Chapitre 25
Ils discutèrent encore quelques minutes avant que Jelani ne débarque avec Laurine.
— Tu vas bien Jelani ? s'inquiéta Cassiopée.
— Toujours.
Après lui avoir résumé la situation, la Reine demanda la raison pour laquelle Laurine était là :
— Gianni et Zeka t'attendent dans ton bureau pour te préparer à un discours. Fenyang m'a dit qu'il t'attendait dans la chambre d'ami.
— Ok. Merci. J'aurai besoin de voir Aelyne aussi, peux-tu aller la chercher ?
Elle vit l'agacement sur le visage de Laurine, qui n'aimait sûrement pas être sa coursière mais elle opina du chef et disparut à nouveau.
— Jelani, je sais que ce n'est pas le bon moment mais je voulais savoir si tu acceptais d'être la marraine de Hyacinthe ? Il y a déjà Robert, Selena et Alban et je voulais vraiment que tu saches que je te considère comme-
— J'accepte avec plaisir. Je protégerai tes enfants comme je le fais avec toi.
Cela rassura la jeune Reine, surtout dans une situation comme celle-ci où Rader était prêt à tout.
— Est-ce que je peux vous demander un service à tous les deux ?
L'illusionniste s'adressa à Alban et Jelani.
— Il y a une petite terrestre, que j'aimerais que tu rencontres Alban et j'aimerais que tu prennes soin d'elle aussi pour le moment. La situation est compliquée et je vais te l'expliquer. Jelani, peux-tu aller chercher Homam et l'amener dans ma chambre ?
Sans demander son reste, Jelani partit.
— Selena, les prochaines heures vont être chargées, est-ce que tu peux être au chevet d'Alex et m'informer dès qu'il se réveeille?
— Bien sûr.
Une fois seule avec Alban, elle l'accompagna jusqu'à sa propre chambre pour lui expliquer la situation et pourquoi elle lui demandait de s'occuper d'Homam. Ils échangèrent encore jusqu'à ce qu'elle soit informée qu'Aelyne et Laurine l'attendaient dans le bureau. Alors elle rebroussa chemin, donna ses instructions aux deux jeunes femmes puis courut vers la chambre d'ami ou l'attendait Fenyang et S. Le temps pressait et elle avait beaucoup de directives à donner en tant que Reine.
— Veuillez m'excuser pour le retard, beaucoup de choses à gérer en cette soirée.
— Qu'il y a-t-il ? s'inquiéta S.
— Je n'ai pas beaucoup de temps, Gianni et Zeka m'attendent en bas. Je vais aller droit au but : le président Rader a parlé de vengeance « œil pour œil, dent pour dent ». Comme vous le savez, je suis responsable du meurtre de sa fille, alors je redoute le pire pour Eurydice et Hyacinthe.
Elle se mit à faire les cent pas tout en se grattant le cuir chevelu.
— Je pense aussi à notre nation, il va forcément nous attaquer à nouveau alors il faut tout prévoir.
Cette fois-ci Cassiopée, pensait à la fois à sa vie privée et à la vie de son pays, comme le devrait une souveraine.
— Pour le pays, je m'en charge avec d'autres collaborateurs. Mais vous deux, vous allez m'aider à protéger mes enfants. À faire en sorte que jamais Rader ne puisse les atteindre.
— Et comment ?
— C'est risqué, prévint-elle. Je ne suis même pas sure que cela va marcher...
Suite aux encouragement des deux hommes, Cassiopée commença a leur faire part de son plan, une fois certaine qu'ils aient tout compris, même s'ils n'approuvaient pas forcément, la Reine quitta promptement la pièce pour rejoindre son bureau toute essoufflée.
— Te voilà enfin ! commenta Zeka. On t'attend depuis belle lurette.
— Veuillez m'excuser j'avais d'autres choses à gérer.
Gianni lui tendit son discours pendant que Zeka lui faisait un topo :
— On est bien à 250 morts sur Rolyat et un nombre inconnu à la Foret. Il y a seulement huit survivants, tous des terrestres. Les gens sont énervés, Cassiopée, ils t'en veulent.
