Chapitre 13
Bien qu'elle s'apprêtait à refuser, Cassiopée fut coupée dans son élan :
— Hier soir vous aviez dit que le vôtre était dangereux. Alors je veux voir de quoi est capable la Reine de cette île paradisiaque.
— Je te ferai du mal.
— Faites-le sur lui.
La rouquine désigna du menton Alex qui se permit de lui répondre :
— C'est toi qui demandes à ce qu'elle te montre sa faculté alors ne m'implique pas là-dedans. Subit et assume ce que tu as voulu.
La réplique était cassante et pimpante, fidèle au Alex qu'elle avait connu, à l'époque où il s'énervait parce qu'il savait ce qui était en jeu. La terrestre fut déroutée par une telle phrase mais se tut, hochant simplement vers Cassiopée, l'invitant à montrer sa vraie nature.
Pour des raisons évidentes, Cassiopée ne pratiquait presque plus sa faculté. Elle se dégoûtait toujours autant quand elle était Elle, cette personne sans émotion, sans cœur qui prenait plaisir à voir les gens mourir de peur. Toutefois, pour entretenir son don, au cas où, elle avait passé un accord avec son père. Une fois par mois, elle se rendait dans son laboratoire où elle pouvait exercer son don sur les souris de laboratoire, car oui, même les animaux ont des craintes. Aussi horrible que cela puisse paraître, Cassiopée se rassurait en disant qu'il valait mieux que ce soit des rongeurs que des êtres humains.
Depuis la Bataille de la Renaissance, Cassiopée n'avait pas eu de marque physique quant à la perte de Taylor, mais elle n'avait jamais réussi à reproduire une illusion de bonheur. C'était ça, sa preuve que sa morte l'avait affectée : elle n'était désormais plus qu'une personne capable de faire vivre les plus grandes peurs de n'importe qui. Et cela la désolait à chaque fois.
Depuis le début du mois, Cassiopée n'avait pas eu le temps de se rendre chez son père pour pratiquer son don, peut-être qu'ici était l'occasion de le faire, et par la même occasion de montrer à cette adolescente qu'il fallait la craindre. Car oui, pour qu'une Reine s'assure de son pouvoir sur son peuple, elle doit être capable de ressentir de l'empathie et de la gentillesse mais aussi de provoquer de la crainte avec un pouvoir d'infliger des souffrances. Surtout quand il y a des chances qu'elle drague son pigeon aux oreilles décollées
Cassiopée huma l'air de la bibliothèque. Désormais il ne lui en fallait pas plus pour faire apparaître ses cordelettes d'illusion. Elle posa son regard sur la terrestre, encerclée par des dizaines de petits fils colorés :
— Tu risques de le regretter.
— Je ne pense pas, non.
Les yeux verts de la jeune rousse brûlaient d'audace et de défi. Et rien que pour cela, Cassiopée été prête à lui faire vivre les pires souffrances. Elle tira sur le premier cordon aussi orange que ses cheveux et aussitôt un bourdonnement naquit dans les tréfonds de la pièce. Un premier insecte vola autour de la terrestre, puis une dizaine et enfin des milliers formant un nuage compact. La rousse se tétanisa, nourrissant ainsi peu à peu le plaisir de Cassiopée. Les abeilles commencèrent à se poser sur sa peau, en temps normal peut-être qu'elle se serait débattue mais le nombre massif de bestioles ne firent que la réduire en silence.
Et ce mutisme commença à agacer Cassiopée, elle voulait de la peur, elle voulait l'entendre crier et la supplier d'arrêter cet enfer mais la terrestre semblait coriace. Alors, Cassiopée attrapa de sa main libre un fil d'un marron terne et aussitôt quatre énormes chiens apparurent, aboyant à son encontre. Cela du déclencher quelque chose dans l'esprit de la terrestre dont le visage reprit vie dans le seul but d'afficher de la terreur, ce qui satisfaisait peu à peu l'illusionniste. Plus Cassiopée voyait de la douleur, ressentait la peur et la tétanie de ses victimes plus elle était heureuse, et avide d'en avoir plus.
La rousse fit quelques pas en reculant, effrayée par les chiens, tout en tentant de faire abstraction des abeilles. Au plus grand plaisir de Cassiopée, la jeune fille trébucha, invitant ainsi les chiens à lui sauter dessus. Les quatre bestiaux s'acharnèrent sur ses chevilles, comme s'ils souhaitent mâchouiller la moelle de ses os à cet endroit. Pendant ce temps, les abeilles, excitées par l'agitation de la terrestre, tentèrent de l'atteindre au visage.
