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TREIZE - 20 septembre

Mois de septembre, le deuxième samedi qui suivit.

- Je crois que je l'aime.

La voix ricocha contre les murs, les fenêtres obstruées de vieux posters. Thibault manqua de s'étouffer avec sa bière.

Les louveteaux étaient partis, récupérés par leur parents une poignée d'heures auparavant. Affalés dans un canapé défoncé, les chefs se chargeaient donc de ranger le local, une Jupiler à la main, plusieurs pour certains. L'important n'était pas l'efficacité.

Thibault observa Yanis qui s'était retrouvé sur le sol, appuyé contre l'accoudoir au côté de Sacha.

Tous deux étaient de loin les plus lancés sur la joyeuse pente de l'alcoolémie. Ils avaient longtemps glissé hors du canapé. Un petit coup de pied avait suffi pour qu'ils atterrissent sur le carrelage en damier. Ils ne s'en étaient pas formalisé et avaient continué leur discussion.

Dans l'air renfermé du local aux fenêtres closes, censées contrer le froid du début de l'automne, les trois autres avaient pu s'enfoncer un peu plus profondément dans les méandres du cuir usé, lacéré par endroit. Mélanie avait pris possession du coussin humain qu'était Gayal et ce dernier ne s'en était pas formalisé. Une fois n'était pas coutume, il avait laissé la tête blonde aux traits inhabituellement maquillé se poser sur son ventre.

Désormais, le silence régnait. La déclaration de Yanis était évidemment tombée dans un court instant de blanc, avait évaporé toutes autres conversations.

- Mais, Muriqui, commença doucement Mélanie, ça ne fait même pas deux semaines, non ? Tu sais qu'il y a une différence entre être amoureux et aimer quelqu'un ?

Elle se redressa légèrement sur les coudes pour croiser son regard. Ses grands iris d'un noir rêveur fixait un point que lui seul pouvait voir avant de se tourner vers les siens. Ils pétillaient, reflétaient la lumière qui grésillait calmement sous une ampoule à changer.

Elle l'avait appelé par son totem, marchait sur des œufs.

Thibault se souvint du jour où ils avaient appris celui de Yanis. Ce n'était pas très dur : ils avaient été totémisé ensemble. Tout le monde s'attendait à ce qu'il reçoivent le nom d'une petite antilope, ou encore d'un félin, aussi vif qu'un guépard. C'était un coureur né. Cependant, il avait hérité d'un singe-araignée, hippie sur les bords. Thibault avait été mitigé. Surtout que c'était lui qui avait eu droit à l'animal rapide. L'Azawakh était un lévrier, aussi grand et maigre que lui.

Néanmoins, avachi sur le bas du canapé, une bouteille en verre désormais vide dans une main, un genoux replié contre son corps et les bras ballants, Yanis n'avait jamais autant ressemblé à ce singe. Un singe capable d'acrobaties folles, de siestes lascives, dont le début d'une journée signifiait une séance de gros câlins, sans arrières pensées, avec le reste de sa communauté. C'était ainsi que leurs anciens chefs l'avaient décrit.

Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il admit qu'ils avaient bien choisi.

Yanis était une fleur bleue.

- Je sais... concéda-t-il. Mais la dernière fois qu'on s'est vu... Je vous ai dit qu'on c'était revu ? On a été au cinéma cette fois-ci. Je sais plus quel film... Je crois qu'on était pas très concentré dessus.

Cette fois-ci, Thibault s'étouffa vraiment. Il reprenait une gorgée, tentait de se couper de cette conversation qu'il trouvait gênante, quand il avala de travers. La vision d'Emma embrassant assidûment Yanis s'était gravée dans sa rétine.

Emma et Thibault s'étaient tournés autour pendant des mois avant de se rendre compte que ça n'irait pas. Ils étaient gênés, maladroits. Rien n'avançait. En moins de deux semaines, Yanis était allé plus loin qu'il n'avait réussi.

