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Chapitre 5 : 19 décembre 2199


– Lara

Aujourd'hui, c'est moi, Lara, qui reprend la plume. Il est si tard, déjà, et la nuit est là, tapie dans mon esprit, laissant s'y perdre mes certitudes. Elle me susurre une ire que je ne pensais pas connaître. Ma colère se glisse sur le papier, lisse des mots qui s'y impriment.

La nouvelle est tombée en fin de soirée : Magdeleine sera la redresseuse en charge du dossier Solia. J'ai eu beaucoup de peine à convaincre notre complice de l'Atelier de m'autoriser à l'accompagner. La décision avait été si rapide et le rendez-vous pris l'après-midi même au centre de détention de Kiev pour la visite médicale de la prisonnière et l'attribution des documents officialisant son transfert futur. Magdeleine m'avait mise en garde. Que la première entrevue avec des condamnés ayant subi l'oubli était particulièrement violente. Que je devrais rester muette pendant toute la durée de l'entretien et me contenter de la besogne de secrétaire en retranscrivant sur l'écran numérique les faits importants de la conversation. M'exprimer à l'oral permettrait aux systèmes de reconnaissance vocale de m'identifier et d'exposer les autres membres de l'Atelier. Je devrais également respecter le rang social qu'occupe Magdeleine au sein de notre société technologique et la précéder dans chacune de ses actions.

Je n'avais pas imaginé la tâche si ardue. L'aspect extérieur du building où nous allions était peu remarquable, gris laqué comme ses voisins de la banlieue de Kiev, mais l'intérieur ne laissait pas la place au doute. Nous avions à peine passé le porche d'entrée et salué les deux officiers en faction que l'odeur nous prit à la gorge. C'est un mélange d'ammoniac et de détergent m'expliqua Magdeleine. Et je hochai la tête en suivant des yeux les instructions de notre guide, qui après avoir eu confirmation du motif de notre venue, nous fit traverser le corridor principal avant de stopper net devant un ascenseur. Je quittai avec soulagement ce grand hall de murs vides aux couleurs blafardes. Pourtant, le pire était à venir. Des hurlements et des glapissements horribles nous parvenaient. Plus ils se rapprochaient et plus il me semblait que les créatures se répondaient. Lorsque les portes s'actionnèrent, un concert de hululement et de ricanement nous attendait. Était-ce le seuil du purgatoire ? Un gardien se présenta à nous et se mit à galoper en direction des cabines. Je le suivis tant bien que mal, parmi le dédale de cellules d'isolement, jusqu'à notre destination. HDIP8235, déchiffrais-je, section : détenus internationaux, opération prioritaire. L'écran technologique clignota, émis un cliquetis satisfait au passage du gardien et la prison se déverrouilla.

Autour de nous, les claquements et grattements redoublèrent et les grondements des enfermées voisines se faisaient plus désespérés. Dans l'ombre de la lumière crue, une forme se tenait repliée. En nous voyant, elle ouvrit la bouche et des syllabes hachées s'en échappèrent. Elle se rassit en tailleur, se balançant d'un côté à l'autre, le regard perdu dans le vague. Je l'observais sans mot dire. Magdeleine s'approcha de la captive, qui réagit aussitôt. Elle claqua des dents, se roula en boule en attrapant ses pieds. Son cri rauque et sifflant heurta les parois carrelées de la cellule. Elle ne portait pas de chaussures, seulement une tunique blanche, cintrée à la taille et froissée par la peur. Ma complice sortit de sa poche une petite sarbacane et le sédatif atteignit sa cible, qui gémit avant de se retourner brusquement en grinçant des dents. Elle bondit, la gueule ouverte. Le geôlier fondit alors sur la prisonnière. Elle roula au sol et ses membres convulsèrent. Elle râla pendant quelques instants encore, bredouillant dans un babil vaseux :

– Plee... ee... plee... zee...

