peur... J'ai vu la vision que tu m'as envoyée, je l'ai rêvée, et je suis directement venue ici... Comment as-tu su que nous pouvions nous envoyer ce genre de vision ?

   — À vrai dire, je ne le savais pas. Ça m'est venu instinctivement.

   — Dumbledore dit que c'est parce que nous sommes jumeaux... Nous avons un pouvoir en plus... Mais il te l'expliquera mieux que moi.

   — En parlant de Dumbledore, que fait-il ici ?

   — Je ne sais pas... Il était déjà là quand je suis arrivée.

   Je me détachai de mon frère et le regardai en souriant.

   — Je suis tellement heureuse que tu t'en sois sorti entier.

   — C'est grâce à Fumseck... Il est venu m'aider. Il m'a apporté le Choixpeau, et j'ai trouvé l'épée de Gryffondor dedans., dit-il en me désignant l'épée incrustée de rubis qu'il tenait dans sa main.

   — C'est pour ça que Fumseck t'as amené le Choixpeau..., murmurai-je en scrutant l'épée.

   — Comment ?

   — Rien. Dumbledore te diras tout, ne t'en fais pas.

   Mrs Weasley se précipita alors sur lui et le serra dans ses bras. J'en profitai pour faire de même avec Ron et Ginny, que j'embrassai sur la joue.

   — Vous lui avez sauvé la vie ! Comment avez-vous fait ?

   — C'est ce que nous aimerions tous savoir., dit alors le Professeur McGonagall, l'air soulagé.

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Chapitre assez court mais riche en émotions ! Qu'en avez-vous pensé ? Dites-moi tout ! À bientôt.