Alors qu'il toussait toujours à s'en arracher la trachée, Gayal lui donna quelques claques dans le dos. Ses côtes faillirent enfoncer sa cage thoracique sous la force du bœuf.

- D'ailleurs, reprit Yanis, elle vient aussi à la soirée, ce soir. Vous pensez que je dois lui dire ?

Tous les regards se tournèrent vers Mélanie. Peut-être était-ce parce qu'elle était la seule fille présente dans le local ? Les deux autres étaient parties à un repas de famille. La grand-mère des cousines Ackermann fêtaient ses quatre-vingt ans. Elles ne pouvaient pas s'esquiver. Quant à Sacha, iel se trouvait entre les deux genres tout en étant à part. Enfin... Thibault n'en était pas sûr. C'était ce qu'il avait compris de l'explication que Sacha leur avait donné. Mais de toute façon, iel n'aurait pas su les aider dans son état.

Soucieuse, Mélanie lissa sa chemise verte aux insignes habilement cousues, contrastant avec celles de Gayal, grossièrement agrafées sur son pull sapin. Les pieds de la jeune fille reposait sur l'accoudoir, trônant au-dessus de Yanis qui se retrouvait ironiquement à ses pieds.

- Ce n'est peut-être pas une bonne idée, avança-t-elle calmement.

- Mais pourquoi ?

Tout le calme paisible qui l'avait habité jusque-là venait de le quitter subitement. Il s'était redressé, son dos devenu droit se tordant pour faire face à Mélanie.

La jeune cheffe, qui était la plus vieille de la pièce, se mordilla nerveusement un ongle, cherchant ses mots. La situation était compliquée. Elle jeta un regard désolé à Thibault.

C'était la première fois qu'ils parlaient clairement d'Emma devant lui. On aurait dit que ses amis tentaient de l'épargner. Mais l'épargner de quoi au juste ? Il ne s'était pas passé grand-chose entre eux. À moins que ce ne soit justement ça, le problème ?

La semaine précédente, quand il avait entendu Yanis la mentionner à demi-mot dans le creux de l'oreille de Sacha, il n'avait pas fait immédiatement le rapprochement . Sa première pensée avait été de se dire qu'il s'agissait d'une autre Emma. Il en connaissait beaucoup. Mais il avait rapidement déchanté.

Des brides de conversation qu'il avait perçues sans le vouloir, le doute ne lui était plus permis. Il connaissait un tas d'Emma. Il s'agissait même du prénom d'une des cousines Ackermann. Néanmoins, des Emma venant de la même école secondaire qu'eux, ayant été dans la même classe que Yanis et étudiant désormais le droit avec le type qui en pinçait pour Sacha, il n'en restait plus qu'une. Au cas où l'incertitude aurait continué de planer, il avait entendu son nom de famille. Lui aussi était commun.

- Tu risques peut-être de lui faire peur, s'aventura Mélanie. Si j'étais toi, j'attendrais un peu, surtout que tu es déjà bourré.

- Je crois pas être bourré, affirma-t-il en jouant avec la vidange de sa Jupiler.

Un rire grave sortit alors du corps massif de Gayal pour résonner dans tous les recoins. Son ventre vibra, laissant la graisse rebondir sur ses abdos enfuis. Mélanie, qui venait de se recoucher, dû à nouveau prendre appuies sur ses coudes, fuyant le tremblement de terre.

- À peine ! Vous avez presque rien bu et vous êtes déjà sur le sol ! Reprenez une Jup', ça devrait faire passer les autres !

Finissant celle qu'iel tenait en main, Sacha se cassa la nuque, pencha sa tête vers le plafond en l'appuyant contre le canapé.

- Le sol est super confortable, attesta-t-iel, les fesses en plein dans une flaque de peinture.

Mais Yanis, les yeux à présent dans la vague, réfléchissait.

- Je crois que c'est justement le moment de lui dire.

