14- Confiance
Pour pouvoir progresser dans une entreprise, peu importe sa nature, il faut une coopération des individus impliqués, un engagement d'autant intense que les risques sont importants. Il faut aussi une cohésion des actes et des valeurs communes, sinon des embûches surviendront assurément. Au coeur de la réussite se situe la confiance : en soi mais aussi envers ses pairs. Non pas en aveugle et hasardeuse mais de celle qui rassure et rend serein. Connaître à fond les gens engagés avec soi est une source de confiance. Cependant, il arrive que l'on doive se lancer dans une aventure sans vraiment connaître ceux qui nous accompagne. Il faut alors une bonne dose d'équilibre entre confiance et méfiance, entre insouciance et planification... Je crois que le but commun à atteindre permet alors de conjuguer les efforts de chacun avec une certaine harmonie. Et ensuite, il y a le rôle du destin ... En qui il faudra savoir faire confiance... La confiance. On n'en sort jamais.
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Nous voilà rendus en bas des montagnes ! C'est une vraie découverte pour moi. Oui, j'ai déjà essayé des motoneiges avant. Mais là, c'est totalement différent. La pile Torin apporte de l'énergie renouvelable et ne demande aucune combustion comme les engins conventionnels. Il n'y a donc aucune odeur désagréable et il n'y a pas de bruit de moteur ou presque. Nous avons dévalé les montagnes dans un bruissement de neige et une auréole blanche nous entourait comme un nuage soufflant sur les pentes enneigées. Ces engins sont plus légers également à cause du dispositif anti gravité installé par Chimey, afin de nous permettre d'être deux passagers par motoneige avec tout notre bagage. Nous flottons littéralement sur la couche de neige. Les patins avants et la chenille s'enfoncent seulement d'une dizaine de centimètres, nous empêchant ainsi de presque nous envoler ! Contrôler la direction, surtout les descentes en slaloms m'a demandé un certain temps d'adaptation, mais au final, je maîtrise la manœuvre et je constate que William et Ariana aussi. Bizarrement, Veena ne semble pas apprécier cette descente en poudrerie ! Je ne l'ai pas entendue souvent depuis notre départ ce matin. Tout au plus un commentaire déplaisant sur Ayanha qui, dans la position de passager derrière moi, semble pour sa part prendre grand plaisir à notre cavalcade. Elle se tient à moi, suivant mes mouvements et s'adaptant parfaitement au régime de vitesse et de voltige que le terrain nous oblige à suivre. À croire, malgré ma première impression, que son caractère est grandement aventureux et téméraire. Veena est bougonne ou ne l'apprécie pas on dirait, mais elle refuse de m'en expliquer les raisons. J'ai eu beau profiter du voyage pour tenter de l'interroger, elle est silencieuse. À croire qu'elle me boude, reclus au fond de la poche de mon manteau !
Je vois devant moi une étendue plane et blanche qui occupe l'horizon, aussi loin que je puisse porter mon regard. Je rejoint William et Ariana qui se sont arrêtés sur une crête.
- Voilà la rivière Yanasag qui se jette dans le fleuve plus au sud, nous explique Biron en relevant sa visière et en marchant quelques pas pour se délasser les jambes. Nous allons la traverser afin de rejoindre la forêt qui entoure la capitale. Nous avons quitté sans problème la région de Roots et Pemplinn, j'en suis bien heureux. Le camouflage de Chimey nous aura aidé.
- Contente que tu le soulignes, lui glisse la Tibétaine avec un air malin. Cependant, ici sur ce paysage dégagé, il ne servira pas à grand chose contre la surveillance traditionnelle.
- Les Stotelss sont présents dans ce secteur ? demande Ariana.
- Nous l'ignorons, répond William.
- Qui a-t-il de mal à se promener comme un citoyen normal ? questionne Kaïra d'une petite voix outrée.
- Justement, répond amèrement Chimey, nous ne savons pas s'il en reste des « citoyens normaux ». L'endroit me semble bien désert.
- Et avouons que nous n'avons pas des motoneiges normales, ajoutai-je en passant la bouteille de vin d'arbre à Kaïra qui la regarde avec circonspection avant d'en prendre une petite gorgée.
- Le ranch de mes parents est plus au sud, proche du fleuve, déclare Anayha en refusant la bouteille devant la grimace de Kaïra.
- Oui Ayanha, approuve William, nous nous y rendrons en passant par la forêt de l'autre côté de la rivière. Je vous demande donc de traverser chacun par un chemin différent. Ariana et Kaïra vous prenez ici, ensuite à cent mètres plus au sud, Noah et Ayanha. Puis, plus au sud encore de cent mètres, Chimey et moi. Nous tentons de traverser simultanément afin de diviser les possibiltés de représailles. On se donne dix minutes puis on y va.
