L'étreinte du danger
La porte de l’auberge claqua doucement derrière elle, et Aëlis sentit immédiatement l’air glacé des Plaines Sanguines mordre sa peau. Devant elle, Kael avançait d’un pas sûr, sa silhouette sombre semblant se fondre dans la nuit. Ses mouvements étaient fluides, presque félins, comme s’il n’était qu’une ombre parmi d’autres. Elle hésita un instant, observant son dos, luttant contre une envie instinctive de reculer.
Mais elle le suivit.
Le chemin rocailleux s’étirait devant eux, bordé de buissons noirs aux branches tordues. Aëlis resserra sa cape autour d’elle, non pas pour le froid, mais pour calmer le léger tremblement qui s’insinuait dans ses doigts. Kael ne disait rien, mais sa présence emplissait l’espace, comme une tension électrique.
— Tu comptes rester derrière ? lança-t-il soudain, sa voix grave brisant le silence.
Elle redressa la tête, piquée par la provocation.
— Peut-être que je réfléchissais à l’idée de ne pas te suivre, répliqua-t-elle, son ton aussi tranchant qu’un rasoir.
Kael tourna légèrement la tête, révélant un sourire énigmatique sous la capuche qui couvrait partiellement son visage.
— Et pourtant, te voilà, murmura-t-il.
Il n’y avait ni moquerie ni jugement dans ses mots. Juste une certitude qui l’irritait. Aëlis accéléra le pas pour réduire la distance entre eux, mais à chaque fois qu’elle se rapprochait, Kael semblait glisser plus loin, comme une ombre insaisissable.
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Ils arrivèrent dans une clairière étrange, où la lumière voilée de la lune semblait hésiter à pénétrer. Les rochers noirs, couverts de fissures, luisaient faiblement, et les arbres autour d’eux, tordus et menaçants, projetaient des ombres mouvantes sur le sol.
Kael s’arrêta au centre et se tourna vers elle. Sa stature imposante et ses yeux gris métalliques, brillants comme de l’acier poli, captèrent immédiatement son attention. Il ne bougeait pas, mais sa simple présence suffisa à faire naître un frisson le long de l’échine d’Aëlis.
— Pourquoi me suis-tu ? demanda-t-il, sa voix douce mais teintée d’une curiosité glaciale.
Elle se planta face à lui, croisant les bras pour dissimuler son trouble.
— Peut-être que je veux savoir pourquoi un homme des Hauts Éclipses traîne dans un endroit comme les Plaines, répondit-elle.
Kael esquissa un sourire, mais son regard s’assombrit légèrement.
— Curiosité… ou fascination ? murmura-t-il.
La question, glissée comme une caresse empoisonnée, fit vaciller Aëlis. Il la regardait comme s’il voyait chaque pensée qu’elle cherchait à dissimuler. Elle détourna les yeux, refusant de laisser paraître le moindre signe de faiblesse.
— Tu te surestimes, répliqua-t-elle sèchement.
Kael fit un pas vers elle, lentement, réduisant l’espace entre eux. Sa démarche était fluide, presque prédatrice. Lorsqu’il s’arrêta, il était si près qu’elle pouvait sentir la chaleur qui émanait de lui, une chaleur étrange et réconfortante au milieu de cette nuit glaciale.
— Les mots sont inutiles quand le silence parle aussi fort, murmura-t-il.
Le souffle d’Aëlis se bloqua un instant. Chaque fibre de son être lui criait de reculer, mais ses jambes refusaient d’obéir. Ses yeux glissèrent involontairement sur ses traits anguleux, sur la ligne de sa mâchoire, sur la fine cicatrice qui traversait sa clavicule visible sous sa chemise noire. Tout en lui semblait calculé pour attirer, mais aussi pour terrifier.
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Un craquement sec retentit soudain, brisant l’intimité du moment. Kael pivota aussitôt, son expression passant d’une sérénité troublante à une vigilance tranchante. Il leva une main pour intimer le silence à Aëlis.
— Nous ne sommes pas seuls, dit-il, sa voix redevenue dure.
