Jungkook marchait dans le couloir de l'hôpital, les mains liés, il tremblait de tout son être et les deux policiers qui tenaient chacun un de ses bras. L'odeur typique de l'hôpital le rendait fou. Les policiers avaient longtemps hésité à l'envoyer voir cette fameuse personne qui pourrait aider le jeune homme mais le procès qu'on lui avait collé pour le meurtre de ses camarades n'étant toujours pas passé, ils avaient préféré suivre la procédure et envoyer le jeune homme instable à l'hôpital psychiatrique de Séoul.

L'infirmière qui marchait devant eux ouvrit la porte d'un chambre et les deux hommes firent entrer le jeune homme, seul la lumière artificielle du néon éclairait la pièce. Pas de fenêtre, juste un lit et une armoire avec une petite salle de bain attenante, c'était comme un prison mais pour les fous. L'un des policiers s'avança et lui retira ses menottes avant de déclarer :

_ Vous devez attendre ici le jour du procès, un psychiatre vous rendra visite une fois par jour.

Jungkook le toisa d'un regard noir sans prendre la peine de répondre alors le policier sortit et ce fut autour de l'infirmière de s'exprimer :

_ M. Min, votre psychiatre devrait arrivé d'ici peu, au revoir M. Jeon.

Elle ferma la porte et Jungkook entendit la clef tourner dans la serrure. Ses yeux passèrent sur sa nouvelle chambre et un soupir passa ses lèvres :

_ J'ai si peur, hyung, murmura-t-il.

_ Jungkook, ces gens sont des malades, ils veulent nous séparer.

_ Je dois me débarrasser d'eux, souffla l'adolescent, personne n'a le droit de me séparer de toi hyung.

Il avait totalement perdu la raison, mais quiconque s'approcherait trop de lui pour s'en prendre à son hyung en paierait les frais.

_ Je dois me débarrasser d'eux, répéta Jungkook.

Jimin ne répondit pas. Jungkook s'installa sur son lit et se laissa tombé sur le dos, les jambes ballantes dans le vide, le regard se perdant sur le plafond blanc de sa chambre. La lumière artificielle et jaunâtre du néon lui brûlait les yeux mais il les garda ouvert. Il repensait à la dernière fois qu'il avait vu les Park, ces parents si parfaits qu'il avait toujours rêvé d'avoir petit. Il se mordilla la lèvre inférieure en revoyant le visage accablé de Mme Park, elle qui avait tellement souffert de la perte de son fils et qui souffrait maintenant de voir Jungkook sombrer dans une folie sans nom. Même si Jungkook et ses tuteurs n'avaient jamais rien partageaient d'extraordinaire d'un côté comme de l'autre, ce vide persistait. Jungkook avait toujours voulu des parents aimants et Yewon et Minho avait besoin de faire définitivement le deuil de leur fils, ils s'étaient naturellement attachés les uns au autres.

Après son arrestation, le foyer avait repris les commandes sur la vie du jeune homme tandis que les Park avaient engagé toute les procédure pour couper les liens qu'ils avaient avec Jungkook et ne plus se revendiquait comme étant famille d'accueil.

_ Jimin, tes parents m'ont laissé...

_ Ne pense pas à eux, déclara le blond, tu m'as moi.

Jungkook hocha la tête mais continua de se mordiller la lèvre, un sentiment de culpabilité lui montant dans les trippes.

_ Jungkook, Kookie, écoute moi, souffla tendrement la voix de Jimin, mes parents s'en remettront, et puis je suis là, ils auraient juste voulu nous séparer, tu comprends ? Maintenant que nous sommes réunis tu ne dois plus laisser personne vouloir nous séparer, d'accord ? Pas même ce psychiatre, tu ne dois pas l'écouter, ce n'est qu'un menteur qui veut te manipuler pour pouvoir mieux nous séparer.

_ Pourquoi tout le monde est contre nous ? Murmura Jungkook, les larmes lui montant aux yeux.

_ Tu es un être exceptionnel mon Jungkookie, il te veulent tous, ils vont te faire du mal, je suis là pour te protéger et te donner de l'amour, tu n'as besoin de rien ni personne d'autre temps que je sui dans ton corps. Promets moi de ne pas les laisser faire.

_ Je... Oui, hyung. Je te promets.

_ Je t'aime mon Kookie.

Jungkook perdait la tête, sa relation avec Jimin était tellement malsaine mais le jeune homme ne le savait pas et ne voulait pas s'en rendre compte. Il avait toujours manqué cruellement d'affection, enfant déjà... Alors quand Jimin avait débarqué dans ses rêves pour lui en donnait, son inconscient s'était promis de tout faire pour ne plus le laisser partir, Jimin était sien et il serait à Jimin jusqu'à la fin des temps.

Une clef tourna lentement dans la serrure et un homme en blouse blanche entra dans la pièce. Il avait l'air jeune mais gardait un visage impassible, presque froid, comme pour mettre une distance entre lui et son patient. Ses cheveux noir corbeau tombaient devant son front et sa peau était particulièrement blanche, laissant ressortir le rosé de ses lèvres et le noir de ses prunelles.

