Remord
Niall donna un coup de pied dans la porte pour l'ouvrir et il entendit les gardes poussaient des hoquets de terreur. Niall qui ne voyait guère plus loin que le bout de son nez dirigea sa lampe vers le sol. Il vit avec horreur plusieurs de sa garde allongé au sol, comme mort. Il aperçut Iriana qui leva péniblement la tête, l'index pointé derrière lui. Avant qu'il ne puisse se retourner pour voir ce qu'indiquait Iriana, il senti le froid d'une lame lui perforer le dos. Il hurla de douleur et vit avec horreur que c'était Anne qui venait de le poignarder. Elle poignarda également ses deux gardes en les décapitant à moitié dans un geste vif. Saïna par réflexe réussit à lui asséner un coup de poing désarçonnant dans la mâchoire lui faisait lâcher son arme. Les deux derniers gardes sur pied, en profitèrent pour la saisir au sol.
— Fuyez, vite, souffla Iriana.
Niall avait mal mais l'instinct de survie était plus fort que tout. Il agrippa Saïna par le bras et saisit Iriana par le poignet.
— Aller, levez-vous Iriana, on y va !
Mais elle était comme aspirée par des sables mouvants et elle ne bougea pas.
—Partez Niall, c'est votre unique chance.
— Je ne vous laisserai pas.
Niall tenta de la relever mais la douleur du poignard le fit revenir à la réalité.
Iriana lui glissa un petit pochon en velours dans le creux de la main.
— Prenez la clé de mon cou Niall, vite, et enfuyez-vous.
Niall arracha la clé lié à une chaîne fine et se redressa tant bien que mal en fourrant le tout à la hâte dans la poche de son pantalon.
— Partez maintenant, vite ! ordonna Iriana.
Niall senti des larmes lui monter aux yeux, bizarrement il s'était attaché à cette femme étrange...sa mère, en l'occurrence.
— Non Niall, ce n'est pas le moment, je vous en prie partez, insista Iriana.
Niall déposa un baiser sur son front.
— Je suis désolé Iriana, vraiment !
Niall entendit des bruits de pas précipités se rapprocher.
— VITE, hurla Iriana avec l'énergie du désespoir.
Saïna lui saisit le poignet et commença à courir en claudicant.
— Allez Niall, on ne peut plus rien faire, je t'en prie, viens ! supplia Saïna.
Niall se mit à courir dans l'obscurité main dans la main avec Saïna. Ils trébuchèrent à plusieurs reprises mais parvinrent tout de même à se relever. Ils entendirent au loin un cri de douleur d'Iriana et les larmes lui montèrent aux yeux. Il hésita à faire demi-tour mais il obéit à la pression des doigts de Saïna. Au bout de plusieurs pénibles minutes de courses obscures ils parvinrent enfin dans la lumière de Feetica et furent soulagés. Aussitôt, les regrets de Niall lui tenailla l'estomac d'avoir laissé Iriana et les gardes là-bas.
—Saïna, on règne sur ce royaume, on ne peut pas laisser des gens de notre peuple mourir pour nous. Toi, va te mettre à l'abri, moi je repars aider du mieux que je pourrais.
Elle hésita.
—Je t'accompagne alors.
Ils se retournèrent et amorcèrent un pas pour retourner dans l'obscurité mais le mur invisible était à nouveau là. Niall comprit aussitôt qu'Iriana avait attendu qu'ils aient pénétrait dans la lumière de Feetica pour refermer par un sort, le passage dans les ténèbres.
— Nonnnnn ! hurla Niall.
Il insista pendant de longues secondes mais le mur ne céda pas. Saïna, glissa sa main délicatement dans la sienne.
—On doit s'éloigner d'ici, Iriana a fait son choix, Niall.
—Tout est de ma faute depuis le début tout est de ma faute. Si on ne s'était pas disputé tu ne serais pas partie seule et on aurait pu les affronter. Si j'avais écouté Iriana, elle serait encore avec nous. Je m'en veux tellement.
—Viens Niall, on rentre, souffla Saïna en l'entraînant avec lui.
Ils marchèrent ainsi les quarante-cinq minutes les séparant du palais mais Niall se sentait de plus en plus faible. Ses vêtements blancs étaient maculés d'un sang rouge écarlate et la douleur se faisait cruellement ressentir. Il s'affaissa sur la première marche du palais et Saïna se précipita pour appeler à l'aide mais la porte était fermée. Ils étaient tous en confinement. Saïna hurla en tambourinant à la porte. Elle revint et s'accroupit aux côtés de Niall.
—Niall, ne me laisse pas, je t'en prie tu as fait le plus dur, Michel va te remettre sur pieds avec les remèdes d'Iriana.