Elle parcourait en diagonale le discours qu'elle approuvait pendant que Zeka poursuivît :
— Les Légendaires ont été briefé, ils seront avec toi sur scène et seront près à répondre aux questions.
— Très bien.
— J'appelle les médias, on te laisse vingt minutes pour t'imprégner du discours et on se retrouve en bas, ok ?
Cassiopée opina du chef, déjà dans l'apprentissage de son discours. Mais elle fut interrompue par Jelani qui entra avec la petite Homam.
— Je ne voulais pas vous déranger, débuta Jelani.
— Non tu as bien fait. Comment va ma petite ?
— Bien mais pourquoi je suis là ? répondit l'intéressée.
Ses grands yeux couleur océan scintillaient à la vue de Reine, et cette dernière se demanda si la même chose se produisait quand elle voyait la petite.
— Écoute moi bien. C'est très important ce que je vais te dire . Tu as vu ce qu'il s'est passé aujourd'hui ?
La brunette fit oui de la tête.
— C'est très dangereux en ce moment, et je ne veux pas que tu restes toute seule alors j'ai demandé à un ami de s'occuper de toi. Il te protégera si jamais quelque chose t'arrive d'accord ?
— Okay.
— Je n'ai pas beaucoup de temps, on m'attend en bas. C'est Jelani qui va t'emmener. Il s'appelle Alban, promets moi de toujours lui faire confiance.
La reine caressa les doux cheveux de l'enfant, presque nostalgique.
— Je te le promets, déclara-t-elle.
— Bien.
Cassiopée la serra si fort dans ses bras, et huma son odeur comme si elle ne voulait jamais l'oublier. Alors que Jelani l'emmenait par la main, la nilée l'interpella une dernière fois :
— Homam, n'oublie pas : peu importe où tu seras, je serai avec toi dans les étoiles.
La gamine sourit et lui répondit :
— Homam n'est pas l'étoile protectrice de Persée mais de la Reine Cassiopée.
Cela lui fit chaud au cœur car toutes les deux se comprenaient et elle savait que la petite aussi n'oublierait jamais cette nuit ou elle avait appris son prénom et sa signification.
Une fois seule, Cassiopée eut un pincement au cœur : elle savait qu' Homam aurait été plus heureuse avec elle et Alex, mais elle ne pouvait tout simplement pas l'adopter alors elle espérait qu' Alban saurait prendre soin d'elle, comme elle l'aurait fait. Puis elle se replongea dans son discours
Elle ne vit vraiment pas le temps passer lorsque Zeka vint la chercher. Jusqu'au chemin vers la salle de conférences, sa directrice l'informa qu'Alex venait de se réveiller et qu'il reprenait doucement ses esprits. Cassiopée déplora le fait qu'elle ne puisse pas être à son chevet mais il comprendrait sûrement la situation. En arrivant dans la pièce, quelques caméras et journalistes se tenaient là. Le pays ne s'était pas suffisamment développé pour créer une large variété de chaîne : il n'y en avait que trois à but divers et pourtant elles étaient toutes là, plus celle exclusive de Noé, la seule chaîne terrestre contrôlée par Rader.
Sans plus attendre, la Reine se plaça derrière son pupitre. Au dernier moment, Zeka lui prévint pour la couronne, alors elle déploya sa bague, installa l'objet puis racla sa gorge.
Elle fit d'abord état des morts, des victimes et des tragiques évènements. Puis elle remercia tous les volontaires qui avaient répondu à présent à l'appel. Puis vint le moment d'évoquer la situation à Noé :
— Comme vous le savez, Noé a tenu en otage des Légendaires.
Elle expliqua rapidement leur fonction avant de continuer :
— Étant donné leur condamnation à mort, nous avons pris l'initiative de les secourir. J'ai personnellement tenu à participer à l'opération. Ce sont eux que nous sommes allés secourir mais Noé ne nous a pas laisser récupérer nos citoyens et nous avons dû nous défendre. C'était eux ou nous.
Cassiopée eut l'impression de parler comme Rader. Elle se pencha sur son discours :
— Et le Prince consort a été blessé dans la bataille, mais sa vie n'est pas en danger, tout comme celles des Légendaires. Ils se sont battus pour vous, pour nous, pour que jamais nous ne soyons sous l'emprise de Noé.
À ses mots, les Légendaires qu'ils avaient secourus firent apparition sur l'estrade, déclenchant les flashs des appareils photos.
— Comme vous le voyez ils sont saints et saufs, et je pense parler au nom de tous les cassiandais lorsque je dis que nous vous remercions infiniment pour votre travail accompli.
La jeune femme applaudit suivis par toutes les personnes présentes dans la pièce.
— Malheureusement, le président Rader a profité de ce moment pour nous attaquer violemment et tuer des innocents. Quel homme peut être digne de diriger un pays et de massacrer son propre peuple ? Ce n'est pas seulement les nilées qui ont souffert mais les terrestres car oui, je l'avoue, nous avons accueilli des fugitifs terrestres. Mais peut-on leur en vouloir de ne pas vouloir habiter à NOE ? Ce pays qui prive les gens de leur liberté ?
Elle marqua une pause.
— Peut-on leur en vouloir de chercher refuge dans un pays plus libre ? Nous ne pouvons pas refuser ces terrestres simplement parce que nous avons subi un mauvais traitement de la part de leurs ancêtres. Nous savons mieux que quiconque que les membres d'une famille ne nous définissent pas.
Cassiopée prenait son temps pour que chacun réalise l'ampleur de ses mots.
— Refuser ces femmes, ces hommes et ces enfants sur notre territoire, ce serait un déni d'humanité insupportable. N'oubliez pas que les terrestres sont tout aussi humains que nous.
Un silence volontaire se fit à nouveau.
— Je veux dire un mot pour tous ces noétiens et noétiennes, terrestre ou nilée par hasard. Être seul et se sentir seul, c'est deux choses différentes. Et seuls, vous ne l'êtes pas. Il faut qu'on parle de vous, il faut qu'on parle de nous.
Elle regarda l'assemblée
— Cela fait cinq ans que notre génération défait les lois profondément enracinées, les principes et les valeurs malavisés qui ont conduit notre monde à une perte prévisible et qui par conséquent a failli nous conduire à notre perte, nous la race humaine. Alors imaginez toutes les possibilités lorsqu'on supprime le déséquilibre. Imaginez toutes les possibilités lorsque les terrestres ne sont pas mis de côté et lorsque les nilées ne sont pas mis de côté.
Elle déglutit comme pour tenter de se calmer face à ce qu'elle allait annoncer :
— Je pense que nous sommes prêts à accueillir les terrestres et à faire fi des erreurs de leurs ancêtres car eux ont pardonné les erreurs des nôtres. Aujourd'hui, en aidant les terrestres, vous avez prouvé que la solidarité surpasse l'identité raciale. Alors, continuons à Prouver à Noé, à prouver au président Rader, qu'ici, à Cassiander nous sommes capable de traiter quelqu'un d'une autre race, d'une autre origine avec dignité et respect.
Après un hochement de tête, elle conclut :
— Merci, maintenant je laisse la parole aux Légendaires.
En descendant de l'estrade, un silence de mort se fit, ce qui lui fit douter : avait-elle réussi son discours ? Mais elle n'avait pas le temps d'y penser. Alex était maintenant sa priorité.
Accompagnée de Zekaryah et Gianni, elle monta récupérer ses jumeaux qui étaient en compagnie de Jelani, Fenyang et S. puis elle demanda à Gianni d'aller chercher Alex et Selena.
Avec ses enfants, chacun dans leurs landeaux et des quatre nilées, elle descendit jusque dans son bureau. Zeka se tenait près de la porte d'entrée, Jelani et Fenyang près des deux jumeaux. Quant à la Reine, elle prit place sur son trône d'acier, toujours aussi froid et inconfortable. Pendant qu'elle replaçait sa couronne sur la tête, S. s'installa à sa gauche.
— Vous êtes sure ? lui chuchota-t-il
— Il le faut.
Et ils attendirent.
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