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Chapitre 9 : Réveillon d'un pirate


24 décembre 2199

Kiev

Courrier destiné à l'Atelier

Pour Magdeleine et les autres

Je fais ici exception. Vous allez sans doute me croire bien insensé pour traverser le No Man's Land de Kiev pour vous remettre en personne cette missive alors que la ville grouille de Miliciens. Et sans escorte, tout ça pour vous remettre du courrier... Ah ! probablement parce que les hauts dignitaires n'envisagent jamais les solutions les plus simples comme étant les plus opportunes. Peu importe ! Il sera bien assez temps, demain, pour adresser un nouveau billet au Régime. À vous, cependant, qui luttez contre l'obscurité du pouvoir, il n'est pas nécessaire que je fasse mystère de mes activités du réveillon de Noël. Et s'il m'est encore permis d'attendre quelque chose à mon âge, j'espère que vous ne répugnerez pas trop à lire les écrits que je daigne vous faire parvenir. Quoi que vous puissiez penser à mon égard.

Le carillon électronique de mes appartements sonna trois heures. Trois heures du matin et je quittai fébrilement mon lit. C'était le moment de se préparer pour l'opération qui s'annonçait. J'enfilai une paire d'habits sombres vaguement propres. Quelques coups de rasoir plus tard, j'attachai mes cheveux pour les faire disparaître sous ma veste avant d'attraper une paire de bottes confortables. Je devais me rendre au poste de pilotage et vérifier la bonne santé de mes installations technologiques. Je pourrai alors quitter le Styrr et rejoindre la prison militaire de Kiev. C'était tout de même la ménagerie la plus sécurisée de la ville, celle qui abritait les criminels soi-disant les plus dangereux, ceux condamnés à l'Oubli. Les hommes et les femmes enfermés là-bas n'avaient plus d'humain que l'apparence. Ils ne conservaient de toute manière plus aucun souvenir de leur vie d'avant.

J'avais hésité à prendre avec moi quelques robots de combat pour m'ouvrir la marche. Mais j'optais finalement pour une approche plus discrète. Je n'étais pas d'humeur à ameuter tout le voisinage et gaspiller mon temps pour affronter un escadron de Miliciens. Une solution beaucoup plus pratique existait : attendre l'heure de la relève de l'équipe de nuit. Au loin, un clocher mécanique sonna : six heures du matin. Les gardiens de nuit allaient rejoindre leurs pénates. Une nouvelle équipe leur succèderait. C'était le moment d'agir. Je bondis sur l'un des gardes, qui trainait en chemin et lui fit respirer une petite mixture de mon cru. Il tomba inanimé au sol. Quand il reprit connaissance, ligoté et bâillonné, je lui expliquai, sous la menace, ce que j'attendais de lui. Craignant pour sa vie, il m'obéit sans rechigner. Je le laissai me coller une paire de menottes bien trop grandes pour moi. Avec ma tenue sombre, mon cache-nez et ma veste à capuche, personne ne devrait accorder trop d'attention à ma figure. Il faisait encore nuit noire. Je passerai aisément pour un criminel ordinaire. Le Milicien n'aurait qu'à m'amener à l'intérieur, en prétextant m'avoir pris la main dans le sac alors que je commettais quelque larcin.

Le stratagème fonctionna et l'équipe du matin s'empressa de nous faire entrer et de m'enfermer dans une cellule temporaire. C'était parfait. Je n'avais plus qu'à m'introduire dans leur réseau interne pour découvrir le numéro d'identification de la prisonnière qui m'intéressait : Solia. Quelle sottise de laisser les systèmes technologiques directement accessibles depuis les geôles ! Malheureusement, le reste de la mission ne se déroula pas aussi facilement. Les événements commençaient même sérieusement à m'échapper. Il n'y avait plus aucune détenue nommée de Solia à la prison militaire de Kiev. Je trouvais finalement des traces de sa présence ici, pour m'apercevoir aussitôt que son dossier avait été remis à une certaine redresseuse dont le nom m'était inconnu. Solia ne résidait plus à la prison, mais chez cette femme ayant pour mission de la rééduquer.

