#17
Ma mère va polémiquer si elle apprend la vérité...Surtout deux jours après avoir vu Chris torse nu à la maison...
On alla s'asseoir à une table au fond de la bibliothèque pour mettre les choses au point. Ma mère, qui a toujours eu cette manie de se mêler de tout, n'allait pas me laisser vivre librement si elle apprenait pour Bryson et moi.
Moi - Il faut que tu fasses croire à ma mère qu'on est toujours ensemble. Tu lui dis juste que t'as pris soin de moi pendant son absence et qu'elle a pas à s'inquiéter pour nous.
Bryson - Tu dis qu'il faut que j'lui fasse "croire" qu'on est toujours ensemble, comme si c'était plus le cas.
Je baissai la tête et regardai fixement la table. C'était très maladroit de ma part d'employer le mot "croire", surtout que j'avais vraiment pas fait exprès de l'utiliser.
Bryson - Attends...C'est pas le cas ?
Moi - Franchement...J'en ai pas l'impression. Tu me mets le doute ces temps-ci.
Bryson - Arrête Aly. Tu peux pas remettre notre couple en question juste pour une histoire de joint.
Moi - C'est pas le joint le problème mais ce qui se cache derrière ! T'as toujours été une sorte de confident pour moi, même avant qu'on soit en couple ! Pendant toutes ces années je t'ai accordé tellement de confiance que t'es désormais une des rares personnes à connaître la vérité pour ma mère ! Et là j'apprends que tu refuses de m'expliquer tes problèmes parce que contrairement à moi, t'as pas confiance en moi ! Et tu t'étonnes que je remette notre couple en question ?
Il resta silencieux et essaya d'éviter mon regard, qui était longuement posé sur lui. C'est vraiment pas croyable qu'on en arrive à là juste parce qu'il a refusé de me dire pourquoi il a commencé à se droguer.
Moi - Je vais pas m'attarder dessus. Tout ce que j'te demande, c'est de dire à ma mère qu'on est toujours ensemble.
Bryson - Et ensuite ?
Je ne lui répondis pas et me levai pour quitter la bibliothèque. Il se leva également et prit un ton un peu plus exclamatif, qui révélait de l'impulsivité.
Bryson - Réponds moi Aly ! Tu vas me laisser après trois ans de relation ? C'est ça que tu veux ?
Moi - Ce que je veux c'est être avec la bonne personne. Celle qui me convient.
Bryson - Mais tu sais mieux que tout le monde que c'est MOI la personne qui te convient !
Moi - Plus maintenant.
J'avançais pour quitter le coin isolé de la bibliothèque lorsqu'il m'attrapa par le bras, ce qui me retourna face à lui et me mit un peu plus sur la défensive.
Moi - Laisse moi partir !
Bryson - J'suis pas assez fou pour faire une erreur pareille ! Tu peux pas sortir de ma vie en quelques secondes Aly ! Pas après tout ce qu'on a vécu ensemble !
Moi - Donne moi une seule bonne raison de rester.
Bryson - Mon amour pour toi ! C'est une bonne raison ça ?
Il me regarda avec accablement tandis que j'essayais désespérément de cacher ma tristesse. Et là, de manière inattendue, il m'embrassa. Il avait peut-être mis tout son "amour" dans ce baiser...
Mais maintenant, c'était plus suffisant.
J'interrompis son baiser et m'écartai de lui par réflexe. De l'incompréhension et de la déception étaient mélangées à son regard qui désormais, n'avait plus cette aptitude à influencer mes décisions. Il n'avait définitivement plus aucun effet sur moi.
Moi - J'ai passé les trois meilleures années de ma vie avec toi...Mais j'suis plus assez forte pour supporter cette situation...
Une larme s'écoula sur ma joue et je l'essuyai sur le champ. C'était la première fois que je le voyais malheureux, et la première fois que je ne pouvais rien faire pour l'aider à vaincre cet état d'esprit. Je ravalai ma salive et lui sortis ces quelques derniers mots.
Moi - J'te souhaite vraiment le meilleur...
Et c'est là que je partis, sans me retourner. Les larmes vinrent en masse et je me débattis pour ne pas qu'elles soient visibles aux yeux de tous. Ça m'a fait terriblement mal d'avoir passé trois longues années avec Bryson pour finalement rompre suite à un manque de confiance dans notre couple.
On s'était promis de ressortir de l'académie encore plus soudés que jamais. Mais comme on l'entend souvent, cet établissement met en péril de nombreuses relations. J'étais persuadée que ça n'arriverait qu'aux autres.
Mais aujourd'hui, ce fut notre tour...
20h45, à la maison
On était au dîner, qui avait surtout pour but de fêter le retour de ma mère. Fetty s'était chargé de faire la cuisine tandis que j'avais passé des heures à pleurer secrètement dans mon lit. Ses plats me semblaient délicieux.
Malheureusement, j'avais pas d'appétit.
Mes parents entamaient déjà leur plat de résistance alors que je n'avais même pas mangé un quart de mon entrée. Bien entendu, il ne fallut pas beaucoup de temps à ma mère pour remarquer cela.
Maman - Tu manges pas Aly ?
Moi - J'ai pas très faim.
Maman - Fais un effort. Ton frère a pris beaucoup de temps à préparer tout ça alors ne fais pas de gaspillage.
Moi - J'ai jamais dit que j'allais jeter tout à la poubelle. Je veux simplement finir de manger tout ça plus tard.
Je venais à peine de me lever pour quitter la table et mettre mon plat au réfrigérateur qu'elle trouva encore quelque chose à redire. On dirait vraiment qu'elle voulait se disputer avec moi.
