Après ce jour, Drago m'a plusieurs fois invitée à le rejoindre après le couvre-feu. Comme nous ne nous voyions pas souvent en journée, nous nous retrouvions la nuit un peu partout. Pendant un cours en commun, ou lors du repas, il m'envoyait des petits mots écrits sur un bout de parchemin pour donner l'heure et le lieu du rendez-vous. Ça nous amusait de nous retrouver seuls dans le château endormi, sans personne pour nous dire quoi que ce soit. On a essayé d'aller dehors, mais on a vite déchanté lorsqu'on a senti la température chuter. On s'est retrouvé dans des salles de classes, ou dans la tour d'astronomie. Un soir, vers minuit, Peeves nous a surpris et a menacé de prévenir Rusard, qu'on avait jusqu'ici réussi à éviter. Il s'est mit à crier comme une alarme incendie et nous avons dû nous enfuir et aller nous enfermer dans un placard à balai. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dedans, serrés comme des sardines, mais lorsque nous sommes ressortis, Peeves était parti. Nous avons décidé d'aller nous coucher avant d'avoir plus d'ennuis.

   Je reçus la réponse de Sirius le vendredi soir. Je m'isolai dans un coin de la Salle Commune pour la lire sans qu'Harry ne vienne s'y intéresser. Ça m'aurait étonné, vu qu'on était toujours un peu en froid. J'essayai cependant d'arranger la situation avant la première tâche, qui se déroulait samedi. Je voulais qu'il se sente soutenu le plus possible. Il m'avait dit un jour que si je n'étais pas là pour l'encourager, même si il y avait des milliers de personnes qui le faisait, il abandonnerait très vite. Ça m'avait énormément touché alors je ferais le maximum.

   Je me concentrai sur la lettre.

   Ma chère Lizzie,

   Ça m'a fait plaisir que tu prennes toi-même de mes nouvelles. Ça va très bien, merci. Et oui, je suis au courant pour le Tournoi. Je comprends ton ressenti mais sache que lorsque la Coupe choisit un sorcier, c'est impossible de revenir en arrière... Ils devraient faire des exceptions, Harry est beaucoup trop jeune pour participer à une compétition de cette envergure.
   Mais, passons. J'ai lu ta requête attentivement. Comprends bien que je t'aiderai avec plaisir, même si je pense que tu as raison en disant que Remus ne serait pas d'accord. Mais je pense ne pas être le mieux placé pour refuser une demande telle que celle-ci. Ce n'est pas dangereux, mais c'est quelque chose de très compliqué à accomplir. Je sais que tu es courageuse, ma grande. Aussi, tu trouveras le déroulement de la transformation étape par étape dans le parchemin joint à celui-ci.
   Bon courage, Lizzie. Je sais que tu peux y arriver. Remus sera très fier de toi.

Sirius.

   Il ne fallut pas plus de la dernière phrase pour me faire monter les larmes aux yeux. Je saisis le second parchemin et le dépliai.

Étape 1 : Conserve une feuille de mandragore pendant un mois entier (entre deux pleines lunes) dans ta bouche. Oui, un mois entier, tu as bien lu. Je t'avais prévenue, ce n'est pas aussi simple que de dompter un Niffleur. Il ne faut en aucun cas que tu retires ou que tu avales cette feuille, sinon tu devras recommencer.

Étape 2 : À la pleine lune, un mois plus tard, retire la feuille de ta bouche et place la (baignée de salive) dans une fiole en cristal exposée au clair de lune. Si tu ne vois pas la lune cette nuit-là, tu devras tout recommencer depuis le début. Ajoute à la fiole un de tes cheveux ainsi que la chrysalide d'un Sphinx tête-de-mort (c'est un papillon de nuit, tu en trouveras dans la Forêt Interdite). Place la fiole dans un endroit sombre et calme, et veille à ce qu'il ne soit pas dérangé jusqu'au prochain orage.

Étape 3 : En attendant l'orage, à chaque lever et coucher du soleil tu dirigeras ta baguette vers ton cœur et tu répéteras "Amato Animo Animato Animagus". L'orage peut prendre longtemps à venir. Pendant cette période, résiste à la tentation d'aller voir ta fiole. Cela engendrerait les pires mutations possibles. Au bout d'un moment, tu finiras par percevoir un second battement de cœur quand tu réciteras la formule.

Étape 4 : Dès que tu verras un éclair, vas voir ta potion rapidement. Elle sera normalement devenue rouge sang.