En entendant ce nom Niall fondit en larmes, il s'en voulait tellement. Michel déboula en trombes à l'extérieur avec une dizaine de gardes.
— Oh mon fils, qu'est ce qui s'est passé ? demanda celui-ci en l'aidant à se relever.
Deux gardes vinrent prêter mains fortes pour le descendre à l'hôpital des « non-élus ». Michel guida Niall vers un lit médicalisé et lui enleva délicatement sa veste et son tee-shirt. Une grosse entaille gisait en plein milieu de son dos. Michel donna des instructions à une infirmière et se précipita à l'extérieur. Un des gardes apporta une chaise à Saïna et elle s'assit en tenant la main de Niall. L'infirmière désinfecta la plaie de Niall qui se contracta de douleur sur le lit.
—Je vais devoir recoudre votre plaie car vous avez déjà perdu beaucoup de sang.
Elle s'exécuta et en moins de cinq minutes elle avait fini. Michel revint quelques minutes plus tard avec une petite fiole bleue.
—Avale ça, mon fils ! ordonna Michel.
Niall s'exécuta sans rechigner et s'allongea éreinté sur le lit. Il se sentait tellement fatigué qu'il ferma les yeux quelques secondes. Quand ils les rouvrirent en réalité plusieurs heures plus tard, Saïna était allongée dans un autre lit juste à ses côtés et Jade et Evie se tenaient près de lui.
—Niall, comment tu te sens ? demanda Jade.
—Bien, vous avez eu des nouvelles d'Iriana ? demanda aussitôt Niall.
Saïna s'était levé du lit et glissa ses doigts délicats dans le creux de la main de Niall.
—C'est finie pour elle Niall, souffla Evie mal à l'aise.
Niall senti un flot de sentiments l'emporter et il se leva du lit furieux en grimaçant de douleurs.
—C'est de ma faute ! Si j'avais pris le panéïs qu'elle m'avait donnée elle aurait pu se concentrer sur autre choses. Elle...
—Niall, tu n'y pouvais rien, elle a fait ses choix ! répondit Saïna d'une voix douce.
—Je n'étais pas prêt !! Je me croyais prêt, mais c'était faux ! s'emporta Niall.
Saïna le serra dans ses bras en lui déposant un baiser sur les lèvres. Soudainement, Niall prit conscience qu'ils étaient enfin réunit et il se laissa emporter par son parfum. Saïna était couverte d'hématomes et ses longs cheveux blonds étaient poisseux de sang.
—On va vous laisser, lança Jade en coupant court à ses retrouvailles.
Niall approuva, alors que Jade et Evie quittèrent la salle d'hôpital des non-élus.
—Comment tu te sens Saïna ? demanda Niall en inspectant ses nombreuses entailles et hématomes.
—Je suis heureuse d'être de retour à Feetica mais tellement attristée que ta mère ait dû donner sa vie pour nous sauver.
Cette phrase toucha Niall encore plus. En effet Iriana était sa mère biologique et Niall sentit son estomac se contracter.
—Viens, souffla Saïna en prenant Niall par la main.
Niall suivit la pression de ses doigts et ils regagnèrent l'escalier. Chaque mouvement le faisait souffrir mais il ne voulait rien montrer par fierté à Saïna. Ils montèrent les marchent jusqu'à l'étage et Niall s'arrêta.
—Je dois voir mon père, Saïna.
—Tu veux que je vienne avec toi ou que je t'attende dans la chambre ?
Il l'entraîna avec lui vers le bureau de son père. Il frappa et entra avant même d'avoir été invité. Michel était assit et Thérèse était à ses côtés.
—Je voulais m'assurer que tu allais bien, lança Niall sans savoir comment aborder la question d'Anne.
Michel avait les yeux rougis.
—C'est plutôt à vous deux qu'il faut demander ça?
—Ça va, soufflèrent Niall et Saïna d'une même voix.
Un silence pesant s'installa.
— Pourquoi Anne n'as pas pu s'enfuir avec vous? demanda Michel.
Niall et Saïna échangèrent un regard.
—Elle a retourné sa veste votre majesté, répondit Saïna.
Michel, fixa celle-ci stupéfait.
—Expliquez-moi!
—C'est elle qui m'a poignardé. Elle ne voulait pas qu'on puisse s'enfuir. C'est à cause d'elle que je n'ai pas eu la force de soulever Iriana pour la ramener. Ma blessure me faisait trop souffrir. Je suis désolé.
— C'est impossible! souffla Michel en se levant de sa chaise pour observer la fenêtre. Impossible, reprit-il.
— Père, je te jure, que c'est la vérité.
Thérèse se leva également pour calmer Michel. Celui-ci avait les larmes aux yeux.
— Elle ne devait pas être elle-même, je ne comprends pas.
— Je ne sais pas quoi dire votre majesté mais c'était bien, Anne.
