Chapitre 15
En repassant par sa chambre pour déposer Homam, Cassiopée découvrit sa chambre vide, signe qu'Alex n'était toujours pas rentré. Lorsqu'elles quittèrent le château, la Reine prit tout son temps pour raccompagner la petite fille comme si elle souhaitait retarder le moment de leur séparation. Au bout de quelques secondes dans ses pensées, l'illusionniste osa demander à Homam :
— Dis-moi, Homam, tes parents...
Bien que son visage était tourné en direction de la route, Cassiopée se sentit coupable d'avoir posé la question.
— Il n'y a plus que moi.
— Et ils te manquent ?
Cassiopée se maudit une nouvelle fois d'avoir sorti une telle aberration.
— Excuse-moi, Homan. Je suis fatiguée et ce n'était pas la chose à dire, je m'excuse sincèrement.
La petite brunette leva les yeux en direction de la nilée et lui offrit un sourire triste mais rassurant. Elle lui attrapa la main et ensemble, reprirent le chemin du laboratoire. Au moment de se dire au revoir, Cassiopée lui promit de revenir dès que le temps le lui permettrait et qu'en attendant, elle ne devait pas se transformer.
Sur le coup, la jeune femme se sentit fautive de lui demander d'aller à l'encontre du programme Caméléon qu'elle-même avait mis en place mais elle ne pouvait tout simplement pas prendre le risque de perdre sa petite fille aux étoiles. Parfois, il est bon de déroger à la règle.
Après l'avoir raccompagnée, Cassiopée regagna sa chambre où Alex l'y attendait, assis sur leur lit. Étonnée par son regard inquisiteur, elle l'interrogea :
— Ça va ?
— Oui, et toi ?
Cassiopée hocha de la tête avant de passer par la salle de bain, le ton platonique de son mari ne la mettant pas complètement à l'aise. Lorsqu'elle revint, Alex l'observait d'une façon bien plus étrange, comme s'il avait quelque chose à lui reprocher mais qu'il n'osait pas le faire. Il la suivait des yeux pendant qu'elle rangeait ses affaires ou retournait dans la salle de bain. Agacée, elle finit par lui demander :
— Bon, qu'est-ce qui se passe, Alex ?
— Rien.
Il marqua une pause.
— Pourquoi ? Tu as quelque chose à te reprocher peut-être ?
Tout chez lui prouvait à la brune qu'il avait quelque chose en tête : ses bras croisés, son ton accusateur mais aussi ses yeux inquisiteurs. L'illusionniste souffla et tenta de passer à autre chose en s'installant dans le lit. Apparemment cela suffit à Alex pour se confesser
— Je sais que tu ne me trompes pas avec une gamine alors exprime le fond de ta pensée.
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
Fuyant son regard, elle se concentra sur les plis de ses draps et oreillers. De son côté, il semblait mécontent puisqu'il passa une main dans ses cheveux, pour y mettre encore plus de désordre qu'auparavant.
— Je ne suis pas dupe Cassiopée, tu t'es attachée à cette enfant autant qu'elle à toi.
Enfin, il disait ce qu'il avait sur le cœur, et, comme pour le prévenir de surveiller ce qu'il s'apprêtait à lui dire, la nilée planta ses yeux noirs dans les siens.
— C'est la seule à ne pas avoir reçu sa dose, reprit-il, alors qu'elle fait partie d'un programme pour les insérer dans notre société. Tu la retiens comme si tu ne voulais pas qu'elle intègre notre société. À ton avis, de quoi est-ce que je parle ?
Sa wagen mima une expression d'ignorance. Peut-être qu'au fond d'elle, dans les tréfonds de son âme, son inconscient savait de quoi il s'agissait, mais pour l'heure actuelle, elle voyait flou sur ce qu'il suggérait. Le blond se leva et contourna le lit pour lui faire face :
— Dis-moi que tu l'as ramené au labo et que tu t'es assurée qu'elle ait eu sa dose ce soir. Dis-moi que ton père l'a integré dans le programme comme convenu. Et dis-moi que bientôt elle subira sa révélation.
Pendant qu'il s'approchait de plus en plus d'elle, Cassiopée ne put soutenir son regard, se contentant de fixer le plafond tout en croisant des bras.
— Dis-le moi Cassiopée. Dis-moi qu'elle a autant de chance de mourir que-
— Non ! s'écria Cassiopée plus fort qu'elle ne l'aurait voulu.
Son souffle s'était subitement coupé, désormais sa respiration était saccadée, comme un signe de la peur intérieure qu'elle avait à ce que tout ce qu'il ait dit se produise.
