Lil Uzi Vert - Seven Million (ft. Future)

Lorsque j'ai appris que mon père était dans le coma, j'eus l'impression d'être dans un autre monde. Plein de choses défilèrent dans ma tête et je perdis progressivement conscience de ce qui m'entourait.

Chris - Putain ! C'est quoi tous ces embouteillages ?

Mes mains ne cessaient de trembler et ma respiration était irrégulière. Le chemin que nous empruntions pour aller à l'hôpital était habituellement désert. Sauf que là, on dirait bien que tous les automobilistes s'étaient donnés le mot pour ralentir le traffic.

Chris ne faisait que de me regarder avec inquiétude depuis le début du trajet. Il m'avait probablement murmuré quelques mots, mais j'étais beaucoup trop tourmentée pour les entendre. La seule personne que j'avais en tête, c'était bien évidemment mon père.

Voyant que mon anxiété n'était pas prête à diminuer, il posa délicatement sa main chaude sur mon avant-bras glacial, ce qui me fit directement relever la tête.

Chris - Il va s'en sortir, c'est obligé.

Moi - Qu'est-ce que t'en sais ? J'te rappelle qu'il est dans le coma Chris !

Chris - Peut-être mais les personnes qui sont dans le coma sont pas toutes destinées à y passer. Tu sais toujours pas ce qui lui est arrivé alors sois pas si pessimiste.

Moi - T'as raison. Je vais pas rester une minute de plus sans que l'on m'explique ce qui lui est arrivé.

De l'incompréhension était discernable dans son regard. En un rien de temps, j'ouvris la portière et sortis de sa voiture. J'étais désormais entourée d'une multitude de voitures, mais rien n'allait m'empêcher de les affronter.

Chris - Aly tu joues à quoi là ?!

Moi - À ton avis ?

Avant qu'il ne me réponde, je claquai la portière et m'engageai dans ce labyrinthe routier. Chris ne cessait de me crier de m'arrêter, de revenir dans la voiture et de me traiter de folle mais ma détermination était beaucoup trop forte pour que je fasse demi-tour.

Je me frayai un chemin entre les véhicules et n'hésitai pas à escalader ceux qui étaient trop imposants. Ils n'arrêtaient pas d'exprimer leur mécontentement en klaxonnant, mais cela ne m'empêcha pas de continuer mon chemin sans me retourner. Finalement, je réussis à arriver à la fin de ces embouteillages assez vite.

Cinq minutes de marche suivant cette escalade de voitures, j'arrivai enfin à l'hôpital. Après avoir demandé dans quelle chambre se trouvait mon père, je me rendis à l'étage où se situait cette dernière.

Je m'approchais de sa chambre et tournais à l'intersection qui m'y amènerait quand, soudain, je discernai ma mère en compagnie d'Azealia et Bryson. Ils étaient assis sur les sièges, situés juste à côté de la porte de la chambre.

Moi - Mais qu'est-ce que...

Maman - Tu ne répondais pas au téléphone et ils ne savaient pas où tu étais passée. C'est pour ça que je leur ai proposé de venir.

Moi - D'accord...Et papa ?

Maman - Il est en salle de réveil. Les médecins ont réussi à le réanimer mais il ne s'est pas encore réveillé.

Juste le fait de savoir que mon père était toujours vivant et hors de danger, ça m'avait entièrement soulagée. Mon angoisse s'éteignait petit à petit et j'arrivais de nouveau à respirer normalement.

Moi - Dieu merci...Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Maman - Il est tombé dans un coma éthylique après avoir bu trop d'alcool.

Moi - Oh non...Ne me dis pas qu'il est redevenu accro à ça ?

Maman - Pour tout te dire Aly, j'en ai pas la moindre idée.

Trois choses m'accablaient énormément dans toute cette histoire. La première, le fait que mon père ait replongé dans l'alcool. La deuxième, le fait que cela a failli lui coûter la vie. La troisième, le fait qu'il se soit réfugié auprès de l'alcool seulement deux jours après le départ de Fetty.

C'est toujours quand je suis absente qu'il se passe des choses pareilles à la maison. Et c'est peut-être un signe d'ailleurs...

Ma mère n'avait pas le moral alors elle partit faire un tour. Dès lors, je me questionnai sur la présence de Bryson. Il me fixait sans s'arrêter depuis que j'étais arrivée, même si j'essayais dur comme fer de l'ignorer.

