En quittant la cafétéria, j'ai décidé d'aller marcher dehors. Prendre de l'air m'a toujours aidé à réfléchir. Je suis totalement perdu dans mes pensés. Et puis, j'entends ''Cool, tes bas'' juste devant moi, je lève la tête et mon coeur commence à faire la fiesta dans ma cage thoracique. 

Devant moi se tient Percy Jackson.

-J'aime beaucoup, continu-t-il avec son sourire en coin.

Je... AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!

Reprends toi, Nico! Allé, dit quelque chose d'intelligent! Oui, mais comme quoi? Je lance une conversation sur la météo? Nan, pas assez palpitant. Je demande ce qu'il a cet après-midi? Nan, on s'en fiche des cours. Je lance une réplique provocatrice? Hum... pourquoi pas? J'ai rien à perdre dans le fond et si il est venu me parler, ça doit pas être pour rien! Je suis en train de me faire un scénario dans lequel il aurait répondu à ma provocation et ça aurait fini avec le french de l'année, mais je me fais revenir sur terre par la voix de Percy qui m'appelle.

-Euh... je... Enfin... 

La cloche sonne et je prends ça comme une délivrance. Je le contourne pour partir chercher mes cahiers pour le prochain cours. Disons que pour la phrase provocatrice, on repassera.

Et comme si je n'avais pas déjà assez souffert, me voici en science! Et c'est encore une expérience. Après un moment, je dépose ma fiole et lance un ''Merde'' devant la pauvre réplique que j'ai lancé à Percy. Ça va être le genre de moment que je vais me souvenir dans 2 ans et avoir honte de moi. 

Je n'avais jamais su ce qui m'empêchait de parler à Percy. J'avais écarté la théorie de la timidité, car je suis plutôt grande gueule. Mais maintenant, je le savais. C'est parce que, comme tout le monde à l'école, il savait ce que j'étais. Et inconsciemment, moi aussi. Ç'avait l'air si facile pour Will qui est justement en train de draguer avec Silena. Il pouvait parler à n'importe qui. Le prof le remet à l'ordre et la cloche sonne la fin du cours.

En rangeant mes affaires, mon étui tombe sur le sol avec tous mes crayons. Je me mets sur le sol pour ramasser et comme le dit si bien Frank, le destin a décidé de se manifester. 

Le prof demande à Will de rester et comme le ninja intérieur que je suis, je reste en petite boule pour entendre la conversation. 

-Ça fait trois F, dit le prof, Je ne sais pas ce qui t'arrive. J'ai parlé avec le directeur et nous avons décidé  que tant que tu n'as pas de meilleurs résultats, tu es exclus de l'équipe de football.

-Est-ce qu'on peut voir ça avec le coach Freyr, demande Will avec une once d'espoir dans la voix.

-C'est fait, le coach Freyr approuve ma décision.

-OK, attendez, dit Will en essayant de contrôler sa voix, Écoutez, je ne peux pas perdre ma bourse. C'est ma seule chance d'entrer à l'université.

-T'aurais dû y penser avant, dit le vieux totalement insensible.

Le prof et Solace quitte la classe. Je me dépêche de ramasser mes affaires et quitte à mon tour la classe, une idée brillante en tête. 

****

-Tu veux que je fasse quoi, me lance Solace en train de s'entraîner sur le terrain de foot.

-Je ne veux plus être la DUFF de personne, OK? Je veux simplement être moi. J'en ai assez d'être celui qui est accessible. Je veux être celui qu'on invite à sortir.

Will arrête tout mouvement pour me regarder, pas certain de ce que je lui demande.

-Tu me demandes... de te donner des conseils? Et dans toutes les journées possibles, fallait que ça soit aujourd'hui? Tu te fous de moi!

Je pense qu'il n'a pas encore pris l'exclusion de sa place dans équipe.

Will décide d'abandonner le ballon pour aller courir autour du terrain. Puisque je n'ai pas encore fini de parler, je décide de le suivre en sachant très bien que je ne suis pas capable de courir plus de 10 mètres sans vouloir mourir. 

-Écoute, y a ce garçon qui me plaît. Il s'appelle Percy Jackson. T'as peut-être déjà entendu parler de lui...