Et Cassiopée se délectait de la scène. Enfin elle voyait l'effarement se peindre sur le visage couvert de larmes de la terrestre. Ses gémissements étaient aussi doux et sucrés que le miel, et la voir se débattre ainsi provoquait un rictus mauvais chez l'illusionniste. Elle se sentait puissante, ayant presque un droit de vie ou de mort sur la pauvre fille. Cassiopée sentait qu'elle avait son destin entre les mains, et, avide, redemanda une emprise de plus sur son cobaye.
Elle transféra les deux fils dans une main et tira sur un troisième cordon bordeaux. Automatiquement, la jeune fille sentit quelque chose sur ses mains sans pour autant lui causer de douleur. Même si ses pieds continuaient de se débattre contre les chiens et que les abeilles lui tournaient autour, elle posa un regard d'appréhension sur ses paumes. Quand ses yeux s'écarquillèrent à cause l'appréhension qui montait en elle, Cassiopée ne put qu'être impatiente de l'entendre la supplier d'en terminer, elle voulait l'entendre gémir de douleur, parce que rien n'était plus agréable que cela.
La rouquine contemplait ses mains dont des trous géants étaient apparus sur toute la surface jusqu'à ne laisser que quelques filons de peau . La trypophobie. C'était l'une des peurs de Cassiopée et pourtant là, la seule émotion qui transparaissait était son sourire machiavélique ayant envahi son visage. L'illusionniste savait que la trypophobie provoquait une émotion forte chez ses victimes et qu'à tout moment, elle obtiendrait ce qu'elle voulait : des supplices, des gémissements et des plaintes.
La rouquine leva les yeux vers ses chevilles déchiquetées, des lambeaux de peau qui pendaient et des morceaux dans la gueule des animaux. Puis à nouveau autour d'elle, où les abeilles étaient en train d'élire domicile dans sa crinière, enfin, tremblotante, elle posa son regard sur ses mains et désormais ses bras, couverts de trous. En un déclic, subitement elle s'évanouit, au plus grand désespoir de Cassiopée qui n'avait pas pu entendre ses cris. Les animaux disparurent instantanément, tout comme les trous et les blessures.
Le silence le plus total se fit pendant lequel Cassiopée retrouva ses esprits. Il lui fallut un temps pour passer de la frustration à l'incompréhension et elle fut saisit d'effroi en voyant le corps inanimé qui se tenait devant elle. Alex réagit plus vite qu'elle et se dirigea vers la terrestre. Pendant qu'il lui prenait le pouls, Cassiopée balbutia :
— Elle n'est pas morte n'est-ce pas ?
Le temps sembla s'étirer, chaque mouvement d'Alex lui paraissait d'une extrême lenteur. Le sang battait contre sa tempe comme pour l'avertir d'une vérité qu'elle ne voulait pas voir.
— Alex, dis-moi qu'elle s'est jute évanouie.
Ce dernier se releva et la regarda d'un air grave :
— Bravo, tu l'as tuée.
Tuer une adolescente n'était pas pareil que de tuer une souris. Cassiopée eut l'impression de sortir de son corps, comme si elle observait la scène de l'extérieur : elle tétanisée, se tortillant les mains, en face Alex qui s'abstenait de lâcher toute la colère qu'il avait en lui, et, à ses pieds, le corps inerte d'une jeune fille. Jeune fille à qui Cassiopée avait fait subir ses plus grandes peurs avant qu'elle ne meure. Comme si cela n'avait pas été assez de survivre jusque-là, comme si subir les affres de Cassiopée était le châtiment pour avoir survécu à la traversée. Un torrent d'émotions envahit l'illusionniste : la colère, le remords, la peur, le dégoût. Oui elle se dégoûtait et pourtant elle cherchait à reporter la faute sur quelqu'un d'autre :
— Et toi tu n'as rien fait ? Tu n'aurais pas pu m'interrompre ? M'en empêcher ?
— Moi ? Tu m'accuses de l'avoir tué ?
— Tu sais très bien de quoi je suis capable-
— Et toi aussi ! s'écria O'Connor. C'est toi qui l'as tué, tu aurais pu lui dire non tout simplement alors maintenant tu assumes !
