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« Incontrôlable »

Cara PDV

6h55, devant le bureau du patron. Un homme de main m'accompagne, enfin on dirait plus qu'il me surveille. Mais calme-toi Hulk, parce que la personne jugée dangereuse entre nous trois c'est bien Carter.

L'homme de main ne frappe toujours pas à la porte et je commence à m'impatienter. Tous les jours c'est la même chose. Je me tourne alors vers ce dernier et l'analyse, comme à mon habitude.

Il est plus grand que moi, plus petit que Carter, moins beau aussi. Il possède des cheveux rasé court, des lunettes de soleil, un costard et une oreillette. Il a le regard rivé vers la porte et l'expression du visage neutre.

Cet homme est la personnification même du sérieux.

-Quel métier de merde, soufflais à son intention mais il ne me regarde même pas quand je lui parle.

Mal poli.

-C'est vrai, vous êtes là, vous attendez devant cette porte toute la journée que « le prince de New Delhi » vous donne des ordres. À votre place, j'aurais déjà démissionné, je déteste qu'on me donne des ordres.

Toujours rien.

-Faudra me donner la marque de votre anti-cernes, vous avez une peau parfaite. Vous dormez la nuit au moins ? Vous êtes un robot c'est obligé.

Bingo. Il vient de sourire. Et par la même occasion moi aussi.
Je lui tends alors ma main toujours avec un sourire chaleureux sur les lèvres. 

-Ça fait une semaine qu'on se côtoie...Cara Stone, enchantée.

Il ne répond pas à ma poignée de main, je crois qu'il va me m'ignorer.

-Si vous ne me serrez pas la main en vous présentant, je hurle.

Encore un sourire.

-Agent Kallow.

La secrétaire qui sort du bureau de Carter nous coupe dans notre échange visuel.
Nous entrons ensuite et le regard que Carter pose sur nous n'a rien d'amical. Ça m'est égal.

-Agent Kallow, laissez-nous. Ordonne-t-il alors que je me tourne pour sourire à ce dernier qui me sourit lui aussi discrètement.

Je m'assois face à Carter et attends qu'il m'énonce la mission de jour.

-Ton niveau de puterie n'a donc aucune frontière, hein ? Tu comptes te taper l'agent Kallow aussi ? Demande-t-il en pensant me vexer.

Mais je connais assez bien Carter pour savoir qu'à cet instant précis, il se force à être méchant. Alors je vais devoir me montrer méchante moi aussi.

-Oh ! Désolée, mais je crois que tu m'as confondu avec ta fiancée.

Il sert la mâchoire visiblement irrité. Un partout balle au centre.

-Ne parle pas d'elle. Ordonne-t-il froidement.

-Sinon quoi ?

-Sinon j'vais devoir me montrer violent.

Des menaces. Grosse erreur. Je sers le poing et tente de réguler ma respiration. C'est la première fois de ma vie que j'ai ce genre de confrontation avec un ex. En général, je m'entends bien avec mes ex-excepté Nate-.

-Je ne suis pas comme Stef, tu n'auras même pas le temps de lever la main sur moi que je t'aurais déjà tiré dessus.

Il se lève alors et moi aussi. Il fait le tour de la table et se poste devant moi. La tension qui règne et à couper au couteau. Nous nous défions du regard. Qui craquera en premier ?

-Ne me parle pas comme ça, petite trainée. Ordonne-t-il à deux doigts de péter un câble.

Une insulte, hein ? Quelle vulgarité.

-Arrête de me gâcher la vie, connard.

Il se penche alors vers moi et me surplombe de toute se hauteur. Je suis dans l'obligation de relever la tête vers lui. Il est hors de question que je me recule, il va croire qu'il a une certaine autorité sur moi.

-Tu as passé cinq ans à me gâcher la vie, c'est à mon tour maintenant.

Un sourire en coin apparait alors sur mon visage. Que l'opération « pétasse » commence.

-Ces cinq années n'étaient que le commencement, chuchotais-je à son oreille.

Son expression change du tout au tout. Il sert puis dessert le poing : il se contrôle. Et j'aurais juré que pendant un millième de seconde il a regardé mes lèvres.

-J'ai une mission pour toi, déclare-t-il avant de poser un appareil photo hors de prix sur une feuille. Tu vas devoir photographier quelqu'un pour moi.

-Qui est-

-Tu n'as pas besoin de savoir de qui il s'agit, me coupe-t-il froidement. L'agent Kallow t'accompagnera, ne rate pas ton coup.

Je quitte la pièce sans oublier d'embraquer avec moi l'appareil photo dernier cri. Je suis impressionnée par le modèle, il doit couter très cher. Chouette cadeau !

-Tu penseras à me ramener l'appareil photo tout à l'heure, ajoute-t-il avant que je ne quitte la pièce

Et merde ! Il a deviné mes intentions.

****
Je sors de la voiture puis sors un élastique afin d'attacher mes cheveux.

-Vous avez besoin d'aide Agent Stone ? Me demande l'agent Kallow dans mon dos.

Agent Stone ? Ouep, je suis bien un de ces soldats minables qui prennent des vies sans une once de culpabilité.

-Non merci. J'ai juste besoin de silence.