__ Il faut que je puisse la récupérer. Comment je vais faire sans Iriana ? se demanda Michel.
— Elle m'a donné une clé et un pochon avant de la laisser.
Michel se rapprocha de son fils. Niall fit glisser de sa poche la clé et le pochon en velours. Il vida le contenu du pochon dans sa main. Il y avait une mini fiole de quelques millilitres à peine d'un liquide vert fluo. Ainsi qu'une autre clé avec les armoiries du palais ainsi qu'une feuille de papier plié.
Niall confia les clés et la fiole à Saïna et déplia le papier. Il était rédigé :
Mon fils si tu es en possession de cette lettre c'est que je n'ai plus la possibilité de t'aider. Tu dois te demander à quoi servent ses clés? L'une d'entre elles t'ouvrira les portes de mon manoir, enfin, de ton manoir à présent. Explique, à Grognon la situation et tâche de ne JAMAIS croiser son regard. Quant à la fiole, garde la précieusement sur toi et bois la quand l'obscurité fera obstacle à tes projets. Je te souhaite du courage dans la réalisation de la prophétie. Tu es mon fils et tu es plus fort que tu ne le pense. Apprend à gérer tes émotions, tes peurs et tes sentiments. Canalise tous cela et tu seras prêt. Bonne chance. Iriana.
— Prêt à quoi? demanda Saïna qui avait lu par-dessus son épaule.
— Je ne sais pas, mais elle ne m'a pas dit non plus à quoi servait la deuxième clé ?
— Elle t'a laissé la clé de sa demeure? s'étonna Michel.
— C'est qui Grognon? demanda Saïna.
— Sa gorgone, répondit Michel.
Saïna n'avait toujours pas compris mais elle resta silencieuse. Niall lui n'avait qu'une envie. Regagner le domicile d'Iriana afin de vérifier qu'elle ne s'y trouvait pas. Il n'arrivait pas à croire qu'elle soit morte.
— Je vais chez elle, à tout à l'heure.
— Niall, tu dois te reposer. Remets ça à plus tard! lança Michel en fronçant les sourcils.
— Non, j'ai besoin d'y aller!
— Alors laisse-moi t'accompagner, proposa Saïna.
Il hocha la tête et ensemble ils quittèrent le bureau. Saïna, avait du mal à se déplacer. Sa captivité l'avait drôlement affaiblit. Niall, passa son bras sous sa taille pour la soutenir. Une fois devant l'immense portail, Niall sortit les clés et chercha la serrure, en vain.
— Comment on fait pour entrer? demanda Niall.
Saïna haussa les épaules.
— Je dois peut-être boire la fiole? suggéra Niall.
— Qu'est-ce qu'elle disait déjà au sujet de la fiole? demanda Saïna.
Niall déplia à nouveau la lettre et lut:
— "Bois là, quand l'obscurité fera obstacle à tes projets".
— Je ne sais pas, ça ne me parait pas cohérent, réfléchi Saïna.
Niall posa sa main droite sur la grille afin d'y dénicher une serrure cachée mais la grille s'ouvrit aussitôt. Saïna, sourit.
— La clé, c'est le sang que tu partages avec Iriana.
Niall, ne répondit pas et avança jusqu'à la porte d'entrée. Cette fois-ci il y avait bien une serrure et Niall tourna délicatement la clé. Quand Niall ouvrit la porte Saïna poussa un petit cri d'extase.
— C'est magnifique ici.
Niall vérifia toutes les pièces à l'exception de celle de grognon. Iriana, n'était nulle part.
— Garde les yeux fermer Saïna, il faut que je parle à Grognon.
— Explique-moi c'est quoi une gorgone?
— Je ne sais pas trop, je sais juste qu'il est petit et que son regard peut te tuer, ou te pétrifier, enfin quelque chose comme ça.
— Pourquoi est-ce qu'elle garde ça, ici?
— Je ne sais pas. Ferme tes yeux et ne les ouvres sous aucun prétexte.
Niall frappa à la porte en ayant les yeux clos, Saïna sur ses talons.
— Bonjour, Grognon, c'est Iriana qui m'emmène vous parler. Grognon? insista Niall en ayant entendu aucune réponse.
— Pourquoi Iriana vous aurez envoyé? Pourquoi n'est-t-elle pas venue directement me parler?
Niall sentit son estomac se contacter douloureusement.
— Parce qu'elle ne peut pas, elle est surement morte à l'heure qu'il est!
Niall reçu un violent coup dans son genou.
— Mais ça ne va pas? hurla celui-ci.
— Qu'est-ce que vous avez fait à ma maîtresse? Pourquoi vous l'avez abandonné? Vous n'êtes qu'un lâche! Un pusillanime!