Il n'avait pas tort, mais elle ne savait pas ce que c'était que d'assumer. Un frisson glaçant lui parcourut l'échine quand elle pensa aux conséquences
— Alex, si ça se sait... Les habitants vont découvrir qu'on héberge les terrestres fugitifs, ils vont penser pleins de choses horribles sur ce...sur ce qui vient de se passer et je ne sais pas comment...
La brune enfouit son visage dans ses mains tout en s'affalant sur la chaise qui se tenait non loin. Elle se mit à imaginer les différents scénarios : si le peuple de Cassiander apprend qu'elle a tué une terrestre, certains se réjouiront, d'autres crieront au scandale, et ils auront raison. Si NOÉ l'apprend, cela risque de provoquer la guerre tant redoutée par les deux pays. Si les gens apprennent qu'elle a commis un meurtre, alors tous feront le lien avec sa génitrice et chef de l'EGN. Si cela se sait, elle ne sera plus que la digne héritière de Warwick. Et cela la répugnait plus que tout.
Cassiopée osa jeter un regard sur le corps sans vie, chose qu'elle regretta instantanément. Cela lui provoqua une nausée si forte qu'elle n'eut même pas le temps de se lever pour vomir toutes ses tripes. Elle devait être bien pathétique dans cet état : à quatre pattes face à sa bile et cette morte. Les larmes commencèrent à couler, Cassiopée se détestait, elle haïssait tout ce qu'il lui était arrivé. Elle aurait tout fait pour ne jamais connaître tout ça.
— Eh Cassiopée, ça va aller ok ?
En tant normal, elle aurait du avoir honte qu'il la voit ainsi, car elle n'était pas belle à voir, mais lui ne sembla même pas y faire attention. Il s'agenouilla à ses côtés et tenta de la rassurer :
— Ce n'est pas la première fois que tu tues, hein, rit-il.
Son rire se perdit instantanément quand il vit le visage accusateur de sa wagen.
— Ok bon ce n'était pas la bonne chose à dire.
Il lui essuya les larmes qui coulaient à flots.
— Tu...Tu vas aller te reposer ok ? Je m'en occupe, je vais gérer tout ça. Toi, tu es fatiguée, ça te fera du bien de dormir.
Pendant que Cassiopée tentait de calmer ses larmes et ses émotions, Alex se leva et ouvrit la porte. Aussitôt Jelani et Fenyang entrèrent avant de se figer devant la tragédie qui se tenait devant eux.
— Jelani emmenez là se reposer dans notre appartement. Personne n'entre excepté nous quatre et Zekaryah.
Comme si elle était aussi légère qu'un nuage, Jelani la souleva sans difficulté, Cassiopée se laissant faire. Elle ferma les yeux pour éviter de vomir à nouveau. Le trajet ne sembla durer que quelques secondes. Quand elle sentit le moelleux de son lit l'envahir, elle tenta d'ouvrir les yeux mais fut aussitôt freinée par Jelani :
— Ne faites rien, dormez. Je veille sur vous, Cassiopée.
Elle aurait voulu résister, lui dire que tout allait bien mais le contre coup de l'événement la plongea dans un sommeil perturbateur.
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Bon ben notre Dark Cassiopée est de retour...Voilà voilà...A votre avis que va-t-il se passer ?
En tout cas, ça me faisait plaisir d'écrire des passages comme celui-là, ça me manquait un peu de chercher des peurs à exploiter ^^'
Alors dites-moi, par curiosité, de quoi avez-vous peur ? (Si ça se trouve je modifierai des passages pour inclure les vôtres 😛)
Personnellement, parmi celles que j'ai utilisées dans Nilées, il y a la peur des crapauds (oui vous pouvez rire), pas peur en mode ils vont me faire quelque chose mais genre...ça me tétanise 😂
Sinon la trypophobie est aussi quelque chose que je n'apprécie pas. Ça me met mal à l'aise, ça me donne la chair de poule et presque envie de vomir. Pour vous dire, quand j'ai du retrouver le nom de cette peur, je tapais sur google en mettant une main devant l'écran pour ne pas voir les images 😂Ah et j'ai aussi peur des esprits lol, j'appelle ça esprits mais en vrai j'en sais rien. En gros, dès que je suis toute seule et que j'entends un bruit ou que mes animaux fixent un truc "invisible" dans la pièce, je flippe comme pas possible...😣
Voilà voilà pour aujourd'hui, j'espère que j'ai pu me faire pardonner mon retard, et je ne fais pas de promesse que je ne pourrai pas tenir donc on se dit à bientôt 😉 (en gros jeudi ou lundi)
Ariel
😘
🧜♀️
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