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9 Jeter l'éponge !

Le soir venu, je n'ai pas du tout envie de me retrouver seule au monde, seule à la maison. Sauf qu'à vingt-cinq ans, je ne peux quand même pas faire un caprice en suppliant mes parents de ne pas aller dîner chez leurs amis, de ne pas m'abandonner. Ce serait pitoyable et j'ai déjà assez donné de ce côté-là.

—Bonne soirée, Lise. Il reste du poulet dans le frigo, me dit ma mère pendant que mon père l'aide à enfiler son manteau.

—À demain, Lisounette.

Simon me fait un petit bisou sur la joue. J'ai la boule au ventre, mais je donne le change et fais semblant d'aller bien. Encore une fois, j'ai enfilé mon masque du bonheur, ce cache-misère qui me permet de ne pas inquiéter mes proches. Je camoufle mes larmes, dissimule mes cernes et souris. Ce soir, je vais les laisser s'amuser, ils le méritent, et je suis une grande fille.

À peine ont-ils franchi le seuil de l'entrée que je sens mon cœur se serrer. La maison est trop calme, trop vide, trop déprimante.

Au bord des larmes, je décide de me révolter et serre fort les poings, déterminée comme jamais à me battre comme cette chouineuse dépressive qui essaye de refaire surface à la moindre contrariété. Je ne chialerai pas, je ne chialerai plus.

Non, non et non.

Je pars fissa dans la salle à manger, ouvre le bar en acajou de mes parents et y prends une bouteille pleine de tequila.

Ce soir, je ne noierai pas mon chagrin dans les larmes, mais dans l'alcool.

—À la tienne, Lisounette, me souhaité-je à moi-même.

J'avale cul sec cinq ou six grosses gorgées, puis m'essuie la bouche avec le revers de ma manche. Je grimace et tire la langue. C'est comme si ma trachée venait de s'enflammer. Je bois encore. Je veux oublier. Ne plus rien ressentir. Ne plus avoir ce poids dans l'estomac, ce nœud dans la gorge. Je me laisse doucement glisser le long du mur pour finir assise en tailleur sur le plancher, à côté de ma réserve de Tequila qui ne va pas faire long feu.

Pourquoi c'est ça ma vie ?

Qu'est-ce que j'ai foiré ?

A quel moment précisément ?

J'ai à peine englouti un quart de la bouteille que je commence déjà à avoir la tête qui tourne. Je n'ai jamais bu autant et aussi vite. Je suis comme dans un tour de manège, sans le manège. Des flashs de mon bonheur passé, disparu, pouf évaporé, se mettent à tourbillonner.

Le regard dans le vague, je tombe soudain sur l'un des albums de Daniel Balavoine. La petite boîte carrée est rangée au milieu des autres CD de mon père. Il écoute beaucoup de chanteurs français et a d'ailleurs une belle collection à son actif.

Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Renaud, Hubert Felix Thiefaine, Leo Ferré...

Je me relève, attrape l'album Sauver l'amour, sors le disque pour le mettre dans le lecteur de la chaîne hifi du salon. Je règle le volume au maximum, choisis la piste numéro 2, puis appuie sur Play.

« Comme un fou va jeter la mer

Des bouteilles vides et puis espère

Qu'on pourra lire à travers

S.O.S. écrit avec de l'air

Pour te dire que je me sens seul

Je dessine à l'encre vide un désert... »

—Et je cours, je me raccroche à la vie, chanté-je à tue-tête, complètement déprimée, la bouteille de Tequila à la main.

Je l'écoute en boucle et finis totalement soûle. Aimer, au début ça picote. On a des fourmis plein les jambes et des papillons dans le ventre. Mais à présent, j'ai le bourdon et ça me fait si mal partout à l'intérieur que je peine à respirer.

J'ai perdu l'amour de ma vie, je ne sers plus à rien.

En pleurs, je zigzague jusque dans la chambre de mes parents. Je cherche à tâtons l'interrupteur à côté de la porte, allume la lumière puis me rue vers la table de chevet de ma mère, là où elle y range ses médocs, ceux qui lui ont servi l'année dernière lorsque papi René est décédé.