Je règle l'objectif puis me mets en position. Dans exactement dix secondes, la personne que je suis sensée photographier sortira de chez elle.

Merde. Mais c'est...

****
-SA MÈRE ?! CARTER TU TE FOUS DE MOI ? ON VA S'EN PRENDRE À SA MÈRE !! Hurlais-je furieusement et en lui montrant la photo que j'ai prise.

Carter ne me regarde même pas. Quel connard ! Je refuse catégoriquement qu'on s'en prenne à elle. Elle n'a rien fait pour mériter ça et elle n'a pas à payer pour les erreurs de son satané fils.

Carter cesse de taper sur son ordinateur puis relève les yeux vers moi. Il prend ensuite un air satisfait sur le visage. Mais c'est quoi son putain de problème ?

-Tu ne veux pas qu'on touche à ton ex belle-mère ? demande-t-il avec un léger sourire en coin qui ne se voulait absolument pas amical.

Et merde. Je viens de lui "avouer" que je connaissais Mme. Graham. Il peut désormais me chambrer sur ce point aussi.

Je me rappelle encore de notre rencontre.

Flashback Cinq moi auparavant

J'ajuste légèrement ma robe et m'assure que mon mascara ne coule pas. Je dois être absolument irréprochable. Voire parfaite. J'attache un bracelet en or à mon poignet puis me dirige vers la porte. Merde ! J'allais oublier l'alliance.

Je descend les marches une à une avec grâce et assurance. Je me dirige alors vers cette femme qui doit surement m'évaluer et m'attribuer une note sur dix dans sa tête. Grand bien lui face. Je dois simplement lui plaire. Elle me prend alors dans ses bras comme si nous étions des copines de longue date.

-Cara vous êtes tout simplement magnifique...Oh ! Mais où sont passée mes bonnes manières ? S'exclame-t-elle avant un grand sourire sur les lèvres.

Malgré son âge avancé elle n'en demeure pas moins belle. Ses cheveux gris relevés dans un chignon raffiné. Elle est la classe incarnée.

-Enchantée madame Graham je-

-Appelez-moi Natacha voyons, me coupe-t-elle en posant une main sur mon bras.

Nathaniel et Natacha ? Laissez-moi deviner, son père s'appelait Nicolas ?

Nous nous installons autour d'une table. Nate est assis à côté de moi alors que Madame Graham est assise juste en face de moi.

J'appréhendais ce moment, celui où je devais rencontrer ma belle famille. Vous savez très bien que je ne parlais pas de CETTE belle famille.

J'aurais tellement voulu porter son nom.

****

Le dîner s'est passé à merveille, elle a même insisté pour que je l'appelle "Maman". Cela partait d'une bonne intention mais...elle avait simplement réussi à m'attrister. Nate lui a alors expliqué la situation. Sans mon autorisation. Et plus il parlait de la mort de ma mère, plus mon coeur se comprimait.

C'est alors que Mada...Natacha le stoppe dans sa tirade.

-Nathaniel ! Ne vois-tu pas que Cara ne veut plus en entendre parler ?

Sa voix est pleine de reproches et à la fois...désolée ?

Le principal concerné se tourne vers moi et s'excuse mais je ne l'écoute plus. Natacha me demande alors de la suivre, ce que je fais volontiers.
Une fois seules, cette dernière attrape délicatement ma main.

-Je suis désolée pour ta mère, je ne voulais pas...

Voyant son malaise je décide de lui offrir un beau sourire, dans le but de la rassurer.

-Cara, tu es une jeune femme passionnante, cultivée et adorable. Je suis ravie de faire de toi ma belle-fille. Mais à l'instant où mon fils se montre insupportable ou odieux avec toi, viens me voir.

Elle me prend une dernière fois dans ses bras avant de quitter la pièce. Me laissant seule avec l'idée de devenir officiellement Cara Graham.

Fin du flashback

-Carter, je te le demande gentiment, ne t'approche pas de madame Graham, répétais-je plus calmement.

Ce dernier se lève et s'approche de moi. Je déteste quand il fait ça, il cherche simplement à m'intimider et à me déstabiliser. De plus la tension qui règne entre nous est palpable.

Vous voulez savoir pourquoi je n'ai pas cherché à me justifier en lui expliquant que j'avais manipulé Nate afin de m'échapper ?
Tout simplement parce que Carter est un connard. Il n'a aucune confiance en moi. Il a bien utilisé Barbie pour s'évader de taule, mais quand je fais pareil OULALA PANIQUE À BORD, JE SUIS LA REINE DES SALOPES.

Je préfère alors le laisser dans son délire. Il ne mérite pas que je dépense ma salive pour lui.

Ses yeux. Ils m'avaient manqué. Un bleu-gris envoutant. Ce regard qui me paralysait autrefois, qui me charmait, qui me berçait, qui m'envoutait. Ce regard, m'avait manqué, oui.

-Son père a violenté ma mère, ce fils de pute a frappé celle que j'aimais et tu veux que je t'obéisse ? Demande-t-il froidement.

Celle que j'aimais. Ces paroles tournent en boucle dans ma tête.

-Tu ne vaux pas mieux que lui alors. Crachais-je froidement.

-O bella, commence-t-il en attrapant une mèche de mes cheveux, quand on touche à ceux que j'aime, je peux devenir incontrôlable.