— Elle ne mourra pas, parce qu'elle ne prendra pas sa dose expérimentale.
— C'est elle qui ne veut pas ou toi ?
Cassiopée fut déroutée par sa question. Devait-elle faire parler en son nom ou en celui de l'autre en tant que représentante du peuple qu'elle protégeait ?
— C'est moi qui ne veux pas, c'est trop dangereux pour elle.
— Tu n'as eu aucun scrupule à tuer une trentaine de mineurs pourtant. Ni même à massacrer plein de monde avec tes foutus fils. Tu n'as jamais eu de remords pour eux ou tu ne t'es jamais battue pour leur vie à ce que je sache.
La réplique lui arriva en pleine figure et aussitôt elle s'avança vers lui, prête à lui faire mal de n'importe quelle manière.
— Comment oses-tu O'Connor...
— Quoi ? Ce n'est pas la vérité ?
Si elle avait pu, Cassiopée aurait voulu tirer sur l'une de ses peurs à lui, lui faire regretter les mots qu'il lui avait balancés. Au lieu de cela, elle se contenta simplement de se lever doucement.
— Ça n'a rien à voir, commença-t-elle.
— Rien à...,rigola-t-il. Si, justement, cela à tout à voir. C'est à propos de toi et de ta petite personne.
Il se mit à arpenter la pièce de long en large tout en déblatérant :
— On fait ce que tu veux quand tu le veux : Je t'ai supplié maintes et maintes fois de m'épouser, alors que tu savais que ça me tuait de subir tes refus et un jour comme ça, parce que tu en avais besoin, tu es venue avec ton « ça te dit qu'on se marie ? ».
Alex passa une main dans ses cheveux, sûrement pour remettre de l'ordre dans ses idées :
— C'est toujours comme ça avec toi, Cassiopée. Tu ne voulais pas qu'on expérimente le niléeisme sur les terrestres, et maintenant cela t'arrange qu'on le fasse et puis pouf ! Tu rencontres une inconnue et tu ne veux pas qu'elle soit un cobaye.
— Mais...
— Dis-le Wilson. Dis ce que tu veux vraiment !
La brune était bien trop remontée contre lui pour lui formuler la réponse qu'il attendait, d'autant plus qu'il ne lui laissât pas le temps de répliquer. Alors elle tenta de l'atteindre avec ses mains. Cassiopée plongea en sa direction mais bien sûr, il n'avait aucun souci à l'esquiver et au contraire cela lui donna plus de raison de lui dire ses quatre vérités.
— C'est tout toi, ça. Tu n'as eu aucun mal à sacrifier des gens pour sauver ton frère. Adastrée est morte pour toi, Peeter est mort, Valentine aussi. Tous ! Et nous avons tous failli y passer juste parce que tu voulais sauver ton frère. Mais ça tu t'en fiches. Parce que la seule chose qui t'importe c'est de satisfaire ta petite personne !
— O'Connor !
La rage qui l'envahissait voulait le faire taire. Cassiopée en était presque frustrée de ne pas voir de cordelettes de peur apparaître dans la chambre. Elle aurait voulu tout déchirer, se nourrir des cris de terreur, maîtriser ses victimes et recracher tout le venin qu'il lui balançait à la figure. Elle avait beau faire des pieds et des mains mais il semblait inatteignable. C'était lui qui la contrôlait cette fois-ci et seulement de ses mains.
— Et là tu fais pareil, tu décimes des dizaines d'enfants juste pour une gamine.
Les larmes de colère lui brouillaient la vue mais elle n'avait qu'une envie c'était de lui faire mal, comme il le faisait avec les mots mais en vain.
— Alors dis-moi Wilson ! Dis-moi quel est le point commun entre Taylor et cette gamine !
— Tu n'es qu'un-
Elle tentait de se débattre sans succès, il était bien plus fort que lui. Cassiopée ne voyait plus rien tant les mots de son wagen lui faisaient mal et tant la rage l'envahissait.
— Crache le morceau ! cria Alex. Dis-moi ce que Taylor et la terrestre ont en commun !!
— Je les aime ! explosa Cassiopée.
Son souffle était rapide, sa vue obstruée par les larmes mais elle pouvait sentir le corps d'O'Connor relâcher son emprise sur elle pendant qu'elle se justifiait :
— Je les aime et je serais prête à tout pour eux. Je ne veux pas qu'Homam tente l'expérience parce que je ne veux pas qu'elle meure. Je veux qu'elle vive. Je veux la voir grandir et s'épanouir, je veux la voir connaître un monde dans lequel elle se sent libre d'être elle-même, dans un monde où elle n'a pas honte de ce qu'elle est ou ce qu'elle n'est pas.