Bien que Thibault n'était pas convaincu de l'aspect agréable du carrelage, il le trouva follement intéressant. Taché de couleurs encore fraîche par endroit, des tubes et pinceaux le jonchaient toujours. Les louveteaux avaient peint des cartons une bonne partie de l'après-midi. Le but était de les transformer en voiture pour faire des courses avec. Ils avaient prévu de le faire dehors, au pas de la porte qui donnait sur une rue sans trop de passage, une prairies de moutons. Malheureusement, il avait plu. La pièce en avait pris un coup.

- Attends au moins demain, insista Mélanie.

Son visage s'était figé en une grimace. Elle avait un mauvais pressentiment. Elle observa les connexions se former dans le cerveau de Yanis.

- Ok, concéda-t-il. J'attends demain.

Il se redressa à moitié et, suivant les conseils de Gayal, tendit son bras vers le cassier de Jupiler qui trainait devant eux. Ce n'était pas dans ses habitudes de se résigner sans débattre. Une boule se forma, se logea dans le bas-ventre de la jeune fille.

- Bon ! vociféra de nouveau Gayal. La déclaration, le cinéma ... C'est bien beau tout ça ! Mais est-ce que vous avez planté le javelot dans la moquette ?

Mélanie faillit bondir. Les yeux grands ouverts, elle lui intima de se taire.

- Bah quoi ? C'est l'expression de mon tonton.

Elle indiqua Thibault par un petit coup de tête sec qu'elle espéra discret mais qui manqua de l'engloutir dans la graisse du ventre de son ami.

Le regard du jeune homme se portait sur un poster du film High School Musical terni par le soleil. Ses yeux glissèrent sur les petites moustaches ajoutées par leurs prédécesseurs. Lui non plus, n'avait jamais aimé ce film.

- Ah, merde ! Désolé, mec, j'avais oublié.

Les pupilles de Thibault se détachèrent de Zac Efron et il força un sourire.

Il ouvrit alors la bouche mais dut se racler la gorge. Il n'avait pas pour habitude de rester silencieux aussi longtemps. Il ne parvint pas à comprendre pourquoi sa voix sortit aussi grave que celle de Gayal et encore moins pourquoi il dut recommencer sa phrase.

- Vous inquiétez pas, il s'était presque rien passé avec Emma. Et je vais pas laisser une fille s'immiscer entre moi et un pote !

Il eu l'air convainquant car l'atmosphère se détendit.

- Alors, reprit-il pour briser le silence qui s'était toutefois réinstallé. Et ce javelot ?

Cependant, ce fut l'expression perdue de Yanis qui lui fit face.

- J'ai pas compris la question. Pourquoi vous me parlez de javelots ?

Gayal repartit d'un rire plus franc et grave que le précédent, laissant son ventre se gonfler de nouveau au rythme saccadé de ses inspirations, son souffle se mêler à l'air désespérément renfermé du local.

***

Dans 78% des cas, la victime connait son agresseur. Dans 48%, il s'agit de son partenaire. Ce sont des chiffres belges datant d'avant la pandémie, probablement non loin des français. Selon ceux de la campagne d'Amnesty en 2014, seulement 41% des personnes ayant subi au moins une forme de violence sexuelle en ont parlé à la police. Deux femmes sur six, victimes de violences sexuelles graves, n'ont jamais entrepris la moindre démarche, même celle de s'en confier à une connaissance.

***

Scout : le scoutisme est très courant en Belgique et les réunions ont souvent lieu le samedi après-midi. Presque tous les villages ont leur unité. (Parfois c'est des patros mais booouh, les scouts, c'est mieux.) On bénéficie d'une sale réputation d'alcoolique qui se vérifie plus ou moins en fonction des unités.

Louveteaux : nom de la section des enfants de 8 à 12 ans.

Jupiler : Juste pour dire que la dernière fois que j'ai vu la pub à la télé, j'ai été agréablement surprise. Avant, le slogan se résumait à « Jupiler, les hommes savent pourquoi ». J'ai oublié le nouveau slogan, je ne sais même plus s'il y en a un. Le plus important est que, désormais, on peut voir des femmes en boire avec les hommes.

Totémisation : Tradition scoute consistant à attribuer un totem.

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