Tout le monde acquièsce et les motoneiges se séparent. Je reprend le guidon et je sens Ayanha qui glisse nerveusement ses mains sur mon torse et colle sa tête sur mon dos.
- Ça va aller, lui dis-je.
- Je te fais confiance.
Je sens dans ma tête une onde d'encouragement. Veena ? Aucune réponse. Je fouille mon intuition, il ne me dit rien qui vaille... Je pense un moment à arrêter mes compagnons mais trop tard : je vois, loin à ma droite, le véhicule d'Ariana qui s'élance dans la descente vers le cours d'eau gelé et sur ma gauche, William qui fait de même en me faisant signe de la main de m'engager aussi.
Je donne un coup de guidon en envoyant mentalement un « Accrochez-vous ! » pour Veena et Ayanha, sans me demander si celle-ci recevra le message.
La motoneige se précipite selon un angle de quarante-cinq degrés sur la pente enneigée. Je met les gaz à fond dès que le véhicule se retrouve à l'horizontale. Je scrute aux travers de mes lunettes de protection la voie devant moi. Je dois trouver une entrée sécuritaire sur le cours d'eau. J'entrevoie une ouverture entre deux bancs de rochers glacés et j'y fonce. Quelques instants plus tard, je nous sens emportés dans les airs en un arc innatendu. Je m'accroche aux guidons et tente de m'accrocher à la selle de mes genoux, Ayanha aggripée à moi comme un bivalve à un rocher. Le temps de réaliser l'ampleur de notre saut que nous atterrissons, la suspension grinçant sous le choc, sur la surface gelée de la rivière. Là, je reprends le plus rapidement possible le contrôle de mon engin.
La surface est bosselée par l'accumulation de bancs de neige due à la poussée des vents. Nous passons tout droit sur les plus petits mais les plus gros m'imposent un manège de bosses digne d'un parcours de cross-country. J'essaie de voir les deux autres motoneiges mais je n'ose pas trop quitter le paysage devant moi car j'ignore s'il peut y avoir des obstacles ou encore des lieux de remous qui aurait empêché la glace de se former. À cette image qui s'impose dans mon esprit, je relâche les gaz. J'essais de me rassurer en me disant que les dernières journées ont eu un froid polaire, mais peine perdue.
« Noah ! Accélère... Véhicules en chasse à notre droite »
Ce n'est pas Veena ? Ayanha ? Je glisse un œil à droite et j'aperçois en effet, Ariana prise en chasse par deux ou trois véhicules inconnus. Je bifurque légèrement vers eux pour attirer leur attention tout en reprenant de la vitesse.
J'obtiens ce que je voulais, un des poursuivants se dirige vers nous. Je me couche sur mon guidon et je tourne à fond la manette des gaz. Le moteur se met à un régime plus grand mais dans un silence surprenant. L'air siffle de chaque côté de mon casque. Nous sommes rendus au centre du cours d'eau, la glace est lisse, affûté par le vent continuel qui y règne.
« À ta gauche Noah ! »
J'obéis à cette directive, ne sachant d'où elle vient, qui remonte dans mon esprit et qui m'indique que nous pourrons trouver une sortie plus sûre vers la gauche.
« Vite »
« Oui, je lui réplique, à condition que je réussisse à conserver le contrôle de cet engin. »
Je reçois en retour une autre vague de réconfort et Ayanha me presse davantage contre elle. Je me sens rassuré quelque peu mais je ne peux m'empêcher de sursauter en entendant plusieurs détonations. Quelqu'un nous tire dessus avec un fusil ! Un fusil conventionnel ? Ce ne sont pas des Stotelss alors ? Je continue de foncer droit devant.
Au bout d'une dizaine de minutes, le bruit des poursuivants ne m'atteint plus et je n'ai pas perçu d'autre tir. Je vois la berge et plus loin la forêt. À une vitesse folle, je m'y dirige. La sortie du cours d'eau est tout aussi périlleuse que l'entrée : nous grimpons la berge selon un angle impossible et effectuons un vol de quelques mètres avant de poursuivre dans une nuée de neige notre chemin vers la forêt. J'entrevois à ma gauche William, poursuivit par une motoneige conventionnelle. Je me met à sa poursuite. Ayanha l'a aperçu aussi et je constate, avec surprise, qu'elle a pris mon arme Mistrale à mon côté et l'a mis en joue en se soulevant légèrement par dessus mon épaule et le pare-brise. Je stabilise le trajet de notre véhicule pour lui faciliter les choses. Le coup part, j'entends le sifflement grinçant caractéristique et j'aperçois une gerbe de flamme qui s'échappe de dessous la chenille de la motoneige devant nous alors que les passagers font un vol plané dans un banc de neige. Elle a fait mouche ! Elle est douée.