Maman - Ton père et moi ne t'avons jamais appris que c'est impoli de quitter la table en plein repas ? Reste ici.
Moi - Mais je vais pas rester ici vingt minutes à vous contempler pendant que vous mangez !
Maman - Pourquoi pas ?
Fetty - Calmez vous ! On est ici pour passer un moment en famille, pas pour s'entretuer.
Ils voyaient ce dîner comme un "moment en famille" mais j'étais pas trop dans ce délire là. Mon père était tellement calme qu'on aurait même pu croire qu'il n'était pas là. Il ne faisait que fixer ma mère, toujours bouleversé par son retour inattendu.
Maman - C'est à ta sœur qu'il faudrait dire ça ! Elle cherche à gâcher ce repas en famille alors qu'on s'est pas vus depuis trois ans !
Moi - Et c'est la faute à qui ?
Ma réplique rendit la pièce silencieuse et ne laissa pas indifférents mon père et Fetty. Dans leur regard, je voyais bien qu'ils essayaient de me dissuader d'aller plus loin dans mon allocution. Mais c'était trop tard.
Moi - Tu nous appelais jamais ! Tu nous envoyais jamais de lettre ! Tu nous as même pas inscrit sur ta liste de visiteurs pour qu'on puisse te voir ! C'est toi qui as choisi de pas nous voir, et pas l'inverse !
Ayant pris conscience de l'ampleur de ma dernière phrase et me rappelant du caractère lunatique de ma mère, la panique m'envahit et je quittai aussitôt la maison.
La nuit était tombée et personne n'était dans les rues. Il y avait toujours un endroit où je me rendais à chaque fois que j'avais pas le moral, c'était le lac près de la forêt du quartier.
Après avoir marché une demie-heure, j'entrai dans la forêt qui me mena rapidement au lac. Je m'approchai de ce dernier, m'assis devant et fis la collecte des pierres qui étaient aux environs.
Chaque fois que le portrait de Bryson me venait en tête, je m'emparais d'une pierre et la lançais le plus loin possible dans le lac. Ça me permettait d'évacuer progressivement ma tristesse.
Et c'est là qu'un ballon de basket arriva de nulle part jusqu'à moi. C'était sans doute la pente descendante de la forêt qui l'avait fait s'échouer ici.
Mon moral était tellement à plat que je passai mes nerfs sur le ballon et le shootai avec toute la force de mon pied dans le lac. Une trentaine de secondes après, je crus entendre des pas s'approcher.
- Aly ? Tu fais quoi ici toute seule ?
J'étais soulagée lorsque je me rendis compte que c'était seulement Chris.
Moi - Je médite. C'est un bon endroit pour réfléchir à la vie.
Chris - Pour se faire enlever surtout.
Il avança jusqu'au lac et s'assit juste à côté de moi. Après avoir scruté le lac pendant quelques secondes, il plissa les yeux d'une manière qui m'amusa légèrement.
Chris - C'est pas mon ballon qui flotte là-bas ?
Moi - Euh non. Comment il aurait pu arriver jusque là ?
Chris - Comme t'étais déjà dans les parages, j'm'attends à tout.
Moi - Ok, désolée. Je l'ai vu passer près de moi et comme j'étais sur les nerfs, j'ai tiré bêtement dedans. Je t'en achèterai un autre si tu veux.
Il regardait plus le ballon qu'il ne m'écoutait. On aurait même pu penser qu'il élaborait un plan pour pouvoir le récupérer sans toucher à l'eau.
Chris - Eh tu crois que j'peux aller le récupérer à la nage ?
Moi - J'te le déconseille. Y'a des espèces bizarres qui vivent dans ce lac.
Chris - Ah ouais, c'est mort alors.
Il arrêta de scruter son ballon et posa un regard curieux sur moi. Je continuai à regarder le lac en essayant de m'apaiser l'esprit.
Chris - Il s'est passé quoi pour que quelqu'un réussisse à te mettre sur les nerfs ?
Moi - Qu'est-ce qui te fait croire que c'est à cause de quelqu'un ? C'est peut-être à cause d'un objet non ?
Chris - Comme ?
Moi - Un placard. J'suis peut-être sur les nerfs parce que j'me suis cognée le petit orteil dessus. Qui sait ?
Chris - T'aurais même pas réussi à venir jusqu'ici si ton placard avait défoncé ton petit orteil.
Il marquait un point. J'suis vraiment pas crédible avec des excuses pareilles. Disons juste que j'hésitais à lui parler de mes problèmes, surtout celui avec Bryson. Faut quand même pas oublier que je lui ai fait croire qu'il est gay.
Moi - Désolée pour l'accueil de ma mère la dernière fois. C'est le fait que t'étais torse nu qui l'a un peu contrariée mais en dehors de ça, je t'assure qu'elle a absolument rien contre toi.
Chris - C'est rien t'inquiète. J'suis seulement piqué par le "faux blondinet". J'arrête pas de remettre ma teinture en question à cause de ça.
Moi - Faut pas. T'es super bien en blond.
Chris - Venant d'une cinéaste, ça me flatte...pas.
Je le poussai légèrement et ris. Je sais pas comment il s'y prend mais il arrive toujours à me faire rire sans même en avoir l'intention. C'est incroyable.
Chris - Au fait, y'a un truc que j'comprends pas.
Moi - C'est quoi ?
Chris - L'année dernière j'venais tout le temps chez vous et j'ai jamais vu ou entendu parler de votre mère. Elle était où ?
Moi - En prison.
Il a dû avaler sa salive de travers parce qu'il a commencé à tousser très bizarrement. Je pense que lui aussi n'était pas prêt à entendre la vérité.
À suivre...
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