_ Bonjour, se présenta-t-il, je suis le Dr Min et je serais dorénavant votre psychiatre.

_ Allez vous en, tonna Jungkook.

_ Avez vous déjà consulté un psychologue ou quelqu'un appartenant à cette profession en étant plus jeune, demanda le docteur ignorant la réplique de Jungkook.

_ Je vous ai demandé de vous casser, j'ai besoin de l'aide de personne temps que mon hyung est en moi.

Le Dr Min ouvrit une page de son calepin, restant debout, faute d'assise et écrivit le nom de Jungkook sur la feuille blanche.

_ Que pouvez vous me dire sur votre hyung ?

_ Que lui et moi on a besoin de personne, qu'il est tout ce dont j'ai besoin et que je suis tout ce qu'il est, avait prononcé la voix de Jimin.

Le psychiatre nota le changement de voix, gardant un air impassible qui calmait Jungkook, le lycéen étant incapable de savoir ce que penser l'homme n'était donc pas énervé contre lui, même si les inlassables questions qu'il lui posait le donner envie de frapper sa peau blanche jusqu'à la salir de sang. Le Dr Min avait été averti par les policiers que ce cas était spécial, l'un ayant même émit l'hypothèse qu'il soit possédé, il n'avait rien dit mais son fort intérieur avait éclater de rire si fort que ses boyaux en tremblait encore. Possédé ? Et puis quoi encore ? C'était la meilleur de l'année, une des plus belles de sa carrière. Ce jeune n'était pas possédé, il était probablement schizophrène ou souffrait d'un trouble de la personnalité, il ne savait pas encore, il n'avait pas encore assez parler avec le jeune homme pour le déterminer.

Jungkook semblait vraiment agité, il serrait les draps de son lit entre ses poings, sont regard passant sur le docteur sans cesse, il retroussait ses lèvres comme un chien le ferrait avec ses babines pour montrer les crocs. Ce comportement animaliers effrayait le jeune docteur mais il s'appliquait à ne rien montrer, il savait que si Jungkook parvenait à le voir il était cuit et le jeune homme se ferait un plaisir d'appuyer sur les faiblesses du docteur.

Après une longue qui tournait en boucle autour de Jimin, le Dr Min quitta la chambre de son patient, prenant soin de bien fermer à clef derrière lui. En apparence, on aurait pu penser que la discussion où Jungkook avait sans cesse répétait qu'il ne fallait pas le séparer de Jimin n'avait mené à rien mais en réalité, le docteur avait déjà beaucoup appris sur son patient rien qu'en observant ses mimiques et son comportement animalier qui se faisait de plus en plus intense à mesure qu'il avançait dans son interrogatoire.

***

Le sang coulait sur son menton alors qu'un morceau de chaire fraichement arraché à un cadavre pendait entre ses lèvres. Elle se déplaça lentement, à quatre pattes, tel un loup, les pupilles dilatées et fixait le policier en face d'elle. Sa robe autre fois blanche était maintenant taché de sang frais et sec ainsi que de terre. Elle se redressa sur ses deux jambes poussant un cri animal et se jeta sur sa prochaine proie ses ongles puis ses doigts pénétrant allégrement la chaire de son crâne alors qu'un cris de douleur résonnait dans la forêt tranchant le silence de la nuit noire.

Des croix retournées étaient tracés sur ses avant bras, elle ouvrit grand la bouche, bavant sur le crâne de sa victime et régurgita un affreux serpent qui sommeil en elle, la bête venant mordre les yeux de l'homme qui poussa un hurlement encore plus intense que les précédant.

Le policier ouvrit les yeux brusquement, toujours allongé sur le dos dans son lit. Il se redressa lentement et se pencha pour allumer la lumière de la table de chevet. Sa femme, à ses côtés, gémit d'inconfort et se tourna pour ne pas avoir à supporter la lumière. Il la regarda comme si la vision de celle qu'il aimait pouvait le rassurer. Puis il détourna le regard devant lui et étouffa un cri en distinguant l'ombre massive d'une femme endrappé dans un large tissu noir, ses doigts grisâtre tenant un cierge juste devant son lit.

Il papillonna des yeux et poussa un soupir, rassuré, quand il se rendit compte que ça n'était que la large cape noire de sa femme accroché en haut de l'armoire qu'il avait confondu avec une femme. Il soupira pour reprendre ses esprits, c'était le regard de ce jeune homme qu'il avait arrêté puis conduit à l'hôpital qui le travaillait, il avait fait remonter en lui des souvenirs atroces qu'il aurait préféré enterrer à tout jamais.

Le procès était dans trois jours, le psychiatre avait eu l'air de trouver cette histoire de possession assez drôle, mais lui y croyait dur comme fer, surtout après ce qu'il avait vécu. C'était décidé, demain il l'appellerait, ce garçon ne devait pas le hanté.