Puis son souffle ralentit et ses mâchoires se desserrèrent. Happée par ce sommeil qui venait de s'abattre sur elle, presque sereine, elle paraissait avoir retrouvé une tranquillité nouvelle. Hélas, ce n'était que la magie de l'anesthésique. Magdeleine avait attrapé sans un mot son carnet technologique pour y tapoter ses observations. Ce n'était pas à moi de m'en préoccuper. Je constatais néanmoins la pâleur et la raideur de ses traits sous le hâle naturel qui habitait son teint. Sa maigreur faisait ressortir ses yeux et ses lèvres. Nous apercevions les disques de sa colonne vertébrale se dessiner sous son vêtement. Sa chair était parcourue d'écorchures superficielles et de bleus qui viraient au violet. La jeune condamnée n'était pas laissée sans soins. Elle paraissait avoir une bonne hygiène et sa tunique était sans taches. Et pourtant, perdue au milieu du labyrinthe que formait le centre de détention de Kiev, il me devenait difficile d'approuver l'excellente réputation de l'institution. Il me semblait qu'on avait justement enlevé à ces pauvres êtres claquemurés la seule chose qui importait vraiment : leur faculté à vivre et ressentir ce qui les entoure.

– Ce sont de vraies bêtes, nous dit le gardien contraint, elles détestent que l'on s'occupe d'elles, elles hurlent et se jettent contre les murs dès qu'on les approche. Chaque fois nous devons les maîtriser pour les laver et les nourrir. C'est la même chose pour les soigner et les vacciner. Nous ne sommes pas des tortionnaires. Aucun détenu ne reçoit ici de mauvais traitement ni de privations quelconques.

Était-ce vrai ? Que se cachait-il dans cette forteresse, protégé par le couvert de la loi ? Je n'aurais sans doute jamais la réponse. Elle me semblait si maigre et si frêle dans le fond de sa cellule... Je réalisais que son absence de chevelure y était certainement pour quelque chose, faisant paraître son visage plus mince encore. Ses cheveux auburn étaient ras, coupés à la garçonne. Rien de vraiment surprenant quand on sait qu'il s'agit de l'une de coupes les plus en vogue aujourd'hui. Plus curieux, en revanche, était ce flamboiement doré que j'y apercevais. Une teinte rare qui me rappela immédiatement la crinière rousse du Styrrman. Ce ne pouvait être une coïncidence. Il faut dire aussi que le dossier de Solia indiquait clairement le motif de sa condamnation : complicité avec des pirates et rébellion contre l'ordre établi. S'il n'est pas fait mention du Styrrman, hors-la-loi dont nous ne savons que peu de choses, l'intitulé laissait peu de place aux doutes.

J'avais osé dire à mes consœurs de l'Atelier, que le Styrrman avait peut-être un rôle à jouer auprès de notre organisation rebelle. Ma proposition avait été très mal reçue. Pas question que l'on accueille cet homme dans notre association entièrement féminine m'avait-on répliqué. C'est un assassin avait ajouté une autre, on ne sait même pas qui il est. Comment oses-tu ? Apprécier ce qu'il fait ? C'est criminel.

Et c'était vrai, je ne savais rien de cet insurgé. Pas plus que je ne savais s'il avait réellement abandonné la jeune Solia face à la milice du régime. J'étais seulement touchée par son récit et sa répartie. Rien ne pouvait m'effrayer davantage que de le rencontrer. Et s'il s'agissait vraiment d'un homme ? Que deviendrait-il privé de son enveloppe de légendes ? Je crains la déception. De même que j'ai peur de l'avenir et peur du temps. Autant que le Styrrman, je cherche dans le présent l'antidote à la vieillesse. Je suis terrifiée à l'idée que ses paroles ne pourraient n'être que mensonge. Terrifiée à l'idée de découvrir des rides autour des prunelles sarcastiques du pirate. Le temps est insidieux, il ne se montre pas, se contentant d'afficher ses méfaits sur les faces étrangères. Comme nous, il agit en sous-sol, et détraque les systèmes trop sûrs d'eux-mêmes. Alors que nous sommes faillibles et condamnées à la chute, le temps suit son cours, lente rivière de perles sournoises et rayonnantes. Il fredonne une ritournelle qui nous maintient un pied dans l'étrier et l'autre au-dessus du précipice.

Au revoir mes consœurs. 

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