Azealia - Bon Aly t'as été séquestrée ou c'est comment ?

Moi - T'es folle. Pourquoi cette question ?

Azealia - On t'a laissée une tonne d'appels et de messages mais t'as pas répondu.

Moi - Ah, c'est rien. J'étais juste dans un sommeil...profond.

Azealia - Ah ! T'as dormi où ?

Cette question me dérangea fortement, tout simplement car j'étais certaine que ma réponse allait faire polémique. Elle n'était pas au courant que je sortais avec Chris, et c'était sûrement pas le bon moment pour le lui déclarer.

Moi - Euh je...En fait c'est une longue histoire...J'étais chez...

L'arrivée inattendue de Chris me permit d'esquiver cette question. Mais c'était sans compter son excès de colère lié à mon escalade de voitures qu'il ne put se retenir de déverser sur moi.

Chris - T'es vraiment folle ! Y'a un chauffeur de camion qui a commencé à m'insulter en allemand parce que t'as cassé-

Il remarqua très vite que je n'étais pas seule et fit un sourire gêné en se grattant la tête. Si j'avais su que Bryson et Azealia seraient présents, j'aurai carrément défendu Chris de venir.

Chris - Eh Bryson, Azealia...La forme ?

Azealia - Tranquille.

Contrairement à Azealia qui nous regarda avec intrigue, le visage de Bryson se décomposa en un rien de temps. Il fronça les sourcils et se leva, et nous fusillant du regard.

Bryson - T'as dormi chez Chris ?

Moi - C'est pas tes affaires Bryson.

Bryson - Ah ouais ? Et si ta mère apprenait que tu dormais chez lui alors que tu m'as supplié de lui faire croire qu'on est toujours ensemble, tu penses qu'elle réagirait comment ?

Moi - Nettement mieux que si elle apprenait que tu m'as remplacée par une de mes meilleures amies seulement quelques jours après notre rupture.

Il s'apprêtait à me répondre mais resta silencieux en s'apercevant que ma mère revenait vers nous. Elle semblait aller beaucoup mieux, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que Chris était là...

Maman - Encore lui !

Chris - Content de vous revoir aussi, Madame Evans...

Maman - Franchement...Quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe ici ?

Bryson - Il se passe que je m'en vais. Souhaitez un bon rétablissement à votre mari de ma part.

Il me jeta un dernier regard noir avant de partir d'un trait. Ma mère croisa les bras et me fixa avec un regard qui me contraignait à lui donner quelques explications. Même pas deux secondes plus tard, Azealia se leva à son tour.

Azealia - C'est pas que j'apprécie pas votre compagnie mais j'ai plein de tâches ménagères qui m'attendent !

Moi - Pourtant tu faisais jamais le ménage avant.

Azealia - Et comme tu viens de le dire, ça c'était avant. Allez salut !

En passant près de moi, elle me chuchota discrètement à l'oreille : « T'auras des choses à me raconter après ». Après que j'ai fait mine de n'avoir rien entendu, ma mère posa ses yeux sur Chris.

Maman - Et toi ? Tu t'enfuis pas comme les deux autres ?

Chris - J'suis pas resté mille ans dans ces embouteillages pour repartir en deux secondes.

Moi - C'est vrai. Il m'a conduit à l'hôpital donc il a le droit de rester ici.

Maman - Oh, je vois.

Avant qu'elle ne commence un quelconque interrogatoire qui risquerait vraiment de nous gêner, une infirmière sortit de la chambre de mon père et nous autorisa à y entrer.

Même s'il avait l'air très fatigué, j'étais heureuse que son coma n'ait été que de courte durée. Par contre, je culpabilisais d'avoir laissé mes parents seuls à la maison, alors que j'étais parfaitement consciente qu'ils étaient en froid ces derniers temps.

Car rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais été présente.

Les disputes quotidiennes avec ma mère l'avaient fait craquer, et c'est la raison pour laquelle il avait ressorti son alcool, qui est d'ailleurs drôlement bien caché dans la maison.

Ma mère culpabilisait encore plus que moi. C'est seulement en voyant mon père dans cet état qu'elle s'est rendue compte qu'elle était allée trop loin et qu'elle n'aurait jamais dû agir ainsi avec lui.