Lorsque sa vision fut plus nette, Cassiopée remarqua qu'Alex essuyait ses larmes d'un revers de main. Ses joues avaient pris une teinte rosâtre, probablement sous le coup de l'énervement, et le marron de ses yeux ressortait bien plus que d'habitude.
Il semblait se calmer peu à peu comme s'il avait obtenu ce qu'il voulait. Appréhendant ce qu'elle allait dire, Cassiopée sentit son corps se tendre sous la pression et son cœur battre contre sa tempe. Les mots lui brûlaient les lèvres comme s'il était nécessaire que cela sorte :
— Je veux l'adopter, Alex.
Ce fut comme s'il savait ce qu'elle allait dire car il ne réagit pas le moins du monde, se contentant simplement de lever les yeux vers elle d'un air indéchiffrable.
— Adopter une terrestre, une fugitive, se serait une très bonne manière de prouver qu'il faut pardonner, se justifia-t-elle. Les mineurs ne sont en rien responsable du passé et des erreurs de leurs parents.
Alex remit de l'ordre dans ses cheveux et son pyjama avant de se diriger vers la porte.
— Cette adoption inciterait les habitants à faire de même, poursuivit-elle. Cela nous éviterait de massacrer des enfants simplement pour les rendre désirables-
— Non.
Cela tomba comme une massue.
— Non, nous n'adopterons pas cette gamine.
Le ton froid de sa voix lui glaça le sang. Elle ne pouvait pas voir son visage, puisqu'il lui tournait le dos, la main sur la poignée de la porte mais pourtant elle savait que le O'Connor qu'elle avait connu au début de leur relation, distant et méchant, était de retour. Et cela ne fit que redonner vie à sa rage.
— Tu te fous de moi, O'Connor. C'est toi qui me mets une pression pour avoir des gosses. Et maintenant que je me suis attachée à l'une d'elle, tu n'en veux pas !
Elle s'approcha de lui pendant qu'elle lui crachait tout ce qu'elle avait à lui dire :
— Tu n'es qu'un sombre idiot égoïste qui ne sait jamais ce qu'il veut. Ce n'est pas moi que tu décrivais tout à l'heure, mais toi ! Tu voulais des enfants et maintenant que je suis d'accord, tu ne veux plus.
L'illusionniste se rapprocha de son mari qui lui tournait toujours le dos, les épaules tendues. Comme s'il lui faisait face, elle continua de le sermonner :
— Je maudis le monde pour avoir eu quelqu'un d'aussi immature que toi et d'aussi autocentré. Il va falloir que tu grandisses un peu, O'Connor-
— Tu ne peux pas l'adopter, la coupa-t-il.
Le blond ouvrit la porte pendant que Cassiopée élevait une fois de plus la voix :
— Je n'ai pas besoin de toi O'Connor ! Le peuple sera content de voir qu'on adopte et qu'on respecte la loi Duo Maxima. Si je veux l'adopter, je le ferai !!
Toujours sur le pas de la porte, comme s'il hésitait à s'en aller, O'Connor contrecarra :
— Je t'ai dit que tu ne peux pas l'adopter, Wilson ! Tu es sourde ou quoi ?
— Et pourquoi ?
Elle s'avança encore plus vers lui, seul un ou deux mètres les séparaient. Elle ne voyait que son dos qui s'élevait doucement au rythme de sa respiration comme s'il tentait de se contenir.
— Pourquoi je ne peux pas adopter une enfant aussi adorable qu'elle ? Hein O'Connor ? Pourquoi ?
Il ne disait toujours rien.
— Elle ne te plaît pas c'est ça ? Elle n'est pas à...à ton goût ? Et bien tu sais quoi ? On ne choisit pas sa famille ! Tu devrais en savoir quelque chose non ? Alors dis-moi, vraiment, insista-t-elle. Dis-moi pourquoi on ne peut pas adopter cet être si pur ?
Ce dernier se retourna si brusquement vers elle, que Cassiopée eut un mouvement de recul.
— Parce que tu es enceinte !
~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~
TAM TAM TAM !
J'attends vraiment vos réactions sur ce chapitre ! Alex ment-il pour cacher autre chose ? Ne veut-il vraiment pas d'Homam ? Est-il jaloux d'elle ?
A vous de me le dire ;)
Bon j'avoue je réponds toujours pas aux commentaires mais je les vois passer et ça me fait toujours autant plaisir !
Je vous aime beaucoup trop !!
Je vous embrasse très fort en retour :D
Et je vous dis à lundi prochaiiiin !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro