Chapitre 22
Tous se regardèrent dans le blanc des yeux sans avoir de réponse. Cassiopée sourit en pensant à Robert qui, s'il avait été là, leur aurait fait la remarque comme quoi ils n'étaient pas dignes d'être des héros organisés. Anton, le journaliste se proposa alors :
— Ça ne sert à rien de se cacher maintenant. Toute la ville doit être au courant. Alors, si vous êtes en mesure de m'indiquer le chemin à prendre, je peux nous transporter.
S. sortit la carte et hocha de la tête.
— Écartez-vous, conseilla Anton.
Pendant qu'ils s'exécutèrent, Cassiopée remarqua alors que les cris étaient désormais émis de très loin, ils en étaient presque inaudibles. Lorsqu'elle reporta son attention sur le blondinet maigrichon, celui-ci se métamorphosa en un gigantesque mammouth. Elle savait que ces derniers avaient une taille gargantuesque mais comme elle n'en avait jamais vu de vrai, elle fut ébahie par sa grandeur, la longueur de son pelage et la dimension de ses défenses. C'était fascinant. Le même éclat noisette brillait dans les yeux de l'animal lorsqu'il s'adressa d'une voix plus rauque :
— Je vais m'abaisser pour que vous puissiez monter sur mon dos. Accrochez-vous bien.
Anton eut un peu de mal à s'agenouiller, encore peu à l'aise avec le corps de l'animal faisant presque deux fois la hauteur d'un éléphant. Grâce aux poils, ils n'eurent aucun souci à escalader et se placèrent de façon à couvrir tous les alentours en cas d'attaque. Puis le pachiderme s'élança selon les directives de S. Chaque pas raisonnait contre le béton, le fêlant par endroits. Juste derrière S. se trouvait Alex, Cassiopée et Fenyang, dans la deuxième rangée, à la troisième Alban et Bret tenaient Selena toujours inconsciente et enfin Jelani et Léo et Berry assuraient leurs arrières.
La foule s'écartait sans demander leurs restes à leur vue mais les forces de l'ordre ne tardèrent pas à rappliquer : trois voitures leur barraient la route devant. Alors Cassiopée s'occupa de la première en attrapant tous les fils qui débordaient du véhicule : aussitôt une multitude d'évènements se produisirent : une petite fille fut assassinée, l'un des policiers reçut une balle imaginaire dans le thorax et du sang gicla dans tout l'habitacle.
Au même moment, Alex incitait le conducteur de la seconde voiture à rebrousser chemin, et il le fit avec une facilité aussi déconcertante que celle de Cassiopée à tirer sur plusieurs cordelettes en même temps. Plus sur sa gauche, Fenyang eut le temps de lancer plusieurs lames dissimulées dans son armure. Il ne tua pas les agents de police, car le premier poignard fendit le pare-brise de la troisième voiture et fut suffisant pour que les terrestres prennent leurs jambes à leur cou. Cassiopée eut à peine le temps de savourer les frayeurs de ses victimes que déjà Anton passait au-dessus du barrage des deux véhicules ayant subi les affres du duo de wage,.
— Sur ta gauche ! scanda S. la carte à la main.
Heureusement qu'il y avait de quoi s'accrocher, sinon tous les nilées auraient valdingué tellement le virage fut serré. Ils étaient tous à l'afflux du moindre mouvement menaçant. Alex se focalisait sur les voix qu'il entendait et prévint Jelani du mieux qu'il put :
— D'autres voitures arrivent par derrière.
— Je les sens ! s'écria Jelani.
Pendant que Cassiopée faisait tout pour résister aux centaines de cordelettes qui l'appelaient aux fenêtres des bâtiments, dans les rues, Jelani informa ses collègues du danger imminent :
— Six hommes qui devraient arriver par là et par là. Dans...5...4...
Cassiopée sentait que le décompte l'appelait, comme une invitation à commettre une razzia sur les peurs des terrestres.
— 3...2...
Elle se sentait tenter par cet appel, alors elle s'agrippa au t-shirt d'Alex sur sa droite, tout en le suppliant:
— Regarde-moi.
Le regard fievreux de sa wagen dut lui suffire pour comprendre qu'elle était sur le point de dépasser la ligne, de braver l'interdit et de commettre la même erreur qu'à Wallis-et-Futuna. Au même moment, deux sirènes fendirent l'air, derrière eux, et le bruit de plusieurs coups de feu tirés à la suite s'ajouta à la cacophonie. Cassiopée devina sans aucun mal que Léo déviait la trajectoire de toutes les balles, pendant que Berry devait lui aussi agir avec l'eau à sa disposition.
Toute cette osmose, cette fureur et cette adrénaline nourrissaient l'envie de Cassiopée de déchirer tous les fils à sa disposition. Mais heureusement, Alex vissa son regard à elle, et pour renforcer leur lien, de ses deux mains, il encercla le visage de Cassiopée et lui donna un ordre :
— Ne regarde que moi, Cassiopée
— À gauche ! cria S.
Lorsque le mammouth s'exécuta, Alex n'ayant aucune attache, glissa du dos du mammifère. Cassiopée réalisa trop tard ce qu'il venait de se passer : ses mains tentèrent de le rattraper mais ne rencontrèrent que le vide. Et lorsqu'elle entendit le bruit de son corps tombant sur l'asphalte, elle cria de toutes ses forces :
— Alex !!
Au sol, Alex ne réagit pas, ne bougeant pas. Le temps que les autres réalisent ce qu'il venait de se passer, Anton avait déjà parcourut plusieurs mètres et lorsqu'il fit demi-tour, la police qui les pourchassait était déjà au niveau d'Alex, s'assurant qu'il ne bougerait pas de là. Cassiopée avait la vue brouillée à cause de ses larmes, elle s'en voulait terriblement car ce qui était arrivé était purement sa faute. Son wagen était peut-être mort à cause d'elle, et si c'était le cas, elle s'en voudrait à jamais. Un mélange d'émotions négatives l'envahissait peu à peu.
Le temps qu'ils atteignent Alex, la police l'avait déjà menotté et le transférait vers l'un de leur véhicule. Il était hors de question que des noétiens capturent la personne qui comptait le plus pour elle, alors, tout en ignorant l'appel de ses amis, Cassiopée libéra toute la rage qu'elle avait en elle. Des dizaines de fils étaient à sa disposition devant elle : toutes les peurs des policiers, de longueurs différentes et de couleurs diverses. Elle en attrapa autant qu'elle pu et nourrit son désir de vengeance.
L'apocalypse se produisit au même moment : une tornade apparut de nul part, accompagnant la foudre qui electrocuta à plusieurs reprises un des hommes, un second policier se vit gravir un immeuble avec le vertige qui le tiraillait, pendant que deux autres voyaient leur corps subir des anomalies physiques. Le feu côtoyait l'eau dans la course à la terreur, et divers animaux de tailles variées attaquaient un ou plusieurs terrestres.
Cassiopée savourait l'abondance des souffrances de ses cobayes. Elle ne sentit pas le mammouth se baisser ni qu'on récupérait son wagen. Tout ce qu'elle percevait c'étaient les dizaines, les centaines de peurs possibles qui se cachaient dans les environs. Il fallait qu'elle étanche sa soif, il fallait qu'elle se venge, il fallait tout simplement qu'elle le fasse. Cassiopée était de nouveau devenue accro.
— Ma Reine ?
Le son lui parut lointain mais lorsque la personne posa sa main sur son épaule. Quelque chose d'extraordinaire explosa en elle, repoussant les limites de ses capacités. En se tournant vers S., le duplicateur, Cassiopée réalisa qu'ils étaient de nouveau en mouvement, mais ce qui lui importait c'était cette soif de pouvoir. Elle attrapa la main de S. et jeta un œil sur l'autre, tenant fermement Alex inconscient. Ce lien qui les unissait tous les trois étaient d'une puissance inégalée, à tel point que même Alex était couvert de cordelettes. Mais ce n'était pas lui qu'elle voulait voir souffrir, c'étaient les autres.
L'illusionniste lâcha son emprise sur S. mais par sûreté, celui-ci passa une main autour de sa taille pour ne pas qu'elle tombe. D'une main Cassiopée rassembla les peurs des officiers, et dès qu'elle le pouvait elle rajoutait un autre fil à sa collection. Elle les attrapait avec une facilité déconcertante et dès qu'une peur se réalisait, les cris de ses proies était un doux nectar qui se glissait en elle, jusqu'à lui provoquer des papillons dans le ventre.
Les vitres alentours se brisaient, des personnes tombaient comme des mouches des immeubles, toute la météo était réunie en un seul point, tous les monstres imaginaires prenaient vie et tout le monde vivait le pire moment de sa vie. Tout le monde sauf Cassiopée et ses amis. Bien sûr, elle avait fait attention à ne pas toucher à eux, et cela fut plus facile qu'elle ne le pensait, tout simplement parce qu'il y avait pléthore de cordons à sa disponibilité.
C'en était devenue un jeu. Un jeu où elle parcourait les rues et avait pour seul but de collecter le maximum de peurs. L'illusionniste se sentait vivante et puissante. Qui d'autre qu'elle pouvait paralyser autant de gens en même temps ? Qui d'autres pouvaient donner vie aux pires cauchemars de l'humanité ? Elle, il n'y avait qu'elle.
Sa fierté gonflait aussi rapidement que sa domination sur les hommes et les femmes à sa disposition. Elle ne voyait pas qu'ils avaient repris chemin vers leur embarcation. Tout ce qu'elle sentait c'étaient ses illusions qui apparaissaient au fur et à mesure qu'ils avançaient. À plusieurs reprises, elle entendit qu'on l'appelait ou qu'on lui secouait l'épaule, mais personne ne pouvait l'arrêter. Cassiopée était invincible.
Elle avait des fils pleins les mains, et le cœur remplit des gémissements et de l'épouvante de ses cibles jusqu'à ce que d'un seul coup tout disparaisse. En posant son regard sur ses mains, Cassiopée découvrit qu'elle n'en tenait plus aucun alors elle réalisa qu'elle se tenait sur la terre ferme et que seuls les cordons autour de ses amis étaient disponibles. Ils avaient dépassé la ville et atteignent leur bateau. Tous la regardaient avec crainte. Ils la redoutaient.
Alors Cassiopée réalisa avec horreur tout ce qu'elle avait commis, tout ceux qu'elle avait détruit psychologiquement et peut-être même tué. La honte l'envahit et la culpabilité aussi. Même si elle ferma les yeux pour éviter que ses larmes ne s'écoulent, la jeune femme ne fit que revoir tout le désordre qu'elle avait causé.
Elle sentit que Jelani la poussait vers leur barque . Le moteur démarra et ils quittèrent l'île en silence. Cassiopée s'en voulait terriblement et ne pipa mot. Aucune parole ne fut échangée, tous devaient être sous le choc de ce qui venait de se passer, la Reine la première. Puis, soudainement, son esprit lui rappela ce qui avait provoqué tout cela.
— Alex, lança-t-elle.
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Alors ? Alex ? Quelles vont être les conséquences selon vous ? ;)
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