Étape 5 : Rends-toi dans un endroit sûr et éloigné des regards où tu pourras te transformer (nous étions dans la Forêt Interdite). Récite la formule ci-dessus en pointant ta baguette vers ton cœur puis avale la potion d'un trait.

Étape 6 : Si tout se passe comme prévu, ton rythme cardiaque sera deux fois plus rapide et tu peux éprouver quelques douleurs mais ne panique surtout pas et garde ton calme. Il est trop tard pour faire marche arrière. Réfléchis bien, Lizzie.

Étape 7 : L'apparence de l'animal dont tu prendras la forme apparaîtra clairement dans ton esprit. Durant la transformation, tes vêtements fusionneront avec la fourrure ou les plumes de l'animal.

Étape 8 : Pour retrouver ta forme humaine, pense très fort à ton aspect physique dans ton esprit. Visualise le bien. Ne panique pas si ça ne marche pas tout de suite.

Avec le temps, tes transformations deviendront plus faciles, et tu pourras te métamorphoser à volonté. Il suffira dorénavant de visualiser l'animal dans ton esprit.

J'espère ne pas t'avoir découragée. Aie confiance en toi et tout se passera bien.

Je suis content que tu fasses appel à moi, d'ordinaire tu signes seulement les lettres d'Harry. Cela nous permet d'échanger un peu plus. Je n'aurais pas supporté de ne pas pouvoir communiquer avec vous deux.

À bientôt. Sirius.

   Je posai les parchemins sur mes genoux et réfléchis. La pleine lune de ce mois-ci serait mardi de la semaine prochaine. J'avais noté toutes les pleines lunes pour Remus et ses transformations. Je pensais à lui quand ça se passait et d'un côté ça me rassurait. D'ici mardi, il fallait que je me procure une feuille de mandragore. Je n'aurais qu'à aller dans la serre numéro trois, où elles étaient entreposées. C'était également la serre où l'on travaillait en ce moment en Botanique, alors ça ne devrait pas être très compliqué. Ce qui me paraissait plus difficile, c'était de la garder un mois entier dans ma bouche sans soulever des questions auprès de mon entourage...

   Qu'importe, ce n'était pas le principal pour l'instant. J'avais entre mes mains de quoi réaliser mon rêve ! Il fallait que je partage mon bonheur avec quelqu'un. Je parcourus la Salle Commune de Gryffondor d'un œil brillant. Je croisai le regard d'Harry mais mon cher frère jumeau détourna ses yeux immédiatement. Je souris et me dirigeai vers lui, toute guillerette. Je lui tapotai l'épaule. Il plongea son regard émeraude dans le mien, identique. Je lui fis un énorme sourire. Derrière ses lunettes rondes, des larmes se mirent à perler au coin de ses yeux. Il se leva et, comme si nous nous étions concertés juste avant, nous nous jetâmes dans les bras l'un de l'autre.

   — Je suis tellement désolé, Lizzie..., souffla-t-il, sanglotant. Le stress du tournoi me rend exécrable, je m'en rend compte maintenant... Je t'ai fait souffrir, Hermione aussi... Ron ne veut plus me parler... Je ne voulais pas ça, je ne voulais pas te crier dessus... Pardonne-moi...

   — Je vais être sincère, Harry, je t'en ai un peu voulu. Mais seulement pendant une heure., ris-je.

   — Moi je n'ai pas arrêté de m'en vouloir.

   — C'est oublié, maintenant, tout va bien.

   Harry renifla et hocha la tête.

   — De qui était la lettre que tu lisais ?

   Vite, une idée.

   — De Nymph'.

   — Elle va bien ?

   — Très bien. Apparemment, le Ministère est très contente d'elle. Ils comptent même lui offrir une prime. Il faut dire qu'ils manquent d'Aurors, mais elle le mérite. J'ai toujours su qu'elle ferait une Auror très douée.

   Il ne faut pas croire que j'ai autant d'imagination. Je ressors seulement ce qu'elle m'a dit dans sa lettre la semaine dernière.

   — Elle te manque ?

   — Beaucoup. Mais on s'envoie beaucoup de lettres, et on se voit aux grandes vacances. Et puis, j'ai mon frère jumeau avec moi alors que demande le peuple ?

   — Le peuple je ne sais pas, mais le frère jumeau demande un gros câlin.

   Je levai les yeux au ciel, amusée, et le serrai une nouvelle fois dans mes bras.

