Chapitre 28 ➳ Les marcheurs blancs
Je restais bouche-bée face à la scène qui se déroulait sous mes yeux. Le chien se redressa lentement et se secoua légèrement, comme s'il se remettait les idées en place. Et lorsqu'il leva la tête dans ma direction et que son regard croisa le mien, je me figeais. J'avais entendu bon nombre de légendes sur ces yeux et cette apparence squelettique, rien ne me trompait. Ce chien était bien une sorte de mort-vivant. J'ouvrais la bouche pour avertir Jojen lorsqu'une corne de brume se fit entendre au loin. Je comptais alors le nombre de coups et déglutissais avec peine. Je ne m'étais pas trompée. La corne avait sonné trois fois.
- Des marcheurs blancs..., murmura Jojen tandis que le tournai mon regard vers lui pour voir son visage devenir blême.
Je hochai positivement la tête. Il n'y avait plus aucun doute. Nous étions face à nos plus grands ennemis, les plus redoutables. Car il s'agissait de morts-vivants qui détruisaient tout sur leur passage, ne laissant que la terreur et la mort derrière eux. S'ils étaient réveillés, c'était très mauvais pour nous, car cela faisait des décennies que ça ne s'était pas produit. Et les dégâts seraient conséquents.
- Jojen... Tu crois qu'ils savent monter aux arbres ? demandais-je, la voix tremblante.
- Je ne sais pas mais il ne vaudrait mieux pas pour nous, répondit-il.
Je fus surprise du sang-froid du blond. Même moi je paniquais, alors comment faisait-il pour rester aussi calme ? Il dût sentir ma peur car il vint se coller à moi, m'entourant la taille.
- Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je, n'ayant pas l'habitude.
- Laisse-toi faire et fais-moi confiance. Laisse-moi te protéger pour une fois, répondit-il simplement.
Alors je me laissais faire, tentant de me relâcher, mais tous mes os semblaient prêts à se briser tellement mon corps était rigide. Et si j'avais énervé le marcheur blanc ? Et s'il montait à l'arbre et nous tuait ? Toutes ces questions m'assaillaient, prenant le contrôle de mon esprit et me donnant un mal de tête affreux. J'en avais marre de me cacher, marre de devoir risquer ma peau et sauver celle des autres. J'en avais marre, tout simplement.
Mais l'image de Jojen m'entourant de ses bras en un geste protecteur me revinrent en mémoire et je tournais mon visage vers lui. Il m'avait changée, c'était certain. Mais était-ce en bien ? N'étais-je pas plus faible lorsque j'étais avec lui ? Plus vulnérable ? Il tourna brusquement son visage pour me fixer à son tour, plongeant ses yeux sombres dans les miens.
- On va s'en sortir Luna. On va trouver une solution.
- Je l'espère...
Il me serra un peu plus fort contre lui et posa une de ses mains sur mon front, faisant reculer ma tête pour que je la pose sur son épaule. Il posa alors sa tête sur la mienne et un long silence s'ensuivit, seulement perturbé par les respirations rauques des marcheurs blancs. J'ignore combien de temps nous sommes restés ainsi, mais assez longtemps pour que je m'endorme, prouvant que j'étais rassurée, auprès de Jojen.
***
- Luna. Réveille-toi, il faut aller rejoindre les autres.
Je me réveillais lentement et levais mon visage vers Jojen, qui n'avait pas bougé et qui me fixait de ses grandes prunelles noires. Il m'adressa un sourire rassurant et je me redressais.
- Ils sont partis ?
- Oui. Mais j'ai peur qu'ils n'aient atteint notre campement, il va falloir être prudents.
- Attends... Tu crois que...
Je ne pus terminer ma phrase. Néanmoins, Jojen compris et déglutis, ne me répondant pas, commençant à descendre de l'arbre. Je le suivis et une fois en bas, fus très attentive, épiant la moindre ombre, le moindre recoin. Nos ennemis pouvaient s'être dissimulés n'importe où, et j'étais la seule à savoir me battre. Alors si nous étions attaqués, j'aurais la vie de Jojen entre mes mains. Et rien que cette pensée poussait ma vigilance à son maximum. Jojen s'éloigna un peu mais je le collait alors il dû rester près de moi, au risque de se prendre une tape derrière la tête s'il s'éloignait trop sans prévenir.
Après de longues minutes de marches qui ma parurent des heures, nous arrivions enfin au campement, complètement désert. Je plissais les sourcils, inquiète. Où étaient-ils tous passés ? Aucune trace de lutte ne se présentait à nous, me confirmant qu'ils étaient partis et non pas que les marcheurs blancs les avaient trouvés. Je m'avançais jusque devant une tente, celle de Jon, et regardais à l'intérieur. Rien, sinon quelques affaires laissées là, jonchant le sol.
Je ressortais et cherchais Jojen des yeux. Il avait encore disparu ! Furieuse et très inquiète, je me mis en quête de le retrouver mais j'avais beau farfouiller partout, il n'était nulle part. Je soupirais et me laissais alors tomber face à l'emplacement qui avait été celui du feu un peu plus tôt. Un frisson me parcourut et mes dents commencèrent à claquer. Alors, regardant l'emplacement qui contenait quelques brindilles, je pointais mon doigt et aussitôt, une étincelle jaillit, allumant un grand brasier qui illumina la nuit. Je souris. L'aide et l'entraînement de Jojen m'avaient été plus que bénéfiques et je ne pouvais que lui en être reconnaissante. Je repensais aux marcheurs blancs. Ils seraient sans doute attirés par le feu mais qu'importe. De toute façon nous étions tous fichus.
Et mes soupçons se confirmèrent lorsque des sons gutturaux résonnèrent dans la forêt, venant droit sur moi. Je me relevais alors lentement, lasse, et ramassais mon carquois, que j'avais posé à côté de moi. Et alors que le premier marcheur blanc me fonçait dessus, je me mis brusquement à courir, l'adrénaline et l'instinct de survie reprenant soudainement le dessus. Je courais à en perdre haleine, mon carquois tapant contre mon dos à chacune de mes foulées. Et en courant, je me rappelais de la période où j'étais seule, sans Mystic et Cora, sans Jon, sans Bran, sans Jojen. Car j'étais de nouveau seule, sans aide, seule survivante et âme égarée.
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