Chapitre 4
— Arrête de te tracasser, Cassiopée. On sait tous les deux que ce n'était qu'une formalité ce mariage, ce n'est pas ça qui va officialiser ce qu'il y a entre nous.
Même si Alex ne pouvait pas lire dans ses pensées, c'était tout comme, simplement parce qu'il arrivait à déchiffrer le moindre plissement de son visage, la moindre émotion que dépeignait son corps.
— C'était important pour toi, chuchota Cassiopée.
Pour toute réponse, Alex haussa les épaules portant son regard sur la piste de danse.
— Malheureusement, il n'y a plus de toi et moi. Maintenant c'est toi, moi et tout le pays.
Ne sachant quoi dire, Cassiopée l'embrassa jusqu'à ce qu'il approfondisse avec passion leur baiser.
— Eh attendez la lune de miel pour ça !
La voix lointaine de Robert traversa toute la pièce et leur parvint distinctement. Automatiquement les deux jeunes mariés se séparèrent, et comme s'ils ne formaient plus qu'un dévisagèrent malicieusement leur ami. Ce dernier s'approcha, ainsi que Marceli, Laurine et Zeka.
— Bon, c'est pas comme s'ils avaient attendu la lune de miel pour le faire, les charria Laurine.
— J'avoue ! Je me souviendrai toute ma vie de ce matin où on vous avait cru mort, déclara Robert. C'était trop drôle. On était venu vous réveiller parce que vous tardiez à le faire et on est arrivés, vous étiez à poil sous les couvertures et inconscients. Vous aviez été dans le coma trois jours juste parce que vous aviez fait vos parties de jambes en l'air toute la nuit !
Le jeune homme racontait cette histoire comme s'il s'agissait d'un événement drôle et rocambolesque mais pour Cassiopée s'était gênant qu'il évoque sa première fois avec Alex de cette façon.
— Bon ça va Robert, tempêta Alex. Ervelyne nous avait dit que c'est ce qui arrivait entre les wagens et au Vanuatu aussi ils nous avaient avertis, pas besoin d'en faire tout un fromage.
— Enfin si quand même, c'est ouf ! Vous avez eu un orgasme si puissant que vous êtes tombés dans le coma, rigola Robert.
— Robert, tu ne vois pas qu'ils sont hyper gênés ?
À chaque fois que Marceli lui adressait la parole, le brun se figeait avant d'émettre la réponse la plus courante à son égard :
— Hun hun.
Oui c'était gênant, surtout que Cassiopée ne garde pas le même souvenir que lui de cette mémorable soirée.
Cela s'était déroulé la première nuit dans leur nouvelle demeure : le palais royal au sommet du Mont Cameroun. Il avait été le dernier à être construit comme s'il servait de touche finale à leur nouveau monde. Pendant toute la Reconstruction qui fut rapide grâce à la variété de facultés à leur disposition, Cassiopée et Alex n'avaient pu avoir de moments rien qu'à eux. Ils étaient tout le temps occupés à gérer la naissance de leur pays : délimiter les terres agricoles, participer à la construction de bâtiments respectueux de l'environnement ou à mettre en place des lois qui érigeraient l'île. Et le soir, à chaque fois, ils tombaient dans les bras de Morphée, épuisés par leur journée.
Mais ce jour-là, Aelyne et Marceli leur avaient montré leurs prouesses architecturales. Elles avaient réussi avec trois autres nilées à créer un palace simple mais imposant, une structure pyramidale en prolongement du volcan. La demeure avait été bâtie dans la pierre volcanique locale qui, grâce à un procédé qu'elle ne pouvait expliquer, pouvait devenir transparent, lui permettant ainsi de voir et d'être vu par l'île entière. Et cette permutation de l'opacité de la pierre se produisait dans tout le château à l'exception de quelques pièces comme leur chambre à coucher.
L'intérieur de cette dernière était d'une sobriété appréciable à l'exception du tapis persan central pour lequel Cassiopée ne sut comment il avait été obtenu. D'un côté de la pièce trônait un lit encadré par deux fenêtres rectilignes, et tout autour un mobilier tout aussi discret que le reste de la pièce. Le plus fascinant dans cette pièce restait le mur d'en face.
D'une blancheur incroyable, les moulures décoratives prenaient place sur toute la surface et représentaient une carte de l'Ancien Monde avec ses frontières et ses capitales. La jeune fille n'avait pu refréner un sourire face à cette douce attention de la part des architectes.
— Tu penses qu'on peut se faire rembourser ?
— O'Connor !
— Ben quoi ? Ni toi ni moi n'avons eu notre mot à dire dans la décoration.
Le blondinet arpenta la pièce lentement afin d'inspecter les moindres recoins. Il ouvrit la porte menant à la salle de bain ainsi que celle donnant sur leur dressing.