   — Alors, tu as trouvé une solution pour la première tâche ?, lui demandai-je alors que nous nous étions assis sur un fauteuil près du feu.

   — Je ne sais pas... Le Professeur Maugrey me conseille d'utiliser mon balai mais-

   — C'est une super bonne idée !

   — Lizzie, je n'aurais droit d'entrer qu'avec ma baguette.

   — Entrer, oui, ce qui veut dire que pendant l'épreuve tu pourrais appeler ton balai et t'en servir.

   — Comment tu veux que je l'appelle ? Tu... Tu crois qu'il m'entendra ?

   — Non ! Je ne parle pas de l'appeler avec ta voix, je te conseille de l'appeler avec ta baguette !

   — Il y un sortilège pour ça ?

   — Bien sûr, il y a le Sortilège d'Attraction. Tu devrais écouter en cours un peu plus souvent, si tu veux mon avis...

   — Ah, oui. Je n'y avais pas pensé... Tu pourrais me l'apprendre ?

   — Le mien n'est pas très productif... Je n'y arrive qu'avec des petits objets. Mais je connais quelqu'un qui pourrait t'aider.

   Harry afficha un air interloqué.

   — Enfin, Harry, qui est-ce qui réussit tout mieux que tout le monde ? C'est censé être ta meilleure amie, je te rappelle !

   — Hermione... Où est-elle ?, dit-il en se levant brusquement.

   — À la bibliothèque, mais-

   — Il faut y aller tout de suite.

   — Harry, on va bientôt descendre dîner... Après, on aura tout le temps de s'entraîner. D'ailleurs, ce soir je mange avec Ron. Tu veux venir ?

   — Non. Ce n'est pas la peine. Après le couvre-feu, on se retrouve toi, Hermione et moi dans la Salle Commune. On trouvera bien une salle de classe vide pour s'entraîner.

   — D'accord... Prends ta cape d'invisibilité, on ne sait jamais avec Rusard, Miss Teigne ou même encore Peeves. Celui-là devient particulièrement actif à partir de minuit..., marmonnai-je pour moi-même.

   — Pourquoi, t'en as fait l'expérience ?

   — Non ! Pourquoi tu dis ça ?

   Oups. J'avais été un peu agressive en lui répondant.

   — Eh, tout doux ! J'ai rien dit de mal...

   — Excuse-moi... C'est ma mauvaise période, ça me rend hargneuse.

   Ça marche toujours. Comme prévu, Harry rougit d'un seul coup et bégaie un "ahpardonjesavaispas" d'une traite. Il n'a jamais été à l'aise avec les "trucs de filles". "L'alerte rouge" comme on les appelle avec Hermione et Sally-Anne. Entre filles, ça n'est absolument pas tabou. Avec mon frère, ça l'est beaucoup plus...

   En parlant de Sally, elle a été indignée pour le Tournoi. Elle ne trouvait pas normal qu'on laisse concourir un élève aussi jeune. Le Tournoi était dangereux, mortel même. Samuel, le grand frère de Sally — en sixième année à Poufsouffle — était lui aussi grandement choqué par l'organisation. Il trouvait ça insensé et irréfléchi (on croirait entendre Fleur Delacour). Mais il m'avait promis de soutenir Harry. Je l'avais remercié chaleureusement, il en avait bien besoin.

   La jolie Fleur, quant à elle, m'avait un peu laissée de côté pour son entraînement intensif. Lorsqu'on se croisait, elle me faisait de grands sourires mais ça s'arrêtait là. Elle était gentille, au final, même si elle était un peu hautaine. C'était sûrement son éducation. Les français étaient très à cheval sur l'éducation, apparemment. Les filles de Beauxbâtons avaient toutes le dos bien droit, le menton levé, elles parlaient bien et distinctement, elles étaient raffinées... Elles avaient la classe, quoi ! Je me suis parfois surprise à les jalouser, tant elles dégageaient la perfection. Mais Ron m'avait assuré que je n'avais rien à leur envier à un moment où on les a croisé au détour d'un couloir.

   Je ne savais plus comment me comporter avec lui. Depuis qu'Hermione m'avait dit qu'il en pinçait secrètement pour moi, j'analysais tous ses faits et gestes et ça en devenait insupportable. Je ne pouvais plus passer un bon moment avec lui sans y penser et je m'éloignais
automatiquement. J'aimerais régler cette histoire une bonne fois pour toute. Mais je n'ose pas lui en parler... C'est vraiment affreux. J'espère que ces réflexions ne vont pas m'envahir ce soir, je souhaiterais juste passer un bon repas avec mon meilleur ami.