De retour dans le salon, Daniel en fond sonore, j'avale sans réfléchir une poignée de somnifères arrosant le tout avec le fond d'alcool qu'il me reste.

—Adieu Jules, j'espère que tu viendras à mon enterrement, beuglé-je, à genoux sur le sol. Adieu les filles, ne m'oubliez pas. Sophie, occupe-toi bien de ton bébé, toi, Juliette, deviens riche et célèbre avec tes foulards Hermès. Adieu maman, adieu papa, merci de...

Mais soudain, je réalise mon geste. Un geste inconsidéré et hâtif.

Je tremble comme une feuille.

—Oh non, Simon, mon petit frère, sangloté-je.

Les yeux voilés de larmes, je viens de commettre la chose la plus irrationnelle de toute mon existence. Je viens d'essayer de mettre fin à mes jours sur un coup de tête alors que j'ai encore trois tonnes de trucs à vivre, à découvrir.

Je souhaite voir mon frère grandir, se transformer en beau jeune homme avec des poils sur le torse et aux aisselles. Je veux rencontrer la fille ou le fils de Sophie et puis, qui sait, peut-être qu'après, je deviendrai aussi maman. J'aurais à mon tour un ventre rond avec à l'intérieur, un p'tit mec que j'appellerai James. J'adore ce prénom. Jules aussi.

Et s'il m'aime encore ?

Si notre histoire n'est pas terminée ?

Comment le saurais-je maintenant ?

Et mes parents. Quelle horreur. Ils ne s'en remettraient jamais.

Paniquée, j'ai dessoûlé direct. Je me jette sur le téléphone fixe dans le vestibule. Le front perlé de sueur, je compose le numéro du portable de ma mère. Ça sonne.

—Allez, décroche, mais décroche.

—Oui, allô ?

—Allô maman. J'ai fait une énorme connerie. J'étais malheureuse et j'ai beaucoup bu, votre tequila, enfin j'veux dire, j'ai trouvé Daniel et en l'écoutant, je voulais partir, alors j'ai pris tous tes médicaments, ceux pour papi, mais en fait, je ne veux plus mourir, je te le promets... baragouiné-je.

—Quoi ? Je ne comprends strictement rien, Lise. Tu es ivre ?

—Oui, et j'ai avalé ton flacon de somnifères. Mais je suis encore jeune. Après l'orage, le beau temps, non ?

—Oh mon Dieu ! On arrive, Lise. Patriiiiiiick, on s'en va. Lise a tenté de se suicider, hurle-t-elle à l'autre bout du fil.

—Elle a fait quoi ? j'entends mon père beugler. Simon, prends ton manteau.

—Lise, tu m'entends chérie ?

—Ouais, de loin.

Je baille aux corneilles. Efficace son Lexomil. Je me sens partir sans que je ne puisse rien y changer. Je lutte. Je dois être plus forte que l'effet des cachets et de l'alcool parce que se suicider sur un malentendu dans un rapide moment d'égarement, c'est assez bête comme fin. Moi qui adore les happy end et les téléfilms de Noël bien cucul, voilà que je me plante en beauté et transforme mon histoire en tragédie.

—On est en route là, moi je reste avec toi et ton père appelle le Samu.

—C'est Simon qui conduit ? je plaisante, les paupières mi-closes.

—Lise, écoute-moi attentivement.

—Attentivement, hum, ça va être dur.

J'ai les jambes en coton.

—Lise, enfonce tes doigts dans ta gorge, tu dois absolument te faire vomir.

—Dégueux !

—Lise ! Vomiiiiis.

—J'vais essayer. Je me dirige vers les toilettes là.

Sauf que même une limace au pic du soleil aurait été plus rapide que moi.

—C'est bien Lise, on n'est plus très loin ma puce. Écoute ma voix.

—Je... j'y suis presque.

Quand quelque chose me coupe subitement la route, fonçant de plein fouet dans mes tibias.

—Miaou.

Je m'entrave au ralenti dans Perlipopette qui s'enfuit en courant alors que totalement déséquilibrée, je m'étale tête la première contre la porte clause des WC.

Je ressens une immense douleur au nez, puis plus rien. Le néant. 

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