— Non vraiment elles auraient pu nous consulter, se plaignit O'Connor. Et si j'avais des tendances sado-mazo et que je voulais une chambre rouge à la place de ce pittoresque dressing ?
Cassiopée ferma les yeux pour tenter d'apaiser le fou rire et l'indignation qui se mélangeaient face à la remarque du pigeon aux oreilles décolorées.
— Et au lieu de la salle de bain, reprit-il, j'aurai pu demander une salle de jeux vidéos qui te serait refusé pour ne pas que tu viennes m'embêter.
Cette fois-ci, l'illusionniste traversa la pièce pour le réprimander :
— Apprécie un peu ce qu'on t'offre au lieu de râler.
— C'est un travail de babouin qu'elles ont fait.
La brune le considéra interloquée un instant avant d'exploser de rire.
— On dit un travail de sagouin, O'Connor.
Après un regard de haut en bas à son encontre, celui-ci poursuivit :
— Je dis ce que je veux.
— Ok mais dis-le correctement.
— Non, je fais ce que je veux.
Exténuée face à l'attitude digne d'un enfant d'Alex, Cassiopée souffla en laissant tomber la discussion. Elle se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche méritée avant de se glisser dans le lit double pendant qu'O'Connor prenait possession de la salle d'eau.
Une fois tous les deux dans le lit, en aucun cas, ils ne se touchaient sous le drap et le silence menait la danse entre les deux. Son compagnon de fortune avait éteint la lumière laissant tout le loisir à Cassiopée d'observer la noirceur des alentours ainsi que les moindres sons. Même leurs respirations s'étaient atténuées comme si elles étaient trop bruyantes.
La brunette mourrait d'envie de lui parler, d'échanger avec lui quoique ce soit : un contact, une parole, tout sauf dormir paisiblement. En cet instant, elle avait besoin de réconfort, chose qu'elle n'avait pas eu depuis la bataille mais sa fierté l'empêchait de quémander une quelconque marque d'affection. Surtout qu'il avait affirmé à Robert qu'il ne l'aimait pas autant qu'il eût voulu le faire croire.
— J'entends d'ici ton cerveau cogiter, déclara-t-il.
Même une pique de sa part la rassurait, l'enveloppant d'un doux voile de bien-être.
— Ce qui est incroyable quand on connaît la capacité de ce dit-cerveau. Franchement, je sais pas ce que j'ai fait en ce bas monde pour tomber sur toi. J'aurai pu tomber sur une top modèle quand j'y pense !
Elle savait pertinemment qu'il la charriait et décida d'en faire autant :
— Ou t'aurais pu tomber sur une nana hyper chiante et barbante.
Même de dos, elle pouvait sentir le regard mesquin qui lui lançait :
— C'est déjà le cas je te signale.
Bien qu'elle ne put retenir un rire, Cassiopée se retourna pour l'asséner d'un coup de coussin et lorsqu'il tenta de s'excuser à l'aide d'un baiser, la brune l'envoya paître.
— Tu sais que c'est frustrant n'est-ce pas ? l'interrogea-t-il.
— Quoi donc ? Ne pas pouvoir m'embrasser ? Oui je sais, feignit-elle.
Malgré l'air taquin de Cassiopée et les piques d'Alex, ce dernier avait l'air plus que sérieux :
— Non, c'est frustrant de ne pas savoir ce que tu ressens pour moi.
La jeune fille ne put refréner un sourire face à cette remarque. Cette simple phrase montrait que lui comme elle n'était plus ce qu'ils étaient, qu'ils avaient changé et qu'ils continuaient encore à le faire.
— Tu vois, moi j'ai tout balancé devant tout le monde, et depuis ce jour-là, c'est à peine si tu m'adresses la parole. Tu ne m'as jamais vraiment dit...
Sa phrase resta en suspens mais Cassiopée savait pertinemment à quoi il faisait référence mais la récente conversation avec Robert lui revint en tête.
— Qu'est-ce que ça peut te faire, O'Connor ? Tu as avoué hier à Robert que tu ne m'aimais pas.
Le regard qu'elle lui adressa était lourd de sens, de reproches et de sous-entendus flagrants. Après un presque imperceptible lever des yeux au ciel, Alex se rapprocha de Cassiopée tout en soufflant d'exaspération.
— En même temps si tu ne me parles plus beaucoup depuis ce jour à Paris, c'est un peu normal de ne pas vouloir assumer.
Rien qu'au son de sa voix, Cassiopée comprit qu'il était vexé.
— Que veux-tu que je te dise ? céda-t-elle
— Ce que tu penses de moi.
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Deux chapitres pour aujourd'hui étant donné que je n'arrivais pas à couper là où il fallait tout en faisant 2 000 mots ^^'
Donc, un deuxième chapitre ne devrait pas tarder à sortir :)
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