   En parlant du loup, Ron venait de descendre de son dortoir. En voyant que j'étais avec Harry, il alla s'asseoir à l'opposé. Harry le suivait du regard.

   — Tu peux aller le voir, si tu veux., me dit-il.

   — Ça ne te dérange pas ?

   — Non, vas-y. On se retrouve après de toute façon.

   J'hochai la tête et lui embrassai la joue. J'allai m'asseoir à côté de Ron.

   — Vous vous êtes réconciliés ?, me demanda-t-il, intéressé.

   — Oui. Et vous devriez en faire de même.

   Il leva les yeux au ciel.

   — Je suis très sérieuse, Ron ! Ça commence à bien faire, votre embrouille d'enfants de cinq ans.

   — J'aimerais qu'on se réconcilie, Liz', vraiment ! Mais qu'est-ce que tu veux que je lui dise ?

   — Que tu t'excuses sincèrement. C'est aussi simple que ça.

   — On verra...

   La cloche pour le dîner retentit.

   — Bon, allons-y., dis-je à mon meilleur ami.

   Parler de la dispute avec Harry avait plombé le moral de Ron, presque tout autant que ma réconciliation avec celui-ci. Je pense que Ron se sentait rassuré de savoir qu'il n'était pas le seul à être en embrouille avec son meilleur ami. Mais je ne pouvais pas ignorer mon frère plus longtemps... Et lui non plus. Je le voyais bien : parfois, en cours, il hésitait à aller s'asseoir à côté de lui, ou à lui lancer une vanne qui les aurait fait rire en temps normal. Notre petit quatuor était divisé, et je priais Merlin, Morgane ou encore Circé pour que ça ne dure plus. Malheureusement, ça ne marchait pas comme ça. Il semblerait que leur caractère de cochon prenait le dessus sur le reste.

   Nous arrivâmes dans la Grande Salle, et prîmes place à la table des Gryffondor. Nous fûmes rapidement rejoints par Ginny et les jumeaux.

   — Comment tu vas, Lizzie ?, lança Fred. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus !

   — Si vous passiez moins de temps à ouvrir des paris sur qui restera vivant à la fin du Tournoi, on se verrait peut-être plus., répondis-je du tac au tac.

   Fred et George se concertèrent du regard et nous explosâmes de rire.

   — On aurait quelques nouveautés à te faire tester., me confia George une fois calmé.

   — C'est vrai ? Vous avez quoi maintenant ?

   — Des nougats Néensang,

   — Ah, super ! Quand est-ce que je les teste ?

   — Quand tu veux !

   — On se dit dimanche ? Vous n'aurez qu'à venir me chercher et on ira s'isoler dans un coin du parc.

   — Super. C'est gentil à toi de collaborer.

   — C'est normal., leur assurai-je en buvant une gorgée de mon jus de citrouille.

   Nous passâmes un repas dans la joie et la bonne humeur, enchaînant les fous-rire à cause des jumeaux qui s'amusaient avec la nourriture ou de Ginny qui défiait Fred sur un concours de grimaces. Seul Ron restait un peu plus calme qu'à l'ordinaire. Si mes mots l'avaient fait réfléchir, je ne pouvais que m'en féliciter. Maintenant, ce que j'espérais, c'était qu'il réagisse.

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J'espère que ce chapitre vous a plu ! Je ne vais pas vous le cacher, en ce moment je suis un peu en manque d'inspiration pour cette histoire... Du coup, j'ai pas mal avancé sur d'autres projets (dont ma fanfiction sur le Seigneur des Anneaux). Mais, ne vous en faites pas, je vais me reprendre rapidement !
Et j'ai également quelque chose à vous révéler : j'ai prévu un deuxième tome à cette fiction. Cela racontera les années collège de la nouvelle génération. Lizzie sera omniprésente dans cette histoire, même si elle n'est plus à Poudlard. Mais vous verrez bien haha, pour l'instant laissez-moi terminer cette histoire x)
À bientôt💜

P-S : je viens de voir que pour la transformation Animagus, nous ne choisissons pas l'animal dont on prend la forme. Alors excusez-moi si vous le saviez et que cela vous a dérangé, j'ai modifié la lettre de Sirius😅