Chapitre 26
Le temps parut indéfiniment lent, elle s'impatienta jusqu'à ce que les battants s'ouvrent sur son pigeon aux oreilles décollées et sa meilleure amie. Fenyang s'approcha automatiquement du prince consort comme pour le protéger. Et lorsque ce dernier vit l'étrangeté de la scène, il se tourna d'abord vers Selena qui se dirigea près du trône de la Reine, alors le blond interrogea sa wagen :
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Tu n'es pas sans savoir que Rader a attaqué notre pays.
Elle tentait d'avoir la voix la plus détachée possible mais c'en était presque impossible. Alex hocha de la tête, toujours confus.
— Il l'a fait parce que j'ai tué sa fille. Et il a dit qu'il ne s'arrêterait pas là.
Elle déglutit sentant son rythme cardiaque augmenter.
— Œil pour œil, dent pour dent a-t-il dit. Tu sais ce que cela signifie.
— Cassiopée, avertit Alex.
Cassiopée avait peur pour ses enfants, elle avait peur pour l'avenir de ses bébés. Elle, l'illusionniste, la maîtresse des peurs ressentaient désormais ce qu'elle faisait vivre à chacun de ses cobayes. Elle se dirigea lentement vers les deux berceaux gardés par Jelani. Elle sera dans ses bras le petit Hyacinthe. À cet age-là, il avait encore les yeux bleus métalliques, leur couleur définitive n'était pas encore déterminée. Mais il n'en restait pas moins mignon, et au fond d'elle Cassiopée espérait que les quelques cheveux qui poussaient sur son crâne resteraient aussi blond que maintenant, c'est-à-dire de la même couleur que ceux de leur père.
— Il va revenir pour eux, Alex. Tu le sais.
Le corps de son mari s'agitait et pourtant il ne bougeait pas, il n'intervenait pas.
— Cassiopée, répéta-t-il. Qu'est-ce que tu racontes ?
— Il faut le faire, je ne peux pas les lui laisser.
Pendant qu'il répétait son nom, elle déposa un baiser sur le front de son enfant et le posa à terre, devant le trône et devant Alex. Puis elle reprit sa place, attrapa la main de S. et inspira profondément pendant que la puissance du pouvoir du nilée entrait en elle. Elle fermait les yeux, ressassant d'horrible souvenir et elle sentait qu'Alex ne bougeait pas, bien trop effrayé par ce qu'il imaginait dans sa tête.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Cassiopée vit avec horreur la confirmation de ce qui s'était produit sur Noé, ce qu'elle pensait inimaginable : des dizaines de fils de couleur différentes entouraient la seule personne qu'elle pensait immunisé à son pouvoir : Alex O'Connor. Et elle en vit aussi sur les gens autour, sur ses amis, sur ses sujets et sur ses enfants. Hyacinthue qui dormait paisiblement à terre étaient presque recouverts de cordelettes multicolores.
C'était tentant, très tentant et il fallait qu'elle cède à la tentation parce qu'elle était trop peureuse pour le faire comme les terrestres. Alors elle n'eut aucun mal à trouver le bon cordon, elle sentit au fond d'elle qu'il s'agissait du bon quand elle attrapa ce bout de fil d'un bleu pastel, comme la couverture de Hyacinthe,. Elle inspira à nouveau tentant de calmer la tempête dans son cœur. En essayant d'être forte, elle se convainquit en même temps que son mari :
— Je ne le laisserai pas les prendre, Alex.
En voyant son regard implorant, Cassiopée tira sur ce fil aussi doux que du coton et le bambin pleura de toutes ses forces. Pour la première fois, l'illusionniste ressentait la douleur de sa victime, elle ressentait tout le mal qu'elle lui faisait subir. Elle aurait voulu arrêter son illusion mais il fallait qu'elle le fasse. S. lui serra plus fort la main comme pour la réconforter et Alex se débattait, retenu par Fenyang et Zekaryah. Le spectacle ne dura pas bien longtemps et ce fut presque sans effort que Cassiopée brisa le lien bleuté qu'elle avait dans les mains.
Le silence retomba dans la pièce et aussitôt, Cassiopée accourut vers le petit être qui ne criait plus. Elle se jeta sur lui, enlaçant son corps, regrettant son geste. Elle pleura tellement qu'elle était certaine d'avoir donné naissance à un océan. Mais il le fallait, il fallait que ce soit elle, Rader ne pouvait pas lui retirer la vie de ses enfants et il fallait qu'elle se débarrasse de ses faiblesses. Pendant qu'elle continuait de pleurer, elle entendit au loin les cris de rage et de colère d'Alex :
— Comment oses-tu ? Tu es un monstre. Tu ne les mérites pas, tu ne mérites pas d'être une mère. Tu ne mérites pas d'être en vie et pour une fois je le pense vraiment : je suis maudit d'être tombé sur toi.
Elle fixait toujours le visage d'ange de son fils quand elle sentit du mouvement sur sa droite. À peine eut-elle le temps de relever la tête que déjà Alex tenait dans ses bras leur petite fille. Alors elle fut prise d'un vent de panique
— Alex, laisse-là moi, il faut le faire aussi.
— Jamais je ne te laisserai faire ça, tu es pire que Rader, tu me dégoûtes.
Son visage était tordu par la douleur. Pourquoi ne pouvait-il pas comprendre la raison de son acte ?
— Alex !
Lui se dirigeait déjà vers la sortie pendant qu'elle lui courait après. Lorsqu'elle lui toucha l'épaule, il se retourna vivement, jamais il n'avait eu un regard aussi acerbe et pourtant rempli de larmes :
— Tu as perdu la tête, ma pauvre. Tu es devenue aussi folle que ta mère. Et maintenant tu es toute seule et tu le resteras.
Cela lui brisa le cœur, bien plus que toutes les piques qu'il lui avait lancé auparavant.
— Alex...
Il se tourna vers son garde :
— Fenyang, allons-y.
Ce dernier hésita et Cassiopée réagit au quart de tour, se reprenant :
— N'oublie pas à qui tu dois allégeance !
Cela le fit réagir tout de suite et il resta stoïque, ce qui surprit Alex. Ce dernier lui lança un énième regard de vipère puis se dirigea vers la sortie, Eurydice dans les bras.
— Alex, ne fais pas ça, supplia Cassiopée.
Les larmes coulaient à flots sur son visage, tordu par la douleur de la perte d'un être cher.
Mais il était trop tard, il avait quitté la pièce.
Il fallu que le silence se renforce, prouvant à Cassiopée qu'il ne reviendrait pas, pour qu'elle retrouve ses esprits, alors, elle se tourna vers sa garde personnelle:
— Honore ta promesse, Jelani.
Et il n'en fallut pas plus pour qu'elle quitte également le bureau. Désormais elle se retrouvait avec Selena, Gianni, Zeka, S. et Fenyang qui tous la regardaient. Et plus loin, le corps sans vie de son fils, qu'elle avait elle-même tué. Il avait raison : elle était une horrible personne mais c'était nécessaire, il n'y avait pas d'autre choix.
— Et maintenant ? demanda Selena.
Elle la fixa un instant, ayant du mal à remettre de l'ordre dans ses idées.
— Tu nous as seulement dit que tu voulais tuer tes jumeaux et qu'on ne devait pas connaître tout ton plan au risque qu'Alex le découvre. Mais il a quand même réussi à l'en empêcher, du moins en parti, fit remarquer S. Alors que fait-on ?
— On improvise.
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