Inutile de s'attarder plus longtemps à la prison. Depuis le réseau nuageux de l'établissement, je déverrouillai les geôles des créatures qui y survivaient, recluses. Le tumulte ne se fit pas attendre. Les cris se répercutaient depuis les étages supérieurs. Les prisonniers hululaient et se répondaient. Certains, sans doute solidement entravés par des chaînes, semblaient ne pas pouvoir se mouvoir. Quant à moi, j'ouvris la porte de mon cachot. La confrontation était inévitable et je dégainais mes armes, rapière et révolver, face au personnel dépassé par l'ampleur de l'évasion. À mes pieds, le sol se marbrait de plus en plus de cette couleur qui m'était devenue si familière... Flotch... flotch...

Et mes bottes trempaient maintenant dans un mélange infect d'hémoglobine et d'eau de javel. Ils avaient bien choisi leur jour de lessivage du carrelage, tiens ! Je me frayais sans attendre un chemin vers la sortie. Les renforts de Miliciens étant certainement déjà sur ma piste. Les bêtes humaines retenues à la prison déboulaient elles aussi en dehors du bâtiment, aussi vite que leur permettait leur démarche quadrupède. Hélas, libérer ces créatures n'était pas le but de ma visite. D'ailleurs, leurs chances de survie en dehors de leur lit à barreaux étaient minces. Je tenais à faire mes adieux à Solia : cette jeune femme née sous la domination du Régime et dont j'étais devenu, bien malgré moi, trop proche. Il n'avait pas fallu pas grand-chose, quelques faux pas malheureux, pour qu'elle soit accusée de trahison envers le pouvoir et de complicité avec un pirate. Je sais bien que vous devez me trouver méprisable pour ne pas l'avoir davantage protégée. Croyez-moi, j'ai fait mon possible pour qu'elle reste loin de moi. Je n'ai jamais eu grand-chose à lui proposer à part une existence d'ermite à la dérive entre ciel et mer. Écoutez-moi quand je vous raconte que c'est moins poétique que ça n'en a l'air. Cela fait si longtemps que je n'ai plus de vie à offrir. Une mort paisible, loin des fracas sauvages qui agitent les songes des nourrissons, c'est la seule offrande qu'il me reste.

Quoi qu'il en soit, il était trop tard pour ce genre de considérations. Mes pensées s'écharpaient tandis que je me faufilais dans le dédale de la vieille ville. Cette redresseuse dans les archives technologiques... son nom ne m'évoquait rien, mais son visage... Au diable ma mémoire... Pourquoi est-ce que cela ne me revenait pas ? Le moment était mal choisi pour se rappeler que j'aurais dû prendre depuis longtemps la forme d'un vieillard ou plutôt d'un amas de poussière. J'avais outrepassé mes droits à rester en vie et je ne le regrettais pas.

J'atteignis les remparts de la ville. Plus loin, la plaine désertique du No Man's Land s'étendait sur des kilomètres de terre incultivable : le refuge des parias et des égarés. Et je pensais rejoindre le Styrr quand un détail me frappa. La veille, lorsque j'avais traversé le No Man's Land de Kiev pour y laisser un message à l'Atelier, c'était là-bas que j'avais aperçu cette femme. Bon sang ! je devais me dépêcher de la retrouver ! Mais il faisait presque jour et m'aventurer à découvert aurait été inconscient. Je rejoignis le Styrr en maugréant. Quand, enfin, le jour perdit de son éclat et que le ciel prit une teinte entre chien et loup, je me décidai à sortir. Il faisait de nouveau nuit lorsque j'atteignis l'Atelier. Était-ce raisonnable de frapper avant d'entrer ? La jeune femme qui m'ouvrit fut si pétrifiée que son cri mourut dans sa gorge.