Aëlis recula instinctivement, posant une main sur la dague dissimulée sous sa cape. Ses yeux parcoururent les ombres mouvantes autour d’eux, à la recherche de la menace.
Une silhouette surgit brusquement des arbres, un homme armé d’une épée rouillée qui brillait faiblement à la lumière de la lune. Il se jeta sur eux, mais Kael bougea avant qu’Aëlis ne puisse réagir. Il tendit une main, et une lumière argentée jaillit de ses doigts, frappant l’assaillant en pleine poitrine. L’homme s’effondra, son arme tombant avec fracas sur le sol.
Aëlis resta figée, les yeux écarquillés.
— Qu’est-ce que c’était ? souffla-t-elle, son souffle court.
Kael ne répondit pas. Ses yeux scrutaient l’obscurité, où deux autres silhouettes émergeaient. L’une tenait une hache, l’autre une lame courbe, et leurs mouvements étaient lents, mesurés.
— Reste en arrière, ordonna-t-il, sans même la regarder.
Mais Aëlis n’était pas du genre à obéir. Elle dégaina sa dague et se plaça à ses côtés, le regard dur.
— Je n’ai pas besoin qu’on me protège, lança-t-elle.
Kael tourna brièvement la tête vers elle, et pour la première fois, une lueur d’admiration traversa ses yeux. Mais il n’eut pas le temps de répondre. Les deux ennemis attaquèrent simultanément.
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Le combat fut rapide, brutal, presque chorégraphié. Kael se déplaçait avec une fluidité surnaturelle, esquivant les coups avec une précision terrifiante. À chaque mouvement, sa cape semblait danser autour de lui, ajoutant à l’aura presque irréelle qui l’entourait. Lorsqu’il saisit le poignet d’un des assaillants, une lumière argentée jaillit à nouveau, brûlant la peau de l’homme qui hurla avant de s’écrouler.
Aëlis, de son côté, bougeait avec agilité. Sa dague scintillait sous la lumière de la lune, rapide et précise. Lorsqu’elle planta la lame dans la gorge de son adversaire, elle sentit une chaleur poisseuse éclabousser ses doigts. Le bruit humide du corps qui s’effondrait la fit frissonner, mais elle n’hésita pas.
Quand le silence retomba enfin, elle se tourna vers Kael, son souffle court. Il se tenait là, immobile, essuyant calmement une goutte de sang sur son manteau. Aucun signe de fatigue sur son visage.
— Qui étaient-ils ? Et pourquoi te cherchent-ils ? demanda-t-elle.
Kael releva les yeux vers elle, et son sourire énigmatique réapparut.
— Des hommes qui pensent que je leur dois quelque chose.
— Et tu leur dois ? insista-t-elle.
Son sourire s’élargit légèrement.
— Peut-être.
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Alors qu’il s’approchait d’elle, elle recula instinctivement, mais il réduisit encore la distance. Ses yeux gris accrochèrent les siens, et le monde sembla s’arrêter un instant.
— Tu te bats bien, murmura-t-il, sa voix grave résonnant comme un murmure de promesse.
Elle leva le menton, refusant de montrer son trouble.
— Je n’ai pas survécu ici en restant immobile, répliqua-t-elle.
Kael esquissa un sourire. Il leva une main, effleurant une mèche de ses cheveux d’un geste lent et calculé. La chaleur de sa peau contre ses mèches froides la fit frissonner malgré elle.
— Tu es fascinante, Aëlis, dit-il doucement, sa voix emplie d’une sensualité presque dangereuse.
Elle repoussa sa main, son regard dur.
— Ne joue pas à ce jeu avec moi.
Il recula légèrement, mais son sourire ne disparut pas. Au lieu de cela, il laissa son regard glisser sur elle, avant de tourner les talons.
— Viens. Nous ne sommes pas en sécurité ici.
Aëlis le suivit, mais son cœur battait encore violemment. Kael était plus qu’un mystère : il était une promesse de danger et de désir qu’elle n’était pas sûre de pouvoir affronter. Pourtant, chaque pas qu’elle faisait derrière lui l’entraînait un peu plus loin dans une ombre dont elle ne pourrait peut-être jamais sortir.
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