Niall s'interrogea brièvement sur le sens de ce dernier mot mais il reçut un nouveau coup, cette fois-ci dans la cheville.
— Arrêtez Grognon, je n'ai rien fais à Iriana. J'ai voulu y retourner mais Iriana avait levé des barrières, c'était impossible!
— Vous êtes un élu et un fils pitoyable, Niall.
— Ne lui parlez pas comme ça! intervint Saïna pour la première fois.
— Il faut y retourner, et la délivrer!
— Comment? Elle est peut-être déjà morte!
Niall se prit un nouveau coup.
— Mais bon sang, vous aller arrêter de me frapper!
— Iriana ne peut pas être morte, c'est impossible!
— Je suis désolé Grognon, je sais que vous lui étiez loyal.
— Cessez de parler d'elle comme si elle était morte! Ma maîtresse est vivante!
Il flanqua un nouveau coup de pied à Niall, qui commençait à perdre son calme.
— Bon, écoutez, je vous laisse! Je ne vais pas rester ici à me prendre des coups.
— Vous allez où? demanda Grognon.
— Le plus loin possible de vous. Je ne sais pas pourquoi Iriana m'a demandé de vous prévenir.
— Qu'est-ce qu'elle vous a dit exactement?
Niall fouilla à tâtons dans sa poche et en ressortit la lettre d'Iriana qu'il agita dans le vide pour que celui-ci s'en empare. Il le prit et lut.
— C'est quoi la deuxième clé? demanda-t-il à Niall.
— Je ne sais pas plus que vous.
— Vous ne servez à rien, bougonna Grognon.
— Merci du compliment. Si vous ne pouvez rien m'apporter de plus, rendez-moi la lettre!
— Montrez-moi la clé.
— Rendez-moi la lettre.
Niall reçut cette fois-ci un coup dans l'abdomen.
— Montrez-moi la clé, insista-t-il.
Niall soupira et agita la clé à une certaine hauteur afin qu'il puisse la voir sans la prendre.
— Fouillez la maison afin de découvrir ce que peut ouvrir cette clé.
— Merci de votre aide précieuse, je ne m'en serais pas douté! bougonna Niall, exaspéré.
Il reçut un nouveau coup et Grognon lui fourra la lettre dans sa main.
Niall chercha Saïna à tâtons et ils quittèrent la pièce. La lumière extérieure les aveugla et ils clignèrent frénétiquement des paupières. Saïna s'adossa au mur en grimaçant.
— Hey, ma puce tiens bon, on va rentrer pour que tu puisses te reposer.
— Niall, si Iriana ta donné autant de mystère à découvrir c'est que ça doit être important. Il faut qu'on cherche à quoi correspond cette clé.
Elle se redressa péniblement et ensemble ils examinèrent les moindres recoins de la maison. Deux heures plus tard, il fallait se rendre à l'évidence, il n'y avait rien chez Iriana. Niall soupira et regagna le palais avec Saïna. Il l'aida à grimper les marches jusqu'à sa chambre et elle s'allongea aussitôt sur le lit.
— Tu veux que j'aille demander à mon père un remède ou quelques choses?
Elle secoua la tête.
— Je veux juste que tu me prennes dans tes bras, Niall.
Celui-ci s'allongea à ses côtés et l'enlaça en se perdant dans le lagon de ses yeux. Elle lui avait tellement manqué.
— Je veux que tu saches que c'est toi que j'aime Saïna, j'en suis certain à présent. Je suis vraiment désolé de t'avoir fait autant souffrir. Je n'ai pas l'étoffe d'un roi. On m'a confié une mission que je suis incapable de réaliser, sans compter que j'ai peut-être tué ma... mère.
— Tu as tout d'un roi Niall, n'en doutes jamais. Tu es juste perdu dans ton brouillard et il est temps que tu apprennes à faire face à la réalité et à trouver ton issue.
— Iriana, sors de ce corps! souffla Niall amusé en se redressant du lit.
Son regard s'attarda sur la table de chevet de Saïna et une expression étrange traversa son visage. Il s'agenouilla et s'empara d'une petite boite carrée ornée des armoiries du palais, identique à celle de la clé.
— Il y a quoi dans cette boite? demanda Niall incrédule.
Elle se redressa à son tour et porta la main à sa bouche.
— Iriana me l'a offerte quand j'ai passé l'épreuve pour devenir l'élue. Je n'ai jamais réussi à l'ouvrir et je m'étais habitué à cette bizarrerie.
— Elle avait tout prévue depuis le début! Tu crois qu'on peut l'ouvrir sans risque?
— Oh, avec Iriana, rien n'est sans risque! Mais si elle t'a donné cette clé c'est bien pour une raison.
Niall fit glisser la clé dans la serrure et un éclair jaillit de la boite en frappant de plein fouet Saïna et Niall, abasourdit.
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