Je bifurque vers la droite, directement vers la forêt.
Apparamment le tir d'Ayanha a eu aussi un effet dissuasif car je vois, en jetant un œil rapide par mon rétroviseur, que les deux autres véhicules ont cessé la poursuite et se sont rassemblés autour de l'accidenté.
Sans ralentir, j'entre dans la forêt. La neige est plus rare et plus dure. Il y a des plaques de glaces sur laquelle mon véhicule glisse si j'ose tenter un manœuvre de contournement. Je vois alors les troncs des grands conifères nous frôler d'un peu trop près. Je n'ai d'autre choix que de ralentir un peu et de laisser diriger mes manœuvres par mon instinct. Malgré tout, les arbres nous croisent à un rythme fou, leurs branches éraflant la carlingue de notre motoneige. Du moment qu'elles n'arrachent pas les trois plaques solaires qui la recouvrent dans sa partie supérieure. Nous nous recroquevillons derrière le pare-brise pour nous protéger des coups de fouets végétals.
Nous débouchons enfin sur une clairière et je constate avec soulagement que les deux autres motoneiges sont présentes à l'appel. Nous nous remettons en convoi sur un signe de la main de William et nous traversons la clairière d'un seul mouvement.
S'ensuit un long trajet dans la forêt. Je lance un appel à mon intuition et je suis rassuré : il n'y a plus de poursuivant. Je tente d'atteindre Veena...
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Nous traversons la forêt d'épineux comme un mirage. À un régime de vitesse plus restreint, ces motoneiges sont quasiment silencieuses. Seul un faible ronronnement nous permet de discerner le mouvement des engrenages du moteur. De plus, avec l'anti g, nous laissons bien peu de trace au sol. S'il y a des poursuivants, dans le peu de neige que l'on retrouve dans les sous-bois épais, ils auront de la difficulté à nous retracer.
Alors que nous approchons de la limite de la forêt, je prend la tête du cortège et Ayanha me dirige, pour que je m'accroche au coteau d'une colline tout de blanc vêtue. Nous rejoignons ainsi un sentier déjà balisé pour les motoneiges. Nos traces se perdent ainsi parmi les autres. Le crépuscule nimbe les congères qui recouvrent tous les arbres et objets, ainsi que les montagnes environnantes, de lueurs orangées et roses. La fille de Miwan nous dirige vers un vieux bâtiment délabré, camouflé dans une jeune forêt de pins rouges. Elle saute en bas de la motoneige et ouvre la grande porte de bois qui émet quelques grincements en pivotant sur ses gonds. Je m'y faufile, suivit des deux autres motoneiges.
Les bolides immobilisés, nous nous retrouvons dans un silence étrange. J'enlève mon casque, ferme les yeux et plonge en moi. Rien ne m'alarme.
- C'est bon, rien à signaler, dis-je avec un sourire à mes compagnons.
- Bonne nouvelle, sourit William en se tournant vers moi. Tout le monde va bien ? demande-t-il en se levant.
- William ?
Toujours installé sur la selle de la motoneige, Chimey, le visage toujours caché derrière son casque, retire sa main gantée du côté de son corps. Elle est imbibée de sang. William se précipite vers elle alors que la Tibétaine tourne de l'œil.
- Chimey, non ! supplie Biron désespéré en lui retirant son casque alors que je me tourne vers Ayanha :
- Conduis-nous là où nous pourrons la soigner, vite.
- Suivez-moi, me réponds-elle alors que William prend la blessée évanouie dans ses bras et que nous nous distribuons les paquetages pour la suivre.
Ayanha sort rapidement avec William dans son ombre, Kaïra se charge des bagages de Chimey alors qu'Ariana prend ceux de Biron et referme la porte derrière nous. Nous prenons un sentier à peine visible entre les pins qui nous mène au tournant d'une petit torrent agitée, a demi gelé, que nous traversons par un pont de bois glacé et imbibé des embruns montant des remous. De la neige commence à tomber à gros flocons alors que la noirceur nous enveloppe de son linceul. Je trouve l'atmosphère angoissante alors que nous nous approchons d'un petit immeuble d'un seul étage fait de bois brut et au toit en pente, enseveli sous un épaisse couche de neige. Le Ranch de Miwa. Nous y sommes.
