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Nouvelle n° 2


Le garçon à l'écharpe


    L'écume de la mer va et vient dans un mouvement sans fin sur la grève fraîchement tamisée par les embruns du matin. Le vent subtil n'est que baisers ; et les écumes qui doucement échouent contre les rocs ne sont que plumes. Cruel et froid sont parfois les vents sur le rivage et la houle calme et apaisée peut aussi se transformer en tempête. C'est un chant immortel qui s'élève sur le bord de mer, duquel on peut apercevoir très tôt ce matin, une petite silhouette fredonnant avec les embruns.

Un jeune garçon, toujours le même radotaient les anciens de la petite ville non loin : « Mélancolique mer qu'on ne connaît pas, finira par l'envelopper dans sa brume légère ; sur son sable mouillé, ou marquer de ses pas, laissés sur le rivage, seul restera ». Toujours le même oui, comment ne pas reconnaître l'écharpe de son père qu'il portait ? Il ne s'en séparait jamais et après tout, quoi de plus normal quand on a perdu un être cher ? Sans doute, s'était-il levé à l'aube quand il avait entendu son appel, après trois jours de pluie à lire dans la véranda de l'auberge, ou à marcher un peu avec le parapluie sur le fronton de mer ; il n'avait pu résister à aller voir l'auteur de ses peines. Celle qui prend les hommes et fait des femmes des veuves et des enfants des orphelins.

Derrière lui, les maisons du front de mer aux volets clos dormaient encore. Ils dormaient tous alors qu'elle les appelait. Lui, marchait le long des vagues en fermant les yeux, le son n'en n'est que plus mélodieux. Ses pieds nus s'enfonçaient dans le sable ocre, du sable lourd, humide et tiède. Seul, dans la plénitude matinale, il chantait. Reprenant avec elle le refrain éternel, entrainante mélancolie qui glisse comme les vagues sur le sable, sur la peau et dans l'âme. Il était seul devant cette étendue qu'on pense sans fin. La lune veillait encore sur lui, les étoiles ses comparses le guidaient. Il était seul sur une plage déserte en pleine nuit, mais il s'en fichait. Son chant est trop important pour qu'il reste bien sagement dans son lit.

« Vieil océan, ô grand célibataire, tu déroules, au milieu d'un sombre mystère, sur toute ta route, surface sublime, tes vagues incomparables avec le sentiment calme de ta puissance éternelle. Elles se suivent parallèlement, séparées par de courts intervalles. A peine l'une diminue, qu'une autre va à sa rencontre en grandissant, accompagnée du bruit mélancolique de l'écume qui se fond, pour nous avertir que tout n'est que bulle. Ainsi les êtres humains, ces vagues vivantes, meurent l'un après l'autre, d'une manière monotone ; mais sans laisser de bruit écumeux ».

Mais hélas, la tempête se lève et la petite ville endormie s'éveille. Le bruit n'est pas soudain, il approche doucement des bas-fonds du centre-ville, pour s'étendre à toutes les places, les maisons, les foyers, les boutiques ; dans un torrent lent et méchant il surgit pour ne plus se taire. Tous se réveillent, les marchands du temple sont arrivés, avec leurs glaces, leurs chapeaux de paille, canards en plastique, parasols hideux et bariolés et marionnettes articulées. Ils sont venus gâcher leur concert sacré, que seuls les astres sont en mesure d'apprécier ! Et voilà le carrousel qui s'en mêle et qui s'est mis à tourner à vide ou presque, avec les haut-parleurs qui grésillent en crachant une chanson mauvaise ; deux pauvres marmots qui s'agitent, l'un sur un cheval en plastique vert, l'autre dans un Spoutnik en ferraille, tous deux filmés par leurs parents énamourés.

Pour fuir ce bruit et retrouver le calme, il continue de marcher. S'imaginant loin, très loin dans les profondeurs bleutées. Dans les fonds sous-marins au moins, le calme est éternel, là ou les sardines, mignons petits-poucets de l'abîme, vont par bancs, semblables à des tas d'argent. Loin des carrousels et des marchands de canards, loin de tout ce bruit atroce et acerbe qui gâche la mélodie superbe de la mer. Il lui faut le calme de l'obscurité, pourquoi le soleil s'est-il levé ? Il rouvre enfin les yeux, tout grands. « Si loin déjà ! » Tout au bout de la plage, et il n'y a plus rien, plus de maisons, plus de carrousel, plus de marchands. C'est la marée basse, seul le bruissement des vagues peut se faire entendre avec le vent et les brises marines. C'est bien mieux ainsi, il ne sera plus dérangé maintenant, personne ne va aussi loin sur la plage.

Et pourtant, c'est à marée basse que le territoire se dessine le mieux, nous offrant ses fantaisies, ses chemins, ses prés et ses jardins cachés Une table sous-marine a surgi d'on ne sait où, le croc d'un schiste se profile sur la frange du sable encore humide. Rochers espars quand la mer les recouvre, ils se retrouvent unis maintenant, et nous dévoilent un tout autre paysage. Des champs d'algues naissant aux monts abruptes et saillants ; passant par un large désert de sable qui s'étire à des kilomètres à la ronde. Parfois, on entrevoit une oasis, au creux des rocher, ou vivent encore quelques êtres égarés. Il y a, dans la vie du marin, quelque chose d'aventureux qui nous plaît et qui nous attache. Ce passage continuel du calme à l'orage, ce changement rapide des terres et des cieux, tiennent éveillée l'imagination du navigateur. Il est lui-même, dans ses destinées, l'image de l'homme ici-bas : toujours déployant ses voiles ; cherchant des îles enchantées où il n'arrive presque jamais, et dans lesquelles il s'ennuie s'il y touche ; ne parlant que de repos, et n'aimant que les tempêtes ; périssant au milieu d'un naufrage, ou mourant vieux nocher sur la rive, inconnu des jeunes navigateurs dont il regrette de ne pouvoir suivre le vaisseau. Pour vivre, il avait besoin de la mer pour toucher terre.

La lune revient enfin, les étoiles appellent une après l'autre. De l'auberge, sort alors une femme qui appelle un enfant, il est tard c'est l'heure de rentrer. Puis, elle marche un peu sur le front de mer, l'appelant encore. Elle descend sur la plage désertée, et marche le long du rivage, la mer est haute ce soir. Son appel se mue en un cri, puis en plainte que déchire le calme de la nuit. La lune, honteuse, se cache derrière un nuage mais oublie un rayon qui éclaire un bout de torchon refoulé par les vagues. En s'en approchant, elle comprit ; ce torchon ballotté par houle et les embruns, c'était son écharpe. 

[Fin]

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