– Ah... Att... Attendez !

Elle me referma la porte au nez. Après un moment d'absence, la même jeune femme réapparut flanquée d'une acolyte plus âgée que je reconnus aussitôt : la redresseuse qui détenait Solia. J'appris par la suite votre nom d'emprunt : Magdeleine et celui de votre complice : Lara. Inutile pour moi d'espérer discuter au chaud, parlementer dans le froid serait la seule option que vous me proposeriez. Guère une surprise au vu de ma réputation. Je compris alors les projets que vous réserviez à la jeune Solia. Pour être honnête, l'idée qu'elle serve de porte-étendard dans la lutte que vous menez ne m'enchantait pas. Pourquoi elle ? Ce n'est pas les criminels condamnés à l'Oubli qui manquent ! Ne me dites pas que... vous comptez sur le scandale qui déjà l'entoure... sur ses accointances avec moi pour créer un tourbillon de vindicte populaire ?

– N'est-ce pas une situation plus enviable que la mort au bout d'une lame ? pointa Magdeleine.

– Vous devriez savoir, leur répondis-je, qu'importe ce qu'il peut me rester d'affection, ce n'est pas ce qui me retiendra.

Mon regard se perdit dans celui des deux femmes qui me faisaient face. Leur cache-nez, qui les protégeait des vapeurs toxiques, leur mangeait le visage. Elles aussi étaient emmitouflées dans un manteau sombre à capuche, si bien que je n'apercevais guère plus que leur silhouette dans la pénombre.

– Je ne suis pas votre allié, repris-je, si je dois vous croiser sur ma route, je ferais ce qui m'incombe de faire. Mais je ne suis pas votre ennemi non plus. Je n'ai pas envie de me dresser inutilement contre vous alors que votre cause est juste.

– Une trêve, alors ? s'enquit Lara, à demi-mot.

– Un pacte... un pacte de non-agression, je suppose.

– Atchoum ! s'exclama la redresseuse, avant d'acquiescer d'un signe de tête.

Il faisait noir et le froid était en train de s'emparer de nous. Il nous saisissait et nous clouait sur place.

– Rentrons, déclara Magdeleine à l'adresse de sa complice. Mes excuses, capitaine, je ne vous offre ni le gite ni le couvert. Je ne prendrais pas un tel risque.

Oh ! ne me croyez pas si magnanime, oui, cela me déplait. J'ai seulement l'habitude qu'on me scrute ainsi, avec dégoût. Vous avez peur, je le sais. Vous craignez sans doute qu'un immortel comme moi qui côtoie la mort et la saleté vous refile la peste. Pour sûr, je n'ai aucune garantie à vous fournir.

J'accordais un dernier coup d'œil au bâtiment anonyme qui se dressait, oublié au milieu du No Man's Land. Pour sûr, il était temps de rentrer. La carcasse familière du Styrr, elle, m'attendrait. Oui, il était tant de lever les voiles.

Je ne fus pas long à rejoindre mes quartiers. Le décollage effectué, je retrouvais ma table habituelle, noyée sous les livres et les souvenirs. Je m'apprêtais à en inscrire un de plus. Mais celui-ci ne serait pas pour le Régime. Il serait pour moi. En l'honneur des moments vécus. Et, peut-être, de ceux à venir, si jamais vous m'offrez ce privilège.

Aberration ! Qu'espéré-je encore ! Demain... Que serais-je ? Nuit... Quelques heures à peine...

La chandelle vacillante de la lampe s'est tue.

Le calme avant la tempête...

Solia... prenez soin d'elle. Ne laissez pas la noirceur l'engloutir. Pour moi, il n'est plus temps. L'obscurité m'a dévoré il y a longtemps. Et pour ce qu'il me reste. Je suis navré. Demain, il ne restera — rien.

N.H. 

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