Avec ma mère, on passa tout l'après-midi auprès de mon père. C'est carrément tous les jours qu'on alla le voir, en attendant que les médecins lui donnent la permission de rentrer chez lui.

Mon casting aurait lieu demain et j'essayais tant bien que mal de retenir les dernières lignes de mon texte. Mais comme la concentration n'était pas au rendez-vous, je décidai de faire une pause et allai regarder la télé au salon.

Ma mère me rejoignit une dizaine de minutes plus tard en savourant ses galettes de riz diététiques, qui m'ont toujours autant dégoûtées.

Maman - Qu'est-ce qui se passe entre toi et Bryson ?

Moi - Rien. Pourquoi tu penses qu'il se passe quelque chose entre lui et moi ?

Maman - Parce que je l'ai trouvé assez distant à l'hôpital. Si tu as des problèmes avec lui, tu peux m'en parler.

Moi - T'as raison. On n'est plus ensemble.

Je ne supportais plus de lui faire croire que je formais toujours ce "magnifique" couple avec Bryson. Il fallait bien qu'elle apprenne la vérité un jour ou l'autre. Et ce jour était enfin arrivé...

Maman - Depuis quand ?

Moi - Environ trois semaines.

Maman - Trois semaines ? Pourquoi tu m'as laissé croire que tu étais toujours en couple avec lui ?

Moi - Pour ne pas te décevoir, tout simplement.

Je m'emparai de la télécommande, éteignis la télé et fixai l'écran noir pendant quelques secondes. Elle me regarda avec intrigue, avant que je poursuive.

Moi - T'as toujours apprécié Bryson, même avant que l'on soit en couple. Tu me voyais sortir avec lui, étudier avec lui, me marier avec lui et même avoir des enfants avec lui. Il était parfait pour toi, et à cette époque, pour moi aussi. Il a tenu la promesse de prendre soin de moi pendant que t'étais en prison, il m'a incité à m'inscrire à l'académie de Détroit et il a toujours été une bonne influence pour moi. Mais les choses ont beaucoup changé. Avec le temps, j'ai découvert que notre relation n'était pas aussi idéale qu'elle le laissait paraître. Je me suis rendue compte qu'il y avait un fossé entre nous, un fossé beaucoup trop important. Alors même si la rupture a été la seule issue, j'étais consciente que tu ne tolérerais pas que je me sépare d'un bon garçon comme lui. C'est pour ça que je t'ai rien dit et que j'ai obligé Bryson à te faire croire que l'on était toujours en couple.

Maman - Un "bon" garçon n'aurait jamais contraint ma fille à rompre avec lui.

Honnêtement, j'ai vraiment été étonnée par sa réponse aussi..."raisonnable". J'aurai parié n'importe quoi qu'elle allait rejeter la faute sur moi, et la voilà qui prend mon parti et ne s'énerve pas.

Moi - Alors...Tu m'en veux pas ?

Maman - Bien sûr que non ! Ce n'est pas parce que j'apprécie Bryson que tu es condamnée à passer le restant de tes jours avec lui. Tu as dix-neuf ans alors ce n'est plus à moi de prendre des décisions pour toi Aly ! Fais des choix qui sont bénéfiques pour toi, et non pour ton entourage.

Si l'on m'avait prévenu que ma mère aurait réagi aussi bien face à ma rupture, je lui aurais carrément annoncé ça le jour même. C'était vraiment un soulagement de voir qu'elle ne le prenait pas mal ou qu'elle n'irait pas polémiquer chez l'autre.

Durant la nuit, je n'arrivais pas à dormir car j'étais stressée pour le casting. Alors comme à mon habitude, je me levai, mis les premiers vêtements que je trouvai et enfilai mes pantoufles.

J'ouvris lentement la fenêtre de ma chambre et l'enjambai, prête à me rendre près de mon fameux lac.

Après une vingtaine de minutes de marche, j'y arrivai. Il était presque 4h du matin alors il n'y avait aucune chance que je croise quelqu'un là-bas à cette heure là.

Je m'avançais vers le lac en passant près du buisson, ce buisson mystique où j'avais eu l'impression d'être guettée lorsque j'étais avec Chris.

Et c'est là que je sentis des bras me tirer brusquement vers l'arrière.

À suivre...