"Tout ira bien, la douleur vient, la douleur passe. On y arrive, même les déchets remontent à la surface" - Fauve - Azulejos

La douleur a pris un aller-simple vers mon corps et a décidé de ne plus me quitter. On fait un bout de chemin depuis un moment toutes les deux. 

Elle décide de s'installer parfois dans mon utérus, parfois dans mon ventre, parfois dans mon crâne. Parfois les trois en même temps. Et dans ces moments là, je chute, je chute dans le néant et je laisse mon corps se battre seul.

Parfois, c'est une douleur bien différente qui s'empare de moi, et celle-ci est certainement la pire des deux. Elle s'immisce dans mon crâne et me susurre des mots qui se transforment en maux.

Elle me donne des coups de poignards dans le coeur, laissant ma mémoire s'ouvrir, s'écouler sur ma peau, laissant ma mémoire refaire surface. C'est dans ces instants que je suffoque. Je veux hurler, hurler la douleur qui s'empare de moi, et bien souvent cela m'est impossible. Je porte mes mains à ma gorge et je serre, je serre jusqu'à sentir ce filet d'air qui traverse ma gorge, juste pour me rappeler que je respire encore. Parfois je griffe ce corps qui n'a rien demandé de tel à m'en créer des plaies dont je porte aujourd'hui les traces, parfois je le mords, juste pour me réveiller, parce que j'ai besoin de me réveiller. Il m'arrive aussi de frapper les murs, les portes, avec mon crâne, avec mes poings, avec mes genoux. 

Je punis cette fille qui pensait qu'elle était sans danger.

Je punis cette enfant qui n'a pas su comprendre ce qui lui arrivait.

Je punis ce corps qui n'a pas su se protéger.