Il courrait. Toujours plus vite, toujours plus loin, il courrait. Ses pattes nues rencontrait le sol de pierre avec précipitation, comme si ces derniers étaient inévitablement attirés par le gris et l'humidité du chemin qu'il empruntait pour sauver quelque chose à laquelle il tenait encore beaucoup.

Un souffle saccadé s'échappait de son long et fin museau aux poils roux alors que ses yeux reflétaient l'immense peur qui l'avait assailli depuis le début de sa course. Les extrémités de ses sourcils tombaient vers le bas d'un air grave alors que l'éclat de ses prunelles vertes brillaient dangereusement.

Il tourna à droite, puis à gauche, empruntant milles et une ruelles qui se ressemblaient toutes affreusement. Il n'avait absolument pas besoin de se retourner pour savoir qu'une immense ombre le suivait sous les rayons de la lune parfaitement ronde qui avait l'air de le narguer du haut de son royaume noir et blanc, en parfaite sécurité.

Le renard sur deux pattes sentait son cœur tambouriner dans cette espace trop petit pour lui sous la pression de l'immense peur dont il était victime. Ses poumons, eux, ne semblaient pas suivre totalement la cadence puisqu'il commençait à brûler à petit feu mais.. le fugitif n'en avait rien à faire.

Il devait juste s'enfuir, partir, courir.

L'ombre ne devait pas le retrouver, non.

Non non non.

Pourtant, dans une grande enjambée que ses jambes en feu lui permit de faire, il chuta. Misérablement.

L'effort précédent l'attaqua sans pitié, le clouant au sol grâce à des douleurs insupportables qui faisaient pulser son sang chaud sous ses veines, qui prenait le dessus sur l'adrénaline passant doucement. Il inspira et expira fortement, glaçant sa gorge et poignardant ses poumons qui cherchaient désespérément de l'air. Son organe vital battait si fort qu'il avait l'impression que le sol contre lequel il s'était écrasé lamentablement en tremblait.

Lentement, un bruit de liquide coulant abondamment dans ce qui pouvait être un flaque fit relever les oreilles rousses et velues de l'animal, avant que celles-ci ne se baissent lorsqu'il aperçut une ombre se pencher au-dessus de lui, cachant les fins rayons de lune qui daignaient se poser sur lui afin d'éclairer son chemin.

Dans un geste désespéré et apeuré, le fugitif tourna prudemment la tête en se redressant d'un coude, laissant sa prunelle verte droite balayer l'horizon qui lui était maintenant permit de voir. 

Dans le silence de la nuit et l'obscurité du soir, le sang de l'animal n'eut le temps de faire un tour qu'il se glaça instantanément devant l'ombre aux mille yeux fins et rouge rubis qui était penché au-dessus de lui d'un air menaçant.

Ni une, ni deux, le fugitif se mit sur le dos avant de reculer vivement en sentant son poil s'hérisser du long de tout son corps tremblant d'adrénaline. Il fixait, les yeux grandement ouverts et les pupilles en myosis, la représentation de ses démons les plus noirs et les plus fous qu'il pouvait avoir.

Sa lèvre inférieure se mit à trémuler fortement d'appréhension tandis que l'ombre prenait une forme animal semblable à un renard. Elle avançait doucement, alors que ce qui était maintenant une proie reculait jusqu'à ce que son dos ne percute une poubelle laissée là. Une faible plainte de douleur lui échappa en sentant cette dur paroi percuter ses membres maintenant engourdis. Mais ça n'empêcha pas le cauchemar ambulant d'approcher..

Encore, et encore..

Avant qu'elle ne montre ses crocs d'un blanc beaucoup trop éclatant pour ce qu'elle représentait aux yeux de la proie. Elle lâcha un grognement sans son qui résonna pourtant dans l'écho de l'âme de l'animal roux qui ne put empêcher ses prunelles vertes effrayées de se couvrir des paupières de leur propriétaire afin de ne pas avoir à affronter la mort imminente, qui rampait d'un pas trop rapide, en face.

Le rouquin baissa ses oreilles velues en signe de soumission, attendant seulement que son cauchemar se referme sur lui alors qu'il fermait fortement les yeux de terreur.

Seulement, il n'avait pas prévu que ses démons referment leurs crocs sur sa gorge blanche.

Et c'est dans un cri effrayé que Nick Wilde, coéquipier de Judy Hopps, policier comique de Zootopia et anciennement arnaqueur affreusement doué, se réveilla, ses pattes avant posées sur sa gorge dans un geste désespéré.

Il respira rapidement, encore complètement terrorisé de ce cauchemar qui n'était pourtant pas le premier depuis ces temps-ci, puis chercha à tâtons son réveil afin d'y trouver l'heure.

5h06

Il reposa son appareil sur sa table de chevet sans un mot, puis passa ses pattes sur son visage dans un geste qu'il voulait rassurant. Il soupira longuement en commençant à se calmer, et râla péniblement en sachant très bien qu'il n'était pas prêt de se rendormir tout de suite.