Will me lance un regard blasé qui signifie clairement ''Tout le monde le connait''.

-Bref, je continu, je n'arrive pas à lui parler sans passer pour un débile mentale. Toi, t'as pas l'air d'avoir ce genre de problème.

-Je croyais que tu me détestais.

-Ça tombe bien que tu dises ça. Oui, en effet, mais uniquement parce que t'es un abruti est un gros connard. Mais malgré tout ces gros défauts, tu es le seul dans toute l'école à m'avoir parlé honnêtement. Donc tu es un abruti honnête et c'est ça qui compte!

-Merci, dit-il pas trop sûr de prendre ça comme un compliment ou une insulte.

On court encore environ 10 secondes avant que je rende l'âme et lui demande d'arrêter. Il est à peine en sueur, tandis que je suis en nage dans mes vêtements. 

-OK, ouf, dis-je à bout de souffle, Voici mon offre. Si tu m'aides, je t'aiderai à réussir ton examen de sciences.

Solace fronce les sourcils.

-C'est facile pour toi, tu réussirais ton examen de sciences les yeux fermés. Moi, faut que j'arrive à te déduffer, il me regarde de haut en bas avant de revenir à mon visage, Tu portes un pyjama?

La méthode douce n'a pas fonctionné, on va alors prendre le plan B qui consiste à le voir perdre sa seule chance d'avoir sa bourse. 

-C'est pas vrai, m'exclamé-je faussement en colère, C'est bon, j'ai compris, Will! Je suis repoussant. Je suis une monstruosité, un vrai Frankenstein!

-Mais...

-Je n'arrive même pas à croire que j'ai pu te demander une chose pareille, dis-je en le coupant.

-Je...

-Ça va, c'est bon, j'ai rien dit. Entraîne-toi bien au golf sur ta Wii pendant la saison, tête de gland, dis-je finalement en m'éloignant.

Il va me dire de m'arrêter dans 3...

2...

1...

-OK, OK, OK, OK, OK. C'est bon!

Je fais la danse de la victoire dans ma tête en me traitant de génie.

Il vient me rejoindre avant de parler, pas trop sûr de lui.

-Écoute, je suis un idiot et les idiots ne donnent pas vraiment de bons conseils.

Je me mords la lèvre en essayant de dire quelque chose d'utile.

-Bien, regarde ça comme ça : tu... tu ne risques pas de me rendre encore plus rejet, non?

-Ça, c'est sûr.

Je le regarde en lui faisant comprendre que c'était pas nécessaire de répondre pendant qu'il baisse la tête avec un air désolé.

-Tu vois : idiot, dit-il en se mordant à son tour sa lèvre.

Je me rends compte que la discussion tourne un peu en rond et je décide d'aller droit au but.

-Alors, t'es d'accord?

-Ouais...

-Yes!

-À une condition. Tu dois me le demander avec ta voix de monstre.

Il se rappelle encore de ça, lui?

-Comme quand on était petits?

-Yep.

-Non, non. Oublie ça. Je ne m'en rappelle pas de toute façon.

-T'es sûr?

-Oui, comment veux tu que je...

Will me lance un sourire provocateur et commence à s'en aller. 

Il utilise ma technique, le petit con!

Je le retiens par le bras et commence à parler avec une voix rauque et un peu robotique. 

-Nico vouloir aide de Will. S'il-te-plaît, Will aider Nico.

Will part à rire et ça devient vite contagieux. 

-T'es content, dis-je finalement.

-C'est pas mal. Tu y arrives encore, me félicite-t-il. 

-Marché conclu?

-Ouais!

Je tends ma main pour serrer la sienne en tant que pacte, tandis qu'au même moment, il lève la sienne pour me faire un high five. 

-Je.. j'allais partir d'en bas, dis-je.

-Bien sûr, dit-il en riant toujours. 

On se tape dans la main. Le contrat est fait.

-Génial! Bon, faut que tu réussisses tes examens de chimie, Will s'arrête automatiquement de rire, Alors c'est par ça qu'on va commencer.

-Hum...

-Et pour moi, pas où on commence?

Will me fixe encore de haut en bas avant de déclarer :

-Samedi. Midi. Centre commercial.

Et Will revient à son entraînement pendant que je note dans un coin de ma tête la sortie de samedi.