Ayanha nous précède sur le palier en galerie pour libérer rapidement du pied la neige qui encombre l'ouverture de la porte. Elle glisse ensuite sa main le long da cadre de cette dernière et en sort une clef qui a tôt fait de débarrer la lourde porte de bois rouge qui s'ouvre sur une pièce plongée dans le noir. Nous la suivons tous et refermons derrière nous. Nos pas s'immobilisent sur le seuil alors que la jeune fille, dépose son sac et tente d'actionner le commutateur des lampes.
- Plus de jus ! déclare Ayanha. La génératrice n'a pas du être rechargée avec la rivière qui est gelée en grande partie ou elle est encore bloquée par le glace.
Elle va vers une grosse cheminée qui trône au centre de la pièce principale plongée dans la pénombre et après avoir un peu farfouillé, elle allume une lampe à l'huile. On distingue alors un salon, une cuisine et une salle à manger, le tout à aire ouverte. Pas très grand mais accueillant. Ayanha revient vers William et le dirige rapidement vers le grand divan gris qui coupe la pièce en deux et fait face à la cheminée. Il y dépose avec précaution son amie. Je m'approche aussi. Je pose mon sac près de moi tout en enlevant mes moufles et ma tuque. Je sors ma lampe de poche et commence à regarder l'état de Chimey. Son souffle est irrégulier et son visage en sueur. Je tâte son pouls. Il est faible. Je me tourne vers William pour lui demander un appui mais je constate qu'il est debout, immobile près de moi, tétanisé. Ariana le prend par les épaules et le fait assoir à une chaise près de la table à manger non loin.
- Kaïra vient me tenir la lampe, dis-je. Ayanha, il nous faut de la chaleur et de l'eau chaude.
J'entend Ayanha et Ariana qui s'activent près de la cheminée alors que Kaïra s'approche et commence à tenir la lumière qui tremble dans ses mains. Je la regarde doucement et pose ma main un moment sur la sienne.
- Désolé Noah, me dit-elle la mâchoire crispée. J'ai une faiblesse face au sang depuis toujours.
- Ça va aller, tu es capable, lui dis-je en envoyant dans ma voix toute ma persuasion.
J'accroche mon regard au sien et je vois un peu plus d'assurance s'y installer. Pendant que mes mains s'activent, sous le halo de lumière crue, à révéler la blessure de Chimey, je lance un appel vers Veena. Mais je ne reçois aucune réponse. Je sens sa présence mentale très diffuse et cela m'inquiète. Mais je dois m'occuper de Chimey en premier. Lorsque je constate la gravité de sa plaie, je pousse un gros soupir. Une veine importante a été sectionnée et un flot paresseux de sang s'écoule du trou béant causée par la balle près de sa hanche. Je trouve un autre orifice dans son dos : la balle est sortie. Je dois donc me contenter de stopper l'hémorragie et d'empêcherl'infection.
- Kaïra, apporte-moi des linges propres ! Il faut aussi faire chauffer de l'eau, vite!
Je vois alors que l'atre contient maintenant un bon feu de bois qui nous éclaire et nous réchauffe. Il y a plusieurs lampes allumées. Je m'essuie les mains au linge qu'Ayanha me tend et en tend un autre à Kaïra qui l'applique avec pression sur la plaie. J'enlève mon manteau. Dans la poche de celui-ci, je prend le corps de Veena dans mes mains. Elle est immobile et roulée en boule. Je ne comprend pas. Elle n'est pas blessée il me semble ! J'aurais tant besoin d'elle. Je la tiens dans mes bras, agenouillé devant le corps de Chimey. Je tends mon esprit vers elle et l'appelle au secours :
« Tenstei... Je ne peux rien... »
C'est tout ce que je perçois dans un murmure incertain et lointain. Je me relève et je porte Veena toujours enveloppée dans mon manteau et la dépose près de la cheminée, bien au chaud. William me voit faire et il réalise alors que l'Aywas ne pourra faire de tour de magie pour Chimey. Ses yeux se remplissent de désespoir alors que je reviens avec un bol rempli de l'eau qui bouille sur le feu. Je lui fait un signe rassurant de la tête avant de m'agenouiller auprès de mon sac et d'en sortir mon étui d'herbes médicinales, un petit bol de grès et un mortier. Concentré, je me mets à préparer une cataplasme pour faire cesser le saignement. Kaïra s'assoit en tailleur près de moi.
- L'écoulement a diminué, tu devrais vérifier. Laisse-moi t'aider, me dit-elle en prenant le pilon et en écrasant les grains d'une main experte. Mon père était botaniste et aimait les vertus des déconctions et tisanes. J'ai l'habitude, me répond-elle sous mon regard étonné.
Elle m'assiste pendant les traitements et se révèle d'une aide précieuse. Ses gestes sont doux et décidés. Elle se concentre tout au long des soins prodigués et en oublie son aversion du sang. Finalement, la plaie bandée et Chimey ayant ingurgité quelques gorgées de feuilles de tilleul et d'arnica qui aideront à calmer la douleur, j'aide Kaïra à se relever. Elle pose alors ses yeux sur mes bras ensanglantés puis son regard va à ses propres mains. Je la vois blêmir puis elle me glisse dans un murmure :
- Je ferais mieux d'aller me débarbouiller. Ça va aller, rajoute-t-elle alors que je fais mine de l'accompagner.
Je me débarbouille aussi avec un linge imbibé d'eau bouillante et je vais m'assoir à la table, près de William a qui j'ai donné plus tôt une tisane.
- C'est pour me calmer hein ? me demande-t-il en pointant sa tasse.
- Te ramener à toi plutôt.
- Merci, ça fonctionne. Mais c'est surtout tes soins qui me rassurent. Toi et Kaïra faites une bonne équipe. Tu m'as fais penser à ta mère.
- Je me rappelle à quel point elle agissait habilement face à un blessé. Je suis heureux d'avoir réussi.
- Réagir sous l'adrénaline nous fait faire des miracles parfois. À propos de miracle, qui a tiré sur la motoneige ? Ayanha ?
- Oui, pas mal hein ?
- Je lui en avais montré le maniement et je voyais bien qu'elle avait déjà tenu une carabine mais le coup était risqué de nous toucher.
- Ce n'est pas elle ! C'est une balle.
- Je sais Petit, c'était les autres.
- Qui sont-ils ? Des Stotelss ?
- Non, pas selon les armes et l'équipement... je crois. Des partisans, on ne sait jamais
- Non ! C'est possible ?
- Oui, les Stotelss sont de fins manipulateurs. Sinon ce sera des contrebandiers qui aimaient nos motoneiges.
- Ouais, avouons-le, ce sont de fameux engins. Pourquoi ne pas continuer avec eux jusqu'à la Capitale ?
- Par les sentiers balisés, ce serait trop long. Le plus court c'est la forêt et une montagne rocailleuse. Ayanha connaît le chemin. Il nous faut le pas sûr de chevaux vaillants et forts.
Un silence s'installe.
- Tu sais, pour Veena... reprend William.
- J'ai complètement oublié, murmuré-je en me levant, un peu coupable de l'avoir presqu'oublié.
- Non, rassieds-toi Noah, m'arrête William en me prenant par le bras. Je sais ce qu'elle a.
- Comment ?
- Pentaa le faisait parfois. Un genre de stase plus ou moins long. Elros y était habitué. Il la laissait dormir dans un coin en sécurité et au chaud. Comme tu l'as fait. Elle n'était pas disponible.
- Ça dure longtemps ?
- J'ai déjà vu quelques jours.
- Mais on a besoin d'elle pour notre plan !
- On ne sera dans la Capitale qu'après demain. On avisera. De toute façon on ne peux rien à la nature d'une Aywas.
- Je comprends mieux pourquoi elle était moins présente depuis hier soir. Tu me rassures quand même, je croyais qu'elle était blessée.
- Et Chimey ? J'ose enfin te poser la question.
- Elle a été chanceuse. La balle a traversée sans toucher d'organe, du moins, c'est ce que je crois.
- Merci Noah, me dit William avec un air soulagé en me prenant par l'épaule. Elle compte beaucoup pour moi.
- Je m'en doutais. Tout semble bien aller. J'ai réussi à endiguer l'hémorragie et elle dort paisiblement. Si aucune infection ne s'installe... Cependant, je ne sais pas si elle pourra monter à cheval demain.
- Au besoin, on retardera de vingt-quatre heures notre départ de ce ranch. Et ne t'en fais pas, Chimey a connu pire et elle possède une résistance hors du commun.
- Elle semble si frêle pourtant.
- Ne la juge pas trop vite Petit, c'est un être extraordinaire.
Je le regarde, m'attendant à ce qu'il poursuive ses divulgations mais il se contente de reprendre une gorgée en souriant :
- Pas mal ce truc finalement... Surtout additionné d'un peu de vin d'arbre !
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